numéro 16, tabasco.  en fait, j'savais pas du tout comment nommer mon émeu, alors je m'étais inspirée de la bouteille de tabasco qui était devant moi, parce que bon, moutarde je trouvais pas ça forcément classe. j'attends patiemment que la course commence, j'regarde mes concurrents et je lance des regards compétitifs ici et là, en flattant mon émeu.  (tabasco a besoin d'affection, tout de même.)

Apollinaire montait très bien à cheval, mais de croire que monter un émeu serait aussi facile était une erreur. En effet, l'animal n'avait pas vraiment la même constitution et, sous son amas de plume auxquels le jeune homme s'accrochait désespérément, le corps musclé de la bête était glissant. Il allait devoir serrer les jambes. « Vous avez le numéro 7 d'accord ? » Apollinaire hocha la tête pour le technicien tout en attaquant sa bière d'une gorgée. « Voila votre dossard, et quel est le nom de votre émeu ? » Bonne question. Emeu, Meu-Meu, Ecremeuh ? Emma ? et si c'était un garçon. «  Emile ! » Voila, c'était beau ça et vive la France. « Bon, préparez-vous au départ alors ! » Bon Dieu, qu'est ce qu'on était serré dans ces stalles de départ ! En plus, il faisait chaud et partir une bière à la main n'était un très bonne idée. Sans vraiment regarder, il vida sa binouze dans la stalle d'à côté avant de lancer la bouteille derrière lui, sans se soucier s'il avait touché quelqu'un. « Pardon ! » lança-t-il pour la forme.

numéro 14, terminator. je ne sais même pas ce que je fais ici au milieu de toute cette foule et pourtant je suis bel et bien là prête à battre tous le monde a cette course sans même savoir pourquoi. Mon regard se balade autour de moi, je scrute chaque participant à la course tentant de leur trouver un point faible pour vaincre " Va falloir assurer si tu veux pas finir à la casserole mon gros " il ne me comprend pas, je m'en fiche au fond, terminator et moi même serons des gagnants dans pas longtemps.

NUMERO 36, BURRITOS. tu t'avances vers la femme qui donne les dossards, en tirant ton émeu par la lanière qui le tient au cou « putain avance, tu vas pas commencer. » il fait un pas, puis s'arrête, ouais toi t'es mal barrée pour la course, ça c'est sûr. « mais qui est-ce qui m'a foutu un emplâtre pareil... » tu sais pas ce que tu fous ici, tu sais pas pourquoi t'es venue ici, t'aurais pu faire autre chose de ta journée, mais non, à croire qu'aujourd'hui à gold coast y avait rien d'autre à faire. t'arrêtes de ronchonner de toute façon vous êtes là pour rire avant tout, tu colles le dossard sur l'arrière train de burritos. tu regardes les autres qui flattent leur émeu alors toi aussi tu t'y mets parce que s'ils le font c'est que ça doit marcher, puis finalement tu vas plus loin que ça. « mon émeu c'est pas un blaireau, burritooooos va vous chier dans l'os. » tu sautilles en tournant autour de burritos qui se demande déjà sur quelle tarée il est tombé quand à toi tu t'arrête pas de tourner en chantant.

numéro 13, Breathless. J'sais que je suis belle. J'sais que je suis bonne et que je coupe le souffle de tous les mecs de la course. Et ça me va bien. Si mon ego est quoi ? Démesuré ? Non faut juste simplement être réaliste. Ne me demandez pas pourquoi je participe à ce truc. J'suis une sportive, une battante et surtout c'est la curiosité qui m'anime. Je m'étire doucement et c'est parti, je me présente à tous ceux que je croise. Même si j'ai pas besoin de le faire. D'ailleurs j'ai repéré mon amie Abbey dans l'coin.

je baille. putain c'est chiant d'attendre que la course commence dans les gradins. c'est encore plus chiant lorsqu'on n'a aucune envie de se retrouver à côté de barbus en effervescence qui crie le nom de son émeu préféré. mais qu'est-ce que je fous ici ? ah oui, c'est vrai, j'ai protesté, mais rien à faire, faut que j'y participe pour faire bonne figure. pfff, c'est pathétique, je serais bien mieux lotis dans ma chambre à réviser l'histoire de la sécession à plat ventre sur mon lit. je roule des yeux et les lève au ciel. je jette un coup d'oeil au starting-block. des jeunes participent pourtant à la course. j'me demande ce qu'ils y trouvent d'intéressant et de fun. certains crient sur leur émeu. l'animal et le maître dans toute sa splendeur. je pouffe de rire intérieurement et prie pour que tout ça se finisse rapidement.

Numéro 23. Fleur des prés. Tu regardes ton papier, l'air incertaine. Fleur des prés ? Ils sont sérieux là ? Tu lèves la tête, cherchant un tableau ou quoique ce soit annonçant le nom des animaux. Ouaip. C'est bien ça. Fleur des prés. Tu hausses les sourcils avec une moue amusée. Un émeu qui a un nom de stip-teaseuse, pourquoi pas, après tout ! Tu arrives rapidement au starting-blox et regarde un peu la compétition. Tu es assez loin, mais il te semble voir Abbey à ta gauche. Tu n'essayes même pas de l'appeler, puisqu'elle regarde ailleurs. Tu ranger ton post-it dans la poche de ton jean, et t'avance vers la future championne, j'ai nommé miss fleur des prés. « Si tu gagnes, t'aurais autant de graines que tu peux en avaler ! » L'animal tourne la tête vers toi, et tu recules un peu. T'as toujours eu peur des oiseaux, l'émeu n'échappe pas vraiment à la règle. Mais bon, pas trop le choix, alors tu serres les dents, et monte sur l'animal. Des plumes. Beuk.

«Allez Pétoman, fait comme maman ! Inspiiiiiire, et expiiiiire ! » Je fis joindre le geste à la parole en prenant une grande bouffée d'air frais. Objectif n°1 : détendre ma monture. Son nom complet c'est le Flatulanceur de Nôtre-Dame de Lagardère, mais bon, je trouvais ça un peu long, alors je l'ai raccourci en Pétoman. Sa particularité ? Il peut lâcher des caisses faisant tomber les mouches dans un rayon de 5 mètres. Cet émeu, c'est une arme chimique, avec lui c'est sûre, je vais gagner ! En plus il porte le N°4 : ce chiffre, c'est prouvé scientifiquement, c'est le chiffre des gagnants ! Y a qu'à voir les 4 doigts de la mains ou les 4 mousquetaires pour le comprendre. «C'est bien mon bébé. En plus ON A UN AVANTAGE : JE SUIS BIEN PLUS LEGERE QUE TOUT CES MASTODONTES QUE DOIVENT TRANSPORTER TES SEMBLABLES !» Objectif n°2: lui faire enregistrer que l'on part en gagnant, et le faire comprendre aux autres en même temps en criant bien fort cette dernière phrase.

La beauté de l'animal par contre qui porte le nom de Breathless, c'est pas encore ça. Mais bon on va pas juger une pauvre bestiole, ces choses là ne peuvent pas envisager la chirurgie esthétique. Je me mets en tête qu'il a une tête marrante et que je l'aime bien malgré tout. « Allez mon petit, si tu es digne de moi tu vas tout déchiréééééééééééé ! »

Le numéro huit, c’est mon emeu, et ouais si c’est pas la classe ça. Et puis fallait un nom de ouf pour aller avec : brocoli volant ! Si c’est pas le nom le plus classe du monde ça franchement. J’suis à côté de lui pour le briffer comme un champion, mais c’est un champion nan mais oh. « tu vas tous les défoncer ok ! T’es le meilleur et t’es encore meilleur que bambou sauteur, celui que j’avais l’année dernière. T’es un super brocoli volant quoi ! » coach d’emeu, c’est ma passion ! Il va tout déchirer, c’est sûr. N’empêche je stresse mon camembert moi, s’il arrive dernier j’aurais bien l’air d’un loser quand même. Mais bon, je pourrais toujours faire ma danse de la défaite.

Assis dans les gradins, je récupère d'une gueule de bois atroce. Mon dieu, jamais plus. Enfin, en même temps, c'est ce que je dis à chaque fois, et le sur-lendemain, ça y est, je suis reparti. Soyez un jeune dans un monde de jeunes, c'est la joie tous les matins. Ronchonnant comme un petit vieux, je mis mes lunettes de soleil, espérant faire partir cette atroce lumière qui me vrillait le crâne. En cette belle journée, une course... d'émeu avait pris place. D'émeu. Ces bêtes affreuses qu'on semble tant affectionner. Au Brésil, jamais nous n'avions vu pareil chose. Des cris, des rires fusaient de toute part, tous prêt à démarrer au premier coup de canon, ou ce qui allait faire office de départ. J'étais bien heureux de les regarder d'en haut. Puis excepté un surf, je n'avais jamais été à l'aise pour monter des trucs. Et les femmes, pardi.

Fuck. C'était l'idée de qui, déjà, de participer à cette course bizarre ? Ah ouais, la faute de Jeremy et de son foutu pari. Flynn y était venu à reculons et avais choisi son animal avec beaucoup de critères à l'esprit. Celui qui avait le regard d'un winner, des plumes aérodynamiques et tout le tralala .. Finalement, il avait son émeu. Numéro 31, nom .. Pikachu, tiens. Il avait été un grand fan de pokemons, plus jeune, et ressortait parfois sa vieille gameboy pour jouer. Ce jour-ci, il n'avait emmené qu'une seule de ses précieuses possessions. Un jouet qui datait de l'âge de pierre .. Un Zouzoupet. Pour tout vous avouer, c'était le porte bonheur de Flynn, et il le trimbalait un peu partout comme un fou sorti de l'asile. Il l'accrocha au cou de Pikachu et observa les autres coureurs. Ouais, il était le meilleur "Pikachu tu vas me gagner le gros lot et plus vite que ça. Sinon, à la broche !"

number 50, sirens, je ne sais pas très bien pourquoi je me trouve là avec mes vêtements ridicules. j'ai emprunté un pantalon de cavalier pour l'occasion même si c'est clairement pas la même chose de monter sur un émeu que sur un cheval. en faite je ne suis à vrai dire jamais montée ni sur l'un ni sur l'autre, c'était un réel défi pour moi. puis sirens à l'air spécialement idiote, je sens qu'on va bien s'entendre toutes les deux. très maladroitement j'essaie de me hisser sur mon émeu mais je termine de l'autre coté de l'animal in extrémiste. ok, bon moyen pour se faire remarquer, maintenant tout le monde rigole. nouvel essai qui a l'air plutôt réussi pour cette fois. je m'agrippe à l'animal tout en essayant de me rappeler pourquoi je suis là. ah oui un foutu pari avec mon meilleur ami. je ne parierai plus jamais !

Oh nan, nan! Trop tard, il venait de foncer et à le voir comme ca, on avait l'impression qu'il était déjà prêt à filer vers la ligne d'arrivée. Attentiiiiiooon!Je criais à travers la foule, cet animal fou allait finir par blesser quelqu'un! Il fallait que ca tombe sur moi... j'avais sans doute l'emeu le plus debile de la course. J'me demandais encore pourquoi j'étais venu ici. A quelques mètre, quelqu'un avait réussi a maitrisé la bête. Merci, je sens que j'vais en baver. Je profitai pour mettre autour de son coup son numéro. Le 10, ca tombait bien, c'était la date anniversaire de ma petite soeur. Pour la peine, j'allais l'appeler avec son surnom : Babouchka. Surnom que ma mère lui avait toujours donné, origine inconnue.

bluesmobile, n18. Elle le regarde avec la tête un peu penchée sur le côté, et il suit le mouvement, et putain qu'est-ce qu'ils peuvent avoir l'air cons tous les deux comme ça, à se fixer dans le blanc des yeux. A bien y réfléchir, elle aurait préféré se retrouver à surfer à la mer, au lieu de tenter un rodéo du diable sur le dos d'un émeu. Mais c'est la tradition, et y a tout son sang qui lui dit que bordel, on joue pas avec les traditions. Alors elle plaque ses lunettes noires sur son nez, et le chapeau noir assorti, histoire de se donner un petit air de ressemblance avec les frères Blues. Parce que le film est passé hier soir à la télé, et c'est là qu'elle y a puisé son inspiration (pour le peu qu'elle en ait compris quoique ce soit, compte tenu des deux bouteilles de tequila qui jonchaient son lit lorsqu'elle s'est réveillée ce matin). Mais soit, le nom est resté. Elle flatte l'encolure de l'animal, maladroitement, mais avec une certaine tendresse. Elle, de toutes façons, elle est pas là pour gagner. Parce que chaque année, c'est le même cirque. Alors cette fois-ci, c'est décidé, c'est la bonne : pour une fois, elle réussira à passer la ligne d'arrivée sur le dos de la bestiole.

Aller, c'est bien, reste calme!Je me disais que si j'parlai gentiement à cette chose, peut être qu'il serait plus cool avec moi. J'avais l'habitude de cotoyer les animaux toutes la journée à la ferme, mais là, c'était pas ma veine. Et puis, il avait un de ces regards trop chelou, qui fait bien flipper. Un oeil legerement blanc. Oh merde, on m'avait quand même pas filer un aveugle?! Je soufflai et retirai mon chewing gum qui n'avait plus aucun gout de ma bouche. Je le jetai derrière moi sans voir où il allait aterrir et quand je me rendi compte de ma connerie, c'était déjà trop tard. C'était pour le numéro 50.Oh merde!! J'suis désolé! Une grimace sur mon visage, j'esperai qu'elle allait pas devoir s'arracher la moitié de ses cheveux pour l'enlever. Tu veux de l'aide?

toujours agrippé à mon émeu, j'essaie de comprendre comment cet animal fonctionne en lui parlant dans toutes les langues possible et inimaginables. mais bizarrement elle ne semble pas très communicative, elle me regarde de ses grands yeux noirs et son air crétin. je soupire, me passe la main dans les cheveux et là... c'est le drame. je sens un objet non identifiée collant, gluant dans mes cheveux. à la tête du jeune homme devant moi je comprends que c'est lui qui vient de me balancer son chewing-gum dessus. je lui lance un regard noir et tel un dresseur de pokémon, lançai mon équipe à l'attaque « sirens charge ! ». l'émeu se mit à courir en direction de Jacob et le pinça un peu partout avant de revenir fièrement vers moi. par contre moi je finis dans une bien mauvaise position pour la deuxième fois en au moins dix minutes, je finis parterre sur les fesses. « quel animal stupide ! »