Alors que je caressais Pikachu comme il se doit, tout en ajustant le zouzoupet à son cou, j'entendis quelqu'un arriver à côté de moi. Un tricheur qui allait mettre à manger derrière mon émeu pour qu'il coure à l'envers ou quelque chose comme ça ? Oh ! Non, ce n'était qu'Emma. Ma gentille Emma, une de mes plus proches amies. Je lui adressais un grand sourire et elle arriva avec un plateau rempli de gâteaux. Elle m'en proposa un et il ne fallait pas me le demander deux fois. J'engloutissais le premier en deux secondes et en reprenais un deuxième. oh my god ils sont trop bons c'est toi qui les a fait? Je mangeais le deuxième, puis le troisième. Là, j'étais repu. Je commençais à me sentir un peu bizarre, sûrement le fait d'avoir trop mangé, et revenais vers mon animal. Voyant un truc rouge par terre, je le ramassais et voyais que c'était des pétards. Génial ! Nous allions bientôt partir. Je me mettais sur mon émeu, et allumais les pétards avant de les jeter dans les stalles à côté de moi. De quoi faire flipper les autres émeus !

Est-ce la concentration qui fait perler sur sa jolie tempe une goutte de sueur ? Sûrement. Son regard noir fixe l'horizon, ses cuisses fuselées encerclent vaillamment la corps de l'animal. Ses muscles sont tendus, son souffle se fait murmure. Rien ne l'empêchera d'atteindre son but premier. Gagner ? Non, tenir en selle.
Ca, évidemment, c'était sans compter ses concurrents, et une fine blonde chevauchant le numéro 55 qui s'élançait en direction du numéro 9. Le début de la parade nuptiale ? Plutôt une déclaration de guerre. Pauvre Jacob. Il faudra qu'elle pense à aller lui dire bonjour, une fois qu'elle aura récupérer les milles dents qui se sont déversées de sa bouche. Elle vient de mordre la poussière. Littéralement.
Elle se relève en grommelant, sa main massant son arrière-train, et jurant entre ses dents quelques prières vaudou. Elle n'est pas haïtienne, mais comme elle est noire, ça fera aussi bien l'affaire. Elle est sur le point de terminer son incantation lorsqu'une odeur de sucrerie arrive jusqu'à ses narines (et par la même occasion, la voix bourrue de son voisin barbu, commentant sa ligne. Sérieusement ?). Comment dire non à d'aussi jolies petites choses ? Elle en croque une bouchée, remercie dans un charabia incompréhensible, et il ne lui suffit que de quelques secondes pour comprendre ce qu'elle tient entre les mains. Son sourire s'agrandit alors qu'Emma a déjà repris son chemin, et sans un mot, elle tend son cupcakes à l'émeu de son voisin de gauche (oui, le barbu), qui n'en fait qu'une bouchée. Les étoiles, elle les verra plus tard.

(bordel, mais dix lignes c'est infaisable   )

Alors qu'elle termine discrètement de nourrir l'émeu du voisin, Izia remarque son regard sur elle. Et merde, il va sûrement lui en vouloir de tenter d'empoisonner sa monture. Mais une course est une course, et même si elle n'arrivera probablement pas première, au moins ne sera-t-elle pas dernière. Mais non, le cow-boy ne pipe pas mot, à croire qu'il n'a pas compris ce qu'il venait de manger. Tant pis pour lui, c'est pas Izia qui viendra lui expliquer. Alors qu'elle caresse le long cou de son propre émeu, l'amenant bientôt à plier ses pattes pour lui permettre de monter, la jeune aborigène entend les appels à l'aide de son voisin. Y a vraiment quelque chose qui cloche, avec sa barbe, à lui. Mais elle vient de droguer son émeu, et elle se dit qu'elle lui doit bien ça, histoire de, tu sais, avoir la conscience tranquille. Elle s'approche désormais de celle qu'elle comprend être une femme (une barbe, vraiment par cette chaleur ?), et avec un sourire narquois et des yeux pétillants (impossible que cette fille soit d'australie, et les étrangers, elle, c'est pas ce qu'elle préfère), elle croise ses mains et les lui présente. « Allez, va, je vais t'aider. » Son sourire, lui n'a toujours pas disparu.

La course va commencer. Elle le sent dans l'air vibrant, dans le grondement de la foule, dans ses muscles tendus alors qu'elle aide sa voisine à remonter en selle. Il lui faut se dépêcher. Elle essuie ses mains sur son short, s'approche de la Bluesmobile, lui caresse un instant la tête, avant de sortir de sa poche la bouteille qu'elle se trimballe depuis le début de la journée. L'une des nombreuses cartes cachées dans sa manche. Un cocktail maison de Red Bull et de petites pilules, histoire de donner toutes ses chances à l'animal. De pimenter la course, en quelque sorte. De rendre la défaite amusante. Il lui faut pourtant quelques minutes avant de réussir à vider la totalité du contenu de la bouteille dans le gosier de l'émeu. Quelques minutes de plus pour remonter sur son dos, serrer les cuisses et se mettre sur la ligne de départ.
Et soudain, un bruit de tous les diables résonne dans la stade. Les concurrents s'élancent, Izia donne un violent coup de pied dans le derrière de sa monture pour le faire démarrer. Celui-ci dévie immédiatement sur sa droite, et la jeune fille évite la collision avec le 19 de peu. Elle ne se gêne pas toutefois pour lui foutre un coup de pied dans les pattes. Et la Bluesmobile s'élance, et Izia hurle de terreur. Elle va y arriver.

j'attends patiemment l'départ en flattant tabasco de sorte à ce qu'il reste concentré. je regarde les autres autour de moi, mais ne leur parle pas, parce que j'me dis que si je passe inaperçu, ils ne m'embêteront pas pendant la course. finalement, le départ est lancé, et j'gueule « VAAAAAS-Y TABASCO! » pour que mon émeu avance. oh tiens, il ne bronche pas. « VAS-Y PUUUTAINNNN! » après ce fail monumental, tabasco se décide à bouger son énooorme cul. il rattrape tranquillement les autres, alors que j'suis légèrement deg' par ce départ manqué.

Et voilà que la course avait commencé. Du haut des gradins, j'étais juste mort de rire à la vue des faux départs, des dégringolades dès le début et autres conneries du genre. Je connaissais plusieurs filles qui y participaient. Notamment deux de mes colocs ainsi que Bambi. Mais je n'avais accepté d'en supporter aucune, car sinon j'allais devoir faire une préférence, et puis de toute façon, je préférais les voir tomber, c'était toujours beaucoup plus drôle. Je me rapprochais de la balustrade afin d'encore mieux voir. Une jeune fille aux cheveux roses venait de faire un faux départ, son émeu pas spécialement enclin à faire la course. Excellent. Izia est partie et d'ici je peux entendre un cri de terreur. J'eclate de rire. Un petit sourire au coin des lèvres, et je sors une sorte de friandises que les émeus affectionnent particulièrement. Bah ouais, j'en ai acheté, hehe. Je repère de loin Mira avec son 23, fleur des prés. Heureusement elle passe près de moi. Sans plus attendre, je balance le manger juste sous le nez de son emeu. Fier de mon petit tour je reporte mon attention sur la course.

tabasco se rattrape bien, même que j'suis étonnée. j'croyais qu'on allait terminer dernier, mais s'il continue comme ça, j'ai peut-être une chance de gagner. eh pis soudain, j'me sens comme .. bizarre. comme si j'avais fumé un bon coup. et pis j'repense aux cakes de tout à l'heure. ooohmerde, j'aurais dû y penser. ceci-dit, touut .. touuuut devient drôle. j'regarde dernière moi, un peu étourdie, puis voit le #19 qui semble avoir beaucoup de mal avec son émeu. j'me mets à rire d'une puiiiissannnnnnnnnce, tellement que j'manque tomber, mais je me retiens à temps.

Izia, sur le dos de la Bluesmobile, elle garde un bon rythme. Son cri a fini par se coincer dans sa gorge, alors ça va mieux. Elle s'essaye à une position de cavalière confirmée, genre Lucky Luke sur Jolly Jumper, mais bien vite, elle se sent nauséeuse. Putain, son émeu lui donne le mal de mer. Elle s'accroche de toutes ses forces à son cou, ferme les yeux, formule deux-trois prières à un Dieu auquel elle ne croit pas, et n'a plus qu'une pensée : « bon dieu, mais quand est-ce que ça se termine ? »

alors que l'émeu fait tout l'travail, moi je ris à en pleurer. et pis j'pleure, et pis j'ris, et j'pleure encore. commmme c'eeeest drôle, une course d'émeu. qui c'est qui a inventé ça, au juste? j'ris tellement que j'ai du mal à m'agripper à tabasco. il divague un peu puis j'lui donne un mini coup de pied pour lui faire reprendre le droit chemin. « tabaaasco, t'aurais pas mangé un cake toi aussi? »

Y a une fille qui file à côté d'elle, des cheveux roses et le numéro 16, porté en étendard. Izia la voit lorsqu'elle ouvre enfin les yeux. Et rien qu'à voir sa tête, elle devine tout de suite qu'elle aussi, elle est passée par la case cupcakes empoisonnés. Izia s'imagine le visage vert, le coeur au bord des lèvres, les yeux voilés, et cette irrépressible envie de rire qui monte du tréfond de son être. Mais si elle ouvre la bouche, elle meurt. Alors elle ressert son étreinte, visse son regard sur l'horizon (comme en voiture, quand t'es malade), et supplie une âme charitable de bien vouloir mettre fin à son mal-être. Mais rien à faire. Et sent le cupcake remonter de ses entrailles. Bientôt, elle ne pourra plus se retenir.

alors que moi et tabasco on file à toutes vitesses, j'vois une fille tout près de nous qui semble .. pas très bien aller. j'lui gueule « ÇAAAA VAAAAAA? » puis j'me mets à rire puissamment, encore, parce que j'me suis fait rire. parce que tout m'fait rire. parce que j'me sens comme dans le roi lion, pendant la chanson je voudrais déjà être roi, avec simba et nala sur des autruches, là. et ça, j'trouve ça drôle.

J'étais complètement préparé pour cette course. Mais plus les minutes passaient, plus je me sentais bizarre. Tout était plus beau, plus brillant, et je me mettais à rigoler pour pratiquement rien. Mon émeu lui même avait l'air de se dire que j'étais un bel idiot. Je lui envoyais un regard noir et bientôt, tout le monde commença à se mettre en place pour commencer la course. J'ai tellement du mal à monter dessus, je me ramasse par terre plusieurs fois et quand je me rends compte que je suis enfin dessus, la course commence. Le problème ? J'ai ma tête vers le cul de l'animal. Et lui s'en fout, il commence à courir comme un dératé pendant que j'ai pratiquement des hallucinations. J'vois tout le monde qui se bat pour être en premier et je donne des coups dans le corps de Pikachu (légers hein) pour qu'il avance, comme un cheval. « Hu dada ! » et je me remettais à exploser de rire. En fait, monter à l'envers c'était encore plus marrant que de monter normalement. « HEY REGARDEZ MOIIIII » criais-je à plein poumons. J'étais complètement chtarbé.

Sa tête tourne si vite qu'à cette allure, elle est sûre de la voir s'envoler. Pantelante, elle cherche dans la seconde poche de son short, une bouteille qu'elle a rempli un peu plus tôt d'huile de tournesol. Rien de pire pour se casser la gueule. Maladroitement, les bras toujours autour du cou de son émeu, que ça ne semble pas gêner, elle en dévisse le bouchon, et elle la renverse derrière elle. Ca tombe bien, le 19 arrive justement sur elle. Mais elle ne fait pas ça par malice, non, plus maintenant. Maintenant, elle cherche juste à viser le goulot, lorsqu'elle sent sa bile déborder dans sa bouche. La fille-barbapapa lui hurle quelque chose, Izia cherche à répondre, mais elle n'y arrive pas. Son mal se répand sur ses mains, bien à côté de la bouteille qu'elle jette avec un air de dépit. Ca ne l'étonnerait pas que Jesse en ait aussi reçu quelques gouttes. Putain de journée de merde. Mais au moins, le mal de mer a disparu.

Mon émeu est un vrai champion, ou en tout cas, je le croyais. Il courait assez vite et pour l'instant je n'étais pas tombé de ma monture, mais c'était sûrement parce que j'étais à l'envers dessus. Peut-être que c'était la vraie façon de monter dessus de toute façon. J'alternais entre lui caresser le dos et lui taper les fesses, mais il avançait pas très droit. Et alors là je vis l'émeu le plus défoncé du lot, on dirait qu'il était totalement drogué. Et nos deux émeus se percutent dans un grand boum. Je n'eus pas le temps de voir si le numéro dix-neuf était tombé de sa monture que déjà je repartais. « Hu dada ! » lui lançais-je. Tous les autres candidats se changèrent en immenses gâteaux et déjà de la bave coulait sur mon menton. Je voulais manger le beau brownie que je voyais à l'autre bout de la piste. Gros détour pour aller le voir jusqu'à ce que je me rendre compte que c'était qu'un humain. Reparti pour la course !

La course commence. Tu t'élances, ou plutôt, Fleur des prés s'élance. C'est que maintenant que tu ne la sens pas vraiment cette course. Surtout que bordel, ça va vite cette connerie ! Jusqu'à ce que ça s'arrête. Pour elle s'arrête ? Tu regardes le sol devant fleur des prés, et voit des graines. Tu lèves la tête, entendant un rire familier. Liano. « PUTAIN LIANO TU FAIS CHIER ! » Tu essaye de donner des coups de talons à la bête, pour qu'elle reparte, mais que nenni. Tu descends donc, ramasse la nourriture, la mets en poche parce que bon, ça peut toujours servirr, et remonte. Fleur des prés redémarre. Tu es la dernière, mais remonte vite.

Bon peut être que je l'avais un peu trop détendu mon émeu. Lorsque l'heure du départ sonna, c'est plus à  une grosse limace à plume qu'à un super émeu de course qu'il ressemblait.
«Allez Pétoman on s'active, rien n'est perdu mon grand, comme disait La Piscine, "rien ne sert de partie à point, il faut courrir ..." ... Ou un truc du genre, bref bouge ton cul si tu ne veux pas que je le déplume ! »
Devant je pouvais voir les autres participant commencer à galérer et a se faire des coups en douce.