wall-e observait son courrier d’une main, tentant d’atteindre la poubelle de l’autre, qu’est-ce qu’il peut en avoir à faire, très honnêtement, de toutes ces publicités pour le burger king ou le dernier radiateur à la mode ? Des torchons, c’est à peu prêt les seuls choses qu’il reçoit ces derniers temps. Ça et les incessants rappels de rendez-vous pour l’hôpital. Il a cette affreuse impression de n’être qu’un cobaye de laboratoire. Wall-e soupire et se frotte la nuque d’une main. Parfois, il se surprend à rêver d’un quotidien plus léger, avec un peu plus de couleurs, moins de gris, le genre où il aurait seulement à soucier de faire correctement voler son cerf-volant dans le parc d’à côté ou de réussir à maintenir des bulles de savon en vie plus de trois secondes. Alors il s’éloigne, rentre chez lui et ferme la porte sous le regard suspicieux d’un de ces voisins. Il l’ignore. Ce n’est pas la première fois qu’on le regarde ainsi. A croire qu’il cache un casier judiciaire dans son placard ou une pulsion tueuse au fond de son âme. Ce serait presque drôle. Depuis que l’électricien a disparu de sa vie, wall-e a du mal à se voir aussi unique qu’il le prétendait. Il se surprend même à rêver d’autre chose. de s’en aller à paris, de bosser dans l’aéronautique ou de gravir des montagnes de Haute-Savoie juste pour y manger une tartiflette. Histoire d’avoir l’air plus grand. Ce qui est français est extraordinaire ici, ça donne envie de se pavaner comme un paon, de faire le beau, de s’asseoir dans le bus pour murmurer à la vieille d’à côté que oui m’dame, je sais dire Anticonstitutionnellement sans me tromper. C’est français vous savez ? mais non, wall-e il est juste ici, coincé entre la télévision et le dernier épisode d’il ne savait quel docu sur des moutons castré de façon barbare et son jeu d’animal crossing. Ouai, c’était bel et bien un mensonge, sa vie, elle n’a rien d’extraordinaire.