Puis comme par je ne sais quel miracle, Monsieur c'est enfin décidé à avancer ! Il partit telle une fusée, et faillit me faire tomber par la même occasion, mais je me rattrapa de justesse.
«C'est bien mon pépère ! Préviens moi juste quand tu fais ça ... »dis-je en serrant les dents. Encore quelque mètres et je serais à la hauteur des autres concurrents.

Miracle ! Il semblerait que tu ne sois pas la dernière ! Juste derrière toi, tu remarques numéro 4 et une fille plutôt canon sur son dos. Pas le temps de draguer pourtant. « allez fleur des prés, continue comme ça, on va tous les dégommer ! » et puis, prise d'une idée lumineuse, tu trouves de quoi faire avant l'émeu plus vite. Tu prends quelques graines dans ta main, et t'allonge presque sur l'animal pour tendre la main devant sa tête, graines devant son nez. Ca marche ! Un rire surpris te prends, et tu t'accroches encore plus fort aux plumes. Comme quoi, la technique de la carotte, ça marche vraiment !

« C'est bien mon coco continue comme ça ! » J'étais trop fier de lui, cet émeu, c'est un winner, comme sa monteuse, il avait mis du temps à démarrer, un peu comme un vieux moteur Diesel, mais maintenant il était plus que bon, filant à la vitesse de la lumière -ou en tout cas pas très loins - ! Il était revenu dans la course, on avait à présent toutes nos chances. De plus étant sportive et légère j'arrivais à me maintenir sur son dos sans trop de difficultés, même si ce n'était pas du tout la même chose  que le poney que j'avais l'habitude de monter lorsque je faisais de l'équitation, à six ans.
Arrivé à hauteur du n°23, je n'hésite pas à pousser la cavalière en lui donnant un grand coup de coude, celle-ci étant déjà penchée en avant pour faire je ne sais quoi, cela devrait suffire pour la déséquilibrer. «LORENA IS BACK BABY !» criais-je comme une folle voyant déjà se rapprocher mes autres concurrents.

Tu es plutôt maladroit sur le sol, te cassant la gueule pour un oui ou pour un non, mais étonnamment, sur un émeu, tu étais plutôt stable. Peut-être la position allongée ? Ou juste ton émeu super sympa et stable, qui sait ? Soudain, une voix de crécelle, et un coup de coude dans les côtes. Tu glisses, un peu, mais parvient à te rattraper de justesse, au prix de quelques plumes de Fleur des Prés. Sous la douleur, l'émeu change un peu de direction. Numéro 4. Tu vois rouge, déjà. Tu donnes un coup de pieds à ton émeu, qui s'élance comme un fou en avant. Arrivée à hauteur de numéro 4 tu lui lances les graines que tu avais dans la main au visage avec toute la force que tu as, avant de pousser son émeu avec le pieds, et de repartir de plus belle. « On dirait bien que Lorena va rester derrière ! »

Le maire baisse le bras et les startingblocks s'ouvre dans un fracas, Emile bondit et se met à courir comme... et bien comme un émeu. Plus vraiment habitué à monter à cheval et encore novice en jockey pour émeu, Apollinaire n'est d'abord pas stable sur la bête mais finit par caler ses jambes sous l'aile de la bête, jouant des talons pour la motiver, ayant ses mains visser sur le coup de l'animal. Il était à peu près stable mais n'était pas dupe : à la moindre embardé de la bête, il mordait la poussière. Apollinaire finit par regarder les autres participants : ils se poussaient, avaient l'air nauséeux et l'un avait même une fausse barbe collé sur la joue. Bon bah, au moins, il avait des chances de gagner. Peut-être.

Malheureusement n°23 semblait plus stable qu'elle n'en avait l'air, et elle avait du répondant. Elle revient vite à ma hauteur, et me jeta des trucs non identifiés à la figure. Je tourna rapidement la tête mais l'un d'eux vient se loger dans mon oreille. Se qui fut le plus handicapant fut en fait le coup de pied qu'elle donna à Pétoman, le pauvre fit un écart d'au moins un mètre sur le coté, mais heureusement il ne tomba pas et ne se fit pas mal.
«C'est HONTEUX de faire ça ! Mon pauvre Pétoman aurait pu se casser une patte ! » Lui lançais-je sur un ton indigné ! De plus, à moitié en état de choc, se qui devait arriver arriva : Pétoman péta. J'avais prévu le coup et mit en vitesse la pince a linge que j'avais accroché à mon tee-shirt avant la course sur mon nez, mais tout les autres concurrents seraient forcement plus ou moins surpris et déconcentré par l'odeur; surtout le n°23 qui était de nouveau à moins d'un mètre de moi. J'en ai profité pour lui redonner un coup de coude bien plus fort que la dernière fois, la rage que j'avais contre elle aidant.

La course se passait bien, Apollinaire s'accrochait tant bien que mal Emile qui courrait toujours. Devant lui, deux jeunes femmes se bagarrait à coup de coudes et de pieds dans l'émeu adverse. Tout cela n'avait pas l'air très réglementaire mais, d'un autre côté, c'était une course d’émeu, il ne devait pas forcement y avoir de règles. Tout en se penchant en avant - pour l'aérodynamisme -Apollinaire arriva à la hauteur du numéro 4 alors qu'une odeur nauséabonde vint lui arracher un haut le cœur « La vache, c'est une infection ! » dit-il, enfouissant son nez dans son tee shirt pour masquer l'odeur, sans succès. C'était sûr, s'il ne se cassait rien en tombant, il finirait au moins avec un poumon en moins.

«Bravo Pétoman continue comme ça ! » Mon émeu c'était bien remis de ses émotions, et filait comme l'éclair. J’entendais les autres participants râler à cause de l'odeur, et ne put m’empêcher de verser une petite larme de fierté.
«Héhé, C'EST MON BEBE QU'A FAIT CA ! HAHA ! ENJOY ! » Avec ma voix de canard trop classe,à cause de la pince à linge accrochée à mon nez, je narguais les autres.

Le numéro quatre avait prévu son coup, et, grâce à son nez pincé n'était pas atteinte par l'odeur nauséabonde. C'était de la triche ouais ! Ça ne donnait à Apollinaire qu'une seule envie, la sortir de la course avec un bon coup. Mais il ne voulait pas tomber dans l'illégalité. Après tout, il était professionnel, les courses, c'était son dada, ne manquerait plus qu'il comète une faut et que cela influe sur sa réputation. Comment se faire respecter au travail après ça ? Et puis merde, ce n'était pas une course hippique, encore moins un truc qui allait marquer les annales, et l'odeur était insupportable. C'était un service public qu'il rendait là ! « Allez casse toi ! » dit-il tout en poussant la numéro 4, manquant lui-même de tomber

Ce vil manant de N°7 arriva par derrière et me poussa, le fourbe, me déséquilibrant et me faisant de nouveau faire un écart. Elle glissa et se retrouva accroché à son émeu à moitié en mode cochon pendu. Elle parvint à se redressé par la force de ses bras, et au prix de quelque plume de son malheureux Pétoman, qui surpris, péta une nouvelle fois, faisant une nouvelle fois profiter à tout le monde de son agréable parfum. Quant à N°7, une fois bien stable, je lui rendis la monnaie de sa pièce en lui décrochant une  droite dans sa face, manquant à nouveau de tomber. «Ce n'est pas comme ça que l'on parle aux demoiselles ! »

Oh ca va pas?!! Saleté de bête, voilà qu'on m'attaquait maintenant. C'était décidé, j'aimais pas ces emeux, d'une c'est moche, de deux, ca pue la mort et de trois, j'trouve ca carrement inutile. Je lui grimpa dessus, et le temps de trouver mon équilibre, le coup de départ était donné. Je voyais les autres partir en furrie, et moi, totalement à la ramasse j'ordonais à Babouchka de partir. Comme pour les chevaux je tentai de lui mettre des coups de talon au cul mais manque de bol, je me ramassai déjà par terre. Je la regardai salement et lui remonta dessus. T'as plutôt interet à te magner l'cul ma belle! Le voilà partie pour de bon, j'essayais tant bien que mal de rester en équilibre, mais franchement c'était pas simple. Je rattrapai doucement les autres, les voyant tomber les uns après les autres. Chacun son tour après tout.

Le régime cassoulet végétarien que je lui avais fait subir portait ses fruits, Pétoman portait bien son nom et asphyxiait tout le monde sur son passage comme je l'avais prévu ! Tout était parfait ! Je pense que sans toutes ces années de sport derrière moi je serais tombé depuis belle lurette, surtout avec touts ces boulets qui s'amuse a me bousculer. Mais ne crions pas victoire trop vite, je restais sur mes garde, la ligne d'arrivée étant encore loin.

Le retour du numéro 4 avait été cinglant, un fois qu'elle s'était remise en selle - si on pouvait appeler ça se remettre en selle - elle lui balança une droite en pleine face, ce qui eut pour effet de déstabiliser le serbe alors que ça monture avançait toujours. C'était pire que la loi du talion cette course. S'accrochant tant bien que mal aux plumes de l'animal, Apollinaire serra les jambes et parvint à se remettre sur l'animal par la force de ses bras. « Pétasse ! » cria-t-il à l'intention du numéro 4, se tenant le nez. Il ne saignait pas, mais la douleur fut instantanée, faisant gémir le serbe de douleur.

J'étais pas mal impréssionné par toute cette violencee tous les coups étaient permis, mais bon, des coups de poings dans le nez, c'était chaud. Plus je m'approchai du reste du groupe, plus une odeur insupportable me prennait au nez. Non, mais c'est quoi ca? Je continuai ma course, m'approchant du numéro 4, c'était sans aucun doute, la puanteur venait de là. Tu pue meuf! Mon emeu ne semblait pas apprécier l'odeur et commença à faire demi tour. Oooooh Non, pas par là! NOOOON! Juste derrière moi, toujours ce même numéro 50, elle allait croire que j'lui en voulais vraiment. Babouchka entra en colision avec sa bestiole et moi les quatre fers en l'air.   [/color]

Y a pas à dire, la gamine est plus à l'aise sur une planche de surf que sur un émeu. Pourtant, elle commenc à s'habituer à la cadence inégale de la Bluesmobile, de même qu'à ses violentes embardées pour aller enquiquiner ses congénères. L'animal semble particulièrement méchant, d'ailleurs. Ils ont quand même pas organisé la course pendant la saison des amours, non ? Enfin, elle a toujours ses lunettes sur le nez, son chapeau sur la tête, et son estomac se sent beaucoup mieux, merci de t'en inquiéter. Malgré l'odeur nauséabonde qui envahit peu à peu le stade, tout va pour le mieux, non ?

Le numéro 10 se rapprochait, c'était pas bon signe ça. Déjà qu'Apollinaire était pas dans les premiers, alors si en plus on le rattrape ! « Tu pue meuf! - Mais c'est pire que ça ! » lâcha Apollinaire pour répondre au numéro 10. Il n'y avait plus de mot assez fort pour décrire l'odeur, mais Apollinaire tenait bon, à une main, les jambes serrées. Allez Emile, on croit en toi ! Ça va être dur, mais on croit en toi !

Je remontai en selle et remi Babouch dans le bon sens, en esperant que cette fois, elle allait arreter ses conneries. J'avais perdu quelques places du coup, mais bon j'étais pas là pour arriver non plus. Je devais avouer que même si c'était un peu relou, c'était assez drôle. En tout cas, a en croire les rire dans les spectateur, ca avait l'air. J'étais cramponé tout en essayant de faire abstraction de l'odeur, bien qu'à force, on s'y faisait... presque.

Toutes les années d'équitations revenaient à la mémoire d'Apollinaire, il améliora sa position, recula ses jambes et se pencha légèrement en avant, se décidant enfin à lâché son nez endolori, quitte à souffrir de l'odeur. Il finirait pas s'y habituer. La cadence de l'animal était constante et le serbe finit par s'y habituer, accompagnant le mouvement par son assiette. Le corps glissant de l'animal finit par devenir familier au jeune homme, même si l'accroche de ses mains restait un problème. Il n'avait pas de rênes et encore moins de crinières à laquelle s'accrocher, les plumes finissant toujours par s'arracher. Il n'allait pas déplumer Emile tout de même ! Il ne trouva rien d'autre à faire que de s’accrocher au cou de l'animal, espérant que ça ne gênerait pas trop.

La Bluesmobile se remet à zigzaguer, comme pour essayer d'échapper à l'odeur de nauséabonde. Et Izia le comprend. Pauvre bête. C'est pas humain, une odeur pareille. Alors ils ont pas d'autres choix, il leur faut accélérer, pour essayer d'échapper au nuage néfaste. Ca tombe bien, il semble d'ailleurs qu'avec le temps, le petit cocktail de la gamine fasse son effet. Elle le voit aux yeux vitreux de l'animal. Allez, Blues, on accélère, allez ... mais ... mais non, tout droit, Blues, tout droit. Rien à faire, l'émeu n'en fait qu'à sa tête, et c'est tout guilleret qu'il s'éloigne de la piste pour aller gambader dans l'herbe qui la borde. Mais qui lui a foutu un émeu pareil, franchement ?

Voyant Izia galerer avec son émeu, j'me disais qu'il y avait pas que moi qui avait hérité d'un nigot. J'étais plutôt content de voir que Babouch avait repris ses esprits et semblait être maintenant de mon côté et voulait me voir sur le podium. Mais j'avais sans doute parler trop vite. D'ailleurs, il me fit bien flipper quand il s'est mis à ouvrir la bouche et faire des bruits chelou, tout en courrant vers la ligne d'arrivée, enfin, en courrant en suivant les autres sans doute. A quelques mètre derrière le 7, je criais : Mec, c'est encore long?

La course battait son plein. Toujours concentré sur sa position, accompagnant son émeu, Apollinaire aperçu le numéro 18 s'éloigner de la piste, avec un regard bizarre. Un regard différent des autres émeus. ET puis une façon de courir différentes des autres émeus aussi. Oulala, ça puait le dopage ça ! Enfin, ça puait déjà autre chose, mais c'était une façon de parler. Enfin bref, en voyant les autres émeus s'arrêter, sortir de la piste ou faire demie-tour, Apollinaire finit par se dire que finalement, la position, c'était assez important. Dommage qu'il ait du arrêter de monter à cheval, mais la course d’émeu semblait prometteuse sur lui. Tout à coup, un des participants l'interpella. Si c'était encore long ? « Euh... Je sais pas trop ! » lâcha-t-il. Un vrai touriste.

Enfaite, j'avais terriblement mal au cul, alors j'essayai de me mettre dans certaines position où mes fesses toucheraient le moins possible l'animal, mais c'était pas évident, j'avais du mal à garder un équilibre parfait et n'ayant pas d'étriés, c'était impossible de décoller totalement du dos de Babouchka. J'étais hyper concentré, j'voulais pas ramasser la poussière encore une fois. Je tentai de rester éloigné des autres concurents pour qu'ils ne me touchent pas. Les carambolages, ca faisait jamais de bien. Tout allait bien jusqu'à ce que Babouch s'arrete en plein milieu de la piste, ne se préoccupant pas du tout du monde qui venait derrière. Je me demandai bien ce qu'elle voulait. Il me fallu moins de deux secondes pour comprendre. Ok, génial... T'avais besoin de te vider maintenant? Il y avait plus qu'à esperer que personne ne tombe à cet endroit.  

A peine Apollinaire répondit au numéro 10 qu'il le distança en quelques instants. C'était quoi ce bordel, Emile s'était mis à allonger la foulée comme ça, sur un coup de tête et commençait à distancer tout le monde ? Non, ce n'était pas ça puis qu’Apollinaire était encore entouré des autres participants. Mouais, c'était juste l’appelle de la nature pour le numéro 10, tant pis pour lui, tant mieux pour Apollinaire. « Allez mon petit Emile ! » dit-il, tout en claquant de la langue pour encourager l'animal. C'est fou, mais il semblerait qu'Apollinaire soit tombé sur le seul émeu capable de courir une course. Quoi que, Emile était assez lent puisque, malgré toutes les mésaventures des autres concurrents, Apollinaire n'était toujours pas premier. « Allez mon gros ! » encouragea Apollinaire, serrant ses jambes autour du corps frêle de l'animal.

C'est bon, on peut y aller... Je crois qu'on pouvait pas être plus blasé que moi avec cette bestiole qui n'en faisait qu'à sa tête. Je tournai la tête une seconde pour regarder derrière moi et je voyai cet emeu me foncer dessus. Le numéro 24. Doucement, doucement! Par reflex je tendis les bras devant moi, mains ouvertes et fermis les yeux avant de sentir mes fesses à nouveau au sol. J'avais eu de la chance de ne pas être tombé dans les crottins de mon acolyte...