Ça fait une demie heure que je cogne dans ce foutus sac en attendant que le cours commence. J'ai hâte d'attaquer ma première séance. La semaine a été très très longue, sans parler de cette soirée de merde que je viens d'essuyer. Ça me gonfle et ça me tourne au-dessus de la tête. Impossible d'oublier la réaction de Charly qui me renvoie bouler. Et Alex qui me casse les oreilles tous les soirs avec sa copine. Sérieux, ils ne pourraient pas être plus discrets bordel ! Je donnerais chère pour retourner chez moi.
J'entends enfin les portes des vestiaires s'ouvrir et se fermer à un rythme régulier. L'heure approche et je suis déjà en nage, mais bien loin d'être crevé. Ma rage semble être inépuisable. Une énorme frustration me ronge, et même ce foutus sac de sable ne peut plus m'aider. J'enrage. Mais je dois me calmer, je n'ai aucune envie de me donner en spectacle. Je vais donc m'asseoir dans un coin où je vide la moitié de ma bouteille d'eau en regardant les gens entrer sur le tatami. Un détail m'accroche aussitôt, il y a autant de gars que de nana. C'est pas vraiment bon signe... Je ne pourrais jamais lever la main sur une fille.

C'est mal barré. Je me renfrogne aussitôt en balayant la sale d'un regard froid. Je sais plus trop ce que je fous là au final. Ça craint.

(c) AMIANTE

Le prof venait de faire son entrée. Je le reconnus par son allure. Il ce déplacais comme un homme qui sait ce battre, droit et fiert. Peut-être même trop fièrement pour ce qui est de cet homme. J'étais soudainement très lasse. Je crois que je ne retrouverais jamais l'esprit rebelle et sauvage des hommes du Mexique. Ici, parmi le peuple " civilisé ", on prend mille précautions, on ne ce blesse que rarement, ont... Fait semblant. Le nombre important de filles présentes en était une preuve criante. Chez moi, il était inimaginable de laisser une femme se battre. Chez moi, on les protèges. Elles sont trop douce pour combattre. En même temps j'arrive à les comprendre, certains hommes d'ici sont plus féminin que nos plus belle femmes mexicaine ! Donc question du rôle premier de l'homme, je crois qu'on peut retourner ce coucher. Encore un truc incompréhensible pour moi.
Je soupire en me levant. Je m'intègre au groupe tout en gardant une distance froide et sauvage. Je suis comme ça, va falloir si faire.

Le prof commence à former des couples et je suis pris par une soudaine envie de fuir. Il semble aimer les duos mixtes, et moi, perso', je n'ai aucune envie de tomber sur une femme. Je suis là pour me défouler, pas pour frapper quelque chose qui ne le mérite pas.

Moana... Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m'étonne même pas. Je la cherche du regard, en essayant de ne pas paraître trop mauvais. Je ne suis pas du style à reporter mon agacement sur les autres.
J'entends alors une voix féminine appeler mon prénom et je me retourne doucement. Je tombe alors sur une jeune femme toute menue, toute délicate qui semble aussi perdue qu'un oisillon dans les pattes d'un gros chat affamé. Que fou cette nana ici ?! Je ne l'imagine vraiment pas faire preuve de la moindre violence. Mon trouble doit ce lire, mais je me reprends vite par un léger sourire.

- Moana ?

Autour de moi, les autres ce placent en ligne au fond du tatami, après un regard pour la jeune femme, je m'y dirige tout en l'attendant.

- Je ne m'attendais pas à tomber sur quelqu'un de si... Frêle.

Ouais, je sais, foutu franchise.

(c) AMIANTE