Il n’a pas le temps de décidé où planter le couteau. Il ne sait pas choisir. Il est perdu. Il a dû mal à se souvenir de ce qu’il connait par cœur. Mais il voit la lame s’enfoncer toute seule dans la chair tendre de son ventre. Il voit le tissus s’imprègner de sang, sans réagir. Il est aussi effrayé qu’elle. Les yeux écarquillés et la bouche entrouverte de ce geste à moitié désiré.Il a les larmes aux yeux pendant qu’il essaye de retirer la lame. Son autre main se pose sur la joue de Lola. Il débite le plus vite possible ce qu'il a à dire. « Je suis désolé. Je suis désolé. Je voulais pas. Je pensais pas que tu…Je pensais pas qu’elle allait se planter. » Il regarde la lame, puis le visage de celle qu’il aime, encore sous le choc. Ses lèvres viennent se plaquer contre les siennes. « Je t’aime. » Il le murmure contre sa bouche. Il ne veut pas l’entendre parler. Il n’a rien fait. C’est oublié. Elle ne doit pas y penser. Il reprend son baiser là où il l’avait laissé, continuant à lui mumurer des je t’aime. Il la fait se recoucher, sans y prêter attention. Son couteau se replante plus haut. Intentionnellement cette fois. « J’veux pas que tout s’arrête, je veux rester avec toi éternellement. Je veux pas retourner à la maison. Mais je t’aime. Tu sais que je t’aime, hein? » Sa bouche ne lui laisse pas le temps de reprendre son souffle, déjà recoller à celles de Lola, alors que la lame vient d’être pleinement enfoncée.

Un couteau dans le ventre. A ce stade, elle l'aurait voulu dans le coeur. La douleur prend la plaie, et se disperse autour. Comme une araignée tisse sa toile. Douleur absurde. Douleur amoureuse. Elle a mal, et Ezra semble aussi choquée qu'elle. Mais c'est lui, lui qui a la lame. Alors, il doit savoir ce qu'il fait. Il doit savoir, c'est comme ça, mais elle a l'esprit figé. L'esprit qui ne fonctionne plus. Elle a l'homme de sa vie, elle avait. Elle se voit morte, et elle sent ses larmes qui coulent. Elles coulent comme pour se libérer, mais la douleur enferme de suite ce sentiment qu'elle n'arrive pas à mettre un mot dessus. Un autre mot. Elle le regarde, elle écoute ses paroles, elle est incapable de se protéger, de dire un mot, de dire quelque chose. Et il ne laisse pas parler. Ses lèvres se collent aux siennes, il est entrain de la rendre folle. Et ses je t'aime ne l'aide pas. Elle ne sait pas que penser. Elle ne sait pas que dire. Il dit trop de je t'aime, trop de baiser, elle sent doucement que son dos s'allonge sur le lit. Mais elle a peur, mais elle ne fait rien. Elle reste là, le cri étouffé par les lèvres d'Ezra. Elle trouve le peu de force qu'il lui reste de le repousser en gémissant de douleur. Ezra ... Arrête ... Ezra, pitié ... Je .. Je sais que tu m'aimes .. comme tu sais que je t'aime ... Elle essaie de lui caresser la joue, elle perd trop de sang. Il aura ce qu'il veut. Et au fond, on pourra dire qu'ils sont Roméo & Juliette.

Il l’entend gémir contre ses lèvres mais il la sent surtout le repousser et il s’agrippe un peu plus fort au manche du couteau comme pour lui rappeler qu’elle est sienne et que c’est lui qui a le contrôle. Il ne veut pas être éloigné d’elle. Son cœur se sert dans sa poitrine en l’entendant gémir autant. Sa raison essaye de refaire surface. Comme un gamin il arrête de se cramponner au couteau, pour venir poser sa joue prêt de la main qui s’est levée sans succès. « Lola… Je veux pas vivre sans toi. » J’ai besoin de toi pour ça, je veux agoniser avec toi. Il se couche à ses côté sa joue toujours contre la main rassurante, alors que ses larmes coulent. Sa main caresse son bras. « J’ai peur Lola… Je sais pas quoi faire…Je suis fatigué de nos disputes. » Elle a réussi à le faire hésiter. Elle n’a pas l’air d’être du même avis. Elle n’a pas l’air prêt à tout envoyer valser et arrêter les dégâts ce soir.

Elle a mal. C'est quelque chose qui lui prend tout le ventre. Elle a mal. Mal d'amour. Elle arrive à ressentir la douleur physique. Mais ce n'est que le couteau. Il représente peut-être son amour. Il représente ce qu'ils sont. Un amour à double tranchant. Elle se dit qu'elle peut mourir heureuse. Mensonge illusoire. Ils n'ont pas eu de famille. Et Manael ? Et Nem ? Elle ferme les yeux. Elle essaye de trouver un peu de courage. Courage qu'elle n'a pas, qu'elle n'a plus. Elle sent sa vie partir avec le sang. Elle laisse les larmes coulaient, encore. Une fontaine. Une idiote aussi. Elle sent la joue d'Ezra qu'il met lui même sur sa joue, elle le regarde, elle ne sait pas quoi faire. Il ne peut pas vivre sans elle ? Il est prêt à la tuer. Pourtant. Est-ce de l'amour ? Ou juste un désir sadique de détruire l'autre ? Reste ... Tu ne crois pas ? Elle s'étonne qu'elle arrive encore à parler. Elle s'étonne de trouver encore cette force. Elle s'étonne d'être envie. C'est Ezra. Ca doit être lui. Elle lui a déjà pardonné. Elle lui pardonne déjà. Sauve-moi ... Elle a moins de force, son bras tombe mollement sur le lit. Elle le regarde. Epuisée. Par la douleur. Par leur destruction. Par leur amour que rien ne sauve.

Ses larmes continuent à rouler le long de ses joues, avant de venir s’écraser sur la peau de Lola. Tout est flou dans sa tête. « Je veux mourir avec toi. » C’est sortie tout seul comme une plainte. Comme un caprice. Ce n’en est pas un. Un caprice, une fois satisfait on s’en lasse. Ce n’est pas réfléchi. Lui, il a bien réfléchis. La vie ou la mort avec Lola, la seconde est plus calme. Ca ressemble vaguement plus à un long fleuve tranquille. Il se saisit de la brusquerie avec laquelle le bras retombe. Tout commence à se précipité à l’intérieur de lui, son cœur bat à dix milles à l’heure. Il a peur d’avoir fait la plus grosse connerie possible. Elle persiste à vouloir vivre et souffrir. « Je suis désolé… Je t’aime, pardon. » Il s’excuse aussi bien pour le couteau que pour ses sentiments. Elle ne serait pas aussi mal sans lui. Il se penche au-dessus d’elle pour saisir le téléphone sur la table de chevet. « C’est quoi...le numéro des urgences ? » Trois chiffres dont il ne se souvient plus, il n’aurait pas dû boire ce soir.

Il pleut dans mon coeur comme il pleut sur la ville. Les larmes d'Ezra lui fait pensé à cette phrase de Verlaine. Il est le seul responsable, il est la seule cause de tout ça. Mais elle ne dit rien, elle lui octroie son pardon, depuis le debout. Je ne vais pas mourir ... Je te le promets ... Alors ne meurs pas. Pas tant qu'on a eu d'enfants. Même si ce n'est pas une préoccupation du moment, mais une façon de lui dire qu'elle veut encore vivre. Vivre avec lui. Vivre de lui. Vivre avec un autre lui. Alors, elle ne veut pas céder à cette enfantillage. C'est une erreur de le laisser mourir. Elle veut qu'il vive. Elle veut qu'il y a est un Ezra. Tant qu'il y Ezra. Elle peut se battre. Il ne peut pas partir. Pas sans elle. Elle sent qu'elle va finir morte. Malgré toute sa bonne volonté, elle ne sait pas tenir. Son bras retombe. Ezra s'agite, elle demande de la sauver. Au moins assez pour tenir encore un an ou deux. Elle reste là, seul lui sait quoi faire ou presque. Je .. je te pardonne Ezra. Je .. Je t'aime aussi. Si elle lui dit, il ne partira pas. Il sera là à son réveil. Il prend le téléphone. Zéro ... Zéro ... Zéro .. Elle lui sourit tendrement, avant de fermer les yeux.

Il se surprend à être aussi faible alors qu’elle est forte pour deux. Elle parle même de bébé. Il se souvient lui avoir dire qu’il en voulait un. Et il sourit tristement contre sa main. Alors que tout commence à aller trop vite. Lola délire. Elle dit lui pardonner. Mais ce n’est pas possible après si peu de temps. Elle a juste perdu trop de sang. Mais il ne la fixe plus, il regarde le téléphone, attendant le numéro, auquel il lâche un petit rire. C’était pas compliqué de s’en souvenir. « Ma copine.. Ma copine s’est fait attaquer… Je viens de rentrer. Elle perd…beaucoup de sang. Faut faire vite. Elle…Elle ne tiendra sûrement pas longtemps. » Son ton paniqué et la vitesse de parole n’arrange pas sa prononciation mais la femme à l’air de tout comprendre et lorsqu’il lui donne l’adresse elle dit qu’elle arrivera bientôt. Il pose le téléphone à côté. Se reconcentrant sur Lola, elle est belle. Mais elle ferme les yeux c’est pas normal. « Ils vont bientôt arriver Lola. Ca va aller…Tu m’entends dis ? » Il saisit un t-shirt de la valise au pieds du lit pour faire pression sur la blessure ouverte, il n’ose pas toucher le couteau. Ça risque de saigner encore plus.

Elle lui réellement pardonnée. Elle ne ment pas. Elle ne délire pas. Elle lui offert son pardon. Étrange. Insoutenable. Intraitable. Pardon. C'est comme ça. Elle a juste compris. Compris ce que Kyle a subi. Elle a compris ce qu'elle lui avait fait. Elle ne peut que pardonner. Elle a fait la même erreur. Elle n'a que ce qu'elle mérite. La mort identique que de celui qu'elle a volé sa vie. A ce stade là, elle commence à perdre la raison, ou juste elle a compris qu'il était temps ? Il est trop tard pour dire de ne pas appeler, elle entend sa voix. Il a peur. Peur de la perdre ? Peur de devoir donner sa vie pour la rejoindre ? Peur de vivre sans elle ? Peur de devoir dire : J'ai poignardé ma copine ? Même si l'excuse tient. Des voleurs. Comme lui a volé son corps et son coeur ? Elle est fatiguée, elle ferme les yeux doucement, mais ce retrouve à les ré-ouvrir. Plus péniblement. Serre-moi ... Ezra. Elle le voit qu'il compresse la blessure. Il applique ce qu'il a vu en cours. Une chance de vivre ? Il lui a vraiment volé son coeur. Ou du moins, tout y ressemble.  

Il n’a pas peur de donner sa vie pour la rejoindre. C’est ce qu’il a en tête. Mourir comme un couple. Laisser leur amour se conserver pour l’éternité. Il a plutôt peur de vivre avec les remords. Il essaye de lui sourire en la voyant rouvrir les yeux. Il ne veut pas la voir partir. Il s’exécute à ses paroles, passant un bras autour d’elle, sans lâcher la compresse. « Tu sais que j’avais eu peur de t’inviter à Londres ? » Il étouffe un petit rire. « C’est con. T’es la personne que j’aime le plus au monde. J’avais peur que tout change. » Il pose ses lèvre sur son front, avant de continuer : « Ça aurait peut-être été mieux que rien ne change. Tu serais pas comme ça ce soir. »

Elle l'entend parler, contre lui, elle est bien, contre lui. Elle est bien lui. Elle rien sans lui. Ou presque. Elle est comme un fantôme qui hante à la recherche de quelque pour tenir. Elle l'écoute parler. De Londres. Qu'il aime plus que tout le reste. Mais rien ne changera. Tant qu'elle l'aimera pour deux. A peine qu'elle sent le baiser sur son front que l'ambulance crache leur sonnerie. Moment qu'elle décide pour fermer les yeux, un léger sourire. Alors qu'en bas, on entend la porte qui ouvre.  

Il regarde Lola et il la voit partir doucement. « Lola, ferme pas les yeux. Même s’ils sont là. S’il te plait. » C’est des supplications. Il ne veut pas s’inquiéter, il ne veut pas qu’elle lui fasse peur en jouant avec la mort. Mais les ambulanciers arrivent et ils lui demandent de partir à trois reprises, avant de l’éloigner eux-mêmes de Lola. Un des types lui demande des explications, alors que les autres s’attèlent à donner les premiers soins les plus importants à Lola. Il s’entête à lui expliquer qu’il était parti boire un verre, et qu’il a laissé la maison à Lola et qu’il avait pourtant vérifier que la porte soit fermée. Il lui réexplique le même schéma à chaque fois qu’il lui demande des détails. Il ne faute pas, trop habitué aux petits et aux plus gros mensonges. Heureusement l’interrogatoire se finit quand ils embarquent Lola et on l’autorise à monter à l’arrière avec. La seule fois où il osera aller avec elle à l’intérieur. Il ne reste pas en place pendant l’opération. Il en profite pour sonner à sa mère. Toujours sous le choc. Toujours les yeux embrumés. Il a tenté de la tuer…Par amour... Par excès de jalousie.