maggie & absolem-plum Հ elle passe ses nuits sans dormir à gâcher son bel avenir

un peu de calme, cela fait du bien. enfin, du calme, tout est relatif certes. Les touristes marchent dans les rues au rythme des vacances. le pas langoureux et assuré. un peu en mode ; j'suis en vacances, je suis maître de mon temps. certains bousculent sans s'excuser les habitants de gold coast qui, eux, travaillent encore pour la plupart. parce que pas les moyens de partir en vacances, parce qu'il faut nourrir sa famille, parce que la vie se paye. mon pas est aussi lent que celui des badauds mais je fais pourtant parti des habitants de gold coast. la vie ne me coûte guère, mes parents me choient, je peux me permettre de prendre mon temps. une boutique de souvenirs attirent mon regard. une carte du monde s'étale sur un des présentoirs. ouzbékistan. hinhin, il serait peut-être temps que je reparte moi. mon regard se déporte vers un groupe de touristes d'où s'échappent des "ooh" et des "aah" sur un air de musique doux et clair. je m'approche, curiosité oblige. je me faufile entre les couples admiratifs, les parents qui tiennent leurs enfants en laisse (couché, thomas!) et les personnes seules fascinées par le spectacle qui se déroule au centre de l'attroupement. mon regard se bloque sur l'artiste de rue qui effectue ses acrobaties au rythme de sa musique, réglée comme un métronome sur le tempo. sur ses mouvements. sur son visage qui me parait si familier. sur mon visage. « oh merde ! »

les badauds applaudissent le numéro de l'acrobate de rue. eh oh, houston, on a un problème là ! faut pas applaudir, faut s'inquiète bande de tarés ! je ne peux pas détacher mon regard du visage si identique au mien. je ne peux guère plus esquisser le moindre geste tant le choc est violent. j'ai l'impression qu'un tremblement de terre vient d’ébranler la surface de la terre. j'ai le souffle coupé comme si l'on m'avait donné un coup au thorax à m'en décoller la plèvre. ne voyant pas la jeune fille reprendre ses acrobaties, les touristes se sont éloignés, certain jetant quelques pièces dans une sacoche à l'intention de l'artiste. ils se dispersent, ne remarquant pas la catastrophe nucléaire dont je viens d'être victime. mes doigts s'accrochent à la lanière de mon sac à main. « eh bah merde alors...» finalement mes yeux quitte ce visage qui est le mien. je finis par m'effondrer sur le trottoir, dépossédée de la moindre capacité de réflexion et d'analyse. je m'adresse à cette inconnue qui n'est autre que mon portrait craché, de la taille à la morphologie en passant par la couleur des yeux et les cheveux. « je suppose que toi aussi tu ne sais pas quoi dire. » silence. bingo. « faut qu'on trouve une explication rationnelle à ça parce que sinon je vais faire une crise d'angoisse, je vais partir à l'étranger sans prévenir personne et les gens vont encore m'en vouloir. » peut-être prend-elle ma "menace" pour une plaisanterie ? « je suis sérieuse en ce qui concerne le fait de partir. c'est tout à fait mon genre. comment tu t'appelles ? »

Les gens applaudissent comme-ci au final il n’en avait presque rien à faire de toi. Tu t’en fous, tu les regardes pas, ton regard est figé, fixé sur une personne toi. Ou plutôt ton autre toi. Oui, il y a un autre toi qui se balade ici, dans le monde et ailleurs. Un moment tu penses avoir changé de dimension, d’univers, d’espace temps et puis tu reviens à la réalité : ce n’est pas possible. Les pieds sur terre tu ne les plus vraiment là. Tu tentes de ravaler ta salive mais tu n’en as pas, ta bouche est sèche comme un désert. Les gens te donnent quelques pièces. Habituellement tu leur souris, leur dit merci, par politesse. Mais là tu peines à esquisser l’ombre d’un sourire, au final ça ressemble plus à une grimace qu’autre chose. Le monde autour de toi pourrait s’effondrer, brûler, que tu t’en apercevrais pas tant tu es abasourdie, étonnée et tant d’autres sentiments qui se mélangent en toi pour former un tsunami d’émotions. Lorsqu’elle quitte ton regard, tu as l’impression que la vie reprend son cours, que tu reviens à la réalité. Elle s’assoit sur le trottoir et tu en fais de même un instant plus tard. Tu ne dis rien. Tu es une fille peu bavarde doublée d’une timide, de plus la situation ne t’encourage pas vraiment à dire quoi que ce soit, tu manques de mots. Mais visiblement ton autre toi, n’en manque pas elle. Elle parle tu l’écoutes, un peu distraite, tu ne dis rien jusqu’à ce qu’elle te demande ton prénom « maggie…et toi ? » trois mots, voilà ce que tu as réussi à dire, trois tout petits mots.

mes doigts pianotent nerveusement sur mes cuisses. je dois faire quoi ? partir en courant et faire comme si je ne l'avais vu ou rester pour comprendre pourquoi elle me ressemble autant. c'est fou ça quand même. non c'est pas fou. c'est ABSOLUMENT IMPOSSIBLE. enfin pas tant que ça visiblement. j'aurais mieux fait de me casser une jambe ce matin tiens. ou peut-être pas. ça fait mal quand même. me casser un ongle ? oh et puis merde, je suis assise sur le trottoir comme une loque, mon double qui n'a pas dit un mot assise à côté de moi. elle s'appelle maggie. je tourne les yeux vers elle. je trouve que "maggie", ça lui va bien mieux que mon propre prénom. oui c'est une comparaison débile, mais je peux me le permettre sachant que l'on pourrait être un miroir et son reflet. maggie. ça lui va bien mieux qu'absolem-plum. mes parents avaient du fumer un sacré join le jour où ils ont choisi mon prénom. « absolem-plum. » je ricane, ça fait tellement richouss. soudain j'ai un sursaut de lucidité (ouep, ça arrive.). « quel âge tu as ? » sa réponse me laisse deux possiblité ; me jeter d'un pont (bon, ok. du trottoir.) ou repartir et reprendre le cours de ma vie comme si je n'avais pas croisé mon clone en faisant les boutiques.

Pour toi ça ne fait aucun doute, c’est ta jumelle, pas un sosie, ta jumelle. Vous êtes bien trop semblables pour n’être que des sosies. Tu réfléchies quelques instants, posément, calmement. Tu sais que tu as été abandonnée, il serait donc tout à fait possible, quoique très extraordinaire, que tu ais une jumelle qui habite ici. Tu pousses tes recherches dans ton cerveau à son maximum. On t’a dit de venir ici pour une raison inconnue, c’était peut-être ça la raison : tu as une jumelle qui habite dans cette ville. D’un coup tout semble plus clair dans ta tête, tu trouves ça presque normal d’avoir trouvé ton autre toi dans la rue. Elle te dit son nom et tu esquisses un sourire. Tu trouves ça bizarre comme prénom, mais tu aimes bien. Absolem ça te fait penser à Alice au pays des merveilles. Tu aimes bien cette histoire, tu es un peu une Alice toi aussi. Et puis Plum, au mot français Plume. Tu as beaucoup voyagé durant ton enfance, visiblement tout comme la fille a côté de toi. Et donc tu as des notions dans pas mal de langue, dont le français, d’ailleurs tu as toujours rêvé de vivre à Paris. Mais pas le Paris de maintenant, tu préfères le Paris d’autrefois, plus romantique, moins pollué par les pots d’échappement. Elle te demande ensuite quel âge tu as et tu réponds simplement « vingt ans, comme toi. » tu es sûre qu’elle a le même âge, puisque pour toi il n’y a plus de doute, vous êtes nées le même jour !

je regarde mes pieds. ils sont anormalement fascinant tout d'un coup. mes doigts s'agitent dans tous les sens en mode crise d'épilepsie du doigt. je laisse mes pensées vagabonder pour ne plus penser à ce truc flippant. au fait que mon clone est en train de me regarder. s'il faut c'est un espion habilement déguisé qui veut me tuer parce que j'ai offensé le fils d'un riche homme d'affaire russe lors de mon voyage en angleterre. c'est une possibilité, effectivement. faudrait peut-être que je me calme avec les voyages moi, c'est mauvais pour ma santé mentale. finalement je l'entends parler. j'ai l'impression d'entendre ma voix. je sursaute en me levant vivement. « wow là, comment ça "comme moi" ? comment tu sais l'âge que j'ai ? » je fronce le nez, peu rassurée. « si tu sais un truc super important concernant la situation et que tu hésites à le dire, j't'assure c'est maintenant qu'il faut que ça sorte. » l'idée de sauter du haut d'un pont est de plus en plus tentante. je comprends absolument rien.

Elle a l’air d’un peu paniquer lorsque tu lui dis « comme toi. » C’est vrai qu’en disant ça on pourrait penser que tu la connais, que tu l’as espionnée, mais non, rien de tout ça, juste de la déduction. Tu étais plus calme qu’elle. Pourquoi es-tu plus calme ? Peut-être parce qu’au fond tu n’es pas étonnée d’avoir une jumelle. Tu as connu tellement de trucs dingues dans ta vie, que tu tentes de prendre cette nouvelle avec un maximum de sang froid. « bah tu n’es pas juste un sosie, tu es comme moi, exactement comme moi, donc t’es forcément ma jumelle. Et puis j’ai été adoptée… » réponds-tu avec un sang froid implacable. D’un coup tu penses au fait que tu pourrais peut-être rencontrer tes vrais parents, ceux qui t’ont abandonnés, ceux qui t’ont laissé tomber. Et tu sens une colère monter en toi. Tu comprends pas pourquoi ils t’ont abandonné et pas elle ? Et pourquoi pas l’inverse ? Et pourquoi pas garder les deux ? Tu as des tas de questions en tête. Pas juste sur tes parents, mais aussi sur elle, comment elle est, son histoire. Mais tu n’es pas très bavarde avec les gens que tu ne connais pas, même si dans un sens, c’est un peu ton double.

je regarde de nouveau par-terre, mais cette fois je fais un calcul. j'ai plus de chance de me casser quelque chose si je saute du trottoir à pied joint, à cloche-pied ou de dos ? ou de dos à cloche-pied. j'ai bien une amie qui s'est cassé le pied en descendant d'un trottoir (véridique), je peux bien essayer moi aussi non ? elle me parle de jumelle, d'adoption. c'est quoi ce gros foutoir. j'ai rien contre elle, contre maggie. elle a l'air gentille et un part de moi me crie que ce qu'elle dit est bien plus rationnel que mes aberrations d'il y a cinq minutes. pourtant ce qu'elle me dit me fait peur aussi. j'ai mon petit monde, bien à moi. qui est-ce qui a décidé de planter une jumelle en plein milieu de mes plates-bandes ? les traits de maggie se sont durcit. elle ne pense pas à quelque chose d'agréable et j'ai presque envie de la prendre dans mes bras. « c'est certes l'explication la plus rationnelle qui soit mais...enfin j'ai pas été adopté moi, et je n'ai jamais eu de soeur ou de frère, encore moins de jumelle. » une part de moi sait qu'au fond, elle dit la vérité. mais c'est trop bizarre pour l'instant, trop irréel encore. « j'ai rien contre toi maggie, au contraire tu as l'air vraiment adorable et ce que tu dis parait être l'évidence la plus plausible. mais là je suis paumée. »

Tu comprends tout à fait qu’elle soit étonnée, coquée, perdue, tu l’es également un peu. Mais, vu que tu as été adoptée, tu as imaginé bon nombre de scénarios sur pourquoi tu as été abandonnée, qui sont tes parents, as-tu des frères et sœurs ? Donc forcément à un moment l’idée d’une jumelle a germé dans ta tête, sans pour autant prendre toute la place, ce n’était qu’une idée parmi tant d’autres. « je sais que ça peut paraître très bizarre et étonnant, mais bon, c’est vrai. » tu sens que ta langue se délie peu à peu, que tu as plus confiance en cette « sœur » que tu n’as jamais connue. Tu n’es timide et renfermée qu’avec les inconnus ou les gens qui ne t’inspirent pas confiance. Mais au final ce n’est pas une inconnue et tu peux avoir confiance en elle. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu te dis que puisque c’est ta jumelle, elle ne peut pas être méchante avec toi, elle ne peut pas te faire mal, ni rien du tout.

Spoiler:

bizarre et étonnant ? c'était trop peu pour expliquer la situation. je sens ce petit être fragile se détendre à côté de moi. j'en ai la certitude, c'est la seule explication, maggie est ma jumelle. et je me rends compte que je l'ai interrompu pendant qu'elle faisait un spectacle de rue pour récolter de l'argent. vit-elle dans la rue ? ma soeur, ma jumelle, mon double, vit dans la rue ? (je suis pas très difficile à persuader quant à la situation je trouve.) je relève les yeux vers maggie, je remonte mon sac sur mon épaule. « tu vis dans la rue maggie ? » ma voix est douce et un indescriptible tendresse me serre le coeur lorsque je lui parle. je me baisse pour ramasser le poste radio qui servait à diffuser la musique. je le range dans le sac où les touristes ont déposé les piecettes. je récupère le pécule pour le glisser entre les doigts de ma nouvelle soeur puis je me redresse. « il est hors de question que je te laisse vivre comme ça. on va commencer par aller prendre un café, voir même un repas. j'ai faim. » je ne sais pas comment elle va prendre ma générosité à son égard. ce n'est certainement pas de la pitié, mais je ne veux pas la brusquer, alors je me sens obligée de justifier mon geste. « ensuite on ira chez moi pour que tu puisses te reposer. tu y seras comme chez toi pour aussi longtemps que tu voudras. et pour fini on ira demander un règlement de compte aux parents. » déjà, je prends par la main cette soeur, pas très loquace, mais qui me ressemble comme deux gouttes d'eau.

Elle te demande si tu vis dans la rue. Tu ne sais pas trop quoi répondre. Tu ne veux pas l’embêter avec tes problèmes, mais après tout tu te dis que c’est pas ta sœur et que tu peux lui dire la vérité. Tu as un peu honte de ta situation, mais tu n’es pas comme tous ces gens qui refusent l’aide que l’on te propose. Tu l’acceptes avec courtoisie, même si tu sais qu’à cause de ça tu leur seras toujours redevable. « pas vraiment… » tu réponds. C’est vrai que tes numéros de rue te permettent de gagner quelques pièce pour manger. Mais tu comptes sur la générosité des gens que tu as rencontré ici pour dormir. Il est vrai que certains soirs tu dois dormir dehors, mais heureusement, cela n’est pas arrivé souvent depuis que tu es ici. Tu te débrouilles toujours pour avoir un coin au calme et un minimum confortable. C’est pour ça que parfois tu rentres dans des restaurants après la fermeture et tu repars avant l’ouverture, ni vu ni connu. Absolem veut prendre soin de toi et t’aider. Tu te lèves à ton tour et tu dis « merci » en souriant. C’est vrai qu’un bon repas te fera pas de mal. Mais il y a quand même quelque chose qui te trotte dans la tête depuis tout à l’heure. « t’as dit que tu voyageais beaucoup, tu fais comment ? » c’est vrai que pour voyager, il faut quand même un peu d’argent, à moins que l’on fasse ça à pieds avec un sac sur le dos et que l’on compte sur la générosité des locaux.

je pense que si quelqu'un voulait me faire gober que les dinosaures existent encore, il pourrait. non pas que je sois crédule mais..non mais imaginez, les dinosaures de retour ! ça serait tellement trop classe ! mais je pense aussi que j'accorde ma confiance trop facilement. ça me joue des tours, parfois. je tiens la main de maggie et l’entraîne à l'assaut des rues du quartier. elle me dit qu'elle ne vit pas vraiment dans la rue et me remercie. « c'est tout à fait normal maggie. » c'est certes encore le bordel dans ma tête, mais il est hors de question que je la laisse dans la rue. je finis par l'emmener à the 2nd home cafe, un restaurant agréable et sympathique. on s'installe et je commande illico un coca cherry en laissant maggie choisir. comment je fais pour voyager ? c'est une bien bonne question et ça m'intrigue qu'elle ai retenu ça pendant ma pseudo crise de panique. « je fais...au hasard. sérieusement. je regarde un documentaire, une carte postale, une photo sur le net. si ça me donne envie d'y aller j'y vais. » j'hausse les épaules en souriant. « mes parents..enfin, les parents..j'veux dire. rah, merde. je nie pas que financièrement j'ai les moyens, alors j'en profite. je découvre tellement de chose, et je ne sais jamais à l'avance combien de temps je pars et où est-ce que je vais exactement. et toi ? parle moi de toi, ta vie ? »

Vous allez dans un petit restaurant et tu es presque émerveillée par les lieux. D’habitude tu commandes un p’tit truc pas trop cher pour te remplir l’estomac et tu ne restes pas longtemps, car tu pars à la recherche d’un toit pour la nuit. Ce n’est pas une vie rêvée mais tu ne l’as pas choisi. Tu passes des entretiens pour des petits jobs parfois mais tu as du mal à te plier à l’autorité. Tu as trop longtemps du te taire. Tu as subi un entrainement intensif au cirque, et pas vraiment très agréable même s’il a fait de toi une acrobate de talent. Elle commande un coca cherry et tu commandes la même chose ne sachant pas vraiment quoi choisir. Elle semble un peu étonnée lorsque tu lui demandes comment elle fait pour voyager. Elle te dit que ça lui vient comme ça, qu’elle voit quelque chose et qu’elle se dit « tiens et si j’allais là-bas ». Et elle te dit également que ses parents, ou plutôt vos parents ont les moyens et qu’elle en profite. Tu te dis que la vie peut-être injuste, mais tu ne lui en veux pas à elle, ce n’est pas de sa faute, elle n’a rien à voir avec le fait que tu ais été abandonnée. Elle te pose ensuite des questions sur ta vie. « et bien j’ai été recueilli par un cirque et moi aussi j’ai beaucoup voyagé, tout le temps même. Mais j’ai pas pu visiter les pays comme tu l’as fait. » pourtant tu adorerais toi aussi découvrir le monde. A première vue tu as pas mal de points en commun avec Absolem.

elle prend un coca cherry elle aussi. aurait-elle les même goûts que moi ou ne saurait-elle pas quoi prendre et se rabattrait-elle donc sur la même boisson que moi ? elle a l'air de s’intéresser à ce que je raconte. j'veux dire, vraiment. comme si je rentrais de voyage et que ma soeur voulait savoir par le menu les détails de mon périple. son visage ne réflète qu’intérêt, patience et douceur. tendresse. assise l'une en face de l'autre dans ce restaurant, presque dans la même posture j'ai encore plus l'impression d'être devant un miroir. elle a été dans un cirque. wouaw. je comprends d'où lui vient sa souplesse et la maîtrise qu'elle affichait dans la rue tout à l'heure. « tu n'as pas pu parce que tu devais rester avec le cirque ? enfin je veux dire, tu n'avais pas le droit de quitter l'enceinte même du cirque ? » des choses, j'en ai vu, c'est certain. mais la vie de cette jumelle tombée du ciel m'intrigue et je veux en savoir plus. je veux la connaître. de but en blanc je lance ; « tu préfères le bleu ou le rouge ? c'est quoi ta fleur préférée ? moi c'est le lilas. tu es plus chat ou chien ? robe ou jeans ? tu es à l'aise avec les gens en général ou pas ? » je veux tout savoir d'elle. je veux rattraper les vingt ans que nos parents m'ont enlevé près d'elle.

Elle a l’air étonné lorsque tu lui dis que tu as grandis dans un cirque et que tu es passée par pas mal d’endroits sans pouvoir les visiter vraiment. Elle semble intéresser par ça, elle te demande si tu avais le droit de sortir du cirque ou si tu devais obligatoirement rester à l’intérieur. Tu esquisses un petit sourire. « non, c’est juste que je n’avais pas trop le temps de sortir. On faisait beaucoup de représentations, et d’entraînements. Et j’étais petite aussi ! J’ai quitté le cirque à dix ans. Enfin…je suis revenue plus tard, ensuite. » tu préfères ne pas trop évoquer ton retour au cirque car c’est une étape douloureuse de ton histoire qui fait que tu te retrouves ici aujourd’hui. En effet, quand tu as eu dix ans, tu es partie pour suivre une formation de gymnaste professionnelle, étant très souple et ayant déjà pas mal de bases en matière de gym’ puisque tu étais acrobate. Elle te pose ensuite une série de questions et tu réfléchis quelques instants avant de répondre. « mmmm…alors je dirais que je préfère le bleu…parce que c’est comme le ciel. Ma fleur préféré c’est le myosotis des marais, qui est bleu. Je suis ni fan des chats, ni des chiens, je préfère les papillons, les libellules, les tortues, les escargots…Je préfère porter des robes, mais je suis plus souvent en jean, c’est plus pratique pour les numéros. Enfin jean élastique, sinon ça craque. Et je suis pas très à l’aise avec les gens, même pas du tout. Et toi ? » tu as tenté de répondre du mieux que tu pouvais à ses questions.

Spoiler:

elle me parle de sa vie, ce qu'elle faisait au cirque. et j'aime l'écouter. en savoir plus sur sa vie. la vie qu'elle aurait du partager avec moi. « pourquoi tu as quitté le cirque à dix ans ? et tu y es retournée quand ? pourquoi tu n'y es plus ? » j'ai l'impression de poser les questions à la vitesse d'un lance-pierre mais je veux savoir un maximum de chose sur elle le plus vite possible. après tout j'ai raté vingt ans auprès d'elle, je ne veux plus en rater d'autres. elle garde le silence avant de répondre à mon chapelet de questions débiles. je lui souris largement. « je préfère le bleu aussi, comme toi ça me fait penser au ciel, à mes voyages en avion ou quand je dors à la belle étoile. le lilas en ce qui concerne la fleur. j'aime autant les chats que les chiens. je préfère ce qui est pantalon, mais j'aime porter des robes. j'aime parler avec les gens, en apprendre plus sur eux, sur leur vie. » nos consommations arrivent. je bois une gorgée de mon coca cherry bien frais comme je l'aime.

Elle te pose d’autres questions sur le cirque mais ça te met mal à l’aise d’y répondre alors tu préfères les ignorer, tu lui diras peut être plus tard pourquoi tu es partie, pourquoi tu es revenue, mais tu ne sais pas si tu pourras lui dire un jour pourquoi tu n’y es plus. Peu de gens savent pourquoi tu es partie du jour au lendemain. Tu l’as dit à Ezio, et c’est tout. Elle répond ensuite aux question qu’elle t’a posé. Elle aussi préfère le bleu, sa fleur préféré est le lila, elle préfère autant les chats que les chiens, elle préfère les jeans aux robes même si elle en prote de temps en temps et elle est plus sociable que toi, mais ça tu l’avais déjà remarqué. Tu bois une gorgée de coca cherry et tu souris « c’est bon.. » oui tu n’en avais jamais bu avant, tu n’as jamais eu l’occasion d’en boire à vrai dire. Tu n’as jamais eu l’occasion de découvrir beaucoup de choses. Jusqu’à il y a deux mois ta vie se résumait uniquement au cirque et à la gymnastique. Maintenant tu te dis que tu pourras peut-être rattraper le temps perdu, autant avec ta sœur qu’au niveau du reste du monde. Enfin tu n’as pas franchement les moyens de partir à la découverte du monde, mais bon, ça viendra peut-être un jour.

elle ne me répond pas lorsque je lui parle du cirque. ah. bon. peut-être plus tard ? je comprends bien qu'elle ne veut pas en parler et pour une fois je fais taire ma curiosité légendaire pour la laisser tranquille. elle me laisse palabrer tout mon saoul et conclu simplement en buvant son coca et en disant que c'est bon. elle est drôle ma jumelle. et je crois que je la trouve irrésistible. je comprends pas comment nos parents ont pu nous séparer. « tu veux manger maggie ? regarde la carte et prend ce que tu veux. » elle mérite un repas digne de ce nom et j'ignore depuis combien de temps elle n'en a pas mangé. pas mal de personnes sont assez généreuses à gold coast mais je ne voudrais pas voir maggie tomber d’inanition sous mon nez. « s'il faut, on s'est trouvé dans les même villes en même temps sans se croiser ! » je fais tourner la paille dans mon verre pour faire tinter les glaçons. « comment tu es arrivée à gold coast ? »

Elle te demande si tu veux manger, et elle te dit de choisir ce que tu veux dans la carte. Tu hoches simplement la tête, ton débit de paroles doit sûrement être épuisé. Tu regardes tous les plats, tu ne comprends pas la moitié de ce qui est écrit. Pourquoi faut-il une désignation aussi compliqué pour quelque chose qui se révèle simple ? tes talents en cuisine étant très restreints et tes connaissances dans ce domaine de même. Tu décides de choisir quelque chose de simple que tu connais : un hamburger. En plus c’est nourrissant et pas très cher, autant dire le combo parfait ! Tu peux manger des trucs gras sans avoir à te soucier de ton poids, vu tout le sport que tu fais dans la journée ! Elle te dit ensuite qu’il se peut que vous vous soyez retrouvé dans la même ville sans vous croiser. « c’est possible. » dis-tu en souriant. Elle te demande ensuite ce qui t’as poussé à venir ici, à Gold Coast. « un type a téléphoné à l’auberge où je dormais et il m’a dit de venir ici. J’avais rien à perdre de toute façon ! » tu es sûrement inconsciente, c’est vrai.

elle est drôle ma jumelle. elle est toute mignonne. je me retrouve en elle autant que j'ai l'impression de voir quelqu'un d'autre. c'est relativement perturbant. d'autant plus que j'ai été persuadée pendant vingt ans que j'étais un exemplaire unique. faut pas déconner avec ces choses là. maggie commande un hamburger. je la vois presque se lécher les babines à l'évocation du plat. pour ma part je prends un plat bizarre dont je n'ai jamais entendu parler, on verra bien ce que c'est. et quand elle m'explique pourquoi elle est à gold coast, je manque m’étouffer avec la paille de mon coca cherry. un mec qu'elle ne connait ni d'ève ni d'adam lui a dit de venir ici et elle l'a fait ? sans savoir qui c'était ni pourquoi ? elle est un peu folle ma jumelle non ? « quoi ? mais tu sais que c'est dangereux ces choses là ou pas ? non parce que tu aurais très bien pu tomber sur un fou pervers ou que sais-je encore ! » j'ai presque envie de l'engueuler, parce que maintenant je veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. et derrière son absence de loquacité, je sens bien que le coeur de maggie n'est pas léger.

Elle te dit que c’est dangereux de faire ça, que ça aurait pu mal finir et que t’es inconsciente. C’est vrai, elle n’a pas tord ! Mais ça ne pouvait pas vraiment être pire que de rester toute seule à errer un peu partout en Australie. Il te fallait un endroit ou aller et ce type t’en a donné un. « j’crois qu’il voulait qu’on se rencontre. » peut-être t’a-t-il vu lors d’une représentation et tu lui as fait étrangement penser à une fille qu’il connaît. De toute façon, tu ne vois pas d’autre raison pour qu’on te demande te venir ici à part pour rencontrer ta jumelle. « t’es souple ? » demandes-tu. C’est vrai que parfois tu poses des questions bizarres, mais ça t’intéressait de savoir si ta sœur a des compétences quelconque en gymnastique ou en acrobatie. Certes elle n’a pas été élevée dans un cirque comme toi, mais il se peut qu’elle ait pris des cours de gymnastique ou tu ne sais quoi.