approx. 6 years ago ; i had no clue i was so fucking alone.

- Salut toi.

Il ne m'a rien demandé, et pourtant, voilà que déjà, je le serre dans mes bras. Comme d'habitude. Ma tête se colle contre son torse, mes yeux se ferment. Je hume son odeur. Je laisse la douce mélodie de ses artères et de son coeur battant me bercer. Mes lèvres montent alors, caressant ses joues, pour déposer une trace de rouge sur ses joues. Je suis d'humeur coquine ce soir. J'ai un peu bu, d'ailleurs ... Mais pas assez pour avoir du mal à discerner ses traits. C'est Liam, en même temps. Même shootée, je le reconnaitrais.

- Entre, idiot ; tu vas attraper froid, dehors. J'ajoute alors, en riant. C'est l'été, après tout.

Seize et déjà si attachante. Malgré le nombre d'années non négligeable qui nous sépare, Tara a ce petit quelque chose qui la rend unique. Mignonne et folle à la fois. Plus les années passent, plus je la découvre. Plus je vois ce corps se transformer, devenir de plus en plus féminin, chose qui est loin d'échapper à mes yeux, évidemment... Mais voilà, elle reste la petite soeur de Jerry, celle qui est par nature intouchable. Pourtant, dès qu'on se voit, c'est plus fort que nous, ou plus fort qu'elle surtout. Ses mains s'aventurent sur moi comme si elle était aimantée. Si ça me dérange ? Foutrement pas. Elle m'ouvre la porte, me salut, ce à quoi je réponds pas un sourire. Et là voilà qui s'approche, qui me prend dans ses bras mais finalement, c'est moi qui caresse ses cheveux avec amusement, comme un frère le ferait. Et elle me dit de rentrer, ce que je fais sans poser de question, tellement je suis habitué aux lieux.

- Je n'ai jamais froid moi. Touche. Dis-je en posant la paume de ma main sur sa joue, le sourire aux lèvres. Là, elle peut voir que je suis chaud, même avec ce temps froid. Comme d'habitude en fait.

Des mecs, j'en ai déjà vu. Grands, petits. Minces, gros. Canons. Laids. Des dieux, par contre ... Je crois que Liam, c'est le seul que j'ai croisé, de ma vie entière. C'est le seul qui m'emplit autant de désir, et ça, ce n'est pas peu dire. Pas du tout, même ... Je le veux. À la folie, je le veux. Ses mains caressent mes cheveux, me rassurant dans cette décision. Je suis à l'aise avec lui. Je veux sentir son contact, sentir son odeur. Il est délicieux. Parfait. Instinctivement, je le sais. C'est ainsi. Il entre à ma suite, et de façon joviale, ma main frôle la sienne, avec fluidité, jusqu'à ce que mes doigts ne viennent se resserrer autour des siens pour le tirer à ma suite, avec plus ou moins d'entrain. Il me dit ne jamais être chaud, ce qui me fait rire, légèrement. Chéri, tu n'as jamais encore eu affaire à de la vraie chaleur, toi. Sa paume caresse mon visage, mais je l'ignore. Je le provoque, je le titille. Dehors, il fait froid, mais ici, on a chaud. Le radiateur est allumé. Du coup, j'ôte mon pull, me retrouvant face à lui, dans un tee-shirt simple, bien qu'un peu décolleté. Je l'ai mis pour l'occasion, voyez-vous. Danse avec moi. Je lui ordonne alors, amusée.

A peine deux minutes que je suis avec elle et déjà, elle me provoque du haut de ses seize balais. Cette nana est incroyable et j'ai parfois du mal à réaliser que ce n'est qu'une adolescente. Une adolescente loin d'être complexée comme les autres de son âge, à moins qu'elle tente de jouer un jeu, ce qui est aussi probable. C'est souvent que je la vois en compagnie d'autres gars et avec aucun d'eux elle n'est aussi tactile. « Non bien sûr, jamais ! Mais toi oui, tu n'arrêtes pas je parie. » Lancé-je sur un ton pour le moins ironique. Si moi je n'ai encore jamais eu affaire à la vraie chaleur, alors elle elle ne s'est même pas encore touchée elle-même. Je ris, spontanément et tandis qu'elle ôte son pull, je retire ma veste et me retrouve donc vêtu d'une simple chemise noire. Mes yeux divaguent sur son décolleté qui pourtant n'indique pas encore une poitrine affriolante. Et je m'approche d'elle avec un air mystérieux. « Tu crois que j'ai envie de danser avec une gamine ce soir, alors que j'ai plein d'autres filles de mon âge ? » Le sourire aux lèvres, je la contourne alors.

Il me parle avec ironie. J'aime pas ça. J'hausse des épaules, je lève du nez. Il se prend pour qui, lui, sérieusement ? Queen Tara, c'est moi, et ça, tout le monde le sait. Il essaie de me provoquer, mais sans grand succès. Il veut danser avec moi, ça se sent. Il ne le sait juste pas encore. Enfin ... Je crois. Comme si les autres filles ici étaient plus intéressantes ou belles que moi ... Ça se saurait, hein. Tara, c'est moi. Tara, c'est la petite soeur blonde du grand Jerry. Tara, c'est celle qui fait tourner les têtes et chavirer les coeurs. Roulant des yeux vers le plafond, j'adopte un air cynique ; moqueur, même.

- Ça dépend, tu préfères danser avec des robots ou des vraies filles aux corps souples ? Je lui lance un clin d'oeil taquin, avant d'ajouter, finalement : Je peux toujours danser avec Steve, sinon, hein ... Je suis sûr qu'il n'aurait pas le coeur à me refuser ça. J'en étais presque aussi sure que du fait que Liam ne pouvait pas supporter Steve. Surement, il m'empêcherait de le faire ... Non ?

L'ironie énerve les femmes et pour cette raison, elle est idéale. J'aime particulièrement l'utiliser avec Tara, car Tara y répond forcément. Je vois sur son petit minois éhonté que ça l'agace, que je l'agace. Et moi, je jubile de réaliser ça, comme d'habitude. Danser au choix entre des robots ou des vraies filles au corps souple, dit comme ça, je n'hésiterais pas. Et elle me parle de Steve. Lui c'est un gros abruti qui est cependant pote avec Jerry. « Ma foi, si tu tiens à te faire coller par ce boulet... » Je m'approche d'elle et viens lui murmurer ces quelques mots. « Il va vouloir venir fourrer sa langue partout sur ton visage, dans ta bouche... Je l'ai déjà vu à l’œuvre, c'est moche. Même toi tu rêverais de plus de délicatesse... » Ma main passe dans ses cheveux pour les ébouriffer gentiment, avant que je ne m'arrête à côté de la table pour y prendre un gobelet.

Il me parle de Steve. Du boulet duquel il s'agit. Je lui souris, amusée ... D'une pointe d'amusement, seulement. Le reste, c'est de la malice. Je le veux, et il le sait que je le veux. Tout pousse à le faire savoir, depuis que je l'ai dévoré du regard pour la première fois. Steve sait s'y prendre avec les femmes ... Je chantonne alors, gaiment, sous-entendant que lui, non. Le connaissant, il allait mal le prendre. C'est même certain. Il vient alors me parler de Steve ... Plus près ... Et je ferme les yeux, pensant "plus près encore, vas y, rapproche toi." Mais je ne dis rien. je joue à un jeu, et j'essaie de rester aussi stoïque que possible. Il embrasse plutôt bien, pourtant, je trouve ... Mieux que toi, en plus, je parie. Tandis que lui ramasse un gobelet, ma langue se faufile entre mes dents pour venir caresser de manière sulfureuse ma lèvre du haut. Avec lui, on ne peut que se sentir belle. J'affirme finalement.

Quand je lui parle de Steve et que je tente de le décrédibiliser, mademoiselle Tara sourit. Oui, c'est de l'amusement que je peux lire sur ses lèvres et dans ses yeux. Pourquoi je m'y attendais tant que ça ? Quoi que je dise, Tara cherchera toujours à avoir le dernier mot. Elle est tombée sur la mauvaise personne avec moi. Si certains mecs auraient juste cherché à la satisfaire, moi au contraire, j'avais pour ligne de mire de l'emmerder. Et il n'y avait pas trente-six manières. « Oui, il sait s'y prendre avec les femmes qui n'ont pas de dignité, c'est vrai. Certains visent plus haut. » Je hausse les sourcils pour la taquiner. Véridiquement, je ne suis pas atteint par ses remarques subliminales. Je la connais. Elle est une adolescente qui cherche à faire impression. Auprès de moi... Mais elle sait bien auprès de quel bois elle se chauffe la petite. « Ah oui ? Il faudrait que je te prouve le contraire alors. » Lâchai-je alors avec un sérieux remarquable. Je me choisis un gobelet, y verse un peu d'alcool et relève mon regard vers Tara qui n'attend que ça. « Tu rêves que je te prouve que tu as tort, ce n'est pas difficile à cerner les jeunes filles dans ton genre... » Je me rapproche d'elle et baisse mon regard vers elle. « Mais on sait très bien que tu n'as pas besoin d'un mec comme Steve pour te sentir belle, n'est-ce pas ? » Je lui adresse alors un large sourire charmeur, sans cesser de la fixer.

- La dignité, c'est surfait. Je rétorque alors, d'un ton hautain. Pendant que tu te préoccupes des conventions sociales, certains pensent peut être à vivre comme si aujourd'hui était leur dernier jour. Bam. Dans les dents. Rien ne vaut le moment présent, ainsi que le fait de saisir les opportunités qui s'y trouvent ... Enfin, si tu veux mon avis, quoi. Je joue alors avec une de mes boucles, avant d'attendre la suite de son discours. Il dit alors m'avoir cernée, savoir exactement ce que j'attends de lui ... Et si il n'a pas tort, cela lui coute tout de même un sourire sceptique de ma part, suivi d'un simple :

- Oh, Liam ... Tu me croyais vraiment aussi prévisible que ça ? Intérieurement, je souris, face à sa dernière phrase. Il est plus intelligente que Steve, en tous les cas. C'est une vérité absolue, ça. Il me regarde dans les yeux, et plutôt que de baisser timidement du regard, je lui en renvoie un, tout aussi farouche. Défiant.

- Ça ne fait jamais de mal, un petit rappel, de temps en temps. J'avoue alors coquinement,

La dignité surfaite. Le problème est que j'aime les femmes qui ont une dignité. Je souris vaguement. Et elle parle, elle parle. Si je veux son avis ? Moyennement, en fait. Mais je la laisse parler car ça semble lui faire croire qu'elle a raison. Peut-être qu'elle a raison d'ailleurs, mais j'ai déjà perdu le fil. Rien ne vaut le moment présent ? Sans doute, quand on a seize ans c'est plus simple de penser de cette manière. Jeune Tara, insouciante. Je préfère qu'elle pense avoir raison plutôt que de la désillusionner. Je souris alors à la fin de son avis. « Parfois, tu parles trop. Je te l'ai déjà dit ? » Je l'ai cernée, je le sais. La vérité est que les hommes sont comme les femmes, pour certaines choses. « Exactement. » Il faut qu'elle accepte le fait qu'elle est réellement prévisible, ce n'est pas une tare. Et quand je m'approche d'elle, elle me jette un regard sauvage, puis me met au défi de lui rappeler que j'ai raison. Elle meurt d'envie que je l'embrasse. Je fronce alors les sourcils en la fixant. « Ça ne fait jamais de mal, mais est-ce nécessaire ? Là est la question. »

Je roule des yeux vers le plafond, une énième fois. Qu'est-ce qu'il peut être chiant, lui, quand il veut. C'est dommage qu'il ait un si joli cul pour se faire pardonner ...

- Parfois, t'es vraiment trop con. Mais c'est pas ta faute : t'es un garçon. Je lui souris, cyniquement. Il m'avait cherchée, là, quand même. Il me balance alors un simple "Exactement", allez savoir au sujet de quoi ... Et du coup, je l'ignore. Il n'en pleurera pas pour autant, après tout. Il me fixe, d'un regard glacial ... Mais je suis forte. Je peux le supporter. Je peux lui faire face. Énigmatique, je lui souris, à mon tour.

- Si je te donnais la réponse, ce serait trop facile. Je tourne alors de la tête, assez rapidement pour claquer son visage de mes cheveux, histoire de piquer le verre de la fille à côté de moi, qui lance un "hé" de protestation. Santé. Puis, je me mets à boire.