C'était pas la plus jolie des choses à voir. La nuit était tombée, un camion crachait violemment du son dans le vieux hangar poussiéreux. Le public ? Défoncé, déphasé, désaxé. Jeans déchirés, vieux sweats, mains abîmés, lèvres gercées. Je me promettais à chaque fois de ne pas retoucher aux produits. Promesse en l'air. Je me mords nerveusement l'intérieur des joues à cause de l'ecsta, en roulant une cigarette magique, deux minutes après avoir pris du speed avec le pote d'un pote de..anyway. J'oscille de gauche à droite sur le rythme de la trans. Ma langue passe sur le collant. Il faut que je me pose. Je me dirige vers une des parois, et m'assois à côté d'un type. Je le regarde et mime l'allumage du briquet pour lui demander un feu.

un hangar désaffecté, jonché de mille couleurs à l'intérieur, des tags, traces de vies gravées dans la pierre. une musique tapageuse, électrisante, une de celles qui résonne dans tes tripes. du bruit, des corps qui dansent, qui s'enivrent. t'étais assis dans un vieux canapé dégarni, clope à la main, bouteille dans l'autre, et tu regardais les vies défiler devant toi. ton esprit était déjà embaumé par l'alcool et autres substances, et tu te sentais bien. t'étais dans un autre univers, dans ton univers. et y'a cette fille qui vient te sortir de tes pensées. tu lui tends son feu en lui faisant son plus beau sourire. celui qu'elles aiment toutes, tu le sais.

J'hausse un sourcil perplexe face à son sourire. Je plisse les yeux pour mieux le voir. Il a l'air mignon. Il a l'air juste, parce qu'il fait sombre, et que je ne vois plus très net. Je lui rigole bêtement au nez, attrape son feu et enflamme le join que je tiens entre mes lèvres. Je lui retend son feu. « Merci jolies dents. » Je lui fait un clin d'oeil amusé. Désolé dude, je ne suis pas de celle qui craque pour le premier sourire sexy. En fait, je serais plus de celle qui craque pour la première trace offerte. My bad. Attrapant mon sac, je tire une grosse latte et souffle la fumée opaque en l'air, avant de vérifier dedans. Je pousse l'énorme sachet de ma dernière récolte puis trouver mon flash de rhum. I'm a pirate motherfucka. Je tourne ma tête vers mon nouveau voisin, et lui tend le join. « Tu veux fumer ? »

elle te rigole au nez et tu comprends pas pourquoi, de toute façon, c'est plus l'heure de comprendre quoi que ce soit pour toi. tu regardes autour de toi, t’arrive même plus à retrouver tes potes, et la musique, elle, se fait de plus en plus folle.
après l'avoir allumée, elle te tend sa cigarette magique, que tu prends avec un air amusé : cette herbe, c'est peut-être toi qui l'a vendue. mais tu ne reconnais pas son goût. elle vient d'où, cette weed?

Il l'attrape, et de ma main libre, je peux maintenant ouvrir la flash. J'en prend une gorgée et grimace. Idéalement, j'aurais du avoir de l'eau pour vraiment de désaltérer, plutôt que de m'auto-violé la bouche avec de l'alcool pure. Je soupire. Puis sa question me fait sourire. « De chez moi ! » Réponse à double interprétation. Ca pourrait venir de chez moi, du pays d'a côté, et j'aurais passer la douane avec brio. Ou de chez moi, mon appartement, my home. Alors je me sens obligé de préciser. « Culture inté, c'est white widow, ça vient tout juste de finir de sécher. T'en veux ? Je te la fait à 6 le gramme, parce que t'as une bonne gueule. » Mon activité de dealeuse reprenait toujours du service. Disons qu'étant donné que j'avais toujours un stock sur moi, et que je n'avais pas encore de petits soldats prêt à travailler pour mon compte, c'était un passage obligé.

tu sors tes petits buvards magiques de ta poche, et t'en glisses un sur ta langue, le sentant fondre délicatement. tu te retournes vers la blonde, qui s'imbibe la gorge à coup de rhum. une pirate. tu souris en regardant les corps s'entrechoquer sur ce qu'on pourrait appeler une piste de danse. ouais, pourquoi pas, pour ma conso perso ! tu rigoles, parce que d'habitude, c'est toi qui vend. mais t'allais pas dire non à un peu de nouveauté.