la plage. j'aime pas la plage. enfin oui, mais non. j'aime le sable, l'eau, la lumière, la chaleur. mais j'aime pas les gens, les regards, le mouvement. j'aime le désert, pas la population. alors j'aime la plage quand il n'y a personne. j'aime la plage quand les gens n'y sont pas. c'est rare de croiser des gens à trois heures du matin, mais c'est interdit d'y aller. c'est pourquoi c'est à trois heures de l'après-midi que j'y vais. non pour rencontrer quelqu'un et encore moins pour me baigner ou quoique ce soit, mais surtout pour profiter. profiter e la chaleur, profiter de l'air frais. je ne sors pas souvent en pleine journée, mais j'ai aucun cours à donner aujourd'hui alors j'en profite pour faire un tour dehors. mon psy m'a conseillé de sortir plus souvent, alors je le fais. j'ai peur. peur de m'énerver. et pourtant je sais que ça risque d'arriver. je m'énerve toujours, alors c'est pas étonnant. je soupire en marchant, en regardant les endroits. un gosse me fonce dedans. MERDE. sale enfoiré. pourquoi tu me fonces dedans ? il ne s'excuse même pas, le con. il prend son ballon et il se tire. putain de merde, j'vais le tuer. je hais les enfants. et sa mère qui explose de rire. non mais la salope, ça va, c'est bon, dégage. « ET LE RESPECT BORDEL, ON VOUS A JAMAIS APPRIS ÇA ? » je me retourne pour enfoncer mon poing dans le poteau en bois, formant la clôture qui sépare la plage du parking. sauf que mon poing atterrit sur quelque chose de mou. un bras. et ben. je relève ma tête. tiens, il est canon le mec, dommage que je risque de me faire défoncer la gueule.

La plage c'est cool. Y'a du monde partout, ça court, ça crie, sa rigole et ça joue à s'éclabousser. Puis y'a les insouciants qui partent se baigner en laissant leurs sacs sur la plage. Sac que tu t'empresses d'ouvrir pour y prendre des billets, des montres, des portables et même des bijoux quand t'as de la chance. En cet début d'après-midi t'as fais une bonne pêche. Tu gardes les bijoux et les téléphones pour les revendre plus tard et tu pars t'acheter une glace en passant devant les enfants histoire d'être bien méchant. Tu prends la plus grosse, celle avec trois énormes boules et tu rajoutes un peu de chantilly dessus. Une fois ton cornet en main tu décides d'aller t'asseoir le temps de déguster ce petit plaisir. C'est bête mais t'as toujours aimé les glaces et t'as pas forcément tout le temps l'argent pour t'en acheter. Tu repères un peu d'espace et tu décides d'aller t'y asseoir. Sauf que bien vite c'est le drame, quelqu'un te bouscule et ta si jolie glace s'écrase sur le sol brulant. Tu sers les poings et tu fixes l'homme devant toi. T'es sérieux ! J'ai même pas eut le temps de la goûter bordel ! Tu lâches quelques insultes bien puériles et tu te retiens d'empoigner l'inconnu par le col de son tee-shirt, faudrait pas que t'attires les flics qui patrouille le long de la plage.

le mec me regarde avec une envie de me tuer. je le sens. je le sais. tout le monde veut ma mort. ou du moins, la plupart du temps. il m'engueule, mais c'est à peine si je l'écoute. j'ai pas envie de l'écouter. j'ai pas envie de l'entendre. je sais que j'ai merdé, et pourtant, cette rage, elle reste au fond de moi. cette envie de casser quelque chose hurle dans mon esprit. j'aime pas cette envie. mais elle est là. et un jour mon psy m'a dit de ne pas laisser la colère en moi et de l'extérioriser. je crois que c'est un de ces moments où je ne dois pas rester énervé, mais bien montrer à tout le monde que je suis énervé. alors une fois que l'inconnu ferme sa gueule, un rictus se dessine sur mes lèvres et je le regarde dans les yeux. « frappe-moi tant que tu y es, alors. si tu tenais tant à ta putain de glace. » et je sais qu'il me frappera. il a une tête à frapper les gens. et si jamais il ne le fait pas, alors j'attaquerai. parce que j'en ai de besoin. et parce que c'est une bonne chose de se battre de temps en temps, non ?

Ce type te provoque ouvertement. Il a une tête de premier de la classe et ça te fais rire. Sérieusement, il se prend pour qui ? Il aurait dû faire comme tout ces putains de moutons et s'excuser poliment. Mais c'est pas le cas alors t'es pas content. Tu fronces les sourcils. Normalement il t'en faut plus pour t'énerver mais aujourd'hui tu t'es levé du mauvais pied et tu décides de passer tes nerfs sur ce type, en plus sa tête ne te reviens pas. Tu l’attrape par le col de son foutu t-shirt et tu le pousse gentiment, faut bien commencer en douceur. T'es sérieux là ? Au final t'es pas vraiment énervé, t'as justes envie de t'amuser un peu et rien à foutre si les flics ou n'importe qui d'autre arrive.

et voilà. je vois bien que le type commence à s'énerver. et peut-être pas contre moi spécialement, mais il s'énerve et je me retrouve à quelques pas de là où j'étais. et putain ça fait du bien. non que je sois maso ou quoique ce soit, pas du tout. mais il y a des moments comme ça, où j'ai envie de me battre. où il me faut un peu de mouvement pour me sentir mieux. et c'est un moment comme celui-ci. il me demande si je suis sérieux et j'explose de rire avant de me redresser. et c'est à mon tour de le repousser. « j'ai l'air de déconner ? » mon poing part tout seul. tant pis si ça choque des gens de me voir me battre. j'ai peut-être une tête d'enfant sage et prude et innocent, j'ai quand même passé quelques mois en prison et c'est dingue comment la prison peut changer une vie.

Tu vois le coup partir mais tu t'y attend pas vraiment, ce mec n'a pas une tête de voyou alors tu te prend son poing en pleine mâchoire. Il ne t'en faut pas plus pour que ton sang ne fasse qu'un tour et tu souris. C'est tout c'que t'as ? A force de prendre des coups tu ne ressent presque rien. Et même quand la douleur arrive t'aimes ça alors tu continus de plus belle. Putain, c'est parfois trop bon de se battre et pas grave si c'est pour des raisons totalement débiles. Tu sers tes poings et tu vises le ventre de ton adversaire. A force d'enchainer les bagarres tu sais viser là où sa fait mal, quitte à briser quelques os.