Il lui faut peu de temps pour réagir. Non, pas moyen de le laisser seul ce soir, plus fort qu’elle et tout et tout. C’est juste inconcevable. C’est surprenant aussi, parce qu’il y a, ou avait, une autre fille. Une Française, encore. La jeune femme agit sur un coup de tête, prend tout juste quelques secondes pour enfiler des chaussons, attraper son trousseau de clés, éteindre la télévision et claquer la porte. Oui, elle compte bien prendre la voiture vêtue de son magnifique pyjama. Hm. « Saint Valentin de mes deux. » Limitations de vitesse quasi-oubliée, elle s’introduit dans cet appartement comme s’il s’agissait de chez elle – chose auparavant réservée au café matinal d’une période plutôt calme entre eux – tout en criant un « supriiiiiiiiise » ponctué de son éternel accent français. Personne dans la pièce principale, pas de réponse immédiate. Déjà parti ? Tant pis, Sephora se laisse tomber tout de même sur le canapé. Chez Tay. Et ouais.

des couples ici. des couples là. des restaurants avec une file d'attente interminable. c'genre de journée inutile où tout est en place pour me rappeler que je suis, encore une fois, seul. j'le vivais assez bien, avant. j'le vis assez mal, maintenant. j'me paye un truc dans un restaurant rapide (parce que les restaurants normaux n'ont aucune sympathie pour les gens seuls, aujourd'hui), puis je retourne chez moi à pied, le sac entre les mains. j'sors mes clés, mais alors, j'capte que la porte est déjà déverrouillée. voilà. on m'a volé. j'vais rentrer, et ce sera l'bordel. pourtant, lorsque j'pose les pieds à l'intérieur, je remarque une sephora assise sur mon sofa, qui me crie 'supriiiiiiiiise'. j'suis (agréablement) étonné, mais plus confus qu'autre chose. j'dis pas un mot, je referme la porte derrière moi puis dépose mon repas sur le comptoir de la cuisine. « je croyais que t'avais déjà un plan, pour aujourd'hui. » puis, je m'assois à côté d'elle. « j'suis heureux de te voir. »

En prenant presque son mal en patience, Sephora s’attendait presque à ce que Tay ait trouvé un plan de dernière minute, la Française dont elle n’a plus de nouvelle ou une de ses nombreuses admiratrices, et qu’elle s’endorme avant son retour sur ce canapé. Jusqu’à ce qu’il revienne… Oh et… Il ne la laisse toujours pas indifférente depuis leur rencontre. « Je doute que mon canapé m’en veuille que je lui pose un lapin. » La jeune femme hausse les épaules avec un sourire. « Contente de te retrouver aussi. En dehors de la pause café, ça me manque de te voir. » Sous-entendu, dans un lieu plus intimiste. « Alors, comment ça se fait que tu te retrouves tout seul alors que tu travailles pas ? » Connaissant Tay-l’accro-au-travail, il serait capable d’être sur un plateau à animer une soirée autour de cette soirée que tous les frustrés de la planète qualifierait de commerciale.

« ça tombe bien, parce que ça me manque aussi. mais j'imagine que tu t'en doutais. » j'souris, mais pourtant, j'suis un peu mal à l'aise. si avant, je ne savais pas où nous en étions, alors là, c'est pire que jamais. j'hausse les épaules à sa question. « parce que c'est une fête pour les couples, pas pour les gens seuls. même si certains tentent de se soulager en proclamant que maintenant, c'est la fête de l'amour en général. et t'sais, je me fais vieux, mes potes sont en couple maintenant, hahaha.. » hahaha...... non. non. j'suis pas si vieux, mais quand même. « et toi? t'as eu pitié de moi? » puis j'souris.

Papy Tay. Sephora le voit avec des rides, sa petite canne, en train de râler ou draguer avec les vieilles commères du quartier. Impossible de l’empêcher de rire. Toujours aussi gentil avec lui-même. « Genre tu te voyais pas leur tenir la chandelle ? » Non, mauvaise idée, c’est un plan plutôt pourri. Autant qu’il soit présent. « Non, disons que… » Elle déglutit parce que ça veut dire des choses qu’elle ne lui avoue presque jamais, sauf quand ils sont proches. Bref, pas exactement comme maintenant. Vous savez un pas en avant, trois en arrière. « J’ai profité que tu sois seul, chez toi. Et puis, ton canapé est plus confortable que le mien. » Sous-entendu. Toujours ces mêmes là. C’est étrange comme ambiance, au point de la faire frissonner. Comment ils en sont arrivés là déjà ?

tenir la chandelle? oh. misère. « ça m'aurait clairement déprimé, pour le restant de mes jours. » déjà que je n'étais pas dans la meilleure période de ma vie, disons. je l'écoute parler, attentivement, à la recherche d'un indice quelconque. mais, il n'y a jamais d'indices qui soient valables, dans notre cas. « t'as profité que je sois seul, hein? ne me dis pas que tu vas m'assassiner.  » d'accord, alors là, j'étais définitivement parano pour penser à des choses aussi tordues, bien que je n'croyais pas vraiment qu'elle allait m'assassiner. de toute évidence. « j'sais bien que ce canapé est plus confortable que n'importe quel autre. si t'aménageais, tu l'aurais pour toi à tout moment. » évidemment, je n'pouvais pas m'en empêcher. « je blague. » ou pas. ou pas. interprète-le comme tu veux, sephora.

Tay déprimé : quelle horreur. Il se renfermerait encore plus dans son travail, si c’est possible. Heureusement qu’il change rapidement de sujet… en optant pour son meurtre. Elle garde son sourire aux lèvres. Le tuer ? Oh ça, jamais. Sauf s’il serait amené à en épouser ou mettre enceinte une autre. Pour la suite, Sephora continue sur l’humour. Ou pas. « Oh bah ce n’est pas faire colocation avec toi qui me dérangerait. D'ailleurs, j'ai déjà la tenue adéquate pour rester dessus toute la nuit. » Ce serait juste super bizarre, parce que voilà quoi. Et de toute façon, il ne devait absolument pas penser à colocation chacun dans sa chambre, elle en est bien consciente. « Mais bon, aux dernières nouvelles, tu as une copine et je doute qu’elle accepte cette situation. » Oui, la jeune femme est tombée dans le panneau dès le début et a toujours cru qu’il y avait véritablement une fille dans cette histoire. Par contre, elle n’est pas dupe : si monsieur est seul ce soir, fille, il n’y a plus.

« oh, ça ne te dérangerait pas, donc. » sourire mi-sérieux, mi-moqueur. à vrai dire, je n'avais même pas porté attention à son pyjama. « j'avais même pas remarqué. shame on me, hein. j'étais trop ébloui par ta personne, vois-tu. » j'ris légèrement, puis c'qu'elle dit m'tombe en plein visage tel un coup de tonnerre. j'deviens un peu trop sérieux. c'est que, j'devrais lui dire la vérité. mais.. haha.. ce n'est pas si simple, disons. « je n'ai pas d'copine, sephora. » moment de silence. j'devais le dire d'un coup, ou petit à petit? « ma dernière copine, elle date de quelques années. » eh voilà. si elle savait calculer, elle allait comprendre assez rapidement. j'hausse les sourcils, avec un genre de sourire qui en fait, ne sourit pas.

Sephora cesse soudainement de rire, prise par surprise. Ça, elle ne s’y attendait pas. Du tout. « Quelques années ? » Elle se lève et commence à faire les cents pas sous son nez. Assise. Debout. Assise. Les mains dans ses cheveux, puis croisés sur sa poitrine. « Genre longtemps ? Genre tu m’as menti tout ce temps ? Pourquoi ? » Et après, grosse déception qu’elle ne parvient pas à dissimuler. Certes, elle n’a plus la moindre raison d’être jalouse, mais elle y croyait dur comme fer. Et c’était aussi une bonne raison pour rester à l’écart, pour avoir la conscience tranquille. « Comment suis-je censée te croire après ? Pour tout ce que tu m’as dit… avant. » Ou après. Ou en ce moment. Bref, il ne devrait plus y avoir d’excuse pour que tout ça reste compliqué.

j'encaisse. j'la regarde, je n'dis pas un mot alors que visiblement, cette nouvelle la choque. « sephora.. c'est à peine si on s'parlait, à c'moment-là. tu penses vraiment que j'allais te déballer cette histoire? ça m'brûlait les lèvres, tu sais. le truc c'est que c'est tellement pas mon genre de faire quelque chose d'aussi stupide, que j'voulais pas que ta perception de moi change. » dans la vie, quand on fait des conneries, elles nous retombent toujours dans la figure au moment où l'on s'en attend le moins. règle d'or. j'devais bien me douter que cette histoire allait refaire surface. « oh. tu penses que j'suis un menteur, maintenant. j't'ai jamais menti. jamais. » j'étais presque vexé. en fait, non, j'étais vexé. mais j'le méritais, après tout.

La jeune femme se réinstalle sur le canapé, mais au bout, tout au bout et se masse les temps. « Comment tu peux croire que ma perception de toi puisse changer ? » Techniquement, c’est juste impossible que cela arrive. Néanmoins, ça sort avant qu’elle y réfléchisse davantage : avec une telle réaction, Tay doit être certain que cette perception a dorénavant changé. « Sûr ? » Sephora tourne la tête pour lui faire enfin fasse et hausse un sourcil pour insister. « Rien d’autre à ajouter ? T’as pas pris un billet d’avion pour partir une nouvelle fois sans rien dire ? » Ouais, ça aussi elle l’avait mal pris, d’où l’éloignement du moment.

« j'sais pas si tu réalises l'ampleur de cette connerie autant que j'la réalise. et donc, techniquement, c'est normal que la perception que tu as de moi puisse changer un peu. » peut-être que j'imaginais le truc pire que ce ne l'était réellement? non. c'était terrible, hahaha. j'avais utilisé ma vie amoureuse pour faire parler d'moi, pour que les gens se souviennent de moi, comme si je n'avais jamais abandonné les médias français. c'est grave, du moins, à mes yeux ce l'est. « sûr et certain. » c'qu'elle dit ensuite me rend perplexe. j'prends une grande respiration, puis j'me cale contre le sofa. « tu veux faire mon procès? » la vérité, c'est que je ne savais pas du tout quoi répliquer.

« L’ampleur de cette connerie ? » Alors là, Sephora ne le suit plus. Comment lui faire clairement comprendre qu'une fois le retour de cette relation de confiance rétablie, elle lui dira que rien n'a, n'avait, changé ? Quant à son procès, non, elle ne veut pas. Elle ne voudra certainement jamais s’y exercer. Bien que Tay le mérite maintenant, il ne lui a jamais caché quoique ce soit en dehors de son départ précipité au Brésil ou de cette fausse copine. « Comment on en est arrivés là ? » Elle soupire. « Ton repas va être froid. » Fin de la discussion ? Faut croire. Après tout,  Sephora n’est pas venue pour se prendre le bec avec lui.

« laisse tomber. » je n'avais pas vraiment envie d'élaborer sur le fait que j'avais menti à un pays entier pour faire de l'argent, entre autre. j'savais même pas ce qu'il m'avait passé par la tête pour faire un tel truc. « j'sais pas. » rien d'autre à ajouter. j'avais l'moral à zéro, d'un coup. « eh bien tant pis. » à vrai dire, je n'avais plus réellement faim. j'repensais un peu trop à la dernière année qui avait été assez chaotique, disons. j'm'en voulais pour tellement de choses. j'me lève finalement, me dirige vers la cuisine, place le sac au réfrigérateur puis prends une bouteille de vin que j'apporte au salon avec deux coupes. « vino? » fallait tout d'même pas que cette soirée-là se termine sur cette note. « écoute, sephora. j'suis désolé. t'as pas idée à quel point. »

Sephora acquiesce en ajoutant. « Tu sais qu’on dit in vino veritas. Ça te fait pas peur de m’en proposer juste après cette conversation ? » Là, il lui fait vraiment de la peine. Et, à tort ou à raison, Sephora n’est définitivement pas la fille qui sait dire non. Alors, elle baisse un peu les armes, moins crispé sur son bout de canapé ou dans ses mimiques. « Tay, je sais pas comment ça va se finir… sur le long terme... » Bien, si ce n’est trop demander ? Ensembles, ahah ? Avec la grande maison et son jardin, le chien, le chat et tout le reste de la panoplie qui va avec ? « Mais, on peut tout se dire… Tu peux tout me dire. Je le prendrai pas mal, promis. » Si un peu, quelque part, mais rappelons qu’à la base (et en théorie), il est son meilleur ami et que donc son rôle est de l’écouter.

j'souris encore une fois sans vraiment sourire, puis verse du vin dans les deux coupes. « un peu. mais peu importe. faut bien que ça ressemble un petit peu à c'que devrait être la st-valentin. » toutes les excuses sont bonnes pour opter pour le vino, dirons-nous. puis, elle entame une phrase qui m'fait légèrement peur. j'la regarde droit dans les yeux jusqu'à ce qu'elle termine. j'pousse mentalement un soupir de soulagement. « tu en sais déjà beaucoup, je crois. » j'pense quelques secondes. « non, en fait, maintenant tu sais tout. ma vie ne va pas plus loin qu'un bureau de travail ou qu'un plateau de tournage, de toute manière. » puis j'repense soudainement à cette aventure d'un soir. « peut-être pas tout. mais alors, presque. » bravo. bravo, tay.

En tout cas, Sephora est loin d’être la première à refuser un verre. Pas besoin d’occasion particulière. « Tu veux qu’on sorte les chandelles aussi ? » Elle a ce sourire plein de malice, trahissant la présence d’un tas d’idée dans sa petite tête. « C’est triste comme vie, genre faudrait y remédier… » C’est fou ce que Tay est différent dans la vie de tous les jours, comparé à face aux caméras. La jeune femme se fait la promesse de l’emmener ailleurs, enfin surtout hors de son bureau et des plateaux, le temps de quelques jours, en plus d’être un peu plus présente. « Reste là. » Elle lui tapote l’épaule avant de filer jusqu’à la cuisine, lieu qu’elle maîtrise plutôt bien en bonne Française qu’elle se doit être. Oubliée, sa dernière phrase.

à vrai dire, je ne savais pas trop comment considérer ma vie. c'était c'que j'avais toujours voulu, après tout. je n'voulais pas vraiment vivre autre chose, mais j'avais l'impression que le meilleur des deux mondes n'existaient pas, dans mon cas. « t'as raison, c'est triste. faudrait y remédier? tu comptes m'aider? » en tout cas, ça m'ferait plaisir, hahah. sephora ne prend pas en compte ma dernière réplique, et ça m'arrange. elle s'éclipse d'ailleurs dans la cuisine, en m'demandant de rester là. « tu fais quoi? » curiosité.

En ce qui la concerne, Sephora ne dirait pas non à un weekend par ci, par là, ou des vacances déconnectées. « Pourquoi pas ? » Et s’il le faut, pourquoi ne pas le kidnapper au passage. « Oh bah quitte à ce que ça ressemble un tant soit peu à la Saint Valentin, autant le faire jusqu’au bout, non ? » Ou presque. Un peu plus, en tout cas. C’est surtout que la jeune femme commence à avoir un peu faim, maintenant que l’ambiance est moins tendue. Sauf que voilà, le frigidaire de monsieur est limite désert. Sephora trouve tout juste de quoi grignoter, genre tapas espagnoles.

pourquoi pas, en effet. ça m'ferait plaisir, très plaisir, même. faire autre chose que de travailler en mode solo, ça ne m'intéressait pas vraiment. « t'as raison. pourquoi pas. j'suis partant. » j'vois qu'elle matte ce que j'ai dans mon réfrigérateur. en fait, la majorité de mes repas, j'les prends au restau. j'cuisine bien, mais rarement, parce que je n'ai tout simplement pas le temps. j'me lève, pour aller la rejoindre malgré l'interdiction imposée plus tôt. « j'suis désolé, j'pouvais pas rester assis et te voir crever d'faim. haha. » puis, d'une main, j'effleure rapidement ses cheveux blonds. « tu peux prendre c'que j'ai amené tout à l'heure, tu sais. »

En effet, ce n’est pas avec ce qu’elle vient de trouver que Sephora va avoir l’estomac suffisamment rempli pour la soirée. « T’as pris quoi d’ailleurs ? » Elle hausse un sourcil curieuse, plutôt intéressée par ce que Tay peut avoir ramener, mais… Il y a un mais. Ouais, parce que Sephora aime la (bonne) nourriture en général, mais dans le genre compliquée, il ne doit y avoir guère mieux. « Tant qu’on y est, on devrait peut-être réserver quelque chose maintenant… Parce que si on essaye de trouver un weekend où tu es libre, on va jamais y arriver. » La jeune femme baisse le regard au moment où il passe sa main entre ses cheveux. Il ne manquerait plus qu’elle se mette à rougir désormais. La bonne blague.

« un truc thaï. » comme toujours. après, malgré mes allures de type cultivé, j'sais pas du tout de quoi il s'agit exactement. sephora me demande si on n'devrait pas réserver quelque chose maintenant. « tu parles de réserver maintenant, pour plus tard, ou bien de réserver maintenant, pour maintenant? » puis je m'auto-donne la règle de ne plus toucher à ses cheveux ce soir. j'crois que je l'ai mis mal à l'aise, et du coup, j'suis mal à l'aise. « j'sais que j'suis pas clair, haha. » incognito.

La jeune femme retourne mettre son nez dans le réfrigérateur et en extirpe le sac. « On va regarder ça de plus près alors. » Elle attrape des couverts après avoir mis la boite au micro-onde. Une fois que tout est chaud, elle se hisse sur le plan de travail. « Ça va être compliqué de partir maintenant. J’ai rien de prêt et tout. » Inspection du menu thaï. En dehors des petits bouts de viande qui traînent, ça ne semble pas mauvais. « T’es pas clair, à quel sujet ? » À propos du « voyage » ou de son comportement ? Elle se sert une bouchée, les femmes d’abord hein, avant de tendre la fourchette vers Tay. « Ouvre la bouche. »

j'sais pas si c'est ce contact qui avait foutu autant de confusion, mais j'captais plus rien et j'crois que sephora non plus hahaha. « non mais j'faisais que demander, hein. parce que si on veut partir une date précise, j'dois vérifier avec mon patron si j'peux m'absenter. et c'était ma question que je ne trouvais pas clair, quoi que là, rien n'est clair en général. » moment de réflexion. « en tout cas. » elle me demande d'ouvrir la bouche, et j'crois que j'ai carrément l'air d'un gamin à ouvrir la bouche et à sourire trop en même temps. omnomnom. « tsss. t'as le don de m'rendre ridicule. » puis, j'ris, en m'trouvant une fourchette pour manger la viande qu'elle ne mangera pas. un peu comme les lucky charms roses que j'lui laisse. breeef. hahaha.

La jeune femme réfléchit. Elle veut partir, le plus vite possible, le plus longtemps possible aussi, pour son bien, mais également par pur égoïsme : rattraper le temps perdu, quelque chose dans ce style. « Si on part la semaine prochaine, tu penses pouvoir t’arranger ? » Elle reprend une bouchée du plat, qui au final n’est pas si mauvais que cela. « J’aimerai bien aller skier, mais faudrait rentrer en Europe, rester un minimum de temps… », dit elle avec nostalgie tout en haussant les épaules. L’Europe, là où presque tout a commencé. Puis, elle rit. « Ça te change de ton air sérieux. Même ridicule, tu restes toujours attirant… » Malheureusement, sa remarque est sortie toute seule sans passer par la case « réfléchir avant de parler ». Sephora lui tend une nouvelle fourchette pleine. « Tu t’entraines devant un miroir pour un tel résultat ? » Ton humoristique, toujours.