ϟ 23h36. Roberto lâcha un bâillement à s'en déboîter la mâchoire, ne s'arrêtant toutefois pas de marcher. Il s'imaginait déjà en train de plonger dans son lit, enfouir sa tête dans l'oreiller moelleux ... enfin tout ça après avoir sorti Frank, pour que son petit carlin puisse pisser sur son buisson favori. Le jeune homme avait hésité à emmener son chiot avec lui chez son pote, mais au dernier moment la pensée que Frank ne veuille pas marcher le long trajet de retour ... enfin bref ! Robi devait encore traverser une partie de la ville pour arriver chez lui, mais vu qu'il ne bossait que tard le matin suivant, il n'accéléra pas le pas plus que ça. A quoi bon. Ajustant le bonnet gris sur sa tête, Roberto apprécia la fraîcheur de la nuitm vêtu uniquement d'un débardeur blanc et d'un simple short. La rue qu'il empruntait était totalement déserte et partiellement éclairée, seuls quelques lampadaires postés à de longues distances les uns des autres diffusaient une lumière orangée relativement faible. Lorsqu'il entendit une chouette, ou un hibou peut-être, le jeune homme tourna la tête. La maison hantée. Instinctivement Robi s'arrêta, observant la grande bâtisse à l'abandon. Les rumeurs disaient que ceux qui pénétraient à l'intérieur n'en ressortaient jamais indemnes. Foutaises. Il n'était pas du genre à croire aux fantômes et autres débilités, mais il n'avait jamais osé entrer à l'intérieur, sait-on jamais. Sa crédibilité fut mise à mal lorsqu'il sursauta après avoir entendu quelque chose derrière lui. Quel débile.

Il faut toujours que je la ramène, ce n’est pas possible. Et je venais de me faire avoir encore une fois. Lorsque mes amis avaient mentionné la maison qui était soi-disant hantée, je m’étais sentie obligée d’en rajouter une couche en disant que je n’y croyais pas et que ça ne me faisait pas peur. Forcément ils m’avaient mis au défit d’y entrer, de prendre une photo avec mon portable et de revenir chez eux pour leur montrer et tout ça, toute seule. Comme quoi, il faut vraiment que j’apprenne à me taire par moment. C’est donc hésitante et tête baissée que je partis vers cette stupide maison hantée. Sur le chemin, tout se passait pour le mieux, personne n’était de sortie et encore moins vers ce coin-là et puis, j’essayais de me rassurer tant bien que mal. Moi qui clamais toujours haut et fort que je n’avais peur de rien, étais à la limite de partir en courant. D’autant plus lorsque j’arrivais devant la fameuse bâtisse et qu’un craquement de branche me fit sursauter. Et bien évidement, il me fallut trente secondes avant de comprendre que ce n’était que moi qui venait de marcher dessus. Je relevai la tête et me rendis compte que je me trouvais à seulement quelques centimètres d’une autre personne. « AHHHHHHHHH » Machinalement, je fis deux pas en arrière. « C’est bon, j’ai peur, vous êtes contents ? » Je n'avais aucune idée de qu'il s'agissait mais il n'y avait qu'eux pour venir ici au moment où je devais m'y trouver, comme par hasard.

« AHHHHHHHHH ! » Quelqu'un cria à seulement quelques centimètres de lui. Robi ne cria pas, son corps se contentant de réagir par un énorme sursaut. Il ne s'y était pas attendu à ça ! Le coeur battant à tout rompre, le jeune homme tenta de discerner la demoiselle, à en juger par le cri de terreur, à l'aide de la faible lumière orangée diffusée par un des lampadaires. Elle semblait être âgée euh ... d'environ une vingtaine d'années, un peu comme lui en fait. « C'est bon, j'ai peur, vous êtes contents ? » Cette remarque, tandis que son interlocutrice reculait de quelques pas, arracha un sourire de débile à Roberto. Quelles étaient ses chances de se retrouver avec une jolie fille en ces heures de la nuit, dans une rue totalement paumée et déserte, à quelques pas seulement d'une maison hantée ? Lui qui était plutôt malchanceux et tout ... « Déjà que mon coeur a failli s'arrêter hein. » Comme pour accentuer ses paroles, il posa sa main sur sa poitrine, où il pouvait sentir sans difficulté les battements affolés. Il n'était pas du genre dur à cuire plein de muscles, mais quand même, il n'aimait pas avoir peur comme ça ! « Et sinon que fais une jolie fille par ici ? T'allais faire une petite visite ? » Il indiqua la vieille bâtisse délabrée, une moue curieuse sur la tronche. Robi ne connaissait pas cette fille, mais il se demandait bien ce qui l'amenait dans les parages, alors autant demander !

Finalement non, ce n’était pas l’un d’entre eux. C’était quelqu’un d’autre, quelqu’un que je ne connaissais pas et ça, s’était pire. « Déjà que mon coeur a failli s'arrêter hein. » C’est vrai que j’avais un peu exagéré au niveau du cri alors lui qui ne savait pas qu’une personne se trouvait juste derrière lui, je n’imaginais même pas comme il avait dû avoir peur. « Ouais, désolée ! » Moi aussi j’ai failli mourir d’une crise cardiaque, faut pas croire. Et de nous deux, j’étais censée être la plus effrayée. « Et sinon que fais une jolie fille par ici ? T'allais faire une petite visite ? » En temps normal, je n’aurai pas fait attention et lui aurait répondu normalement seulement dans ce contexte-là, c’était d’autant plus flippant. Bon j’étais parano aussi. « Dans ce contexte-là, c’est très flippant tu sais ? On se croirait dans un de ces films où la fille se fait enlever et violer pile devant une maison hantée ou quelque chose dans le genre. Mais merci, c'est gentil. » Oui, très parano en effet. Mais au moins, j’étais préparé à toutes éventualités. « Tu connais l’histoire de la fille complètement débile qui dit à ses amis qu’elle a pas peur de cette foutue maison hantée ? Du coup ses amis la défit d’entrer à l’intérieur, de prendre une photo et de ressortir. Puis la fille en question à tellement de fierté qu’elle veut pas leur donner raison. Bah cette fille c’est moi. » Dit à voix haute, je passais vraiment pour une abrutie.

L'inconnue s'excusa d'avoir foutu les jetons à Robi. « Dans ce contexte-là, c’est très flippant tu sais ? On se croirait dans un de ces films où la fille se fait enlever et violer pile devant une maison hantée ou quelque chose dans le genre. Mais merci, c'est gentil. » Elle avait parfaitement raison en fait. Dans le genre débilité, le pire c'était quand la fille voyait un truc plus que flippant, genre une maison hantée au milieu de la nuit, et décidait quand même d'aller voir. Même en sachant qu'il y avait un psychopathe ou un tueur en série dans les parages. Et en général la fille est un super canon blond, à la poitrine aussi développée que sa cervelle ne l'est pas. Beau le cliché hein ? Par contre lorsque la demoiselle parla de viol devant la baraque pourrie, Robi afficha une moue mécontente : ce n'était pas du tout son genre, même si elle était plutôt pas mal. « Tu connais l’histoire de la fille complètement débile qui dit à ses amis qu’elle a pas peur de cette foutue maison hantée ? Du coup ses amis la défit d’entrer à l’intérieur, de prendre une photo et de ressortir. Puis la fille en question à tellement de fierté qu’elle veut pas leur donner raison. Bah cette fille c’est moi. » Et cette fois-ci le jeune homme éclata brièvement de rire, amusé par la situation complètement débile dans laquelle cette inconnue venait de se mettre. Quelle débile ! Enfin quoique se connaissant, il aurait été tout à fait capable de faire la même connerie, sauf qu'il se serait ramené avec tous ses potes. « J'avoue que t'as pas été très maline sur ce coup. » Quitte à se prendre une tarte dans la face autant être franc avec cette fille, même si ils ne se connaissaient pas. Quoique Robi avait vaguement l'impression de déjà l'avoir aperçue dans Gold Coast. « Mais si tu veux je peux t'accompagner, histoire que les fantômes ne s'en prennent pas à toi. » Pris d'un élan de chevalerie, il afficha un grand sourire, toutes dents dehors. Une tête de débile quoi. Comme si ça présence allait changer quelque chose. Levant un bras, il força pour "montrer les muscles", même si son bras resta désespéramment maigre. « Bon d'accord ils auront pas peur de moi. Sinon moi c'est Roberto, et toi ? »

« J'avoue que t'as pas été très maline sur ce coup. » C’était rien de le dire. J’avais été totalement débile sur ce coup-là. J’haussai les épaules. De toute façon c’est trop tard maintenant, ce qui est fait est fait. « Mais si tu veux je peux t'accompagner, histoire que les fantômes ne s'en prennent pas à toi. » J’étais censée y rentrer seule mais ça, ils n’étaient pas obligés de le savoir. Personne ne pourrait le leur dire de toute façon. « Je veux bien mais à une seule condition : tu me plantes pas une fois à l’intérieur. » Ca serait encore pire que d’y entrer toute seule. On ne pouvait pas dire non plus qu’il allait me rassurer ou me protéger de quoique ce soit avec sa carrure. Il était presque plus sec que moi. « Bon d'accord ils auront pas peur de moi. Sinon moi c'est Roberto, et toi ? » Je suis désolée mais pour le coup, je ne peux vraiment pas me retenir de rire. En plus il a le même prénom que Roberto Zucco, le tueur en série italien. « Tu leur feras déjà plus peur que moi. Et c’est Aylana. » Et puis de toute façon, les fantômes n’existent pas, pas vrai ?« Je peux te poser une question ? Qu’est-ce que tu fais là toi ? Me dit pas que tu voulais rentrer là-dedans tout seul ?! » C'était impensable que j'y mette les pieds en plein jour, accompagnée d'une bande d'amis mais j'avais quand même accepté le pari. Alors s'il avait décidé sur un coup de tête d'y pénétrer seul au beau milieu de la nuit, il était fou.

La belle inconnue accepta de se faire accompagner par Roberto, tout en posant une condition : qu'il ne s'échappe pas en douce une fois à l'intérieur. Le jeune homme haussa les sourcils de surprise, avant de se raviser. Son interlocutrice ne le connaissait pas, sans quoi elle saurait que ce n'était pas du tout son genre de laisser les amis en plan. Même si elle n'était pas son amie, après tout il venait de la rencontrer. La demoiselle rigola quand même lorsque Robi fit une allusion à son physique de grand musclé, avant de se présenter. « Tu leur feras déjà plus peur que moi. Et c’est Aylana. » Si son visage lui disait vaguement quelque chose, son prénom par contre, jamais entendu. « Je peux te poser une question ? Qu’est-ce que tu fais là toi ? Me dit pas que tu voulais rentrer là-dedans tout seul ?! » Lui adressant un sourire taquin, Roberto fit un signe de la main en direction d'un petit bosquet d'arbres, à quelques mètres de la maison. « Nan rien à voir, t'es folle. » Bon là il venait d'avouer qu'il avait les boules d'aller là-bas seul, mais comme d'habitude il ne réfléchissait pas avant de parler. « Je rentrais chez moi et j'ai entendu quelque chose. » Il redevint sérieux, s'imaginant quelqu'un caché derrière un tronc rugueux, à les observer tous les deux, salivant à l'idée que ces deux jeunes crétins s'aventurent dans son terrain de chasse. Il regardait trop de films le Robi. « Une chouette, ou un hibou, alors je me suis arrêté deux secondes et c'est là que t'as débarqué. » Il marcha jusqu'à l'enceinte où une vieux portail en fer forgé se trouvait à moitié ouvert. Le battant grinça quand le jeune homme le poussa un peu. « On y va ? »

J’avais beau chercher plusieurs raisons qui expliqueraient sa présence par ici, je ne trouvais pas. « Nan rien à voir, t'es folle. » Alors qu’est-ce que tu fais là ? Il faut être timbré pour passer devant cette bâtisse à presque minuit. Personnellement, c’était un truc à me donner la chair de poule et à m’empêcher de dormir. Remarquez, le fait que je doive entrer à l’intérieur, c’était pire. Je me demande encore ce qui m’est passé par la tête pour que j’accepte un tel pari. Et honnêtement, même dans une semaine je me le demanderai encore. « Je rentrais chez moi et j'ai entendu quelque chose. » Oui c’est bien ce que je dis, après ça je ne risque pas de dormir. « Une chouette, ou un hibou, alors je me suis arrêté deux secondes et c'est là que t'as débarqué. » Plutôt bruyamment, mon arrivée. « T’es fou de passer par là ! » D’un autre côté, s’il n’y avait pas d’autre chemin, il n’avait pas trop le choix. « On y va ? » Honnêtement ? Non. Le simple fait que le portail grince me donne encore plus la boule au ventre alors pour le coup, je ne suis vraiment pas sûre de vouloir entrer. Sauf que j’ai plus le choix maintenant. « Oui vas-y, je te suis ! » Je m’avançai à mon tour vers ce vieux portail et attrapai le bras de Roberto au passage. Officiellement c’est pour ne pas le perdre de vue, officieusement c’est parce que j’ai déjà la frousse. « On se croirait vraiment dans un film. Un peu comme le film qui à inspiré la tour de la terreur à Disney, tu vois ? Vieille bâtisse abandonnée, dès que tu mets le pied dedans, tu disparais. » Pour le coup, je ne me rassurais pas moi-même.

« T'es fou de passer par là ! » Roberto esquissa un petit sourire : c'était le chemin le plus rapide pour passer chez lui, et sans le rapace nocturne il n'aurait même pas jeté un coup d'oeil à la maison hantée. En fait il avait aussi oublié ses écouteurs, sans quoi tout le trajet se serait fait en musique, les yeux posés devant lui, sifflotant un petit air, chantant à voix haute dans sa tête. « Oui vas-y, je te suis ! » Le jeune homme fut surpris lorsqu'il sentit les doigts d'Aylana s'agripper autour de son bras, mais intérieurement il s'avoue que ça le rassurait quelque peu. Quel débile quand même ... se foutre dans une situation pareille. Encore un peu de marche et il se serait retrouvé chez lui, aurait emmené Frank pour sa pisse du soir, avant de se mater un film ou un épisode d'une série quelconque. Au lieu de ça il se préparait à pénétrer dans une bâtisse pleine de fantômes. Le seul point positif était la présence de la charmante demoiselle. Mais pas sûr qu'une maison hantée soit le meilleur endroit pour draguer de toute façon. « On se croirait vraiment dans un film. Un peu comme le film qui à inspiré la tour de la terreur à Disney, tu vois ? Vieille bâtisse abandonnée, dès que tu mets le pied dedans, tu disparais. » Il voyait parfaitement l'attraction de laquelle Aylana parlait, même s'il n'avait pas spécialement peur de ça. En fait il adorait tout ce qui était attractions genre les grands huit, les trucs allant super vite et dans tous les sens. « C'est trop ça. » Ils marchèrent donc ensemble jusqu'à se retrouver devant l'énorme porte en bois. « Sauf la partie où on disparaît. On sonne ? » Il sourit, plus pour se rassurer qu'autre chose (sa blague était nulle), avant de pousser le lourd battant usé.

Histoire de couronner le tout, les images du film qui avait inspiré la fameuse attraction Disney me revenait en tête. Pourquoi est-ce que j’avais mentionné cette histoire au juste ? « C'est trop ça. » Rassurant, très rassurant. Encore plus maintenant que l’on se trouvait devant la porte d’entrée. « Sauf la partie où on disparaît. On sonne ? » C’est déjà mieux même si je ne peux toujours pas dire que je suis entièrement rassurée. Par contre, bien qu’elle soit nulle sa blague m’arracha un éclat de rire. « Ca peut faire disparaitre les fantômes tu crois ? »Il n’y avait pas de fantômes de toute façon. Ce n’était qu’une stupide histoire inventée le soir d’Halloween pour entretenir le mystère et la peur dans la ville. « C’est parti. Les femmes d’abord j’imagine ? » C’était bien la première fois que ce dicton me dérangeait. Une fois la porte entrouverte, je me faufilai à l’intérieur et m’arrêta juste devant après avoir entendu quelque chose craquer non loin de l’endroit où je me trouvais actuellement. « T’as entendu ça ? » Je regrettais déjà d’y avoir pénétrée la première. Ou alors, ce n'était que mon esprit qui me jouait des tours. J'avais tellement peur de ce qu'il pouvait se trouver à l'intérieur qu'il était fort possible que Roberto n'est rien entendu et pour cause, tout cela se passait dans mon esprit. Ca aussi c'était très probable.

« Ça peut faire disparaître les fantômes tu crois ? » Il haussa les épaules, n'ayant pas vraiment de réponse à donner à la demoiselle. Roberto pensait plutôt que ça enverrait un message aux fantômes, genre attention, on arrive, soyez prêts ! « C’est parti. Les femmes d’abord j’imagine ? » Esquissant un léger sourire, le jeune homme se pencha légèrement en avant, désignant la porte d'un geste galant. « Après vous madame. » Aylana se glissa dans l'imposante bâtisse, tandis qu'un craquement retentissait quelque part dans l'obscurité. « Tu as entendu ça ? » Il hocha la tête positivement, sans trop oser parler à haute voix. « La maison est vieille, c'est normal que ça craque. Ça peut aussi être un rat, quelque chose dans le genre. » Il marqua une petite pause. « Ou un fantôme aussi. » Quoiqu'ils étaient plutôt sensé voler, flotter et traverser les objets non ? Roberto n'était pas du genre à faire peur aux gens et tout, mais il aimait bien les trucs un peu déjantés. Et se prendre au jeu dans cette maison dite hantée, avec une parfaite inconnue, avait quelque chose d'excitant. Même s'il n'était pas forcément rassuré.

« La maison est vieille, c'est normal que ça craque. Ça peut aussi être un rat, quelque chose dans le genre. » Il n’avait pas tord, qu’est-ce que ça pouvait bien être sinon ? « Ou un fantôme aussi. » Je me disais bien aussi. Au passage, j’attrapai mon téléphone et mis en marche la lampe torche. « On va vers où maintenant tu crois ? » Moi et mon sens de l'orientation... Il ne valait mieux pas que je détermine par moi-même la direction que l'on devait prendre parce que je ne garantie pas que l'on puisse ressortir vivant de cette maison. Mais d'un autre côté, une fois à l'intérieur ça ne paraissait pas si terrifiant que ça. Enfin si on enlève le fait que ça craque de partout et qu'il fasse noir. « Par contre cette fois je te laisse devant. T'es censé me protéger, être mon preux chevalier non ? » J’exagérai peut-être mais c'était l'idée qu'il m'avait indirectement envoyé.