Vendredi soir, vingt-deux heures trente. Tu observes ta montre avec attention. Tu regardes l'aiguille tourner, les minutes défiler. Encore une fois, tu n'as rien à faire. Ou plutôt, tu n'as envie de rien faire. C'est devenu une banalité ces derniers temps. Rester cloîtrée chez toi, à l'abri des regards, à l'abri des gens, à l'abri de tous. Tu sais que sortir et te changer les idées te ferait le plus grand bien. Le problème c'est que tu éprouves beaucoup de difficultés à mettre cela en pratique. Mais cette fois-ci, c'est décidé, tu vas sortir. Toute seule, oui. Tu n'as pas besoin d'être avec quelqu'un pour sortir. Tu vas prendre une douche, t'habiller de manière assez sexy, prendre la voiture jusqu'à Southport et commander un mojito dans ton bar préféré. Tu ne penseras plus à rien, tu passeras une bonne soirée.

Tu arrives au bar pleine d'espoir. Avec un peu de chance, tu rencontreras des gens sympas. Ils te changeront les idées et tu t'amuseras comme au bon vieux temps. Tu as juste besoin d'oublier tout ce qui t'arrive en ce moment, de placer ton cerveau en mode « off ». D'abord la soirée catastrophe avec Wade, ensuite le baiser avec Priam. Tu es toute chamboulée. Ne pas y penser. C'est ton unique but de la soirée. Tu prends place au bar et commande le mojito que tu espérais tant. Le serveur te fait un grand sourire, et tu crois même distinguer quelques compliments parmi ses paroles. Tu le gratifies d'un sourire en retour. Tu n'es clairement pas intéressée. Mais c'est ainsi que les gens normaux s'amusent. Ils sont ouverts, ils font des rencontrent, ils séduisent, ils rigolent. Seulement voilà: la normalité et toi, pour le moment, ça fait deux.

Tu fais tourner la paille dans le verre avec le peu d'énergie qu'il te reste. Tu te concentres sur le contenu du verre, et sur rien d'autre. Ta tête n'est pas d'accord. Tu ne sais pas pourquoi, mais elle se tourne vers la gauche. Tu clignes des yeux, tu regardes à nouveau devant toi avant de te risquer à un second regard sur la gauche. C'est bien lui. Tu en es certaine. Ses cheveux foncés, ses yeux qui peuvent te glacer le sang en même temps qu'ils peuvent t'apaiser, ce sourire si réconfortant, cet air d'indifférence qui ne le quitte jamais. Tu le revois à la plage, avec sa planche de surf et sa combinaison. Tu le vois venir s'asseoir à côté de toi, passer son bras autour de ton cou. Tu le vois prendre sa veste pour la mettre sur tes frêles épaules. Tu le vois assis à tes côtés dans ton salon. Tu le vois te suppliant presque de le frapper. Tu te remémores toutes les paroles échangées ce soir là, les paroles touchantes, les paroles sincères, les paroles dures à entendre. Tout te revient en mémoire, comme un film. Oui, c'est lui. Le garçon assis non loin de toi, à côté de cette pétasse fille, c'est lui. C'est Wade.

Spoiler:

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Fin de semaine. Tu finis tes cours plus tôt aujourd'hui. Tu quittes la plage et prends aussitôt la direction de ton appartement à burleighheads. T'as envie de sortir ce soir. Alors tu vas prendre une douche. Histoire d'être juste plus présentable. Tu te fais beau. Même si tu l'étais naturellement. T'enfiles des fringues simples. Pas d'extravagant. Pas spécialement plus classe qu'un autre jour. Un petit pull en v et un jean. Classique quoi. Ta destination ? Tu réfléchis vite fait. Un bar, ça fera l'affaire. Vers vingt-deux heures, t'arrives là-bas. Southport. Un peu loin de chez toi mais tant pis. Tu rentres et tu vas t'installer au bar. Un peu comme toujours en fait. Y a un peu de monde. Mais c'est pas non plus totalement bondé. Tu t'assois sagement puis tu commandes une vodka pour bien commencer. Tu tournes la tête plusieurs fois pour observer la salle. Quand tu t'apprêtes à porter le verre à tes lèvres, t'entends une voix à ta droite. Une petite brune. Vachement mignonne en plus de cela. Tu lui souris et tu l'invites à s'asseoir à tes côtés. Elle engage la conversation. Elle à l'air sympa. Tu lui offres un verre. Banal en soit. T'avais un peu l'habitude. Elle te parle d'elle. Tu l'écoute attentivement. Tu fais mine de t'intéresser à ce qu'elle te raconte. T'es plus obnubilé par elle que par ses histoires. Enfin.

Tu ris à une de ses blagues. En général, c'est plutôt elles qui rient des tiennes. T'inverses les rôles. Elle a de l'humour. Ça te détends. Faut dire que t'as pas eu une semaine des plus sympathiques. Entre tes retrouvailles avec Clayr et les désastreux moments passés avec Valentina, t'étais servi. T'avais besoin de boire un coup et de passer un peu de bon temps. C'est tout ce qui t'importais ce soir. Du bon temps. Enfin. C'était presque vite dit. Alors que ta charmante voisine de tabouret te raconte une de ses histoires loufoques, ton regard est attiré ailleurs. Une autre femme. Plus loin. Tu l'as connais. Aie. Elle t'as vu aussi. T'essayes de te faire petit d'un coup. Mais c'était clairement pas gagné. T'essaies de pas la regarder mais ça te paraît difficile. Tu fais mine de ne pas la regarder. Tu tournes la tête vers la petite brune qui te drague ouvertement, lorsque l'autre brune tourne la tête dans ta direction. Étrangement, ça s'inverse. Tu devrais t'en foutre qu'elle soit là. Mais tu vois qu'elle est toute seule. Qui sait, elle avait peut-être un rencard. T'attendais de voir ça. Voir si elle avait tourné la page. Si elle était prête à laisser ton frère de côté. Ça te bouffais l'esprit. À un tel point, que la petite brune à côté de toi le remarque. Bob l'éponge. Ouais, c'est ce qu'elle venait de te sortir. Ça te fait sortir de tes pensées. Tu la regardes, un peu confus. Désolé, je pensais à un truc... pour le boulot. Menteur. Gros menteur. Tu pensais à quelqu'un plutôt. Fermes là, petite voix. Laisses donc ta petite brune te bouffer des yeux que de regarder Valentina. Elle te déteste.

Tu croises son regard à plusieurs reprises. Fais chier ! Pour la discrétion, on repassera. Tu aurais préféré qu'il ne sache pas que tu le regardais. Tu as l'air d'une conne maintenant. Enfin, il t'avais regardé aussi lui, donc tu étais finalement un peu moins conne. Sauf que lui, il était avec quelqu'un. Toi, tu étais toute seule. Ca ne te dérangeait pas plus que ça en temps normal mais là, il était en position de force. Tu n'aimais pas ça. Il devait te trouver stupide, tu passais pour la fille déprimée. Ce que tu étais en fin de compte. Tu t'obliges à détourner la tête. Tu ne sais pas pourquoi mais cette situation t'énerve. En fait, s'il avait été là, tout seul, comme toi, t'aurais rien ressenti. Ce qui t'énervait, c'est qu'il ait une cruche à ses pieds. Pourquoi ça t'énervait ? Mystère. Tu devrais t'en foutre. C'est un mec sexy, il plaît aux filles, normal quoi. Et puis, il a le droit faire ce qu'il veut sa vie hein. Pas parce que son frère est mort qu'il doit arrêter de draguer. Aucun rapport, c'était pas son mari. Bref, tu divagues complètement. Toi qui espérait te vider la tête en venant ici, c'est mal parti. « Frappe-moi ». C'est la dernière qu'il t'avait dite, juste avant que tu ne le foutes dehors. Tu ne l'avais pas frappé. Tu avais longtemps hésité. Peut-être que tu aurais dû, ça t'aurait fait du bien de te défouler un peu.

Ton regard s'accroche, c'est pénible. Comme si tu ne pouvais plus contrôler ce geste. « Je peux t'offrir un verre ? ». Ah ben voilà, tu vas enfin pouvoir détourner le regard. Le type qui est juste à côté de toi a l'air d'un pervers. Tu ne sais pas combien de filles il a déjà dragué ce soir. Tu pencherais pour 3 ou 4. Il a l'air un peu désespéré, ce qui te désespère d'autant plus. Quitte à boire un verre avec un mec, t'aurais au moins préféré qu'il soit de bonne humeur. Et un peu plus séduisant aussi. T'as envie de lui répondre un truc du style « pauvre con, tu ne vois pas que j'ai déjà un verre ? ». Tu te retiens. A la place, tu hausses les épaules (il doit trop mal le prendre le pauvre) et tu hoches la tête. Pourquoi pas ? Au moins, tu paraîtras un peu moins conne quand Wade regardera à nouveau dans ta direction. Pourquoi tu te soucies de ce qu'il pense d'ailleurs ? Il t'avait assez fait souffrir comme ça, tu aurais simplement dû l'oublier. Tu ne sais pas ce qui te retient de l'oublier, vraiment, tu as beau chercher, tu ne vois pas. En revanche, ce que tu sais, c'est que si cette fille se met à l'embrasser ou à l'approcher de trop près, tu vas être encore plus énervée que tu ne l'es déjà. On appelle ça la jalousie d'habitude. Heu nan, pas possible. Tu ne peux pas être jalouse de la fille qui est avec Wade en ce moment, ça voudrait dire que tu as envie d'être à sa place ... Bordel, pourquoi tu penses trop comme ça ? Allez hop, tu te concentres sur le pervers qui te fixe avec un regard flippant. Heureusement que t'es pas seule dans le bar, sinon tu aurais déjà pris tes jambes à ton cou.

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Tu reportes ton attention sur ta petite voisine. T'essayes de faire abstraction du reste. Tu te concentres sur la petite brune. Elle s'interroge sur toi. Tu lui donnes toutes les réponses qu'elle veut. Toutes, sans exception. Tu la détailles rapidement. Elle est petite oui, brune. Cheveux longs ondulés. Ça lui donne un air à croquer. Un joli visage. De jolies petites lèvres. Tu souris rien qu'en y pensant. C'était tout à fait ton genre de femme. Enfin, t'as pas franchement de genre toi. T'aimes aussi bien les petites que les grandes. Aussi bien les brunes que les blondes. Même si les blondes t'excitent davantage. Petit aparté fait, elle te demande où t'habites. Ça sent bon pour toi. Burleigh Heads. T'esquisses un petit sourire en coin à l'idée qu'elle te raccompagnerait sûrement à la fin de la soirée. Peut-être. Parce qu'avec l'autre brune dans les parages, ce serait sûrement pas gagné. Tu t'attendais même à ce qu'elle ruine tes chances avec cette fille. Tu penses qu'elle en serait capable après tout ce qu'il s'était passé entre vous. Tu tournes légèrement la tête et tu la vois. Elle est plus toute seule. Merde. Que tu penses. Un type est assis à côté d'elle. Il lui parle. T'as pas de quoi être jaloux, tu devrais pas d'ailleurs, mais tu pensais pas qu'elle sauterait le pas aussi vite. T'en perds toute ta concentration. Tu perds le fil de votre discussion. En fait, tu recommences. Tu l'écoutes plus. Tu fixes ce type là-bas, avec Valentina. Ça te fais chier de la voir accompagnée. T'aurais peut-être aimé être à la place de ce type et lui offrir un verre dans le but de te faire - si c'était encore possible - pardonner. Mais fallait quand même que tu restes lucide. Elle ne te pardonnerait sûrement jamais. T'hésitais à essayer de l'approcher. Tu voulais pas qu'elle se barre en courant. Elle te plaît ? Tu tournes la tête et les yeux aussi. C'est mieux quand même. Elle te regarde, l'air ébahis. La brune au fond de la salle, elle te plaît nan ? J'ai bien vu que tu la regardais. Te dit-elle. Merde, t'as grillé tes chances avec elle du coup. Pardon. C'est juste une ... vieille amie. BIIIIP. Sale menteur. Vous étiez pas amis du tout. Plutôt ennemis, dirait-on. Elle se lève. La fille se lève. Elle pose juste un baiser sur ta joue et elle s'éloigne. Merde alors. Tu te maudis intérieurement. Tu te laisses avoir par Valentina. Sa présence t'obnubile, en quelque sorte. C'est horrible.

Tu finis ta vodka. T'en recommandes une au passage. Tu la fixes toujours. Elle va bien le remarquer. De temps en temps, tu baisses les yeux et tu te rappelles toutes les atrocités que tu lui avais déballé. Comme ça, presque en un claquement de doigt. Merci. Dis-tu doucement au barman., alors qu'il venait de te servir ta deuxième vodka. Tu te décides à bouger tes fesses. Tu te lèves de ton tabouret. Tu te rapproches dangereusement de Valentina et du type à côté d'elle. T'avances à pas de chat. Genre, tout doucement. Comme si t'étais prêt à sauter sur la souris. Tu chopes le gars en question par la nuque. Genre, pas très agréablement. La nuque, la meilleure prise que tu puisses avoir sur une personne. Ça l'empêche de riposter. Laisses ma copine tranquille. Et tu l'envoies bouler plus loin. Regard noir. Tu le fais fuir. Tu sais d'avance qu'elle va mal prendre la réplique. Puis ton intervention aussi. Pardon. Il avait l'air louche ce type. Tu bois une gorgée dans ton verre. Je peux m'asseoir ? Demandes-tu poliment. Sans même attendre sa réponse, tu poses ton fessier sur le tabouret voisin au sien. T'es jolie ce soir. Continuas-tu en affichant un petit sourire. Cette petite robe lui allait à ravir. Tu la voyais rarement habillée ainsi. Tu lui adresses un petit compliment. Ça fera peut-être mieux passer la chose. J'imagine que t'as pas envie de me parler. Alors, dis rien si tu préfères. Mais, j'ai besoin de te parler. Je tenais à m'excuser. J'ai été con, je le sais. J'étais énervé. Et pas saoul du tout, histoire de bien arranger ton cas. Bref. Désolé pour tout ce que j'ai dit. Je comprendrais que tu veuilles pas me parler. Tu préféreras peut-être même m'ignorer et partir, j'en sais rien. Je voulais juste te le dire. Tu t'arrêtes un moment. T'oses pas trop la regarder dans les yeux. T'as carrément peur de sa réaction.

Mais de quoi il te parle le pervers à côté de toi ? Une femme ? Des gosses ? Attends, il est sérieux ? Qu'est-ce que tu fiches avec un type comme lui ? Mon Dieu, t'es vraiment à côté de la plaque en ce moment. Tu te dis qu'il faut absolument que tu trouves une excuse pour te débarrasser de lui. Non parce qu'il est bien gentil de te parler comme ça, mais s'il cherche un amusement pour oublier sa vie de famille tristounette, il peut tout aussi bien aller voir ailleurs. Tu essaies d'échafauder un plan dans ta tête pour le laisser gentiment assis au bar seul. C'est juste à ce moment là que t'entends un Laisses ma copine tranquille. Cette voix, tu la reconnais direct. Tu relèves la tête vers le père de famille et, en train de l'étrangler (quasi), tu vois Wade. Le papa finit par prendre les jambes à son cou. Tu as le regard fixé sur Wade, incrédule. Comme toujours avec lui, tu ne comprends pas. Tu ne sais pas pourquoi il a fait ça. Tu lui hurlerais bien dessus, lui faisant croire qu'il a fait fuir ton rencard, qu'il n'avait pas le droit d'agir de cette manière, qu'il n'était qu'un impulsif qui ne réfléchit pas à ses actes ... Sauf que, en vérité, tu le bénirais presque d'avoir fait fuir ce mec. Evidemment, tu te retiens bien de lui montrer une quelconque satisfaction. Au contraire, tu ne lui dis rien. Tu regardes du côté ou il était assis, tu ne vois plus la fille avec qui il était en pleine conversation. Etrange. T'aurais voulu être une petite souris pour savoir ce qui s'était passé si subitement pour qu'il vienne près de toi et qu'il abandonne sa chère et tendre. A moins que ce ne soit elle qui soit partie la première. Peut-être qu'il cherche juste une nouvelle potiche pour ne pas passer la soirée seul. Il demande s'il peut s'asseoir. Tu lui jettes un coup d'oeil et réponds, assez sèchement: « T'fais ce que tu veux, j'suis pas ta mère. » C'est pas parce qu'il a fait partir le type « louche » comme il dit que tu vas te jeter dans bras, lui faire un gros bisou et tirer un trait sur ce qu'il s'était passé l'autre soir. Non, tu n'étais pas comme ça.

T'es jolie ce soir. Tu plonges ton regard dans ton verre. Tu te demandes s'il a bu, ou s'il a un souci quelconque. Parce que tu ne vois aucune raison valable pour qu'il te sorte ça. Il n'est pas gentil avec toi, au contraire, il te dit des atrocités en général. D'accord, les atrocités, il ne te les a dites qu'une seule fois mais depuis, tu n'attendais plus à une seule parole sympa de sa part. C'est gentil. Pourtant, ça ne te fait ni chaud ni froid. Tu restes muette comme une carpe. Tu es contente qu'il ne soit plus avec l'autre fille là, mais c'est pas pour autant que tu as envie de lui faire la discussion.  J'imagine que t'as pas envie de me parler. (...) Je tenais à m'excuser. J'ai été con, je le sais. J'étais énervé. (...) Bref. Désolé pour tout ce que j'ai dit. (...)Tu as du mal à déglutir. Tu as la gorgé carrément nouée, comme si tu étais ... stressée. Il t'a complètement prise au dépourvu. Tu n'imaginais pas une seule seconde qu'il te balancerait des excuses comme ça. Tu te remémores chacune de ses paroles. Oui, ce sont bien des excuses qu'il vient de t'adresser. Toi qui pensait ne jamais en entendre sortir de sa bouche. Tu n'oses pas le regarder. Un silence s'installe. Tu essaies d'assimiler, de digérer ce qui vient de se passer. Tu pensais que c'était une forte tête, qu'il était extrêmement têtu et qu'il ne mettrait jamais sa fierté de côté pour simplement te dire qu'il était désolé. Peut-être que tu t'étais trompée. « Je pensais que c'était pas ton genre de t'excuser. » Lâches-tu simplement après quelques minutes. « Pourquoi ?... Pourquoi tu t'excuses ? » S'il pense vraiment que tu n'es qu'une pute, alors tant mieux pour lui. Qu'il fasse sa vie et tu fais la tienne. Arrg, tu peux être vraiment rancunière et têtue quand tu t'y mets. Un peu comme lui en fait. Vous vous ressemblez bien trop tous les deux, bien plus que vous n'osez le croire. Tu as toujours ces mots en tête, le fait qu'à ses yeux, tu ne sois rien de plus qu'une vulgaire catin. Ca t'a tellement touchée qu'il dise cela. Mais bon, ça va, il a compris que ça t'avais fait de la peine, tu vas pas lui rabacher ça pendant mille ans non plus. Il fait un effort, il vient vers toi, il s'excuse. A ton tour de faire un effort. « Tu sais, je m'en fous de ce que pensent les gens. Je n'y accorde pas d'importance parce que je sais ce que je vaux. Sauf que toi ... c'est différent. » Tu bois un coup, tu prends une profonde inspiration et tu te tournes vers lui. Fixant ses prunelles brunes, tu continues: « Tu es son frère. Enfin, tu étais son frère. Et pour cette raison, tout ce que tu pourras me dire aura toujours plus d'importance que ce que disent les autres. » Il était le frère de ton mari, ça faisait de lui une personne ... importante pour toi. « Je ne veux pas que tu me voies comme une pute. Et je ferais tout ce qu'il faut pour te prouver que je n'en suis pas une. » Oui, parce que son jugement avait de la valeur à tes yeux, même après tout ce qu'il avait pu te dire.

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T'fais ce que tu veux, j'suis pas ta mère. Au moins, c'est dit. C'est clair et net. Elle a pas l'air d'apprécier ta venue. Mais tu tenais quand même à lui dire tout ce que t'avais sur le coeur. Tu voulais vraiment t'excuser pour la dernière fois. Tu lui as littéralement manqué de respect. Tu ne relèves rien de son expression. Ton compliment fait mouche aussi. Elle ne te répond pas. Bon. Tu passes alors directement aux excuses. Ça devait l'étonner. Tu faisais le premier pas. Tu venais de marcher jusqu'à elle pour t'excuser. Elle voulait peut-être te rire au nez. Limite, tu croises les doigts pour que ce soit pas le cas. Je pensais que c'était pas ton genre de t'excuser. Pourquoi ?... Pourquoi tu t'excuses ? Tu lèves les yeux dans sa direction. Tu plantes ton regard dans le sien. C'est vrai oui. Dis-tu. C'est vrai que t'avais du mal à mettre ta fierté de côté. Tu pouvais pas lancer un 'pardon' comme ça. Ça te demandais plus que ça. Plus d'énergie, plus de conviction. Un petit truc en plus quoi. C'était pas qu'une banale envie de se faire pardonner. J'ai dépassé les bornes. Je t'ai manqué de respect. J'ai beaucoup réfléchi depuis ce soir-là. Je devais m'excuser. Pour toi, puis pour Yann. C'était débile de dire toutes ses horreurs sur vous deux. Je suis qu'un con. Tu rebaisses la tête. Tu bois une gorgée de ton verre. Ça t'allégeait le coeur de lui parler. La conscience aussi. T'y voyais déjà plus clair. Elle avait l'air de bien prendre tes excuses. C'était un soulagement pour toi. Tu sais, je m'en fous de ce que pensent les gens. Je n'y accorde pas d'importance parce que je sais ce que je vaux. Sauf que toi ... c'est différent. Tu es son frère. Enfin, tu étais son frère. Et pour cette raison, tout ce que tu pourras me dire aura toujours plus d'importance que ce que disent les autres. Ce qu'elle te dit, ça te remonte un peu le moral. Elle t'a pas complètement ignoré dans le fond. Elle est prête à t'écouter. Peut-être pas à accepter certaines critiques débiles que tu pourrais sortir en étant complètement bourré - quoi que - mais ça te faisait déjà plaisir de la voir ainsi. Elle te paraissait déjà nettement plus jovial. Plus décontractée. Je ne veux pas que tu me voies comme une pute. Et je ferais tout ce qu'il faut pour te prouver que je n'en suis pas une. Ah, oui. Tu l'avais traité de vulgaire pute. Elle l'avait mal prit. Le fait que tu la voyes toujours comme la strip-teaseuse qu'elle était. À propos de ça, j'étais énervé. Je pensais pas tout ce que j'ai dit. T'es impulsif. Tu dis ce qui te vient à l'esprit. Tu dis souvent de la merde quand t'es énervé. Puis faut dire que tu voulais aussi te venger. Tu voulais qu'elle souffre aussi. Mais t'avais un peu trop sous-estimé tes mots ce soir-là. Déjà la plage, puis chez elle. C'était trop pour elle, comme pour toi. Tu voulais pas la voir malheureuse. Encore moins par ta faute. Je suis sincèrement désolé Val. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais sans hésiter. Je suis conscient du mal que je t'ai fait. C'était con. Et égoïste de ma part surtout. Tu poursuis tes excuses. Tu veux la convaincre de ta sincérité. T'esquisses un sourire chaleureux. Tu veux vraiment qu'elle te pardonne. Mais si ça risque d'être dur.

On recommence à zéro ? Tentes-tu finalement. Pas franchement convaincu qu'elle te donne une énième chance. Tu croises néanmoins les doigts. Enfin, tu fais mine. Tu veux lui prouver que tu peux changer. Qu'elle peut avoir confiance en toi aussi. Que t'es pas qu'un monstre sans coeur. J'espère qu'il ne t'embêtait pas trop ce gars-là. Dis-tu, en parlant du type qui lui tournait autour il y a encore cinq minutes. C'était juste histoire de trouver un sujet de conversation sur lequel vous pourriez débattre. C'était pas le plus adéquat, mais ça aiderait déjà beaucoup.

J'ai dépassé les bornes. Je t'ai manqué de respect. J'ai beaucoup réfléchi depuis ce soir-là. Je devais m'excuser. Pour toi, puis pour Yann. C'était débile de dire toutes ses horreurs sur vous deux. Je suis qu'un con. Le moins que l'on puisse dire, c'est que lorsqu'il s'excuse le Wade, il s'excuse vraiment. Si tu avais douté de sa sincérité quelques minutes auparavant, il n'en est plus rien. Tu sens dans ses paroles, dans son attitude et dans son regard qu'il est honnête. Il te regarde fixement, il t'avoue qu'il est désolé. Tu savoures chacun de ses mots. Sans doute parce que tu ne pensais pas les entendre un jour. Il regrettait. C'était un grand pas en avant pour vous deux. Ce n'est pas parce qu'il s'excusait que tu allais tirer un trait sur tout cela et tout oublier aussitôt. Il te faudrait du temps. Mais ça viendra, sûrement. Et puis, après tout, tu n'étais pas toute blanche non plus dans cette histoire. Lui reparler de cette fille, c'est ça qui avait en quelque sorte tout déclenché. Puisque vous en étiez au moment des excuses, tu décides de lui dire à quel point tu es désolée toi aussi. « Ce n'est pas uniquement ta faute. Je t'ai poussé à bout l'autre soir. Je m'en excuse aussi. » Refaire une intrusion dans votre passé respectif n'était certainement pas la solution à vos problèmes. Malgré tout, tu avais le sentiment que pour connaître Wade, tu devais prendre connaissance de son passé. Tu étais intimement persuadée que la personne qu'il était aujourd'hui était le résultat des épreuves qu'il avait dû surmonter dans sa vie. Cependant, tu as retenu la leçon. Si tu veux éviter une nouvelle dispute, autant éviter le sujet de son ancien amour.

Lorsque tu lui rappelles qu'il t'a traitée de « pute », Wade te dit qu'il était énervé, qu'il ne pensait pas ce qu'il disait. Tu soupires. Il y avait un part de vérité dans ce qu'il disait. Et même s'il t'affirmait aujourd'hui ne pas le penser, tu savais au fond de toi qu'il le pensait un peu. Tu lui en as tellement voulu d'avoir dit ça. Au fond, c'est pourtant réellement ce que tu étais. « Tu as simplement dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. » Tu étais cette fille, oui, sûrement. Tu ne l'étais plus aujourd'hui. Et ça, tu te devais de le garder en mémoire. Il n'y a que de cette façon que tu pourrais faire fi des insultes à ton égard. Je suis sincèrement désolé Val. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais sans hésiter. Je suis conscient du mal que je t'ai fait. C'était con. Et égoïste de ma part surtout. Il réitère ses excuses. Il semble profondément désolé par tout ce qu'il a pu dire ce soir-là. Tu te tournes vers lui pour lui faire face. Tu veux être sincère avec lui. « J'accepte tes excuses Wade. Ca me prendra un peu de temps pour oublier. Mais maintenant qu'on a mis les choses à plat, vaudrait mieux qu'on arrête d'en parler. » Tu n'as plus envie de t'énerniser sur le sujet. Tu t'es déjà repassée la situation au moins une dizaine de fois dans ta tête. Tu sais ce qu'il a dit, tu n'oublies pas, mais il s'est excusée, c'est tout ce qui compte. Tu sais aussi qu'il n'oubliera pas si facilement tout ce que tu lui as dit. Vous en êtes au même niveau en somme.

On recommence à zéro ? Sa proposition te fait sourire intérieurement. Tu t'imagines déjà refaire l'étape du « Valentina, vingt-ans, ex stripteaseuse, célibataire ». Tu fais tourner la paille dans ton verre, pensive. « Non. » finis-tu par articuler. Non, tu ne veux pas recommencer à zéro et faire comme si rien de tout ce qui s'est passé n'était arrivé. « Je ne veux pas recommencer à zéro, faire comme si rien ne s'était passé. Parce que ce qui est arrivé nous a amenés là ou nous sommes aujourd'hui. Et... ce n'est peut-être pas une mauvaise chose. » Tu préfères avoir mis les choses à plats et continuer à progresser. Par « recommencer à zéro », c'est sûrement ce qu'il voulait dire lui aussi, en fin de compte. Plus tard, peut-être qu'en repensant à tout cela, vous pourrez en rire. J'espère qu'il ne t'embêtait pas trop ce gars-là. Tu lances un regard au fond du bar. Il est toujours là, à bonne distance de vous. Il doit être déçu de ne plus avoir personne à qui parler. Tu te retournes vers Wade, tu croises son regard. Tu n'as pas envie de le lâcher. « Même si c'était le cas, je pense qu'il ne tentera plus rien maintenant. » C'est-à-dire après que Wade l'ait empoigné à la gorge. Pauvre gars, il n'avait rien fait de mal. L'esquisse d'un sourire se dessine sur ton visage. « Et qu'en est-il de la petite brune avec qui tu étais en pleine conversation ? » Bon ben comme ça, il saurait que tu l'as clairement observé pendant qu'il était avec elle. De toute façon, il savait déjà que tu l'avais vu. « Tu n'aurais tout de même pas ruiné tes chances de coucher avec elle juste pour venir me voir, n'est-ce pas ? » L'audace de ta supposition t'étonne toi-même. Comme si il s'intéressait plus à toi qu'aux filles qu'il met dans lit. C'est beau de rêver.

beauty and the beast ft. valentina

Ce n'est pas uniquement ta faute. Je t'ai poussé à bout l'autre soir. Je m'en excuse aussi. Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle s'excuse aussi. C'est vrai que vous étiez tous les deux fautifs de cette horrible soirée. Elle avait parlé de tes peines de coeur si facilement. Ça t'avait mis hors de tes gongs. Tu refusais encore de parler de Clayr. Ça te semblait encore tout frais. Ton coeur en souffrait toujours. Tu refusais d'en parler. Même si Valentina faisait partie de ta famille, ça te semblait juste impossible. Maintenant, tu préférais juste ne plus y penser. Tu as simplement dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Tu secoues la tête comme pour lui dire que t'étais pas d'accord avec elle. Les gens ne devaient pas la voir comme ça. La plupart ne connaissait sûrement pas son passé sous cet angle-ci. Toi oui. C'était juste ta faute. Tu avais dit cela sous le coup de la colère. Tu voulais la voir différemment. Elle voulait tourner la page sur cette époque de sa vie, tu voulais aussi en faire de même. Tu voudrais juste arrêter de penser à cette soirée là. Celle où vous l'avez rencontré. Ils ne devraient pas. Et moi non plus. Prononces-tu doucement. Tu la regardes. J'accepte tes excuses Wade. Ça me prendra un peu de temps pour oublier. Mais maintenant qu'on a mis les choses à plat, vaudrait mieux qu'on arrête d'en parler. Elle accepte tes excuses. Ça te soulage. Tu te sens mieux. C'est un poids en moins sur tes épaules. Elle mettra sans doute du temps à te pardonner et te voir différemment, mais tu te jures de ne pas recommencer. Tu veux plus qu'elle te voye comme ça. Tu préfères garder ça à d'autre. T'aquiesces ses mots. Ne plus en parler. D'accord, que tu penses.

À la question 'on recommence à zéro', elle te répond par un petit non. T'arrêtes de la regarder. Tu sais même plus pourquoi tu lui as demandé ça. Tu pouvais pas la forcer à oublier toutes les atrocités qu'étaient sorties de ta bouche. C'était impossible. Elle ne voulait pas recommencer tout à zéro avec toi. Elle dit qu'elle ne veut pas oublier. Que ce n'est peut-être pas si mauvais que ça en avait l'air. Tu comprends pas ce qu'elle dit. Mais t'acquiesces tout de même d'un signe de la tête. T'affiches un léger sourire. Honnête, bien sûr. Même si c'était le cas, je pense qu'il ne tentera plus rien maintenant. Tu l'avais envoyé plus loin. Il était parti sans rien dire. Je pense aussi. Elle te sourie. Ça fait du bien de voir un sourire s'épanouir sur son visage. Ça prouve qu'elle est prête à passer à autre chose. Et à discuter avec toi. Et qu'en est-il de la petite brune avec qui tu étais en pleine conversation ? Te demande-t-elle. Elle t'avait donc bien vu. Bien regarder aussi. Ça devait lui faire ni chaud ni froid que tu sois accompagné après tout. Elle avait peut-être été surprise de te voir débouler que de rester avec la brune en question. Elle devait partir. Un truc avec bob l'éponge ou je sais pas trop quoi. Dis-tu sur le ton de l'humour. C'est le dernier truc que tu te souvenais. Elle t'avait parlé de bob l'éponge. Quand t'avais le visage et les yeux rivés sur Valentina. Quelle connerie. Tu n'aurais tout de même pas ruiné tes chances de coucher avec elle juste pour venir me voir, n'est-ce pas ? Un peu, si. Mais tu préfères ne pas lui dire. Pas du tout. Réponds-tu. Tu continues à la fixer. Tu lui mentais un petit peu, mais elle serait sûrement trop fière de savoir que si. Finalement, tu reprends la parole. J'imagine que ça te ferait plaisir n'est-ce pas ? Dis-tu avec un petit sourire. Vaguement en coin. Ça lui ferait sûrement plaisir de savoir que tu t'enverrais pas en l'air avec la première inconnue. Une de tes 'putes' comme elle les appelait. Peu importe. Je peux t'offrir un verre ? Enfin un autre verre. Parce que le type avant toi lui en avait offert un aussi. Probablement. Ça te ferait plaisir qu'elle accepte. Tu cherches quelque chose à lui dire. Quelque chose qui montrerait que t'es capable de t'intéresser à elle. Si elle va bien. Non, ce serait trop bête de demander ça. En plus, tu connais presque la réponse d'avance. Si ça allait à la boutique. Pourquoi pas. Tu t'en sors à la boutique ? Pas trop de monde ? Dis-tu poliment. Tu te tournes directement en face d'elle. Le corps tout entier, pas juste la tête.

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Le mieux était de ne plus y penser, c'est vraiment ce que tu te disais. Cette soirée restera à jamais gravée dans vos mémoires – dans la tienne en tout cas. Elle avait apporté son lots de surprises, certaines bonnes, d'autres mauvaises. Tu trouvais qu'il était inutile d'en reparler à chaque fois que vous vous verriez. Le fait que vous ayez mis les choses à plat, que vous vous soyez chacun excusé prouvait que vous aviez envie de passer à autre chose. Étonnamment, tu trouvais Wade changé. Comme si il n'était plus le même qu'avant. Tu le sentais plus joyeux, plus serein aussi, moins dépité, moins nostalgique. Toi aussi ce soir tu semblais un peu différente, plus souriante déjà. C'était un bon début. Tu viens de finir ton verre. Tu poses tes bras sur le bar, soutenant ta tête et tu te tournes ainsi entièrement vers lui. Elle devait partir. Un truc avec bob l'éponge ou je sais pas trop quoi. Tu fronces les sourcils. Heu ? Bob l'éponge ? D'accord, là tout n'as pas tout compris visiblement. Tu trouves ça bizarre qu'elle soit partie, il a dû dire un truc qu'il ne fallait pas, ou faire un truc qui ne lui a pas plus. Tu n'essaies pas d'en savoir plus. Après tout, tu es ravie qu'il soit à côté de toi plutôt qu'à côté d'elle. Peu importe la manière dont c'est arrivé, tu préfères t'en réjouir plutôt que t'en plaindre. J'imagine que ça te ferait plaisir n'est-ce pas ? Ca te fait plus que plaisir, tu trouverais presque ça jouissif. Tu te retiens bien de lui dire. En plus, tu ne sais pas pourquoi ça t'embête à ce point qu'il côtoie d'autres filles. C'est pas comme si tu avais un quelconque « droit » sur lui. Il peut faire ce qu'il veut de sa vie, il n'a absolument aucun compte à te rendre. Tu n'es rien pour lui au final. Malgré tout, ça t'ennuie de l'imaginer dans les bras d'une fille. Surtout si c'est une fille différente chaque soir. Tu repenses à ce qu'il t'a dit à propos de la fille qui l'a aimée. C'est à cause d'elle qu'il est devenu ce coureur de jupons. C'est dommage. Tu trouves qu'il mérite d'être vraiment aimé pour ce qu'il est ... même si tu ne sais pas vraiment ce qu'il est. Suite à sa remarque, tu hausses les épaules et sincèrement, tu lui réponds: « Je ne vais pas dire le contraire. » Tu ne sais pas quoi ajouter, tu ne sais pas vraiment quoi lui répondre, alors, sur le ton de l'humour, tu ajoutes: « J'apprécie assez bien qu'on m'accorde de l'attention. » C'est pas totalement faux. Après, tu n'en serais pas morte non plus s'il n'était pas venu te voir, il ne faut rien exagérer. Peu importe. Je peux t'offrir un verre ? Ton regard se pose simultanément sur ton verre vide, puis sur le jeune homme. Tu acceptes volontiers son offre. « Avec plaisir. Je prendrai la même chose que toi. » Tu lui fais un petit clin d'oeil. Tu as l'habitude de boire. Ce n'est pas pour autant que tu tiens bien l'alcool, mais ça ne t'effraie pas non plus. Et puis, tu as bien besoin d'un verre ou deux pour te détendre en général. Après avoir passé la commande, il se tourne vers toi et commence à faire la discussion, en te demandant comment ça se passe à la boutique. C'est ça ton travail depuis que tu es arrivée à Gold Coast. Tu bosses dans une boutique de surf. C'était un travail inespéré, d'autant plus qu'au départ, tu n'y connaissais absolument rien au surf. Yann et sa famille t'avait aidée à trouver ce boulot. Désormais, tu t'y plaisais bien, même si il y avait quelques petites tensions avec ton collègue depuis que tu l'avais lâchement abandonné sur le pas de sa chambre. « Ca se passe bien oui. Je regrette juste de ne pas avoir un collègue plus porté sur le boulot et moins sur ses conquêtes. » Dans le genre imbu de sa personne, difficile de faire mieux que ton collègue en effet. « Et toi, les cours de surf ? Pas trop difficile de s'occuper à longueur de journée de jolies jeunes filles en bikini ? » Tu le charries gentiment, espérant qu'il ne le prenne pas mal. Son travail ne se résume évidemment pas à cela. Même si il y a une part de vérité dans ce que tu dis, puisqu'il doit en effet voir des jolies filles tous les jours. Tu penses même que certaines prennent des cours uniquement pour le professeur. Mais ça, tu te retiens bien de le mentionner.

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Je ne vais pas dire le contraire. Tu souris en entendant ses mots. Ça te fit plaisir de l'entendre. Ça lui faisait plaisir que t'ai laissé tomber cette fille. Ta présence ne la dérangeait donc pas finalement. C'était un bon point pour toi. J'apprécie assez bien qu'on m'accorde de l'attention. Te dit-elle. Tu comprends qu'elle rigole alors ça te fait rire aussi. Avec plaisir. Je prendrai la même chose que toi. Elle accepte le verre que tu lui proposais. Tu finis ton verre d'une traite. Puis tu te tournes vers le barman et tu lui demandes deux autres vodka. Elle t'adresse un clin d'oeil. Tu plonges ton regard dans le sien. Elle te fascine cette fille. Elle est bonne (pas au lit hein). Tu sens bien qu'elle est à l'aise avec toi. Tu l'es aussi. Ça te fait plaisir qu'elle accepte de te reparler. Dur de penser à autre chose que cette soirée, mais t'essayerais puisqu'elle ne voulait plus en parler. Le barman revient vers vous avec les deux verres que t'avais précédemment commandé. Tu en tends un à la brune à tes côtés. Comme tu l'avais fait pour l'autre brunette un peu plus tôt dans la soirée. Lorsque tu poses la question du travail, Valentina se tourne vers toi. Ça se passe bien oui. Je regrette juste de ne pas avoir un collègue plus porté sur le boulot et moins sur ses conquêtes. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Des avances ? Tu essayes de comprendre sans demander. Tu fronces les sourcils à la quête d'une réponse. Mais tu préfères lui demander. Comment ça ? Il.. hum.. il t'a fait des avances.. ou quelque chose comme ça ? Dis-tu. Tu voulais être sûr de comprendre de ce dont elle parlait. Et toi, les cours de surf ? Pas trop difficile de s'occuper à longueur de journée de jolies jeunes filles en bikini ? Te demandes-t-elle. Tu peux pas t'empêcher de sourire. C'est vrai que t'en voyais souvent des jolies filles en bikini. Tous les jours même. Mais beaucoup te paraissait trop jeune. Le genre de fille encore en pleine adolescence, trop peu pour toi. J'ai pas trop à me plaindre, je suppose. Juste, parfois, j'ai un peu de mal avec quelques élèves. Ils écoutent pas, ou alors ils font n'importe quoi. Crois-moi, c'est encore pire lorsqu'ils font les deux en même temps. Tu penses à quelques-uns de tes élèves en particulier. Les mecs qui viennent à tes cours mais ne supportes pas tes remarques. Ou alors, ceux qu'essayes toujours de te contredire. Qu'ils crachent limite à la gueule. Le truc qui te met hors de toi la plupart du temps. J'ai presque envie des les frapper, des fois. C'est juste... impossible. Prononces-tu comme pour finaliser le sujet des mauvais élèves. Oui. J'en vois souvent. Les jolies filles, ça manque pas sur les plages. Dis-tu d'un ton un peu innocent. Comme si les jolies filles ne t'intéressaient pas. T'étais un vrai mâle toi. Disons que tu courrais les femelles comme si t'étais en chaleur. Dur à croire quand c'est constamment comme ça. T'as pas envie de te poser avec une femme. Tu préfères switcher. Elles t'emmerdent un peu trop, o.k, tu leur dis juste 'dégages'. C'est comme ça que ça marche chez toi désormais. T'es un vrai coureur de jupon. Le pire qui soit. Pour la plupart, tu leur laisses même pas le temps de t'offrir le café au petit matin. Tu pars juste. En espérant pas les revoir. Certaines me font même du rentre-dedans. Tu vois le genre. Ça me dérange pas toujours. Je veux dire, tu me connais. Mais, elles sont juste ... je sais pas. Trop jeunes. Ou trop innocentes. Tu lâches toutes tes pensées à Valentina. C'est sûr qu'avec un prof aussi sexy que moi, ça doit être dur de résister. T'affiches un petit sourire enjoué. Ça t'amuse de dire ça.

Comment ça ? Il.. hum.. il t'a fait des avances.. ou quelque chose comme ça ? Tu détournes le regard et tu te mets à fixer intésenment le nouveau verre que le barman vient de te tendre. Tu es pensives, ailleurs. Tu repenses à Giuliano, à cette soirée un peu « chaude » que vous aviez passé tous les deux. Sous l'emprise de l'alcool, tu t'étais complètement lâchée. Enfin, non. Pas complètement. Tu n'avais pas pu aller jusqu'au bout avec lui. Tu t'étais enfouie. Un geste emprunt de lâcheté ? Ou plutôt un geste sensé. Même étant saoule, tu ne pouvais pas t'empêcher de repenser à ton Yann. Embrasser un garçon, coucher avec un garçon, c'était comme le tromper. Tu te retournes vers Wade. Qu'est-ce qu'il penserait de tout cela ? Il te prendrait certainement pour une pute à nouveau. Tu lâches une réponse assez évasive. « Si on veut ... ». Les avances ne venaient pas que de lui au fond, vous étiez bien deux dans l'histoire. Même si il était clair dans son esprit qu'il te mettrait dans son lit un jour ou l'autre. A cette pensée, tu te surprends à grimacer. Pourtant ça fait plus d'un an que Yann est partit. Tu aurais le droit de passer à autre chose, non ? Tu es jeune. Ton mari est mort. Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens dans tout ça. « J'ai tellement de questions à lui poser, j'aimerais tellement avoir son accord sur certaines choses. » Tu te parles à toi-même plus qu'à Wade. « Lui », c'est Yann. Tu aimerais savoir ce qu'il en pense, s'il pense que tu as le droit de passer à autre chose ou non. Tu cherches des yeux les prunelles de son frère, tu t'y accroches, tu ne le quittes pas du regard. Tu penses qu'il détient peut-être la réponse. Tout en sincérité et en lâchant un soupir, tu lui demandes: « Est-ce que tu penses qu'il accepterait que je refasse ma vie ... un jour ?» Tu ne sais pas pourquoi tu demandes cela. Ce n'est pas que tu en as envie. Tu sens encore trop sa présence partout, tu sens encore ses lèvres lorsque tu poses les tiennes sur celles d'un autre garçon. Mais ça te soulagerait de savoir qu'envisager un futur avec quelqu'un n'est pas une mauvaise chose. Que tu as le droit d'espérer, de croire en nouveau à l'amour.

Wade se met à parler de ses élèves. Certains n'écoutent pas, font n'importe quoi. Tu imagines une scène dans laquelle Wade s'emporterait sur un de ces élèves. Ca te fait sourire. C'est bizarre, tu ne l'imaginais pas dans la peau d'un prof. Cela demande beaucoup de patience, de calme. Ce n'est pas que ses qualités lui font défaut, mais tu as plutôt l'impression qu'il est du genre à partir au quart de tour. Du coup, tu comprends que son métier ne doit pas être facile à vivre tous les jours. J'ai presque envie des les frapper, des fois. C'est juste... impossible. Instinctivement, tu demandes: « Et, tu arrives à te retenir ? » Tu sais (enfin, tu crois savoir) que le frère cadet Becker n'est pas du genre à se laisser faire. Il continue sur sa lancée, en mentionnant cette fois-ci les filles jolies à qui il peut enseigner, ou même qui traînent simplement par là. Tu ne sais pas pourquoi mais d'un coup, tu regrettes d'avoir lancé le sujet. C'est pas que ça te dérange de savoir que des dizaines de filles lui courent après mais ... En fait... Si, ça te dérange un peu. Ca ne devrait pas te déranger donc le fait que ça puisse te déranger te dérange encore plus (vous suivez ?). Certaines me font même du rentre-dedans. Tu vois le genre. Ça me dérange pas toujours. Je veux dire, tu me connais. Mais, elles sont juste ... je sais pas. Trop jeunes. Ou trop innocentes. Innocentes ? Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Il y a deux jours, il te traitait de pute, et maintenant il trouve que les autres filles à la plage sont trop « innocentes ». C'est quoi le juste milieu pour lui ? « Trop jeunes, trop innocentes, trop putes ... Il faut quoi pour te plaire en fait ? » Non, tu n'es pas en train de l'agresser. Non, tu n'es pas en train de lui remémorer une énième fois qu'il t'a traitée de pute. Non, tu te poses réellement la question. C'est sûr qu'avec un prof aussi sexy que moi, ça doit être dur de résister. Tu le regardes de haut en bas, le genre de regard qui te permet de jauger une personne. Le genre de regard que tu détestes « recevoir ». Et pendant que tu le regardes, tu te dis merde. Merde parce qu'il va obligatoirement remarquer que tu l'as regardé de haut en bas. Et double merde parce que ... bon sang, ce que tu vois te plaît énormément. Tu restes une fille, même si tu es veuve. Et les beaux garçons, y a rien à faire, tu remarques. Il n'est pas que beau en plus, il a « un truc ». J'crois qu'on appelle ça « avoir du charme ». Bref, suite à sa déclaration, tu hausses les épaules et réponds, mine de rien: « Chacun ses goûts. » Menteuse.

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Elle t'avoue que son collègue lui fait des avances. D'un côté, tu peux aisément comprendre le type. C'est une jolie femme. Elle est seule, en plus de ça. Mais d'un autre côté, ça aurait plus tendance à t'énerver. Que ce type lui manque de respect comme ça. Même si t'avais pas fait mieux dans le fond. Elle avait perdu son mari. Tu savais très bien, qu'elle se sentait encore seule. Elle était faible depuis le départ de Yann. Ça se voyait si bien. J'ai tellement de questions à lui poser, j'aimerais tellement avoir son accord sur certaines choses... Est-ce que tu penses qu'il accepterait que je refasse ma vie ... un jour ? Te demande-t-elle. Elle te fixe avec tellement d'intensité. Tu sais même pas pourquoi elle te pose cette question. T'étais pas sûr d'avoir la réponse de toute façon. C'était à elle de le décider, pas à toi de le faire. Ou de lui faire croire telle ou telle chose. J'imagine qu'on a tous le droit à une seconde chance. Bon, c'est pas vraiment ce que tu voulais dire. T'aurais préféré lui dire que c'était à elle de le décider et de tourner la page. Mais le simple fait de prononcer ses quelques mots vous ferait du mal. Puis, en évoquant le droit à une seconde chance, j'imagine que t'essayes de te racheter aussi. C'est un peu la phrase à double sens, que tu venais de lui sortir. T'as le droit d'être heureuse à nouveau. Et je suis persuadé que c'est ce qu'il veut. Que tu lui dis, d'un ton un peu plus sincère, cette fois-ci. Restait encore à voir dans quels bras, elle finirait sa vie.

Et, tu arrives à te retenir ? Te demande-t-elle. C'était vraiment pas facile. T'avais des élèves, tous différents les uns des autres. Des anges -si on peut les appeler comme ça, et de vrais démons aussi. Difficilement. T'essayais quand même, parce que sinon, ça risquerait de te retomber dessus un jour où l'autre. Trop jeunes, trop innocentes, trop putes ... Il faut quoi pour te plaire en fait ? Aoutch. Elle avait peut-être pas tord sur le coup. Trop jeune. Oui, t'avais pas envie qu'on te colle un procès au cul pour détournement de mineur. Trop innocente, parce que toi, t'aimes bien jouer avec les femmes. Et puis, pour le trop pute. Hum. Sur le coup, elle t'avait bien cerné. Tu pouvais pas trop répondre à cela. J'imagine que j'ai des goûts de luxe. Dis-tu dans un premier temps, juste histoire de rire un peu. J'ai pas vraiment envie d'être accuser de détournement de mineurs et perdre mon boulot pour quelques minettes en chaleur. Je suis quand même pas con à ce point-là. Et puis, j'aime les femmes, où est le problème ? Que tu lui demandes. Pour les aimer, tu les aimais décidément un peu trop. Elle tarderait sûrement pas à te le faire remarquer, t'en étais presque certain même. Les qualités et les défauts, c'est une autre paire de manche. Vous êtes pas toutes aussi facile, et c'est ça qui me plaît le plus chez une femme. La difficulté. C'est tellement prenant d'essayer de séduire une femme qui d'avance me repousse. Confis-tu. Tu lui fais un petit clin d'oeil au passage. Elle te regarde. Elle te dévisagerait presque aussi. Elle baisse la tête, et la relève. Elle t'observe. Tu le vois bien. Chacun ses goûts. Elle hausse les épaules. Tu te sentirais presque vexé de sa réponse. Mais sa réponse t'étonne aussi. Elle avait quand même bien pris le temps de te reluquer de la tête au pied. T'étais quand même pas si moche que ça. C'est pas beau de mentir. Lui adresses-tu, avec un petit sourire en coin. L'air sûr de toi quoi. J’imagine que t'en vois pas tous les jours des mecs comme moi. Quel dragueur.