Draculas haunted house_ Trop bien qu'on me disait! Bah oui trop bien. Quand t'es 5 greluches avec leurs copains oui c'est bien. Surtout quand les copains sont des gros blasés. Oui mais moi, grande maligne que je suis quand je m'y met, j'y vais toute seule dans la maison hantée. Sachant que je suis traumatisée pendant minimum 1 semaine par chaque film d'horreur que je vois. 6 ans pour mon record. Bon, heureusement, c'était pas prémédité. Je suis entrée là parce que je passais à côté. J'avais pas fait dix mètres et j'étais déjà morte de peur. Bruit.
- WwaAAAhr!!!
J'me retourne. - Ah pardon... Une brunette. Et elle ne faisait pas peur. La honte.

Mes pensées s'emmêlent et ce bordel me tape sur les nerfs. Quelques jours sont déjà passés, quelques jours où je ne fais que tourner en rond. J'avance sans vraiment savoir où je vais, je me laisse porter par mes jambes comme si j'en avais perdu le contrôle. L'odeur des souvenirs me donne la nausée. La nicotine qui coule dans ma gorge ne change rien et je sens l'anxiété se blottir en boule dans mon estomac, encore secoué par la veille. La migraine frappe contre mes tempes et me donne l'envie de me claquer la tête contre un mur. Je prends des directions qui n'ont aucun sens. Je rentre dans une maison hantée à ce qu'il paraît et je ne ressens rien d'autre que l'ennui qui me paralyse. Je tire encore une bouffée sur ma cigarette, en laissant mes prunelles galoper tout autour de moi et j'entends un cri strident fissurer mes tympans. Devant moi, une blonde dont la peau est parsemée de tatouages. Je la dévisage un moment pendant qu'elle ouvre la bouche. « Ah pardon... »  J'arque un sourcil en laissant un léger rire m'échapper. Elle s'excuse alors que c'est moi qui lui a fait peur ? « Non. C'est moi. Faut pas t'aventurer toute seule dans les parages si une maison faussement hantée te fait cet effet-là. » Je tire à nouveau sur ma cigarette, en vissant mon regard au sien. « Je m'appelle Jonathan mais appelle-moi Jon. C'est quoi ton prénom à toi ? »

« Non. C'est moi. Faut pas t'aventurer toute seule dans les parages si une maison faussement hantée te fait cet effet-là. » OUé, oué, je sais, c'est mon auto-thérapie à la con qui marche un peu trop bien des fois... Je me frotte les bras, un peu ennuyée. Oué, "dis ce que tu pense" et "fais ce que tu veux" y a des fois où tu ferais mieux de pas penser, et de pas vouloir. Surtout tester ton courage quand t'es une parano de merde. « Je m'appelle Jonathan mais appelle-moi Jon. C'est quoi ton prénom à toi ? » - Okay Jon. Moi c'est Eldrid, El' ça suffit pour les anglophone. Je baisse les yeux sur sa cigarette. Bonne idée, tiens. Je fouille mes poche, sors un paquet écrasé et une clope encore à peu près vivante. Un coup de zippo est on est bon. Je tire, ça me déstresse bof, à la vérité. - T'sais quoi, j'crois que tu vas devoir rester avec moi, ça m'évitera peut-être l'infarctus.

J'ai toujours aimé les tatouages, ça donne de la profondeur aux gens. Du moins, c'est ce que j'essaie de me faire croire. Cette fille-là en a beaucoup, ça me fait penser à mon frère, à ma soeur et à mon père aussi. Du coup, je souris parce que ça me fait du bien de penser à eux quand je me sens complètement perdue. Un peu comme en ce moment-même quoi. « Oué, oué, je sais, c'est mon auto-thérapie à la con qui marche un peu trop bien des fois... » Chacun fait comme il peut pour vivre avec soi-même. Je suis bien placée pour le savoir. Elle pense certainement que je la juge puisqu'elle se justifie. Quoi que je la comprends. Après tout, je suis juste une fille qui passe par là. Sans doute que je ne serais plus qu'un souvenir demain matin. « Okay Jon. Moi c'est Eldrid, El' ça suffit pour les anglophone. » Alors ça, ce n'est pas un prénom commun. Je dois avouer que ça lui correspond plutôt bien. Je connais pas énormément de filles qui osent se tatouer autant qu'elle. Elle s'allume clope et enchaîne alors que je reste plus ou moins attentive à ses mouvements. « T'sais quoi, j'crois que tu vas devoir rester avec moi, ça m'évitera peut-être l'infarctus. » Je rigole un peu bêtement et puis je continue à fumer en avançant avec la jeune femme. « Eldrid. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui s'appelle comme ça. D'où ça vient ? Et je t'accompagne avec plaisir. Je voudrais pas avoir ta mort sur la conscience. »

Je la fais rire. Tant mieux. Tout le monde ne prend pas bien ce genre de petites prises d'otage. Surtout de la part d'une fille comme moi. Soit je fais peur, soit j'ai l'air d'une pauvre cruche. Enfin bon, ça à la limite, je m'en fous. Mais non, elle, elle est cool. Et classe. Alors j'ai décidé que je l'aimerai bien. Pour l'instant quoi. « Eldrid. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui s'appelle comme ça. D'où ça vient ? Et je t'accompagne avec plaisir. Je voudrais pas avoir ta mort sur la conscience. » Je ris à mon tour, ça me détend un peu plus. J'te jure. Le grand cheval tatoué qui a besoin de "protection". Mais que contre les fantômes, alors ça va. - Génial. Je suis suédoise, ça veut dire "celle qui chevauche le feu"... oué, les fantômes c'est ma bête noire. Je ris un peu plus. C'était ridicule, j'étais la première à le dire. Mais oui, à 24 ans j'avais encore des crocodiles sous le lit. Mon seul défaut...... Bref, je jetai un coup d’œil à Jon pour l'inviter à continuer à avancer. Doucement.

C'est la première personne avec qui j'entretiens une conversation depuis des jours. Après le silence, c'est assez apaisant. Surtout qu'en apparences, elle m'a l'air assez sympa. Je dis ça mais j'en sais absolument rien, au fond. Quitte à traîner n'importe où, autant le faire avec quelqu'un. C'est plus amusant. J'ai jamais été le genre de filles à aimer la solitude, surtout lorsque je me sens vide comme aujourd'hui. Je l'écoute rire. C'est plutôt bien de savoir rire de soi-même. Il y a des gens qui se seraient peut-être vexés à ma remarque mais j'en ai jamais eu grand chose à foutre des avis qui couraient sur ma personne. Ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. « Génial. Je suis suédoise, ça veut dire "celle qui chevauche le feu"... oué, les fantômes c'est ma bête noire. » Je l'écoutais d'une oreille alors que mes yeux s'éparpillaient toujours un peu partout aux alentours. Franchement, cet endroit ne me faisait vraiment ni chaud ni froid. Faut dire que je ne suis pas quelqu'un qu'on impressionne facilement et ce n'était pas forcément une qualité, au fond. Décidément, Eldrid me rappelait beaucoup de choses. En plus d'être couverte de dessins, comme mes proches, elle était suédoise comme la meilleure amie de mon père; qui est aussi accessoirement comme une mère spirituelle pour moi. Je souris d'avantage en entendant la nouvelle. « J'aime encore plus ton prénom en sachant sa signification et sa provenance. Une amie proche de ma famille est suédoise elle aussi. » Je décide de la prendre par le bras. Peut-être que c'est un peu rapide pour en arriver au contact physique mais je suis une fille tactile. Qui sait, elle flippera un peu moins comme ça. « Je suppose que tu crois aux fantômes si tu dis ça, pas vrai ? Moi, ça me rend plutôt curieuse ces choses-là. » C'était sûrement à cause du travail de mon père que j'avais développé une curiosité démesurée pour les questions laissées sans réponses et c'est sans compter les tonnes d'histoires qu'il me racontait lorsque j'étais gamine.

« J'aime encore plus ton prénom en sachant sa signification et sa provenance. Une amie proche de ma famille est suédoise elle aussi. » J'haussai les sourcils, surprise. Ça, ça m'épatait à mort. J'ai quasi de l'autre côté du monde par rapport à mon pays maternel, et paf, je rencontrais une fille avec une amie suédoise. C'était l'une des magies de Gold Coast. Elle m'attrapa le bras, et je ne dis rien. J'étais assez tactile aussi. Et si cette fille faisait ça, soit elle en voulait à mon compte en banque (fort maigre malheureusement), soit elle était parfaitement vraie avec moi, et je ne pouvait que la saluer pour ça. - Nan, les fantômes, c'est comme Dieu, je préfère ne pas y croire parce que c'est mieux s'ils n'existent pas. Mais ça me reste dans un coin du crâne. En fait, je regarde beaucoup trop de films d'horreur. D'ailleurs... je tendis ma main libre pour remettre les cheveux de Jon derrière son oreille, pour dégager son visage de mon côté ... j'ai été traumatisé par Samara, la ptiote de the ring. Même si le film est pitoyable.

J'observais son expression étonnée en lui souriant de façon enjouée. À vrai dire, j'avais de la chance d'avoir évolué dans un mélange de culture assez impressionnant et le fait de voyager m'a fait connaître beaucoup de monde mais à mes yeux, il n'y avait rien d'étonnant. Cela faisait simplement partie de ma vie. Je ne savais pas exactement combien de temps j'allais rester dans le coin. J'étais partie sur un coup de tête, sans avertir personne mais je restais en contact avec mon père via internet ou sms. Il savait où j'étais et c'était l'essentiel pour lui. Il ne m'a jamais enfermé dans une cage dorée. Pourtant, il aurait pu. Le fait que je la prenne par le bras ne semblait pas la déranger, j'étais plutôt rassurée. Je savais que certaines personnes ne supportaient pas qu'on s'approche un peu trop près d'eux mais ce n'était pas comme si j'étais une dangereuse psychopathe qui s'apprêtait à risquer sa liberté pour aller derrière les barreaux en leur foutant une balle dans la tête. « Nan, les fantômes, c'est comme Dieu, je préfère ne pas y croire parce que c'est mieux s'ils n'existent pas. Mais ça me reste dans un coin du crâne. En fait, je regarde beaucoup trop de films d'horreur. D'ailleurs... » Elle a arrêté de parler quelques secondes pour dégager mon visage en calant quelques mèches de mes cheveux derrière mon oreille. Je l'ai laissé faire en tournant mon visage vers le sien à ce contact et en marchant toujours. « ... j'ai été traumatisé par Samara, la ptiote de the ring. Même si le film est pitoyable. » Je réfléchissais quelques secondes à ses paroles en terminant ma cigarette pour la balancer par terre. « Moi et la religion, ça fait deux. » J'expire la nicotine d'un souffle et reporte à nouveau mon regard sur Eldrid. « Samara était pas mal, c'est vrai. J'aime bien les films d'horreur parce que la plupart me font rire. » Faut croire que faire la conversation, ça élimine un peu l'inquiétude. Mes pas m'emmenaient toujours alors que mon esprit se dispersait un peu vers des choses que je croyais enterrées. « Tu as quel âge au fait, El ?  »

« Moi et la religion, ça fait deux. » Je souris en coin. J'avais pas dit "religion", mais "dieu". La première inspire la haine, le deuxième la paix. Selon moi. Mais je gardai la remarque pour moi, les discussions théologiques me fatiguaient. « Samara était pas mal, c'est vrai. J'aime bien les films d'horreur parce que la plupart me font rire. » - Ah, moi aussi. Mais après, pas pendant... Sauf quand tu hurle de peur parce que la minuterie pour la cuisson des œufs durs sonne. Je ris un peu nerveusement. Ici non plus, ils ne me faisait pas trop rire. Heureusement qu'elle était là quand même. Et qu'il y avait pas de gars masqués qui te suivent. J'urais fait une crise d'angoisse à tous les coups. Pauvre Jon. « Tu as quel âge au fait, El ?  » J'eus un soupire pseudo désespéré. - 24! J'suis une vieille par rapport à tous ceux que je rencontre ici, je te raconte pas! Dis-moi que t'en as pas 19! Je lui lançai un regard pseudo suspicieux, avec un sourire.

« Ah, moi aussi. Mais après, pas pendant... » J'ai ris légèrement à sa réponse. Je trouvais que sa réaction par rapport aux films d'horreur était amusante et peu commune. J'en avais vu des tonnes et ça ne m'avait jamais terrorisé. Pourtant j'ai peur du noir lorsque je suis dans ma chambre. Assez ironique, non ? Mais j'avais plusieurs théories à ce sujet. Je me disais que si j'avais peur du noir, c'est uniquement parce que j'ai peur de la noirceur de mes idées lorsque je suis seule. J'ai vingt-trois ans mais ça ne m'empêche pas de dormir avec la lampe de chevet allumée. La blonde soupire de façon un peu blasé à ma question. J'en déduis que ça ne lui plaît pas trop de dire son âge, je souris en attendant sa réponse. « 24! J'suis une vieille par rapport à tous ceux que je rencontre ici, je te raconte pas! Dis-moi que t'en as pas 19! » J'aimerais bien les avoir ces dix-neuf ans. Le temps passe trop vite et je me sens parfois pas capable d'agir en tant qu'adulte responsable, ça me saoule tellement ces conneries. Je garde le silence un moment, en fixant l'horizon tout en ne laissant pas mon rictus disparaître. « Vingt-trois ans. Eh ouais, déjà. Je donnerais tout pour avoir dix-neuf ans à nouveau. Je déteste vieillir ! » Pourtant, on ne peut pas dire que ce soit un âge où la sagesse est de mise mais tout de même, je refuse de voir le temps me voler ma jeunesse.

« Vingt-trois ans. Eh ouais, déjà. Je donnerais tout pour avoir dix-neuf ans à nouveau. Je déteste vieillir ! » J'haussai à nouveau les sourcils dans un spasme, et ne put retenir un bref rire fort peu sympathique. Oups. Je lançais un sourire plus doux à Jon, histoire qu'elle ne pense pas que c'était adressé à elle. Tant de mépris. - Oué ça dépend. 19 avec cette vie oui, 19 avec celle que j'avais, sans façon. Avant, je voyais ma vie parfaitement dessinée jusqu'à la tombe et je disais amen à tout. Maintenant, je voyais à peine jusque demain, et je disais plus souvent fuck qu'amen. Mais c'était cette deuxième vie qui me convenait parfaitement. Mais bon, ce n'était eut-être pas le cas de Jon. Nous n'étions pas tous égaux dans la vie. - En tout cas, 20 ou 21 c'est mieux, hstoire de pouvoir picoler légalement dans n'importe quel pays sinon ça cr... Je le figeais brusquement, tous les sens en alerte. - ça a craqué au-dessus, nan? J'avais une sainte horreur des planchers qui craquent.

J'écoutais sa réaction en marchant encore dans la pénombre de cette maison qui respirait le faux. Peut-être que nous n'avions pas le même point de vue. Pas la même vie non plus, c'est certain. « Oué ça dépend. 19 avec cette vie oui, 19 avec celle que j'avais, sans façon. » Voilà qui confirmait mes pensées. Je me demandais en vérité si j'avais bien raison. Cette année, je venais de retrouver ma mère. Si j'aurais fait un aller sans retour dans le temps, je ne l'aurais pas connu et j'aurais toujours la tristesse de son absence à l'intérieur, qui résonne constamment. Changer d'avis comme on change de sous-vêtements, oui, je suis une adepte. « En tout cas, 20 ou 21 c'est mieux, hstoire de pouvoir picoler légalement dans n'importe quel pays sinon ça cr... » Elle s'est bloquée, d'un coup net. Comme si un mec derrière sa télé avait appuyé sur le bouton pause de sa télécommande. Je l'ai regardé en étant un peu intriguée. « ça a craqué au-dessus, nan? » J'ai pouffé de rire. L'instant d'une seconde, j'ai cru qu'il lui arrivait quelque chose de grave. « Dis-toi que c'est fait exprès, il y a des mecs là-haut qui sont payés pour faire craquer le plancher, tu sais. » C'était sûr mais apparemment, ils faisaient bien leur boulot. « Tu préfères qu'on reste là, à attendre qu'un mec sorte en hurlant avec une hache en main ou bien continuer à marcher pour rejoindre la civilisation ? » Je continuais à rire un peu en la taquinant gentiment parce que je pouvais pas m'en empêcher après tout.

« Dis-toi que c'est fait exprès, il y a des mecs là-haut qui sont payés pour faire craquer le plancher, tu sais. » Je souris faiblement. La dernière fois que j'avais fais une maison hantée en Europe, je savais parfaitement bien que c'était des gars moins effrayant que moi au naturel qui étaient sous les masques. N'empêche que je ne me souviens pas de la fin, sauf de quand j'étais allongée par terre dehors avec des gens inquiets autour de moi. Bref. Je souris un peu plus à sa seconde remarque et lui donnai un gentil coup de coude avant de me remettre à avancer. - Il n'y a pas de thérapie de groupe, pas de cure psychanalytique, pas d'assistance sociale prévues pour le gosse qui doit, nuit après nuit, affronter seul la menace obscure de toutes ces choses qu'on ne voit pas mais qui sont là, prêtes à bondir, sous le lit, dans la cave, partout où l'œil ne peut percer le noir. L'unique voie de salut, c'est la sclérose de l'imagination, autrement dit le passage à l'état adulte. Je récitai. Un peu comme une prière, me pardonnant ma psychose, me permettant peut-être de ne pas être une vraie adulte. Je souris enfin plus franchement à Jon. - Stephen King. Non, non, ce n'étais pas de moi.

La réalité avait brisé mes rêves et mon innocence par la même occasion. J'étais trop terre-à-terre pour frémir au craquement d'une branche, pour hurler parce que quelqu'un a décidé de me prendre par surprise dans un endroit peu rassurant. Ma maladie à moi, c'était d'avoir les yeux trop ouverts. Je n'ai jamais compris pourquoi je me sentais aussi invincible, pourquoi j'étais aussi hermétique au danger. Mon père m'a souvent dit que ça pouvait être dangereux, que ça diluait l'instinct de survie dans une fausse assurance qu'on prend pour vérité mais je ne me comprenais pas moi-même. J'étais mon plus grand mystère. Finalement, après m'avoir sourit, elle s'est mise à continuer son chemin en m'emmenant avec elle. « Il n'y a pas de thérapie de groupe, pas de cure psychanalytique, pas d'assistance sociale prévues pour le gosse qui doit, nuit après nuit, affronter seul la menace obscure de toutes ces choses qu'on ne voit pas mais qui sont là, prêtes à bondir, sous le lit, dans la cave, partout où l'œil ne peut percer le noir. L'unique voie de salut, c'est la sclérose de l'imagination, autrement dit le passage à l'état adulte. » C'était comme si elle avait lu dans mes pensées. Comme si ce court résumé expliquait toute la situation qui me paraissait indescriptible avec les mots. L'imagination était devenue avec le temps une source d'illusions qui m'avait autant bercé que heurté. C'était ma mère que j'avais toujours imaginé et qui n'était jamais venue me consoler. Durant toutes ces années, celles où j'avais le plus besoin d'elle, je n'avais fait que l'imaginer. Mais dans le noir qui m'effrayait tellement, il n'y a toujours eu que les bras de mon père autour de moi. Juste les siens. L'imagination s'est effritée. J'ai grandi trop vite car j'avais l'impression que l'absence de ma génitrice m'avait volé le droit d'être une enfant. « Stephen King. » Peut-être qu'au final, c'était la différence qu'il y avait entre nous. Eldrid avait gardé en elle cette part d'enfance que j'ai décidé de tuer. « Eh bien.. Je suis impressionnée. J'ai failli croire que tu étais télépathe. »

« Eh bien.. Je suis impressionnée. J'ai failli croire que tu étais télépathe. » J'haussai les épaules, mais souris. J'étais une philosophe de salle de bain. C'était en partie pour ça que mes factures d'eau étaient aussi terrifiantes. - C'est le mal de notre époque. La structures familiales ne tiennent plus debout et on est bombardés de virtuel, alors on grandit trop tôt, trop, tard, ou mal. Faut faire comme on peut. Je souris en coin, et me mise à rire sérieusement. - Quel lieu parfait pour un peu de philo! Tu m'inspires dis-donc! Bon on va pas déprimer, c'est suffisamment lugubre comme ça ici. T'vas voir on va finir par se pendre sinon et ce sont nos fantômes qui vont foutre la trouille aux futurs visiteurs! Même si l'idée me plaisait bien. Mais plus tard. Bien plus tard. Et quand j'aurais la confirmation que les fantômes existent. Je n'étais pas folle à ce point non plus. Je jetai ma clope, et renvoyais mes cheveux en arrière, prête à puncher la gueule du premier zombie qui se pointe. Pour les 30 prochaines secondes en tout cas.

« C'est le mal de notre époque. La structures familiales ne tiennent plus debout et on est bombardés de virtuel, alors on grandit trop tôt, trop, tard, ou mal. Faut faire comme on peut. » Je hochais positivement de la tête pour simple réponse. Je n'étais pas réellement bien placée pour le savoir. À part l'absence d'une mère, je n'ai manqué de rien. « Quel lieu parfait pour un peu de philo! Tu m'inspires dis-donc! Bon on va pas déprimer, c'est suffisamment lugubre comme ça ici. T'vas voir on va finir par se pendre sinon et ce sont nos fantômes qui vont foutre la trouille aux futurs visiteurs! » J'ai ris sincèrement cette fois et mes pensées trop grises se sont envolées aussi rapidement qu'elles étaient apparues. Après tout, j'avais débarqué en Australie pour me changer les idées. Pas pour me morfondre dans mon coin. J'espérais simplement y arriver. J'ai continué à marcher en prenant un air de détermination. « T'inquiètes, je suis du genre à faire peur aux monstres moi. » Il y avait des bruits étranges qui sortaient d'un peu partout. Je m'attendais à ce qu'un truc apparaisse brusquement mais rien. « Et là, un truc est censé sortir de nulle part sauvagement, non ? » Je tourne mon visage vers Eldrid à nouveau en la questionnant du regard. « Je t'interdis de tomber dans les pommes ! »

« T'inquiètes, je suis du genre à faire peur aux monstres moi. » Je souris en coin. Ça, je n'en doute pas. Elle m'a bien bien l'air d'être de ce genre-là. Mais je ne doute pas aussi qu'il y a des jours où ça doit être triste d'être aussi... je ne sais pas quoi en fait. Parce que c'est pas de la force. Bref. De toute façon, mes brèves élucubrations furent vite interrompues par de niveau bruit. « Je t'interdis de tomber dans les pommes ! » Je la regarde, et lui souris un peu. Crispée. Je ne tombais jamais dans les pommes pour ça. Je faisais juste ce que je suis en train de faire. Je mets une partie de mon cerveau en veille, me répétant différentes phrases plus ou moins en rapport avec la situation, et je guette. Limite je deviens nyctalope, tu sais. - Nan, nan... 'tain ça me rappelle quand je rentrai chez moi à 3-4h du mat' sur les routes de Suède... Je n'aimais que les autoroutes la nuit. Au moins t'es sûr de ne pas te faire attaquée. Ahrem. - Si quelqu'un nous saute dessus, attrape moi avant que je l'attaque, que j'évite le procès...

« Nan, nan... 'tain ça me rappelle quand je rentrai chez moi à 3-4h du mat' sur les routes de Suède... » Je trouvais l'endroit plutôt grand en réalité et je me demandais combien de temps ça leur avait pris en tout pour installer toutes leurs conneries. J'écoutais Eldrid en marchant toujours, tout en fouillant l'obscurité du regard comme si j'allais y découvrir la farce mais au final, il n'y avait rien d'alarmant. En tout cas pour moi. « Ah ouais ? Pourquoi donc ? » Je l'interroge du regard, tout en me demandant si c'était un beau pays, la Suède. Je n'y avais jamais mis les pieds et pourtant, j'en ai vu des paysages. « Si quelqu'un nous saute dessus, attrape moi avant que je l'attaque, que j'évite le procès... » Finalement, je me faisais peut-être du soucis pour rien. J'ai lâché un rire bref suite à sa réponse. « Sans problèmes. »

« Ah ouais ? Pourquoi donc ? » - Eh bien parce que c'est vide et calme et que t'attends que quelque chose te tombe sur la tronche. Ce qu'il y a de bien c'est que je ne risque pas de s'endormir au volant, la nuit. « Sans problèmes. » Bon, ça dépendait des jours, hein. Des fois, j'ai le réflexe de faire quelque chose, des fois pas. On avance. Ça craque. Je sursaute. Je m'apprête à grogner, agacée. Et un truc sors du mur, à côté de moi. Par réflexe, je lui fous un gris direct, du droit. Et après je cris. Si, si dans cette ordre là. Et mon cri de peur se transforme en crie de douleur. Parce que ce n'est pas organique ce dans quoi je viens de frapper et ça fait mal. - Put' de merde... Je mets mon poing dans la bouche et vérifie. J'ai les phalanges déglinguées. - Bah bravo.