La disque est rayée ; en fait, ça fait vingt bonne minutes que Olaf est là, enroulés de tout ces draps, à écouter le bruit cassé de son disque préféré. Il est mort, Elvis Presley. Le disque a rendu l'âme. Alors Olaf est là, comme ça, si nu sous son plaid Pocahontas, et il attend dans le noir ; le noir, ça fait bien, pour le deuil d'un disque assez vieux. Il a allumé quelques chandelles, d'ailleurs, parfumées toutes autant qu'elles sont. Il observe la flamme de blanche-neige qui danse, la cire lui coulant sur les traits. Elle est un peu défigurée, la belle ; le prince ne voudra plus d'elle. Il se dit ça, le pauvre petit, lorsque des coups se font entendre, à la porte de la boutique. Le soleil est près du sol, et la rue est noire de nuit, et noire de gens, aussi. Olaf fait de petits pas, pour aller vers la porte, et sortant un peu son bras du plaid - dans un mouvement étrange, pour bien rester dans son cocon - il ouvre la porte. Il a une moue, sur les lèvres, le regard dur, pourtant. « Elvis est mort. » Ça tombe comme une sentence, une fatalité. Olaf a besoin d'une soirée de fille, pour retrouver le sourire.

Plantée devant la porte de la friperie tu attends qu’Olaf vienne t’ouvrir, tu tapes quelques coups puis le voilà enfin, droit comme un piquée, une tête d’endeuiller, son plaid pocahontas autour de la taille tu supposes qu’en dessous il n’y a rien et ça te fais rire parce qu’il a toujours eu ce grain de folie qui le rend à part, parce que ouais Olaf c’est pas monsieur tout le monde, il en est d’ailleurs bien loin. « .. mais ça fait longtemps qu’il est mort elvis » ouais faut dire que tu comprends pas tout à fait ce qu’il se passe dans la tête de ton ami « t’as vraiment l’air mal, une soirée entre fille ? » n’importe quel autre mec t’aurais envoyé chier mais pas Olaf parce qu’Olaf il se met du vernis des fois pour rigoler, parce que Olaf il aime le rose, Olaf c’est un mec à part.

Olaf a les yeux grands, lorsqu'elle dit qu'il est mort depuis longtemps, le king. Il observe son vinyl qui tourne dans le vide, encore, dans un grincement quelconque. Il est sourd, alors ? Il écoute un disque foutu depuis des années sans le savoir ? Il lui faut quelques secondes, pour comprendre, et hocher de la tête. Oh ! Ah oui, c'est vrai. Le roi est mort, vive le roi. Olaf hoche de la tête. « oui, soir de filles. » Il hoche de la tête encore, avant de se pousser, laissant place à Bambi. Il fait des petits pas, ensuite, encore, pour fermer la porte, et essayer de la verrouiller. Peine perdue. Olaf couine, indigné. Il s'agite un peu ; le plaid se pousse, glisse contre ses jambes. Il fait froid, là, tout en bas, d'un coup. « Ah ! » Olaf se tourne rapidement vers Bambi, pour voir si elle a vu, et puis il se laisse tomber comme une merde, contre le sol, car c'est plus rapide, comme ça. Entouré de son nid de drap, les fesses glacées par le plancher froid, il dit, tout bonnement. « J'ai acheté de nouvelles vernis. » Il sourit, angélique, avant de se dandiner un peu, en essayant de se relever sans tout dévoiler.

Olaf c’est ce mec qu’on a envie de prendre dans ses bras tant il dégage de la douceur, on dirait un enfant qui a trop vite grandi, cette inocence, cette naïveté, des fois t’as l’impression d’être en face de ton double masculin avec beaucoup plus de folie et c’est peut-être pour ça que tu t’entends si bien avec lui. « et puiiiiiis, j’ai ramené des chamallows. » si y a un truc que tu trouves tout bonnement adorable chez Olaf c’est sa façon de parler, parce qu’il n’est pas d’ici et qu’il a encore un peu de mal avec votre langue. Il est devant toi quand son plaid se fait la malle, t’y prête pas plus attention que ça, c’est Olaf. Tu le regardes allongé au sol, le cul nu avec ses draps, tu poses ton sac en riant « ça va ? ». Tu t’installes à côté de lui, en tailleur, sortant les chamallows, « oh ? vrai ? quelles couleurs ? » vous avez un faible pour les vernis, tu prends un malin plaisir à lui peinturlurer les orteils.

Le rire de Bambi est doux, délicat et tendre, contre ses oreilles. Olaf sourit de toutes ses dents, ému, touché. Elle est belle, Bambi; elle lui donne envie d'adopter un cerf, ou un truc du genre,  peu importe le nom que ça porte. Il a envie de lui faire des tresses, avec des fleurs blanches, et puis de lui vernir les ongles. Il hoche de la tête, un sourire innocent sur les lèvres, pour lui répondre que oui, ça va. Tout va bien, il ne s'est pas fait mal. Olaf abandonne de se redresser, car la belle est là, toute à côté. Il a des étoiles dans les yeux ; elle est si bonne, avec lui. Il est presque ému, lorsqu'il voit les chamallows. « pour moi ? » qu'il dit, comme un enfant trop innocent. Il n'attend pas la réponse, et puis en prend quelques uns, avant de les mettre dans sa bouche. « mauveuh et rouse » il ricane, tout bas, manque de s'étouffer avec la nourriture, en fait, et avale complètement. « mauve et rose » qu'il ajoute, encore, les joues un peu rouges d'avoir passer si prêt de la mort, et les yeux larmoyants un peu. « tu - un laid de hm.. un verre de lait ? » il a la gorge séchée, le pauvre petit.

Un sourire qui ravive les cœurs, c’est ça le sourire d’Olaf, il est pas du genre à sourire à moitié, de toute façon Olaf il ramène la bonne humeur partout où il va parce qu’on est obligé de sourire quand on le voit. Ses cheveux en bataille, son sourire innocent. Il n’a pas l’air de s’être fait mal et c’est tant mieux et comme tu l’avais deviné tes paroles ne sont pas allée dans l’oreille d’un sourd « oui pour toi, tout pour toi. » tu souris, un sourire plein de douceur. Il parle la bouche pleine et ça te rire, jusqu’au moment où il manque de s’étouffer, t’écarquilles les yeux sans savoir vraiment quoi faire puis ça se termine aussi vite que c’est arrivé « oh c’est joli, moi aussi j’en ai un rose et tu sais quoi ? » tu laisses quelques instants de suspens pendant que tu cherches dans ton sac le dit vernis « il sent la fraise » lance tu en montrant fièrement le flacon. « oh ouiii, du lait, j’veux bien. » tu souris de toutes tes dents les yeux mi-clos.

Olaf fait la moue ; il a pas été compris, encore une fois. Peu importe, qu'il se dit. Il sourit de nouveau, l'instant passé. Impossible d'en vouloir à Bambi, il parle comme un idiot, après tout. Olaf gigote, alors, pour le lait. Il essaie de se lever sans offrir la pleine lune à Bambi et du coup bah... le pauvre, il la lui offre. Rouge, il essaie de faire comme si rien n'était tout enroulé dans son plaid, manque de tomber dans les escaliers, et puis arrive enfin tout en haut, dans son appartement. Il prend sa pinte de lait - la sexy, magnifique où il a dessiner un merveilleux sourire, avec son crayon permanent - et puis va rejoindre Bambi de nouveau. Il a oublié les verres ; qu'importe. Ils boiront à la bouteille. « je voule - veux ? » Il fronce des sourcils, sourit, se reprend. « je veux sentir la fraise. » De sous son plaid, il agite ses doigts de pied.

Il se lève et t’offre sa lune, tu peux pas t’empêcher de rire parce que la situation et cocasse, il faut se l’avouer. Tu le regardes monter les escaliers tant bien que mal, plus mal que bien, son plaid autour de la taille, puis redescend avec la brique de lait. Tu regardes la brique et tu souris, un aussi beau sourire qu’il y a de dessiné. Il a l’air intéréssé par ton vernis alors tu lui tends, il a de ces mimiques qui te feraient mourir de rire, comme un enfant, il tortille des orteils, il est heureux. « t’aimerais en avoir sur les orteils ? » affichant un grand sourire, arquant un sourcil en riant. tu le sais. tu le connais. simplement l’idée d’avoir un vernis à la fraise le ravi. c’est un peu votre rituel, les cabanes, les vernis, les soirées de filles.