Je la vis froncer les sourcils, comme si elle n'avait pas vraiment compris ce que je lui montrai. Et là, elle fit un bond en arrière digne d'un chat acrobate affolé. Ce qui me fit sursauter, et l'eau de la louche vacilla dangereusement. Elle cria quelque chose, pas vraiment français, mais qui voulait clairement dire : Loin de moi cette horreur. Mince alors ! Je n'aurai pas cru qu'elle aurait eu peur de mes triops, ce sont que de petites crevettes après tout... Oh, désolé, désolé ! Dis-je précipitamment en reculant avec ma louche, que je finis par mettre dans un bac à côté de l'aquarium. Je savais pas que tu avais peur de mes triops... Euh, désolé vraiment. Je m'en voulais maintenant de lui avoir montré mes triops, je ne voulais pas lui faire peur, à Aurora.

Une fois que j'eus mis la louche de côté, elle sourit (magnifique sourire !) et m'assura que tout allais bien. Je n'en étais pas convaincu mais je lui souris à mon tour. Puis, elle me demanda depuis combien de temps j'avais mes triops. La question m'étonna, je croyais qu'elle ne voudrait plus entendre parler de ceux-ci. Depuis un mois environs. Je ne voulais pas que notre discution s'arrêta là (mais aussi parce que c'était l'heure du goûter et que d'ici deux minutes mon ventre allait crier famine), alors je lui demanda Ca te dis de manger quelque chose ? J'attendais sa réponse, près à me diriger vers la pièce principale qui rassemblait le salon et la cuisine.

Une fois que nous étions dans la pièce principale, j'enjambai les livres éparpillés aux sols avant de réussir à atteindre le petit espace cuisine. J'ouvris les placards et fis la moue : Pourquoi n'avais-je pas acheté des choses à manger pendant que j'étais aux courses ? Quel imbécile j'étais parfois ! Je maugréai avant de me retourner vers Aurora avec un petit sourire désolé. Puis j'eu une idée. Ca te dis qu'on fasse un gâteau ? lui proposai-je, mon sourire aussitôt revenu.

Et voilà, encore une gaffe. Pourquoi lui avais-je proposé de faire un gateau alors que je ne savais même pas cuisiner ? Rien que mettre un plat surgelé au four sans qu'il ne finisse en cendre relevait de l'exploit, alors faire un gâteau... Hum... Je sais pas, tu aimes quoi comme gâteau ? Espérons qu'elle ne me sorte pas un truc compliqué à faire.

Spoiler:

Elle me retourna ma question. Bon, le gâteau que je préférais était le mille feuille, mais autant dire que c'était impossible à faire. Je choisis alors quelque chose de simple : Des crêpes, ça te dis ? J'espère qu'elle connait la recette (et qu'elle aime les crêpes), car je n'en ai pas fait depuis mes huit ans, je crois...

Je ris lorsqu'elle dit "les crêpeees" à la manière d'un enfant. C'était adorable. J'étais vraiment content que mon idée lui plaise. Mais là, je la vis hésiter avant de me demander si j'avais la recette. Je regardai quelques secondes au sol, comme si j'allais y trouver cette recette, puis je croisai à nouveau son regard, en haussant les épaules. Pas vraiment. On a qu'à regarder sur l'ordi si on en trouve une ?

Je sortais ce qu'elle me dictait. Les oeufs, ok. Lait, sel, beurre et sachet de sucre vanillé c'était bon. Je finis par prendre le sachet de farine et le déposai sur la table. Je remontais mes manches et passais mes mains sous l'eau pour les nettoyer, surtout que je venais de toucher aux triops. Je tournais ma tête dans sa direction. Viens, on cuisinera à deux ça sera plus cool. Lui dis-je en lui souriant. Une fois nos mains lavées, j'attrapai un assez grand récipient pour y faire la pâte et le posai sur la table. Sur la recette, il disait qu'il fallait d'abord mélanger la farine et les oeufs. Je commençai par prendre le sachet de farine, retardant le moment où je devrai casser les oeufs, chose que je n'avais jamais réussi à faire. Je pris donc le sachet, Aurora à côté de moi, regardant ce que je faisais. Elle devait bien remarquer que la cuisine c'était pas mon truc. Et je retournais d'un coup le sachet dans le récipient. Sauf que j'avais oublié un léger détail : La farine, ça se verse petit à petit, pas d'un coup sinon ça volle de partout. J'en avais plein le visage et les cheveux, et Aurora aussi. J'ouvris grand les yeux et virai au rouge tomate, me rendant compte de ma boulette. Oups. Hum, euh... Désolé.

Aurora retirait la farine qui recouvrait ses jolis cheveux blonds. On aurait dit que ses yeux étaient deux pépites de chocolat lorsqu'elle riait, c'était vraiment mignon. Je chassais aussitôt cette pensée de ma tête et passais ma main dans mes cheveux, pour enlever une partie de la farine qui y avait atterrit. Je voyais Aurora continuer à enlever la farine sur son visage. Elle en avait beaucoup plus que moi. Et je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais ma main se retrouva contre sa joue pour l'aider à enlever la farine. Mon dieu que sa peau était douce ! On aurait dit une peau de bébé ! Mais aussitôt j'enlevai ma main, de peur qu'elle ait mal interprété mon geste et me retournais pour cacher le rouge de mes joues. Aussitôt, je trouvais un sujet de conversation pour combler le silence. Je pense que les 250g de farine y sont, dis-je en regardant le récipient. Les oeufs maintenant. Je lui tendis le premier, en faisant attention de ne pas croiser son regard ni de toucher ses mains. Et puis, comme ça, je pourrai voir comment elle fait pour les casser sans les broyer et sans laisser de coquille dans le liquide.

Comment faisait-elle pour casser les oeufs comme une pro ? J'allais jamais y arriver. J'essayais de mémoriser les mouvements de ses doigts fins, la manière dont elle les mettait, mais je me sentais incapable de reproduire cela. Je pris tout de même l'oeuf qu'elle me tendis. Je n'allais quand même pas lui demander de me casser tout les oeufs car je ne savais pas le faire ! Je me concentrai et tapotai l'oeuf contre le rebord du saladier, de la même manière qu'elle. Je dus taper au moins quatre fois contre avant qu'il ne se fissure, car j'avais peur de le casser en entier. Mais la première étape était réussie. Je soufflais de soulagement et plissais les sourcils, chose que je faisais souvent pour me concentrer. Je n'imaginais pas que casser un oeuf pouvait être plus compliqué que de comprendre un cours de physique en anglais ! Et là, j'ouvris l'oeuf... qui finit en miette dans mes mains, avec des coquilles partout dans le liquide. Mince ! Je pris une coquille, pour partir à la recherche des bouts perdus. Une fois que j'eus réussi à tous les attraper, je me retournai vers Aurora et lui fis un petit sourire désolé. Désolé, je crois que je suis vraiment pas doué pour casser les oeufs.