prénom : Luciana nom : McKellan. nationalité : Australo-américaine. âge : 21 ans scolarité : Etudiante en droit métier : Modèle famille : Fille unique. orientation sexuelle : Hétéro-sexuelle statut matrimonial : Célibataire.
"- Comment vous appelez-vous?
-Luciana McKellan.
-Quel âge avez-vous?
-J'ai 17 ans.
-Où habitez vous?
-A Manhattan.
-Très bien. Êtes vous consciente de ce que cet interrogatoire implique? Vous allez être confrontée à de nombreuses questions, et si vous êtes innocente, alors il n'est pas question de s'inquiéter, s'énerver contre l'agent de police ou encore rester silencieuse.
-Je comprends."
Je tournais la tête vers la vitre où je voyais mon reflet, mais où je savais qu'ils étaient là, à m'épier de façon indiscrète, à me juger, à analyser le moindre mot, la moindre phrase que j'emploierais, et alors je sentis un vent de panique monter en moi, comme si avant même d'entendre la sentence j'étais déjà derrière des barreaux de prison. Mais pourquoi cela? Je savais que je n'avais rien fait, que je n'avais rien à faire dans tout ça, et pourtant, j'étais là, pétrifiée et à la fois sonnée de ce qui venait de se passer 3 heures et 17 minutes plus tôt. Mais bon sang, où était mon père?
Je m'appelle Luciana McKellan, j'ai aujourd'hui 21 ans, fille d'une directrice d'un journal de mode et people, et d'un avocat des affaires sur le marché des nouvelles technologies. Comme vous devez le deviner, je ne suis pas d'une famille "pauvre", surtout qu'a Manhattan, la richesse faisait tout. J'y suis née, le 12 Janvier 1993, et heureusement pour moi, j'étais la bienvenue. Je n'ai ni frère ni soeur, ce qui a fait de moi la petite chérie, le petit trésor familial, la petite poupée blonde aux dents du bonheur et à l'avenir prometteur. Mais, à quoi bon vous raconter mon enfance, sachant qu'elle ne fut que ce qu'il n'y a de plus ordinaire, l'enfance d'une petite fille riche et aimée, bonne à l'école, aimant les barbies et les jolies robes, les goûters d'anniversaire et les après-midi avec les copines de classe (ou de familles de même rang avec lesquelles on assistait aux rallyes), toutefois aimable, pas vraiment peste, sociable et surtout insouciante.
Car pour vous raconter mon histoire, je dois en effet vous relater les faits de ce 28 Novembre 2010, à Manhattan, dans ma maison, dans la chambre de mes parents, à 22 heures 13.
J'avais alors 17 ans, un âge qui pour moi fut un petit cap ;car même si j'avais eu des petits copains, de bons résultats, une bande d'amis fidèles et présents, j'allais surtout bientôt entrer à l'université, j'allais goûter à de nouvelles choses, découvrir de nouvelles personnes qui n'étaient plus du privé ou de mon milieu social ; plus qu'une année, et j'allais enfin vivre. J'étais plus qu'impatiente, j'étais même lassée du lycée. Mais cependant, je n'en oubliais pas de profiter de ces derniers moments de travail plus facile, moins dense à mon goût, et je profitais de ma vie de famille.
Bref. Ce 22 Novembre-là, fut un tournant dans ma vie, qu'il m'est difficile d'évoquer, mais qui est indispensable pour comprendre qui je suis, ce que je suis devenue. Je rentrais d'une soirée "posée" avec des amis, post-cours, comme très souvent. Ah, l'hiver! Je me souviens même avoir tenté 9 fois de rentrer la clé dans la serrure tant mes mains étaient gelées, mais là n'est pas le plus important. Quand je suis entrée dans la villa qu'était ma maison, j'ai été surprise du vide, du froid et de l'obscurité qui s'en dégageait. Ce fut comme si j'avais eu un mauvais pressentiment. J'ai appelé ma mère à plusieurs reprises; à 22 heures, elle était forcément rentrée du travail. Je gravis dès lors les marches quatre à quatre, marches qui menaient à un couloir qui me guida jusque sa chambre, où la lumière était allumée. Et là, je vous jure que j'aimerais mieux que ces souvenirs sortent de ma tête, mais maintenant que je me suis lancée, autant que j'en finisse avec cette histoire.
Ma mère était bel et bien rentrée du travail. Ma maison était bel et bien sombre et glaciale. Mais ma tête, à moi, me brûla si fort, lorsque cette macabre découverte s'offrit à moi. Ma mère, gisant dans son sang, une blessure à l'arrière du crâne, sur son lit, à moitié déshabillée. J'eus comme l'impression que le sang maculait cette pièce, et l'odeur me montant à la tête me rendit hystérique, si bien que je me jetais sur le corps de ma mère, la secouant pour qu'elle se réveille, laissant le sang imbiber mes habits et mes mains, laissant mes larmes tomber sur ses cheveux et des cris déchirant me traverser la gorge en manquant de ruiner mes cordes vocales. Vous savez, dans ces moments là, vous appelez à l'aide, mais cette aide, vous savez qu'elle ne viendra pas. Mais BON SANG, où était mon père?
Et tout reprend par là où j'ai commencé, par ce fichu interrogatoire, et le cauchemar ne faisait que commencer. Moi, Luciana McKellan, était suspectée de meurtre ou de complicité de meurtre. Moi, qui avait un alibi qui pour eux était en papier car mes amis pouvaient me couvrir. Moi, qui n'avait que 17 ans, qui aimait ma mère comme jamais je ne pourrais aimer un parent, j'étais suspecte. Et mon père n'était pas là pour moi. Mon avocat non plus, il ne faisait que m'emmerder en me parlant comme si j'avais dix ans de moins, et en essayant de me rassurer. Je n'avais plus pleuré depuis 22h13, heure d'arrivée de la police. Je ne le pouvais plus. Je me l'interdisais à moi même, tellement j'étais dégoûtée de la vie, de la justice, des forces publiques, de tout.
Pourquoi suspectée? Je vous retourne la question. Ils estimaient que je n'étais qu'une pauvre gamine avare, et les femmes hypocrites qui soit disant étaient les amies de ma mère me blâmaient, m'accusaient de petite peste mauvaise et déformaient ma relation mère-fille dans leurs témoignages, tout cela parce qu'en réalité, elles étaient jalouses de NOTRE bonheur familial qui n'était pas gâché par notre situation financière tandis que chez elles, la relation à l'argent et la bonne impression faisaient la loi.
Mais bordel de merde, où était mon père? Telle était la question que je me suis posée jusqu'au lendemain à 7 heures et quelques, lorsqu'il débarqua comme une fleur au commissariat où l'on m'avait mise en garde à vue, me pris dans ses bras d'une manière si peu affective qu'un frisson me traversa le corps. J'ai depuis un sentiment de dégoût envers lui.
Pour ne plus paraître trop longue, l'affaire se conclut en un "non classé". J'ignore encore aujourd'hui qui a fait ça ; mon père a réussi à me sortir de cette mascarade (sans doute par des moyens financiers et ses "talents" de juriste), mais étrangement au jour d'aujourd'hui même si on à emménagé en 2011 à Gold Coast pour quitter tout ça, et même s'il essaye de se rattraper, je n'ai jamais vraiment pardonné à mon père d'avoir été absent sans que j'en sache les raisons
Je m'appelle Luciana McKellan, j'ai aujourd'hui 21 ans, et voici mon histoire. Même si j'ai mon petit job de modèle, je fais actuellement des études en droit qui s'expliquent tout naturellement, car j'ai une vision de la justice qui me laisse un goût si amer que j'ai ressenti le besoin d'entrer dans ce monde afin de me venger, de venger ma mère, de mettre de l'ordre, de me faire entendre dans mes plaidoiries, peu importe, de rendre la justice comme j'estime qu'elle devrait l'être, pour contrer cette hypocrisie. Et non pas pour faire comme mon père, comme le pensent la plupart de nos connaissances et proches familiaux.
Je masque cette part de moi en exprimant une certaine joie de vivre que j'avais eu à 17 ans, car comme le dit Anton Tchekov, « L’université développe tous les dons de l’homme, entre autres la bêtise. »