Rien, absolument plus rien dans les placards! J'étais trop deg, et surtout j'avais comme une crise de boulimie, une envie de manger tout c'que j'avais devant moi, de m’empiffrer avec tout et n'importe quoi! et là, après avoir fini le pot de crème de noisette qu'il y avait sous mon lit, j'me retrouvait avec cette envie si profonde en moi. C'était bien le comble, en étant colloc avec une fine pâtissière tien! Pas capable d'avoir même un œuf et de la farine pour faire des cèpes! J'avais pas besoin d'aller bien loin pour refaire le plein, deux à trois cents mètre plus loin, j'avais une belle épicerie qui comblerait tous mes désirs. Dans la rue, mon pas était tellement décidé, genre nana pressée qui a la dalle et que rien ne peut arrêter sur son passage. Dans ma tête, un "dégage" fusait à chaque personne qui se trouvait sur mon chemin... "Dégage, dégage, dégage", c'était en boucle!
Mais celui-là, j'avais pas eu l'temps d'le voir venir! Sale douleur, sale coup, souffrance et envie de pleurer! Putain! J'avais même pas capté que même mes lunettes avaient valsées. C'était seulement en les voyants entre ses mains que j'l'avais remarqué, d'ailleurs, j'lui repris assez violemment, genre là, il m'avait foutu la rage! Ça c'est à moi! genre, il voulait m'les piquer aussi?! Je levai les yeux pour pouvoir mieux le voir! Et en moins d'une seconde, je venais d'oublier ma douleur et ma colère. Oh my god! OH MY GOD ! Non, non non! Je m'approchai, touchai ses joues, ses oreilles, passai ma main dans ses cheveux, qui entre nous méritaient un bon coup de ciseau! J'y croyais pas!

Autour de moi les fous.
Mes pas traînent sur le trajet, errant dans les indénombrables ruelles de Gold Coast, je tente ainsi vainement de m'extirper de cette marée humaine pour rejoindre au plus vite le petit-café à l'angle de cette rue. Une maudite petite habitude,cette dose bienfaitrice de caféïne qui semble me permettre d'affronter la banalité quotidienne. Baissant un instant mes prunelles, je faisais ainsi abstraction des passants le temps d'une petite minute afin d'extirper l'un de mes tubes cancérigènes de mon paquet.A croire que le bout de cette rue me semblait si loin, si interminable que je ne pouvais m'empêcher d'accroître mes mauvaises habitudes. Mes doigts se faufilant habilement dans le fond d'une de mes poches, je devais alors me résoudre à la fatalité même que Dieu semblait résigné à me punir pour mes péchés de la nuit précédentes. J'avais terminé le paquet. Plus aucune dose de nicotine ne m'était mise à disposition, et bien évidement, j'avais dépassé le bureau de tabac depuis plus de vingt-minutes. A croire que le sort s'acharnait sur moi. Me frayant un chemin, me faufilant habilement dans cette marée humaine, il m'arrivait ainsi de frôler quelques épaules, bousculer quelques passants pour tenter d'atteindre au plus vite ce fameux café. Mon "havre de paix" au pleins coeur de Gold Coast. Et comme-ci les précédents aléas n'avaient pas suffit, une jeune-femme me percuta de pleins fouet. Lâchant un léger juron, je n'avais quant-à-moi pas réellement été bousculé dans cet acte et sans savoir comment ses lunettes avaient attéri entre mes doigts à son plus grand damne. Probablement par bonté d'âme, et pour la première fois de ma vie je m'apprêtais alors à m'abstenir d'un quelconque commentaire à l'égard de cette demoiselle. Du moins, jusqu'à ce que les doigts de cette jeune-inconnue ne viennent tâter les moindres traits de mon visage, palpant sans aucune gêne chaque parcelle de celui-ci « Oh my god! OH MY GOD ! Non, non non! » sous ses paroles, je ne pus m'empêcher de froncer instinctivement mes sourcils avant de me reculer de quelques pas pour me défaire de ses gestes. « On se connait ? » repris-je en venant ainsi pour la première fois émettre quelques mots à l'égard de la demoiselle, mon petit accent libanais se laissant sous-entendre dans l'intonation de mes paroles. Certes, j'aurais trés bien pus laisser cette demoiselle me tripoter encore un peu, mais il fallait croire qu'aujourd'hui je n'étais pas d'humeur pour ça.

Impossible de décrire ce sentiment, cette vague qui venait de m'envahir. J'étais  euphorique, en plein bonheur, un bien être total. Je l'avais retrouvé... c'était il y a 8 ans et pourtant il n'a tellement changé, je le reconnais si bien. Enfin, il était à présent un homme, et qu'il était beau! Un pas en arrière pour lui, un pas en avant pour moi. Mes mains se posaient à nouveau sur lui, sur ces épaules cette fois, sur son torse, et de nouveaux ses bras. C'est moi Hygie! Bon, okay j'ai peut être changé depuis le temps. j'ai pris du volume d'un peu partout, et j'suis surement un peu plus canon qu'avant! Non? Ouais, depuis le temps, j'pouvais avoir changé, c'est vrai que mon visage s'était embelli, et mon appareil dentaires ne faisait plus briller mes dents quand j'ouvrais la bouche.  J'y crois pas... je pensais qu'on ne se reverrait jamais! Depuis quand tu es là? Ils t'ont laissés partir?!

Autour de moi les fous.
A cet instant précis je m'acharnais intérieurement à retrouver ce fameux prénom dans le moindre de mes souvenirs. Que du vide, le néant, la l'ombre d'une Hygie dans mes plus anciens souvenirs. Et vu l'originalité du prénom de cette charmante demoiselle il était quasiment certains qu'elle ne provienne guère de Beyrouth. Pourtant, je ne pus m'empêcher d'esquisser un bref petit sourire en entendant les fameuses remarques qu'elle venait d'énoncer concernant les changements de son physique. N'y prêtant guère d'avantage d'attention je venais par la suite reprendre la parole dans l'espoir d'en savoir d'avantage sur mon fameux lien avec cette inconnue. Aprés tout, il était probable que la demoiselle vient à me confondre avec l'une de ses connaissances, ou bien même étais-ce une quelconque technique de drague made in Australia, qui sait. « Et, vous connaissez mon prénom ? »  Repris-je en ayant noté intérieurement l'absence complète de mon prénom depuis le début de notre bousculade. L'écoutant attentivement, mes sourcils ne purent se froncer une énième fois à l'entente des secondes paroles de la jolie-brune.  « J'y crois pas... je pensais qu'on ne se reverrait jamais! Depuis quand tu es là? Ils t'ont laissés partir?! » L'incompréhension envahissait à présent tout mon être, et celle-ci venait peu à peu s'accompagner d'une pincée de curiosité. Ignorant sa première requête, je ne retenais ainsi que la fin de ses dernières paroles. «  Qui "ils" ? Qui m'a laissé partir ?  » ajoutais-je en attrapant délicatement les poignets de la jolie-brune afin de détacher ses mains de mon torse. J'avais beau apprécier la compagnie de jolies-demoiselles, mon incompréhension m'empêcher de laisser cette inconnue tâter d'avantage mon corps. Car à moins que j'avais subis un quelconque lavage de cerveau, j'étais persuadé de ne jamais avoir croisé cette demoiselle. Attendant patiemment la réponse de la jolie-brune, j'inclinais ainsi légèrement mon visage sur l'un des côtés pour lui prêter d'avantage d'attentions. 

Étrangement, là, il me posait une colle. Son prénom?? Pourquoi n'en avais-je aucune idée? Pourquoi n'étais-je pas capable de lui donner une véritable identité? Ça faisait peut être partie des choses qui avaient été effacées de ma mémoire lorsqu'on ma remis sur terre. Peut importe son prénom de toutes façon, l'important à présent était qu'on s'était enfin retrouvé. Ce n'était pas un hasard, c'était impossible! Euh, tu sais, j'ai une mémoire physionomique mais par contre, j'oublie très vite les prénoms! Quand j'étais petite, je notai dans un carnet le nom des animaux qu'on avait chez nous, pour ne pas les oublier. Pareil pour certains de mes amis... bon, j'avais tendance à exagérer un peu. Je l'écoutai me poser ses questions... pour le coup, j'étais soucieuse, inquiète pour lui. Soit, il se moquait de moi, soit il avait été victime d'un lavage de cerveau. Je sais qu'il est possible pour certaines personnes qu'ils lui retirent tout souvenir de la vie dans l'autre monde... Je pris un air rassurant. T'inquiète pas, je vais tout t'expliquer... on va boire un verre en terrasse?

Autour de moi les fous.
Mes traits ne purent que se durcirent d'avantage à l'entente des paroles que m'adressait cette jolie-brune. L'excuse qu'elle trouvait était alors bien trop bancale à mon goût. Aprés tout, j'avais pour habitude de ne donner mon prénom qu'aux rares personnes que j'appréciais ou plus exactement à celles avec lesquelles j'avais perdu un peu de temps en leur compagnie. A croire que les paroles de cette demoiselle n'étaient que l'ombre d'un mensonge. Une ruse australienne pour mener aux présentations.  « Dîtes, cette technique de drague marche réellement ? Je veux dire, faire croire que l'on connait quelqu'un, l'inviter à prendre un verre pour ensuite apprendre à le connaître ?  » Lançais-je alors en esquissant mon habituel petit sourire en coin tout en détaillant scrupuleusement certains traits du visage de cette jolie-brune. J'étais certains que bon nombre d'homme devait se laisser avoir par cette technique, ou bien même se laissait prendre au jeu simplement pour le plaisir de faire une nouvelle rencontre. Qu'importe les motivations de cette jolie-brune, je n'avais ce matin pas la moindre envie de m'attarder d'avantage à ce genre de futilités.  «   C'est extrêmement rusé, je l'avoue, mais néanmoins insuffisant pour m'attirer dans votre petit piège. Je ne suis pas intéressé , Mademoiselle. » Repris-je par la suite en relâchant délicatement les petits poignets de la jeune-femme que je tenais encore entre mes doigts, pour l'éloigner ainsi d'avantage de ma personne. 

A sa remarque, je ne pu m’empêcher de rire. J'étais bien loin de le draguer, j'avais juste envie de le retrouver et d'avoir l'occasion de lui rafraîchir la mémoire. Le fait qu'il ne me reconnaisse pas me faisait un peu mal au cœur à vrai dire. Nous avions passé de beaux moments ensemble... Bref, il faisait erreur et sur toute la ligne. D'autant plus que je n'étais pas du tout du genre à aller draguer les mecs qui passent dans la rue. Ayant tendance à leur faire peur, sans trop vraiment comprendre pourquoi d'ailleurs. C'est pour cette raison que jamais je n'avais eu de petit ami, du moins, un vrai petit ami. Non non, tu fais err... j'avais à peine le temps de finir ma phrase qu'il me coupait la parole et tournai les talons voulant s'éloigner de moi. Serieusement?! J'ouvris alors la marche, le suivant et faisant des pas à coté de lui. T'es serieux? Tu m'as vu? J'vais pas te draguer s'il te plait! ça pouvait être interprété de manières différentes... à lui d'en conclure le sens de ma phrase. T'as quoi de mieux à faire, là, que d'aller te poser dans un bar et discuter? J'vais pas te suivre dans ton appart pour te séquestrer ou te couper la, ou te tuer! ma langue à fourché...

Autour de moi les fous.
A peine avais-je tourné les talons que la jolie-brune revenait à la charge. Une véritable petite sangsue qui semblait fermement obstinée à obtenir ce qu'elle désirait en ma compagnie. Atténuant légèrement la cadence de mes pas, je veillais ainsi à écouter les quelques paroles qu'elle m'adressait. Il était clair que cette technique de drague était bien plus effrayante qu'efficace. Pourtant, inconsciemment mon petit côté taquin ne put s'empêcher de se manifester à cet instant précis. Arquant soigneusement l'un de mes sourcils, je m'arrêtais net pour me retrouver nez-à-nez avec la demoiselle. « Et pourquoi pas, suis-je si répugnant que cela pour qu'une demoiselle n'ait pas l'envie de me draguer ? » Toute personne naturellement constituée se serait empressé de prendre ses jambes à son cou pour fuir cette furie fanatique d'extra-terrestre. Tous, sauf moi. A croire qu'en plus de ma tendance bipolaire j'avais une petite affection pour les actes desespérés. Si Nickolas avait été présent, il m'aurait probablement tiré par le poignet en répétant que cette fille était définitivement folle. Pourtant, cette demoiselle avait parfaitement raison. Je n'avais strictement rien à faire en cette journée de printemps mise-à-part m'ennuyer. Jetant un rapide coup d'oeil au cadran de ma montre, je laissais ainsi un doux soupir s'égarer entre mes lèvres avant d'émettre mon choix. « Vous avez une heure, pas une minute de plus. » Je venais de mettre la main sur cet aléas de la vie qui bouscule tout quotidien, une petite-brune qui me permettrait de m'évader de la banalité de la vie le temps de soixante petites minutes. Suffisamment peu pour lui permettre de m'oublier aprés quelques verres.

Spoiler:

Je regardai mon portable pour voir l'heure qu'il était, j'allais le prendre au mot. okay... 15h28... à 16h28 tu seras libre comme l'air, léger comme une plume ! sauf s'il m’appréciait vraiment et que quelques souvenirs lui revenaient en tête, dans ce cas, j'étais bien certaines que nous allions passer le restant de la journée ensemble. Mais bon, étant donné qu'il me laissait un créneaux de 60 minutes, j'allais m'en contenter pour le moment. Je regardai autour de nous, et en voyant le Jamson Pub, je lui pris instinctivement la main et l'emmenai avec moi. Ce bar est sympa! Ils y des bières locales, bien que ca puisse paraître surprenant en Australie et si non, ils font toutes sortes de cocktails un peu fou. Mais si t'aimes pas l'alcool bah, y a aussi des sodas... je m'installai en terrasse et fis un clin d'oeil au serveur qui venait de passer à coté de nous en précisant qu'il arrivait très vite. Je choppai une carte sur une table voisine pour la tendre à Nael. Je savais exactement ce que j'allais prendre. Si non, pour en revenir au mal entendu. J'voulais dire que j'étais pas du tout du genre a draguer n'importe qui dans la rue! J'ai pas l'impression que j'puisse vraiment me le permettre tu vois. Donc, voilà, avec ma tête, je drague pas! Rien a voir avec toi personnellement! Tu captes?