5h47 am. Toute la nuit je me suis tournée et retournée sur moi-même, complètement perdue dans mon lit qui me paraissait immense et froid. Ma coloc a insisté hier soir pour regarder le nouveau film romantique qui vient de sortir en dvd. Et voilà, je déteste ces films, et je comprends pourquoi maintenant. Alors que l'héroïne de ce maudit long métrage finit sa vie heureuse et entourée des gens qu'elle aime, moi je ne me suis jamais sentie aussi seule. Je capitule et me lève pour prendre une douche, et je sors pour aller je ne sais où. Sans m'en rendre compte, j'ai marché pendant une heure et je suis près de burleigh heads. Je pense alors à Naël... J'hésite, car il est encore tôt, je ne l'ai pas prévenu, et peut-être même qu'il n'est pas revenu du boulot. Mais j'ai besoin de quelqu'un, maintenant, et dans ses bras je me sens bien. Je me dirige donc vers son appartement, et je cogne discrètement à sa porte. Pas de réponse, mais je vois par la fenêtre ses chaussures sur le sol. Maintenant que je sais où il cache sa clef de secours, j'entre sans attendre sa venue. Une fois à l'intérieur, je fige un peu, et s'il n'était pas seul ? Je m'avance jusqu'à sa chambre et je le vois endormi, mais bel et bien seul. Je me glisse discrètement dans ses draps et me love contre lui, je me sens déjà réconfortée.

Tu me rends fou..
La nuit fut courte, bien trop courte pour laisser le temps aux indénombrables substances ingurgités durant cette soirée de s'estomper dans mon corps. En plus de cela, je subis inlassablement le bourdonnement incessant des musiques passées durant celle-ci. Un desastreux remix de sons électro qui s'acharnent à me condamner intérieurement. L'association est entrain de me rendre dingue, à tel point que je tente désespérement de rejoindre les bras de Morphée. Obnubilé par l'idée de m'endormir enfin, je n'entendis guère la porte de l'appartement se claquer lors de ton arrivée. Un manque d'attention causé par ce massacre qui résonne inlassablement en ma personne. Lâchant un léger soupire, je me masse distraitement du bout de mon pouce ma tempe afin de tenter tant bien que mal d'estomper ce maudit mal de crâne. La migraine s'estompant peu à peu, je pus enfin savourer un soupçon de repos aussitôt interrompu par ton arrivée. Reconnaissant l'odeur si familière de ton parfum, j'attendis ainsi quelques petites minutes avant de lâcher quelques mots.  « Je te manque tellement que tu ne prends plus la peine de m'envoyer un message maintenant ? » Les mots s'échappent ainsi entre mes lèvres tandis que mes prunelles restent soigneusement closent. Habituellement j'aurais soigneusement veillé à te repousser, et pourtant, aujourd'hui je venais te serrer d'avantage contre mon torse. A croire que l'abus de la veille venait de baisser ma garde. 

Je ferme les yeux, ta chaleur, le rythme de ta respiration me détendent et me bercent doucement. Tu as vraisemblablement passé une sale soirée, je le devine par tes cheveux en bataille, tes cernes qui trahissent le peu d'heures que tu as dormi cette nuit, et aussi - il ne faut pas se leurrer - par l'odeur, cette odeur que chaque soirée de ce genre laisse collée à la peau. Mais je m'en fiche, pour moi tu es toujours attirant. Je ne me rend même pas compte que tu es réveillé alors que tu prends la parole. Je ne m'y attendais pas alors je tressailli légèrement et je lève les yeux vers les tiens, mais je ne trouve pas ton regard car tes paupières sont toujours closes. Malgré tout, je souris. « Je sais, j'aurais dû prévenir... » Je sent tes bras se refermer autour de moi, cela me soulage de voir que je ne suis pas une mauvaise surprise. Du bout des doigts, je te caresse doucement le dos et je referme les yeux.

Tu me rends fou..
Le bout de tes doigts s'égaraient alors habilement le long de mon dos, frôlant ainsi certains de mes muscles alors que je peinais pour ouvrir mes paupières. A croire que mes iris semblaient déterminés à se morfondre dans les ténèbres. Aprés quelques petites minutes, un léger sourire s'étirant sur mes lèvres à l'entente de tes quelques mots, j'osais enfin ouvrir mes paupières. Mes yeux s'accommodant tant bien que mal à la clarté de la pièce, je laissais un vague soupire se braver entre mes lèvres. « Qu'est-ce qui ne va pas ? » Repris-je enfin alors que mes prunelles venaient s'attarder instinctivement sur le visage de la jolie-blonde. Elle avait beau parfois m'exaspérer, j'avais parfaitement conscience qu'il avait une bonne raison à son arrivée dans mon appartement. Aprés tout, elle me connaissait suffisamment pour savoir qu'en tant normal, je lui aurais probablement asséné quelques jurons en la sentant me rejoindre à une heure si matinale.Autant dire que Lola n'était pas assez folle pour prendre ce risque sans avoir quelques soucis en tête. Aprés tout, c'était toujours ainsi. Soit on se criait dessus, se livrait sous la couette, ou soit j'étais assez patient pour l'écouter attentivement. Remontant habilement le bout de mes doigts vers son visage, je veillais de cette manière à caresser délicatement la joue de celle-ci tout en restant au prés d'elle. Malgré ce mal de crâne qui tambourinait en moi, j'arrivais un tant soit peu à canaliser mon énervement.  « Racontes-moi tout... »

Je sens ton regard se poser sur moi, alors j'ouvre mes yeux à nouveau. La clarté matinale et ton sourire te donne un air presque angélique, caractéristique qui ne te représente pas très souvent. En fait, c'est probablement une des choses qui me plaisent chez toi, tu n'as pas la prétention d'essayer d'être parfait. Je sais bien que tu as une blessure, même si j'en ignore encore la cause. Et alors? Tu ne connais pas la mienne non plus. Deux âmes blessées peuvent se comprendre sans les mots, je suppose. « Hum... » Dois-je vraiment te dire ce qui me tracasse? Je ne veux pas que tu me vois comme une petite pleurnicharde. Je n'en suis pas une... Mais une fille peut bien se permettre d'être sensible. Je me tortille lentement pour remonter mon corps jusqu'à ce que mon visage atteigne le creux entre ton cou et ton épaule. Pour éviter ton regard? Je ne sais pas. Mais je me sens bien, là. Ta main vint caresser ma joue, et je souris encore. Ta douceur à mon égard me surprend. « Ce ne sont que des idioties, ne t'inquiète pas... mais j'avais vraiment envie d'être près de toi. »

Tu me rends fou..
Inconsciemment mes yeux s'élevèrent vers le plafond, exaspéré par tes paroles. J'avais beau être consumé de l'intérieur par une maudite migraine, j'étais suffisamment apte psychologiquement pour savoir que tes mots n'étaient que l'assemblage d'un vulgaire mensonge. Laissant un vague soupire s'extirper entre ses lèvres, il laissa la blonde l'occasion de se reprendre quelques minutes avant d'oser reprendre lui-même la parole. « Tu me prends réellement pour un con ? Tu n'oserais pas venir à cette heure-ci uniquement pour de vulgaires idioties , O'Brady » Inconsciemment le ton venait ainsi de se faire plus dur, et le nom de famille de la jeune-fille avait filé sans même que je ne puisse y réfléchir. J'avais cette maudite habitude, celle d'énoncer les noms de familles lorsque cette personne m'énervait. D'ailleurs, la migraine venait tout juste de s'intensifier, à croire que mon énervement l'animait par la même occasion. Dé-serrant machinalement mon étreinte de ta personne, je venais ainsi me retourner de toi pour te tourner le dos. C'était puérile, probablement mais suffisant pour témoigner mon exaspération à ton égard.« Laisse tomber, je m'en fiche. » conclus-je en m'extirpant enfin de la chaleur envoûtante de mes draps pour me diriger en vulgaire calbut dans mon appartement. A croire que j'usais de cette situation pour me donner la foi de me dégoter un quelconque médicament.

Tes paroles me font l'effet d'un coup de fouet, je me raidis instantanément. Cette chaleur, cette douceur qui émanaient de toi il y un instant se sont envolées telles des plumes lors d'une bourrasque. C'est comme ça que je te perçois, une violente bourrasque qui peut changer de sens à tout moment. Soit tu me transporte, soit tu es contre moi et avancer me devient plus difficile. Je frémis lorsque tu m'appelles par mon nom de famille, je déteste quand tu fais cela, car ce surnom ne fait que me prévenir d'une tempête imminente. Tu me tourne le dos, puis tu t'en vas. Et ton lit devient instantanément aussi froid que le mien. Je reste là un instant sans bouger, à ruminer sur ce qu'il vient de se passer. Je me sens idiote, et pourtant je sais que je n'ai aucune raison de me sentir ainsi. C'est toi, toi qui me vire à l'envers, qui me détruit et me reconstruit. Je me lève à mon tour, ce bref instant dans ton lit n'aura servi qu'à ruiner ma coiffure et me fatiguer davantage. Je pars à ta recherche dans l'appartement et je soupire.« Je ne suis pas venue ici pour me quereller, Naël. Est-ce qu'on peut discuter? »

Tu me rends fou..
Tu me rendrais dingue. A peine avais-je quitté la chambre que tes pas se laissaient entendre dérrière les miens. Tu étais à mes trousses. Laissant habilement une petite cuillère tournoyer dans le fond de mon verre, je veillais ainsi à diluer au mieux ce fameux cachet. Ma migraine avait beau piétiner mon crâne, consumer chaque petites parties de mon cerveau, j'arrivais encore à m'exaspérer de tes mots.  « Que sommes-nous entrain de faire, O'Brady ? » Ton nom venait  inconsciemment, une nouvelle fois , de s'échapper entre mes lèvres. Abandonnant la fameuse cuillère dans le fond du lavabo, j'inclinais ainsi rapidement mon visage en arrière pour boire cul-sec le médicament. Vite-fait, bien-fait. Le liquide se faufilant dans le fond de ma gorge, il me fallut réprimer une petite grimace infantile avant que mes iris ne retrouvent domicile sur ta personne. « Je t'écoute. » Une tempête ne se calme jamais d'un coup, elle semble juste s'apaiser quelque instant avant qu'une nouvelle bourrasque ne survienne.

Je te retrouve dans la cuisine, en train de te préparer un boisson que je n'arrive pas à voir. Un lait au chocolat, un tisane? Ça n'a absolument aucune importance, en fait. Je m'appuie contre la ta table de la cuisine, face à toi. Deux mètres nous séparent et pourtant je te sens bien plus éloigné de moi en ce moment. Je me mords la lèvre inférieure et je détourne le regard à ta question. Je ne sais pas quoi te répondre, je ne sais pas plus que toi. Et tu m'appelle encore par mon nom de famille... Je croise les bras et je reste silencieuse pendant que je te regarde boire ton eau blanchâtre. Je comprends, maintenant, pourquoi tu as les nerfs à vif. Je te dévisage en entendant tes paroles. je t'écoute. M'écouter dire quoi, hein? Je sais bien que j'ai moi-même dit que je voulais qu'on discute, mais j'ai l'impression d'avoir à passer aux aveux. Au moindre mot de travers, tu te feras un plaisir de me montrer la porte ? Je lève les bras en regardant n'importe où, sauf vers toi, cherchant ce que tu aimerais entendre. Je ne trouve pas. Tu es trop complexe pour que je puisse deviner tes pensées. « Je... je ne sais pas quoi te dire en fait, Naël. Tu t'attends à quoi de moi, là, maintenant? Je t'ai dit que j'avais besoin d'être avec toi ce matin, ce n'est pas assez pour toi? »

Tu me rends fou..
Tout homme naturellement constitué aurait probablement approuvé les paroles de la jolie-blonde, et pourtant, j'avais l'infime conviction qu'elle-même s'attendait intérieurement à une réplique bien plus violente de ma part. Une habitude, une mauvaise manie qui me consumait depuis la mort de ma génitrice. Lola le savait, je pouvais être tout aussi adorable et attentionné qu'impulsif et hautain. La roue venait de tourner quelque instant auparavant, et la tempête n'avait pas encore finit de dévaster la jolie-blonde.  « Et c'est parce TU ressentais le besoin d'être avec moi, que moi aussi je suis censé me réjouir de ton arrivée ?  » Un missile venait de s'échapper entre mes lèvres, une petite bombe dévastatrice qui viendrait s'ajouter à ton précédent mal-être. Et même si les mots s'étaient faufilés sans que je ne sois dans la capacité d'y réfléchir, tu savais pertinemment qu'ils étaient le reflet de mes pensées. Aprés tout, si tu souhaitais me voir il y avait d'indénombrables autres manières que de venir m'extirper de mon lit à une heure si matinale. Le masque que j'avais si longtemps forgé, puisé de ma peine venait de refaire surface. Le Naël doux et attentionné venait de disparaître en un coup de vent. Et cela à ton plus grand damne.

J'assimile le dur coup de tes paroles, je reste coite. Mes mains tremblotantes viennent se poser devant ma bouche tandis que je tente de garder mon sang froid. Je pensais être forte, je pensais que je serais capable d'encaisser tout ce que tu avais de méchant à me dire, mais cette nuit blanche m'a épuisée, alors je suis à fleur de peau. Malgré tout, je ravale mes larmes, tu ne mérites pas que je pleure. Tu en resterais insensible de toute façon, je le sais bien. Lorsque tu es dans cet état, tout ce que tu fais ou dis sers à m'éloigner de toi. Je m'approche de toi, mes yeux sont humides. Au fond de moi, je fulmine, puis je te pousse à deux mains, même si je sais pertinemment que cela ne te ferais même pas reculer d'un pas en arrière. Je le fais seulement pour moi-même, évacuer ma colère à ton égard. « Qu'est-ce qui cloche chez toi? Pourquoi ressens tu ce besoin de m'envoyer valser sans remords, et tout de même me reprendre le jour suivant? » Oui, je suis aussi déglinguée que toi de revenir chaque fois. Mais tu le sais bien, j'ai un réel attachement pour toi, alors que ce n'est pas réciproque. Si tu n'en as vraiment rien à faire de moi, rejette moi pour de bon. Mais ça, je ne veux pas le dire, j'ai bien trop peur que tu le fasses réellement...

Tu me rends fou..
Je croise enfin tes prunelles lorsque tu oses relever celles-ci vers ma personne. Aucunement besoin de quelconque dons divinatoires pour savoir ce qui se trame à cet instant précis dans ta tête. L'habitude me rends parfaitement impassible à ta petite provocation et je m'abstiens même d'une quelconque petite remarque concernant ton absence de force. Il faut croire qu'à l'heure d'aujourd'hui les choses sont en constantes évolution. Je hais la routine, la tempête demeure présente, tourbillonne, sans pour autant dévaster ta personne dans son intégralité. A croire que le temps m'a forgé un masque semblable à Satan, je te pousse à bout.  « C'est toi qui reviens, O'Brady  » Instinctivement je m'en veux déjà d'avoir émit cette remarque, et bien que les remords me consument intérieurement j'arrive parfaitement à rester impassible en apparence. Je le sais, tu fulmines quant-à-toi de l'intérieur et pourtant, je demeure intangible, immobile , presque insensible à toute cette haine que tu m'envoies. T'empêchant de t'acharner d'avantage et inutilement sur mon torse, j'attrape ainsi machinalement tes poignets tandis que j'émet quelques pas vers toi. Malgré mes mots, je viens ainsi me retrouver au plus prés de toi. Suffisamment du moins pour discerner quelques perles salées aux coins  de tes yeux.   « Alors dis-moi Lola, pourquoi reviens-tu à chaque fois ?  »

Je tente au mieux de soutenir ton regard, même si cette froideur se dégageant de toi ne fait que me nouer peu à peu l'estomac. Tu ne réagis à rien, ni à ma pauvre démonstration de violence, ni à mes mots. C'est difficile de croire qu'il y a quelques minutes à peine, je me blottissais dans tes bras et que tu cherchais à savoir la raison de ma venue. Maintenant je te regarde, et tu ressembles à l'une de ces statues grecques, magnifique mais ne dévoilant aucune émotion. J'aimerais tant percer ta carapace, briser ce mur de pierre qu'il y a entre toi et moi. Puis, tes mots viennent à nouveau troubler mon esprit. Je sais bien que tu aurais pu trouver une réplique encore plus cinglante, mais celle-ci l'est suffisamment pour que j'aie à me mordre la lèvre pour éviter que celle-ci ne tremble. Ça me fait un peu l'effet d'une gifle, c'est comme si tu me disais que je ne suis qu'un boulet pour toi, que si je disparaissais du jour au lendemain tu le remarquerais à peine. Tu attrapes mes poignets, et tu as vu juste car si je me laissais aller je tambourinerais ta poitrine et je ne retiendrais plus mes larmes. Tu t'approches de moi, mes pensées sont totalement embrouillées. Comment puis-je t'haïr et te désirer autant? Mon regard soutient toujours le tien, jusqu'à ce que tu laisses échapper ces mots qui dégringolent sur moi comme de lourdes pierres. Je baisse les yeux, je pose ma tête sur ton torse avant de me raviser et tenter de me séparer de ton emprise. Après un moment de débat intérieur et extérieur, je capitule et relève mes yeux vers les tiens, y cherchant désespérément une trace de douceur. « Pourquoi poser une question à laquelle tu connais déjà la réponse... ? »

Tu me rends fou..
Ce n'est pas nouveau, les yeux sont le reflet de l'âme, et lorsque tes iris reviennent prendre domiciles dans mes prunelles, je suis une nouvelle fois contraint d'y découvrir les conséquences de mes mots. Tu suffoques intérieurement, fébrile sous chacune de mes indénombrables répliques. Me voilà alors confronté à moi-même, ou plus exactement aux conséquences de ma froideur. Pourtant, mes doigts s'égarent délicatement autour de tes poignets, ils frôlent habilement ta peau. Enfin un brin de douceur au milieu de la tempête. Quelques douces caresses destinées à calmer tes pensées. Puis, les mots s'échappent une nouvelle fois entre mes lèvres. Le ton est différent, plus calme, plus posé et beaucoup moins accusateur que quelques minutes auparavant. « Cela revient au même, Lola. Pourquoi s'attacher à un homme comme moi ? » Au fond, nous savons pertinemment tout les deux que mes mots sont le ressort d'une question rhétorique. Une de celle qui n'attends pas la moindre réponse de ta part. Je sais ce que tu penses, et même si tu venais à argumenter ton choix, nous avons parfaitement conscience que cela ne changerait en rien ce que je suis. Je ne m'y attarderais pas, ce ne serait qu'un avis parmi tant d'autres, et cela, à ton plus grand désarrois « Tu vois, certaine questions n'ont pas de réponse exacte » conclus-je simplement alors que mes doigts se referment une nouvelle-fois autour de tes poignets de manière à t'attirer soigneusement contre mon torse. La tempête s'éloigne, disparaît dans l'horizon et tu en sors indemne, une nouvelle fois.

On se dévisage l'un l'autre, je ne remarque que maintenant à quel point mon coeur bat rapidement et ma respiration, plus saccadée. La sensation de tes doigts caressant doucement ma peau m'apaise lentement, voilà enfin la douceur que j'attendais de ta part. Malgré tout, tes paroles ne donnent aucun répit à mes pensées. Pourtant, je me suis plusieurs fois posée cette question. Comment ai-je pu m'attacher à tel point? Au départ tout était bien plus simple, lorsque nous ne faisions que nous voir pour une petit séance plaisante de temps en temps. Jamais tu n'as prétendu avoir de quelconques sentiments à mon égard, jamais nous n'avons eu de rendez-vous galant. Alors que le bon sens me disait de m'éloigner de toi, de fuir cette relation vouée à l'échec, j'ai avancé vers toi jusqu'à me faire emporter par la tornade que tu es. Mais cette fois-ci, cette question vient de toi. Tu ne tente ni de me consoler, ni de me convaincre de rester. Tu ne fais que consolider mes propres réflexions. tu vois, certaine questions n'ont pas de réponse exacte. Tu m'attires contre toi, la tension redescend. Malgré tout, à chacune de nos crises j'en ressors avec une certaine amertume, j'ai encore l'estomac tout retourné. Tu fais exactement ce que je t'ai dit tout à l'heure; tu me blesse pour ensuite me reprendre. Je laisse échapper une longue expiration, comme si je venais d'arriver à la ligne d'arrivée après un sprint. J'ai survécu à cette tempête, et ce qui me console c'est qu'au moins, tu es toujours là...Je reste immobile, je n'essaie plus de me libérer, je suis là et je t'observe. « Et maintenant? » Cette question n'a pas vraiment de sens, ou au contraire, elle laisse place à plusieurs réponses.

Tu me rends fou..
La tempête n'est plus qu'un coup de vent. A peine les mots eurent franchit tes lèvres rosées qu'un vague sourire vient naître sur mon visage. Le temps d'une inattention de ma part et le masque disparaît. L'ombre et la lumière réunit dans un corps, aussi dévastateur que douceur. Soutenant tes douces prunelles, je laisse ainsi mes lèvres se poser le temps d'un instant sur ta tempe. J'y égare un baiser tandis que ma main se cale délicatement dans le creux de ton dos. La tempête est bien loin à présent, et mon corps apaise peu à peu la tension qui réside en toi. Puis, le temps de quelques minutes je reprends conscience de ton questionnement infantile. Ce genre de petite-phrase naïve qu'une petite fille ne pourrait guère s'empêcher d'énoncer. Ces petites choses insignifiantes me font sourire, et je ne peux nier intérieurement apprécier celles-ci. Ta naïveté me rends fou. « Et maintenant... Je me fiche de toutes ses réponses, Lola » Mon fin sourire trône au coin de mes lèvres tandis que j'incline délicatement mon visage pour laisser l'opportunité à mes lèvres de frôler délicatement le lobe de ton oreille. Par habitude, je joue. Je m'amuse avec tes nerfs. Différemment certes, mais tout aussi vicieusement. Mes lèvres s'ouvrent une nouvelle-fois pour laisser mon souffle chaud s'égarer un instant le long de ton cou. La chaleur s'égare le long de ta peau, l'effleure avant de disparaître. Chaque bonne chose à une fin. Mes doigts s'éloignent de ta personne, mon visage se recule enfin pour laisser un vide s'immiscer entre nos corps.  « La prochaine-fois, essaie juste de frapper à la porte. » La douceur précèdente s'envole en poussière, dévale des pentes sinueuses pour te laisser un manque. Physiquement je demeure impassible, pourtant, la vague idée de t'avoir fait éprouver une once de désir me satisfait intérieurement.

Ton visage s'illumine, ton masque tombe quelques secondes pour laisser apparaître un léger sourire. Tu me troubles. À tel point que je n'arrive pas même à te sourire en retour. Ton visage s'approche lentement du mien et je ferme les yeux en ressentant tes lèvres sur ma peau. Ta main dans mon dos m’amène à me coller davantage contre toi, mais je ne me résout toujours pas à t'enlacer. J'ai un bras replié contre moi, tandis que l'autre est retombé lorsque tu as lâché mes poignets, et ma main se pose sur ta hanche. La douceur de ta voix alors que tu me réponds fait aussi descendre la pression, et je commence peu à peu à laisser tomber ma barrière défensive. J'ai tout de même ce sentiment que tu te joues de moi, avec tes lèvres qui s'égarent près de mon oreille, sur mon cou, sans jamais les déposer vraiment. Je ne peux te résister, tu le sais bien, et mon corps est parcouru de frissons. Alors que mon être commençait à accepter la chaleur de ton corps, tu me ramène à la réalité en t'éloignant de moi. Mes yeux s'ouvrent et un soupir s'échappe, je te laisse créer ce vide entre nos corps. À tes mots, plutôt que de baisser la tête honteusement ou acquiescer sagement, je lève les yeux au plafond en émettant un rire amer. Voilà donc comment tu clos cette conversation? Tu n'avais pas à te donner la peine d'éveiller mon désir... « Très bien, je tâcherai de m'en souvenir. » Mon ton s'est fait plus sec que je le voulais réellement, trahissant mon agacement face à ta manière d'agir. Mon regard se perd un instant à contempler ton visage et tes lèvres que je voudrais tant encore sur ma peau, puis je recule de quelques pas avant de me retourner pour prendre appui sur le dossier d'une chaise. Je passe ma main dans mes cheveux et je prend de grandes respirations. Et maintenant? Peut-être que le plus simple serait de repartir, de laisser tomber. Je tourne ma tête pour te regarder du coin de l'oeil, attendant une quelconque réaction de ta part qui me guiderait.

Tu me rends fou..
Ta remarque est tranchante. Les mots fusent entre tes lèvres. Ta langue claque inconsciemment contre ton palet sous la rage de cet instant. Le ton est bien plus dure qu'autrefois et je n'ai aucune difficultés pour prendre conscience que l'association de mes actes et de mes mots vient de t'agacer. Une nouvelle fois ma taquinerie t'as foudroyé en pleins coeur, titillant habilement ton être pour enfin s'échapper brusquement. Ce n'est pas la première fois, et nous avons parfaitement conscience tout les deux qu'elle ne sera aucunement la dernière. Et puis, le yo-yo revient, il s'étire , s'éloigne, mais revient toujours. Tes iris ont beaux me lancer d'indénombrables éclairs, je reste persuadé que cette haine n'est qu'éphèmére et plus extérieur qu'intérieur. C'est probablement mes convictions qui m'amènent à réagir à ta remarque. Et cela, probablement à ta plus grande surprise. « Même si je dois avouer que je suis heureux que tu sois venu me voir, moi. » Aucun mensonge ne s'échappe entre mes lèvres, ces mots bien qu'ils peuvent parraître surprenant ne sont le ressort que de mes ressentis. Et tu le sais, je ne suis guère du genre à émettre des choses que je ne pense pas. Aprés tout, je ne suis guère le seul homme dans ta vie, et encore moins le plus adorable pour t'accueillir les bras ouverts. Et pourtant, tu as osé d'aventurer dans l'antre de Satan. Cette maudite expression que répète inlassablement Nickolas. Mes prunelles te guettent, scrutent inlassablement les doux traits de ton visage pour laisser l'opportunité à mon sourire de s'élargir soigneusement sur mes lèvres. Aucune taquineries, pas l'ombre d'un mauvais-tour, le sourire trône uniquement par sincérité. « Je suis juste déçu de ne pas avoir eu l'opportunité d'avoir un véritable calin de ta part, où sont passés tes bonnes habitudes, Lola ? » La plaisanterie s'échappe délicieusement entre mes lèvres alors que mes iris ne cessent inlassablement de soutenir ton regard. Je ne faiblis pas, je me contente d'attendre inlassablement le retour de ton corps contre le mien. Il faut croire que tu n'es pas si insignifiante à mes yeux.

Avec un peu de recul, je ne peux m'empêcher de me dire que j'ai réagi de manière un peu excessive. Quoi qu'après tout, tu ne te gène pas pour monter sur tes grands chevaux avec moi non plus. C'était une colère prompte, comme si d'une certaine manière je tentais de t'envoyer un message, te faire réagir à mon tour. Je ne suis pas une poupée incassable, et tout mon être exprime cette réalité, voulant te faire comprendre la portée de tes paroles. Même si au fond de moi, je sais bien que je serais prête à encaisser encore plusieurs de ces tempêtes avant de tout abandonner, de faire un croix sur toi. même si je dois avouer que je suis heureux que tu sois venu me voir, moi. Ma colère précédente s'envole d'un coup, à nouveau tu deviens cette bourrasque qui me transporte. Mon corps pivote afin de te faire face, déjà prêt à revenir dans tes bras. Je t'observe, et probablement que dans mon regard tu as dû percevoir cette petite étincelle, ce bonheur renaissant. Tes lèvres s'étirent, définitivement tu es encore plus beau avec ce doux sourire au visage. Tes paroles me font baisser les yeux et j'échappe un petit rire, puis je rétablis le contact visuel. Sans dire un seul mot, j'ai l'impression que tu m'appelles, qu'après cette immense vague d'émotions fortes et violentes, le corps tend à s'exprimer à son tour. Et je n'arrive pas à refuser cet appel, j'ai encore besoin de cette douceur de ta part. Avec un sourire timide je m'avance à ton encontre, et tel un aimant je t'enlaçai dès que ta chaleur fut ressentie. Mes iris soutiennent toujours ton regard, et ma main s'égare dans la douceur de tes cheveux, sur ta nuque, sur ta joue. Jamais je ne me lasse de te regarder, ou du contact de ta peau sur la mienne. « Ne t'inquiète pas, je n'avais pas oublié. » susurrai-je en souriant discrètement.