t'aimes pas la plage. ni même l'océan. tu te dis que c'est dégueulasse. et pas qu'à cause des poissons qui pètent et font l'amour dans l'eau ou des algues qui viennent s'accrocher à tes pieds comme des aliens. non, non, c'est autre chose. la plage, c'est un lieu commun que tu dois partager avec les autres. tu veux bronzer en paix ? achète-toi plutôt une crique privée. parce qu'ici, tout le monde te colle, regarde tes moindres faits et gestes, tu trouves ça beaucoup trop stressant et oppressant. déjà que t'es aussi timide qu'un raton-laveur dans le désert du sahara (cherche pas à savoir si ça existe ou pas), alors venir topless devant des centaines de pairs d'yeux, non merci. c'est pourquoi on te regarde encore plus, avec ton bonnet "fuck swag" sur la tête, un cardigan et un jean défriché. le con, certains devaient se murmurer entre eux. t'étais ridicule dans cette tenue pas du tout adapté au climat et à l'environnement. c'est une façon de te venger contre tes amis qui t'ont obligé de trainer dans ce coin de la ville. et dire que le dernier épisode sorti de the walking dead t'attendait impatiemment... malheur. gabi, désape-toi mec! tu fais la moue. non, ça va aller. allez-y, j'vous attends dans l'coin. tu déteste ton corps, t'es pas prêt de le montrer à qui que se soit alors que tu te dégoûtes toi-même devant un miroir. mais tu vas t'ennuyer tout seul. allez viens, viens, on est bien. ahahah. tu rigole à la référence, mais continues de secouer la tête en signe de refus. je préfère vous filmer. vite, cours! tu sors ton portable et les filmes pendant deux-trois minutes en train de se vautrer dans les vagues imposantes. un sourire se colle dans le coin de tes lèvres. une silhouette passe. un beau gosse, torse-nu. tu clignes des yeux alors que ton coeur bat la chamade. wait... mais c'est... la peur te surprend tout d'un coup. un sentiment d'insécurité et puis la colère pompe le sang de tes veines. tristan. ce nom même te fait grimacer de dégoût. c'est le moment de te venger. tu le sais. tu dois sauter sur l'occasion. les poings serrés, tu accoures vers le jeune diable. hey! toi! le dénommé se retourne de toute sa hauteur. c'est fou comme il est grand, t'as presque oublier ce détail avec le temps. soudainement, t'es plus sûr de vouloir lui faire de la misère. tu dégluties. ouai... toi là. tu murmures presque. merde! t'aurais pu te retourner rapidement, mais tristan t'as reconnu. tu sais plus quoi dire, alors tu mets tes poings en avant. qu'est-ce que tu fous ici ? tu... tu vas l'regretter. autant mourir en héros.

gabriel & tristan.
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(j'aime les arts & lézarder toute la journée.)

Ce qui est bien dans ce pays, c’est que la plage est ouverte durant toute l’année, ce qui n’est malheureusement pas le cas en France. La température australienne est beaucoup trop clémente pour que la population ne profite de l’océan et des bains de soleil. Les bains de soleil, d’ailleurs, ça fait du bien. C’est jouissif de sentir son corps brûler à petit feu. Tristan, lui, il aime ça. Surtout quand sa peau est parcourue de frissons quand le soleil est à son zénith. Et justement, c’est ce qu’il est en train de faire : il profite du soleil, couché sur le dos et le torse nu, un bouquin usé dans ses mains qui lui fait de l’ombre, au-dessus de ses yeux. Aujourd’hui, il n’a pas à bosser et c’est pour cette raison qu’il profite de sa journée en flemmardant à la plage. Seul, parce qu’il n’a besoin de personne pour être heureux. Il se suffit à lui-même. Le lézard humain consulte son portable en laissant tomber son roman à côté de lui. Les chiffres numériques indiquent dix heures vingt-deux du matin. Il est encore tôt pour aller manger, mais lui, il a faim. La littérature lui a ouvert le ventre, faut croire. Paresseusement, fidèle à lui-même, il se lève et se décide à aller s'acheter un truc dans un des restaurants pas trop loin de la plage. Il fait un signe au lifeguard de service pour surveiller ses choses pendant son absence ; c'est un bon pote à lui, il peut bien lui rendre ce petit service. Ce serait con qu'il se fasse voler son précieux roman underground et sa serviette de plage. Tristan part donc à la conquête d'une collation, admirant l'océan d'un côté et la masse de cadavres vivants et écarlates qui s'étalent le long de la plage. Il adore cette ambiance estivale malgré qu'on soit encore  en février. C'est alors qu'il entend une voix pas si étrangère que ça qui semble l'invectiver. Il se retourne, un air de mépris imprimé sur son visage habituellement impassible. « C'est à moi que tu parles ? » lance-t-il d'une voix mauvaise. Sauf que, en regardant l'avorton qui se tient devant lui, Tristan le reconnaît, même s'il n'ose en croire ses yeux : Gabriel, celui qu'il avait tabassé à Paris suite à leur conflit virtuel. Ahaha, la bonne blague. Il éclate d'un rire moqueur, sans qu'il puisse s'en empêcher. La situation est bien trop drôle. « Ce que je fous ici ? J'essaie de vivre en paix, sans qu'un looser dans ton espèce se mette sur mon chemin en se la jouant brave. Allez, disparais, avant de te ridiculiser encore plus. » Il attend que l'autre s'en aille, bien qu'il se doute que cela n'arrivera pas. Ce serait bien trop beau pour être vrai.

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