Je soupire, regardant le nombre de réponses à ma recherche de maquilleur professionnel. Il n'y en a eu que deux, une jeune femme qui est venue la semaine dernière faire un petit essai mais qui a finalement choisi un poste dans une autre enseigne, et un homme, qui ne devrait pas tarder à arriver pour passer un rapide entretien. Je m'attendais à recevoir plus de candidatures, après tout Gold Coast ne regorge pas de centre d'esthétiques. Enfin, de maquilleurs sans emploi non plus. C'est une de mes employées qui a traité la candidature du jeune homme, et elle aurait dû s'occuper de l'embauche, mais elle a eu un empêchement et je l'ai remplacé à la dernière minute. Je n'ai eu le temps que de jeter un rapide coup d'oeil à son cv, qui m'a l'air plutôt pas mal. La sonnette retentissant, je vais ouvrir, me figeant sur le seuil en reconnaissant mon ex, que je n'ai pas vu depuis déjà plusieurs années.

Et merde. Les dents serrées, Cain vit le bus démarrer devant ses yeux et continuer tranquillement son chemin, complètement indifférent au jeune homme désespéré qui lui courrait après. Tant pis, j'y vais à pieds. En un sens, il n'avait pas vraiment le choix. Si sa situation financière n'était pas qualifiable de catastrophique, elle n'en était pas loin et cet entretien constituait son ultime chance de payer ses factures : les postes de maquilleurs ne se bousculaient pas et une telle opportunité ne se représenterait pas avant un moment. Épuisé et en sueur, Cain parvint, fort heureusement, à rejoindre l'institut de beauté dans les temps. Bien décidé à faire bonne figure en dépit de son allure lamentable, il appuya sur la sonnette et commença à sourire avant même que la porte ne s'ouvre. Une chose est sûre, rien n'aurait pu le préparer à ce qui suivit. Car derrière la porte en question se trouvait Violet. Son ex. Une fille adorable qu'il avait quittée quelques années auparavant et qu'il n'avait jamais pris la peine de recontacter. Le refrain du "on reste amis", c'était vraiment des conneries. « J'arrive pas à le croire... Violet ! Alors, qu'est-ce que tu deviens ? » Oui, c'était nul et incroyablement ordinaire. Mais c'était tout ce que son cerveau apparemment atrophié était parvenu à produire.