Cette activité, de la part de Sephora, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Elle n’est pas forcément connue pour avoir des histoires personnes stables, à toujours jouer dans la cours du compliqué – et ça, son « rendez-vous » n’a pas besoin d’être particulièrement au courant. Pourtant, elle est persuadée qu’elle peut réussir cette « mission ». C’est ce que mérite Cain, à la place des garces et autres mannequins dont le terme scrupule n’existe pas dans leur vocabulaire. Le gentil jeune homme avec une gentille fille, selon la journaliste. On doit bien trouver un spécimen du genre dans le coin. Aujourd’hui, c’est le compte rendu : savoir si monsieur est toujours désespéré ou pas, et ce autour d’un verre chez Dooey’s. « Hey handsome ! », l’expression sort à l’arrivée de Cain, sans qu’elle s’efforce à masquer son accent.

La journaliste a ce grand sourire sur les lèvres. Curieuse comme toujours, elle est toute ouïe, persuadée qu’elle va (enfin) entendre une bonne nouvelle. Elle porte la pinte à ses lèvres tout en l’écoutant. « Coucou ma belle ! Avant que tu ne dises quoi que ce soit, il faut absolument que je te parle de cette fille : c’est une mannequin que j’ai rencontré à l’occasion d’un défilé. C’est bien simple, elle est renversante. » Elle manque littéralement de s’étouffer. Comme c’est étrange, ces paroles lui disent quelques choses. La jeune femme n’est pas spécialement contente pour lui… Mais quelle tête à claques ! Un véritable gosse, une cause (presque) désespérée quand il commence ainsi. Mais qu’est-ce qu’elle va en faire ? La tête de Sephora tombe lourdement contre la table. Fatalité. « Non, Cain. Pas encore ?! » Elle soupire et poursuit, incapable de garder sa réflexion pour elle-même. « Tu sais déjà comment ça va se finir : tu vas te faire jeter comme un mouchoir usagé une fois qu’elle sera lassé de toi et ton entourage, moi comprise, va te ramasser à la petite cuillère. »

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Elle prend le temps de retrouver son souffle. « Tu n’as peut-être pas tort. » Au moins, ces deux-là sont d’accord sur une chose : Sephora a plus que raison. Mais compatissante, elle ne le précisera pas. « Mais je suis dans une impasse ! Je veux bien faire un effort mais je ne rencontre que des familles plus vaniteuses les unes que les autres dans le cadre de mon travail : des mannequins, des modèles photos, etc. Présente-moi une fille simple et je te promets d’essayer. » Et plus rapide que la lumière, elle surenchère d’un : « Il suffisait de demander ! » Oui, elle a vu « quelque chose » de pertinent, en ville. Petit temps de réflexion. Non ce n’est peut-être pas trop tôt pour en parler. La jeune femme est certaine que cette demoiselle « bien » est célibataire et qu’un mec « bien » pourrait toujours l’intéresser. « Non, justement je voulais te parler d’une fille maintenant que tu as fini de m’annoncer cette… bonne nouvelle. » À moins qu’il soit aveugle ou doté d’un aimant à garces ou d’un filtre pour ces dernières défectueux, le pauvre garçon arrive toujours à éviter (involontairement) les filles qui peuvent potentiellement lui convenir.

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