the best proof of love is trust

Tu te retrouve au beau milieu d'un parc, en pleine journée. Dur à dire de comment t'étais arrivé là. T'avais marché. T'étais encore tout chamboulé. Tu regardes autour de toi. Des gosses avec leurs parents. Écœurant. Celui qui faisait des bulles de savon t'en souffle presque à la gueule. Tu le regardes méchamment. Il s'éloigne. Tu t'assois sur un des bancs en bois. T'as besoin de réfléchir à tout ce qu'elle t'avait dit. Alors tu fermes un coup les yeux, juste deux secondes pour essayer de te calmer. Parce que ouais, t'étais sur les nerfs. Sauf que c'était sans compter sur l'apparition de cette grande brune dans ton champs de vision. Elle est de dos. T'as l'impression de rêver. Alors, tu secoues la tête et clignes plusieurs fois des yeux. C'était pas un rêve. Tu pense la reconnaitre. Tu serres les poings. Tu te lèves de ton banc et tu te rapproches. T'essaies quand même de te faire discret. Et si c'était pas elle ? T'en étais sûr. Tu la reconnaitrais entre toute. Quand t'arrives à sa hauteur, tu sens un doux parfait te prendre et t'envahir les narines. Un parfum de femme. Tu te mets face à elle. Vlan, dans ta gueule. Tu viens de te prendre la plus grosse claque de ta vie. Tiens, qu'est-ce tu fous là ? Lâches-tu avec une sale expression sur le visage. T'es pas censé être en France ? C'est ce qu'elle t'avait dit avant de partir. Ton regard est noirci par la haine. Tu lui en veux. Sous ses airs de petite fille innocente se cachait en fait un vilain serpent. Prêt à mordre et faire mal. Tu sais pas pourquoi tu lui parles. Peut-être parce que t'avais envie de lui faire payer tout ce qu'elle t'avait fait endurer. T'essaye de te contrôler. Tu veux pas paraître faible comme ça. Tu veux pas paraître doux comme un agneau. C'est pas parce qu'elle ose pointer le bout de son nez, que tu ferais l'erreur de lui pardonner. Elle t'a anéanti c'te gamine.

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t’es vraiment conne parfois. tu ne prends ni la peine de relever la tête de ton magazine, ni celle d’écouter ce qui s’apprête à jaillir d’entre les lèvres de becca, tu te contentes de lui ordonner de la fermer. comme d’habitude. tu n’es pas d’humeur à supporter ses remarques, pas cette fois. sauf qu’aujourd’hui, elle semblait décider à te faire sortir de tes gonds, et elle sait comment s’y prendre. elle se décide à tirer sur le magazine et le balance par-dessus le canapé, te forçant à lui accorder toute ton attention. dans un soupir tu relèves la tête et lui décroches un sourire des plus hypocrites. je suis pas d’humeur becca, donc… pour ton bien, pour mon bien, je vais faire un jogging. elle marque une pause, pour  ensuite s’esclaffer comme jamais. tu profites de cet instant d’inattention pour enfiler la tenue adéquate et t’éclipser. (…) un tour complet, un unique tour et tu n’en peux déjà plus. les mains sur les côtes tu marques une pause. tu relèves la tête, et t’apprêtant à repartir de plus belle, ta bouche s’entrouvre et sur le coup tu ne sais quoi répliquer. wade. ton wade. t’as envie de le prendre dans tes bras, de lui faire la bise, de lui dire qu’il t’a manqué, que t’es contente de le revoir. mais au vue de l’expression qu’il tire toutes ces idées et ces envies s’envolent. je fais un jogging… enfin j’faisais. et je suis rentré de paris y’a quelques jours. tu lui offres un charmant sourire. et tu sais qu’il ne te le rendra pas. tu le connais. il t’en veux, tu le conçois, tu le comprends mais tu ne veux pas. tu n’acceptes pas. et le collier que tu portes autour du coup en témoigne. et toi, ça va depuis le temps ?

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tu la regardes. je dirais même que tu la dévisages. elle est toujours aussi jolie. elle a pas changé. mon dieu. si elle ne t'avais pas brisé le coeur, tu l'embrasserais. là, tout de suite. mais les faits sont bels et bien là. ce doux sourire sur ses lèvres te file la chaire de poule. tu fais semblant de l'écouter. son jogging, t'aurais pu le deviner à sa tenue. puis elle affirme être rentrée depuis quelques jours. tu cherches même pas à savoir si c'est la vérité. t'as envie de tourner les talons et de la laisser là. sans même te retourner. parce que c'est ce qu'elle t'avait elle-même fait. te quitter, te lâcher. comme une merde de chien. comme un con. avec tes sentiments et tes beaux mots. oh c'est charmant de t'inquiéter pour moi. vraiment. je vais bien. je suis heureux. tu lèves la main gauche, et tu lui montres ton annulaire. sauf que non, tu ne t'étais pas marié. pas encore, en tout cas. ça répond à ta question ? ça te fait mal de le penser, mais cette fille - à un moment donné - représentait beaucoup pour toi. alors oui, tu te permets presque de lui rire au nez en répondant à sa question. et les frenchy sont charmants, pas vrai ? l'ironie se fait sentir dans ta voix. puis tu remarques le petit pendentif autour de son cou. ça te blesse une nouvelle fois. je pensais que tu l'avais jeté avant de partir. tu sais, pas d'attaches. pas de regrets. dis-tu en désignant la chose. c'est toi qui lui avait offert. juste avant qu'elle parte. à la base, t'étais pas au courant qu'elle partait. bref.

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je vais bien. je suis heureux. tu ne sais pas comment interpréter ces paroles. des mensonges, des bobards, des calomnies ? sûrement. wade est compliqué, ambiguë, complexe. mais heureux certainement pas. encore un peu et tu en mettrais ta main à couper, presque. parce que dans l’fond tu doutes. non. tu ne veux pas y croire. c’est égoïste mais tu ne veux pas le voir heureux sans toi. lorsqu’il lève sa main tu envisages une multitude de scénario plus ou moins plausible : un majeur pour tes prunelles, wade qui arrache ton collier, tu l’vois presque te foutre une claque. tu t’apprêtes à répliquer, à lui poser des questions bateaux, t’intéresser à lui, prendre des nouvelles mais il faut qu’il gâche tout. il faut qu’il prenne ce ton ironique qui t’agace au plus haut point. alors tu te contentes de sourire. oui, paris c’était magique. la tour eiffel, les champs-elysées, le vin, le french kiss… la france quoi. c’est plus fort que toi, tu tombes dans son jeu puéril. mais tu t’attendais à quoi dans le fond ? à une scène digne d’un film romantique pour adolescente pré-pubère ? à un baiser passionné sur la plage, des mots doux, des fleurs ? t’es franchement naïve parfois. doucement tu effleures la chaîne qui pare ton cou et ton regard se plante dans le sien : non, faut croire que j’y tiens wade. t’as envie de lui dire que tu tiens encore à lui, t’as envie de lui crier mais la peur prend le dessus. la peur du rejet. t’es pas lui, t’es pas forte. et sinon quoi de nouveau dans ta vie depuis ? tu travailles ? tu marques une pause et attrapes ton courage à deux mains. t’es avec quelqu’un en ce moment ?

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tu tires une grimace. oh vraiment. c'était si merveilleux que ça, son escapade en france ? t'aurais aimé voir ça. parce que pour toi, si ce collier comptait vraiment pour elle, si tu comptais vraiment pour elle, t'aurais aimé la voir dans les bras d'un frenchy. tu doutes même pas une seconde, à ce propos. elle a sûrement fait comme toi. à savoir se taper tout ce qui bouge. dans le fond, si t'étais aussi horrible, c'était un peu sa faute. ouais ouais. je bosse et je paye mes factures. depuis le départ de yann, t'étais obligé, mais t'évoquerais pas le sujet. elle était pas au courant, et valait mieux pas qu'elle sache. et sinon, à défaut que ça te plaise de le savoir, je suis gay. t'en pouffe de rire intérieurement. t'as envie de voir ce si joli sourire se décomposer peu à peu devant ton beau regard. enfin, j'suis polygame. une meuf et un mec. c'est l'pied. vraiment. tu fais allusion à ce p'tit con qui te servait de colocataire, ce p'tit con à qui t'aimais créer des embrouilles. juste pour le fun. et puis la fille en question ? t'étais pas vraiment avec. tu l'avais pas revu depuis un temps maintenant, c'est comme si elle avait, elle aussi, disparut de ta vie. sauf que ça t'as pas fait autant de mal.

tu fais genre de t'en foutre de sa vie, même si t'as quand même envie de savoir pourquoi elle est revenue. alors, tu te retiens un instant, mais tu finis par lui demander. pourquoi quitter la france, si c'était si cool ? pourquoi revenir ? tout le monde t'as oublié dans cette ville, tiens, on savait même pas que t'étais encore vivante ! étonnant, je dois dire. puis t'observes sa main, légère, et te semblant si douce, posée sur le petit pendentif. t'avais envie de lui prendre cette petite chose, juste pour mettre un vrai terme à cette vieille relation. juste pour que tout soit clair. même si en fait, rien ne le serait vraiment. sûrement que tu ferais la connerie de la frapper un de ses jours. comme t'avais fait avec la russe. à tes risques et périls.

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tu arques un sourcil, tu ne comprends pas ces réponses. il se fout vraiment de ta gueule et pourtant tu restes planté là. à le toiser, à rétorquer. t’as envie de lui dire d’arrêter de jouer, de stopper ces gamineries, de grandir un peu. mais ça ne changera rien, tu le connais, il s’énerverait et votre « conversation » tournerait au règlement de compte. quoi que, n’était-ce pas déjà le cas ? dans l’fond on pouvait dire qu’à ce moment précis il te prenait pour un punching-ball humain. déversant colère, peine et rancœur à ton visage. pour le moment tu tenais, tu arrivais à ignorer les pics blessants, mais jusqu’à quand. ah. j’suis heureuse pour vous alors. tu voulais que ça sonne ironique au final t’as un goût amer en bouche. non t’es pas heureuse, et contrairement à lui t’es pas doué pour mentir. c’est peut-être pour ça que tu n’as pas préféré lui dire au revoir en face. tu croises tes bras sous ta poitrine et manque d’arracher la chaine qu’il t’a offerte et la lui balancer à la gueule quand il commence à te questionner sur ton départ. tout le monde t’as oublié. t’as envie de lui demander si il s’inclut dans ce fameux monde mais t’oses pas. trouillarde que tu es. alors tu préfères continuer son jeu puéril parce que même si vous n’êtes plus ensemble il a encore une certaine influence sur toi. je… et rien ne veut sortir. tu soupires, c’est toi la fautive, c’est ta faute. t’es vraiment con parfois wade. ce sont les seuls mots qui parviennent à glisser entre tes lèvres, t’es incapable de te justifier, incapable de trouver une excuse capable. tout ça parce qu’il te toise, parce que tu sens son regard braquer sur ton visage.

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tu la laisses se perdre dans une montagne de mensonges. les tiens, mais aussi les siens au passage. tu la regardes toujours, tu t'attardes sur ces deux petites prunelles, qui font tes vas et vients sur ton visage. tu veux lui montrer que t'es en colère, que t'es plus le même. par des mots, des regards, des gestes. mais en même temps, à ce moment précis, rien que celui-là, tu te laisserais bien emporter par la douceur qui enveloppe son visage. son petit nez fin, ses lèvres rosées, ses deux joues à croquer. reprends-toi wade, reprends-toi. tu ne craquerais pas, pas devant elle non. tu devais te montrer fort. plus fort qu'elle. plus fort que tout le monde en soit. et toi alors, t'as ramené personne avec toi ? pas de frenchy ? j'espère au moins que tu t'es bien amusée là-bas, penses-tu, mais tu n'oses pas le dire. jaloux ? le p'tit wade est jaloux ? okey, tu finis par baisser un instant les yeux. un long moment même. t'en profites juste pour regarder ce qui lui servait de jambes. au moins, t'as pas changé. tu parles physiquement. elle est toujours aussi jolie qu'avant. elle a juste grandit. c'est devenu une femme, une vraie. quand elle te traite de con, tu ne relèves même pas les yeux. t'avais tendance à te traiter de con tout seul. ça te fit ni chaud ni froid. t'étais habitué. et encore, elle n'avait encore rien vu du wade que tu étais devenu. à savoir un abruti fini, doublé d'un connard qui baise juste pour le plaisir et triplé d'un mec violent et colérique. pire que toi, y avait pas.

et puis, là, tu repenses à une vieille conversation avec la russe. à ce moment où elle t'avait fait le plus de mal. jouir du départ de clayr, jubiler de ton malheur. c'était dans un moment absolument terrible, pour vous deux. les règlements de compte, t'es vachement bon à ça. s'il n'y avait pas tout ce monde dans le parc, tu lui crierais sûrement après. tu lui ferais comprendre tout ce que t'as vécu. t'avais besoin d'elle à la mort de yann. t'avais besoin de croire que ce n'était pas qu'une simple amourette entre vous. yann avait essayé de te convaincre, mais t'en avait longtemps douté. et maintenant, maintenant qu'elle était de retour, tu remuerais ciel et terre pour avoir ne serait-ce qu'une conversation, ou un conseil, de la part de celui qui t'avait tout appris.

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contrairement à toi il me reste un tant soi peu de fierté. une remarque mesquine, une remarque qui empeste la jalousie. tu as de plus en plus de mal à le cacher, tu te sens à découvert, tu te sens comme un livre ouvert. et tu détestes cette étrange sensation de transparence. une fois de plus tu as envie de tout quitter, de partir en courant de t’enfuir. mais comme tu lui as fais remarqué : il te reste un tant soi peu de fierté. t’enfuir une fois pas deux. faut croire que toi non plus. tu continues de le fixer dans l’espoir qu’un regard arrange la situation, tu voudrais lui proposer d’aller boire un verre voir même de venir chez toi histoire de s’expliquer mais la réponse tu la connais. elle glisse de ses lèvres et te transperce de toute part. elle te rappelle qu’entre vous ce ne sera jamais plus comme avant, que les « je t’aime clayr » tu peux oublier. et c’est ce qui te blesse le plus mais tu essayes tant bien que mal de ne pas le montrer derrière tes sourires de façade. tu restes un moment muette ne sachant que dire.

putain. il est con.

et toi tu l’es encore plus. tu passes une main dans tes cheveux, histoire de te changer les idées mais rien n’y fait, t’es toujours pas à l’aise. planter là, devant lui, comme une fleur. une rose à qui il aurait voler les épines. t’as envie de le faire réagir, tu veux qu’il sorte de ses gonds, quitte à t’insulter, te blâmer. t’es prête à tout endurer, du moment qu’il ne t’ignore pas et qu’il arrête de t’observer comme une étrange bestiole, un insecte. tu me détestes, je t’écœure… tu déglutis, le dire est bien plus difficile que ce que tu ne pensais. ok, mais dis-le franchement alors. par franchement tu sous-entend ne pas avoir apprécier le « polygame » qui sommeille en lui. ou part alors, comme ça on sera quitte lâches-tu dans un murmure.

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de la fierté, de la fierté. tu lui en collerais dans la gueule de la fierté. t'avais envie de lui dire que c'était entièrement de sa faute. elle commence à te taper sur les nerfs avec ses paroles. le problème avec toi, c'est que t'as tendance à être un peu trop lunatique. y a cinq minutes, t'aurais pu presque l'embrasser et maintenant, t'as juste envie de partir. sans te retourner, et la laisser seule. avec que ses yeux pour pleurer. je doute qu'il t'en reste encore. d'ailleurs, je sais même pas pourquoi je suis venue te parler. c'est vrai, tu la reluques un coup et puis tu te dis que t'avais eu tord de t'approcher à nouveau d'elle. tu pouvais pas retomber dans le panneau, pas encore. t'es partie comme une lâche clayr. souffles-tu. j'ai même pas compris au début. j'ai presque cru que c'était une blague. et puis yann t'as ouvert les yeux. mais nan. t'as juste pas eu le courage de le dire quand on s'est vu. et pour ça, je t'en veux. tu relèves les yeux, et tu plantes ton regard dans le sien. tu essayes de rester calme devant elle. mais tu meurs d'envie de lui hurler dessus en vrai. tu te retiens, juste parce que des gosses vous tournent autour. je te hais. souffles-tu de nouveau. à cause d'elle, ton monde, celui que tu t'étais forgé depuis son départ et celui de yann, s'écroulait. tu te sentis faiblir devant elle. alors tu te retournes. partir et vous serez quittes ? sauf que toi, t'étais pas aussi lâche qu'elle. alors oui, tu lui tournes le dos et tu commences à marcher, mais c'est pas pour autant que tu vas t'enfuir en courant. tu fais quelques pas et t'inspires l'air avoisinant. t'as besoin de temps. pour digérer son retour, pour l'accepter quoi. t'as besoin de souffler un peu, mais t'as aussi besoin de ses explications. t'en meures d'envie. tu veux savoir, si tu comptais vraiment. et à quel point. j'ai besoin que tu m'expliques. prononces-tu suffisamment fort pour qu'elle l'entende. tu lui fis comprendre de te suivre jusqu'au banc, où t'étais précédemment assis.

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une lâche. tu te retrouves dans l’incapacité de répliquer quoi que ce soit car c’est la vérité. tu l’écoutes sans vraiment l’écouter, t’as l’impression que ce mot, ce simple mot tourne en boucle dans ta tête. un bourdonnement incessant, un grésillement qui te rappelle ton erreur. tu l’entends vaguement parler de ton départ mais au final tu ne retiens que les mots qui blessent. et tu les mérites. lorsqu’il plante son regard dans le tiens, tu ne peux t’empêcher de le baisser. tu n’oses pas le fixer droit dans les yeux, ils te rappellent beaucoup trop de choses à la fois. tu as envie de t’excuser, de lui demander pardon mais tu n’as pas le tombe. il le dit, trois mots qui tombent comme un couperet : je te hais. tu sens tes yeux brûler, ton nez te piquer, ta vision prête à se brouiller et une boule sur le point d’exploser se forme dans ta gorge. il te déteste et il s’en va et comme une idiote tu restes planter là sur le point de pleurer. il faut croire que t’es encore une gamine, incapable d’accepter la réalité qui prend forme sous tes yeux. inconsciemment tu te mets à la suivre, des petits pas, tu voudrais attraper sa main et le retenir, la tenir juste un instant, lui montrer que tu tiens encore à lui mais tu en es incapable. j'ai besoin que tu m'expliques. l’ombre d’un sourire apparaît sur ton visage, il ne te déteste pas au point de refuser des explications de ta part, c’est déjà cela. tu le suis jusqu’au banc le plus proche et t’y installes. franchement par où commencer ? j’ai pas d’excuse j’le sais, mais… tu esquisses un faible sourire. tu vas trouver ça niais mais c’est en partie pour toi que je suis revenue. t’as l’impression qu’on t’ôte un poids. j’étais obligé de partir wady, j’avais pas le choix. et si c’était à refaire, sans te mentir, je referais la même chose. c’est égoïste mais j’suis pas toi. oui, t’es pas lui. lui il a eu le courage de te dire je t’aime, et toi t’es incapable de lui dire au revoir ou de tout simplement de t’expliquer. juste bonne à fuir. tu soupires, tu préfères changer de sujet : 'fin bref, je suis contente de te revoir. yann va bien ?

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vous voilà assis l'un à côté de l'autre. t'écoutes ses explications, ou ce qui y ressemble en tout cas.tu t'attendais pas vraiment à ce qu'elle te sortes ça. t'as pas envie qu'elle te dise qu'elle le referrais si elle devait. tu veux pas entendre ça. non. mais t'encaisses juste, avec un léger pincement au coeur. c'est pour toi qu'elle est revenue. ou en partie. je m'en serais bien passé. dis-tu, en fixant le sol. elle avait pas le droit de refaire apparition dans ta vie. t'avais pas le droit de revenir. pas pour moi en tout cas. elle est pas toi, au début tu vois pas trop de quoi elle parle. j'suis comment alors ? tu demandes, comme ça, tu serais certain de ses pensées. t'avales ce qu'elle te dit, un peu difficilement. puis vient le moment où elle évoque le prénom de ton frère. yann. tu bondis. tu te redresses aussitôt et ton visage se crispe. elle est pas au courant. tu voulais pas qu'elle le soit. tu le veux toujours pas, mais v'là qu'elle évoquait le sujet. alors, tu craques tes phalanges nerveusement. et tu serres les dents. comment dire ? comment lui dire que ton frère est mort d'un accident de voiture ? tu tournes finalement la tête dans sa direction et tu fixes son visage. si innocent. yann est mort. l'expression te tiraille les lèvres. ça sort mais sans son. tu la regardes juste et t'essayes d'articuler ses trois mots. yann. tu marques une pause, involontairement. va bien. tu finis par mentir. par mentir sur ton propre frère. tu ne veux définitivement pas avoir le soutien de clayr en plus de tout ça. tu veux pas la voir pleurer ou que sais-je. alors tu mens. mais en bon menteur que t'étais, elle s'en rendrait pas compte aussi facilement. alors t'essayes de te détendre, même si là maintenant, t'irais bien boire un verre d'alcool.  

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j'suis comment alors ? toi tu as osé me dire je t’aime et moi j’ai pas eu le courage de te dire au revoir. tu le dis comme si c’était une évidence. il faut croire que pour toi c’est une évidence. c’est peut-être bien la seule chose que tu arrives à admettre. tu lui offres un nouveau sourire, un sourire de courte durée. à peine l’as-tu questionné sur yann qu’il bondit et se redresse. tu t’enfonces sur ton banc, reculant sur celui-ci par du fait de sa réaction franchement inattendue. tu ne comprends pas ce qu’il lui prend, ses traits se crispent comme sous l’effet d’un coup, sa mâchoire se contracte comme s’il s’efforçait à te cacher quelque chose. il regarde ailleurs et semble sur le point d’exploser tu ne comprends pas ce qu’il se passe et puis il finit par te regarder à nouveau. yann va bien. il articule péniblement ses trois mots. et tu n’en crois rien. il te semblait pourtant si proche de son frère, il ment, tu en es quasiment certaine. mais tu ne préfères rien dire, tu ne veux pas l’énerver plus qu’il ne semble l’être. il a certainement du se disputer avec son frère et remuer le couteau dans la plaie ne ferait qu’aggraver la situation. mais c’est plus fort que toi, tu veux savoir ce qui se passe. tu le connais, et il compte pour toi, tu n’aimes pas le voir dans cette posture, malgré toutes les saloperies qu’il vient de te balancer à la gueule. wade. à ton tour tu te lèves, ton regard ne quitte pas le sien tandis que ta main part à la recherche de la sienne. et merde. il aura qu’à la lâcher, la rejeter, t’aimes pas le voir comme ça. tu l’as limite jamais vu comme ça. je devrais pas dire ça mais si tu veux parler je serais là cette fois. ton pouce caresse ses phalanges dans un geste réconfortant. j’ai envie de me faire pardonner tu sais. vraiment. tu essayes de changer de sujet comme tu peux.

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mentir, mentir. tu n'aimes pas mentir aux personnes que t'aime. mais t'avais tendance à t'y forcer. la plupart du temps en tout cas. surtout en ce qui concernant yann. ça faisait un certain temps maintenant, mais tu n'acceptais toujours pas sa disparition. tu l'accepterais sans doute jamais. tu t'en étais voulu, tu t'en voulais. et tu t'en voudrais sûrement toute ta vie. parce que t'aurais préféré te retrouver à sa place ce jour-là. il est parti comme ça, en laissant une épouse, un frère et une famille qui l'aimait plus que tout. si ça avait été, t'aurais juste laissé ton frère. et encore, il aurait pas sombré dans l'alcool et dans la colère. tout comme toi, tu as fait. pas le courage de te dire au revoir. t'avais pas eu le temps de lui dire au revoir non plus. tu te perds dans tes pensées. tu arrêtes d'écouter clayr, et tu ne penses qu'à yann. tu fermes les yeux. la rage monte en toi. tu bouillonnes de colère. ça t'fais mal. un temps passe. quand tu rouvres les yeux, tu découvres ta main dans celle de clayr. elle est juste à côté de toi et tu sens son regard sur toi. tu peux pas faire ton connard et l'envoyer bouler alors que t'es à deux doigts de craquer émotionnellement. ce serait pas sympa. tu ne bouge pas. juste pas du tout. tu observes ta main dans la sienne, en silence. j'avais besoin de toi bien avant, souffles-tu suffisamment bas. tu ne sais pas si elle t'a entendu, tu espères que non. je peux pas clayr. le pardon se mérite, il ne se quémande pas. tu plonges ton regard dans le sien et souffles un coup. je ne suis même pas sûr de pouvoir le faire un jour. je t'en veux clayr. beaucoup. tu marques une pause. changeons de conversation, t'es devenue quoi dans la vie ? c'est peut-être mieux en effet de parler d'autre chose. tu restes pourtant la main dans la sienne, comme si tu beuguais. que tes piles étaient à plat et que tu ne pouvais plus bouger.