tristan & iseult
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(je t'aime, moi non plus.)

Accoudé au bar, Tristan tapa rapidement de ses deux pouces sur le petit clavier tactile de son portable : Salut, toi. J’ai bien reçu ton mail de hier, mais j’suis trop flemmard pour y répondre, alors je t’envoie ce sms pour m’excuser d’être imparfait. Voilà, envoyé. C’était adressé à la Fille, comme il aimait la nommer, celle avec qui il discutait depuis peu, sur le net. Ils avaient échangé leur adresse mail et leur numéro respectifs, s’envoyant des messages chaque jour, établissant ainsi une complicité bien spéciale. Ce n’était que virtuel, certes, mais ça comptait quand même dans l’esprit du jeune homme. Ça lui faisait au moins quelqu’un avec qui il pouvait parler de tout et de rien, dans cette ville. Bien sûr, il avait quelques amis, mais étant de nature secrète et introvertie, il préférait coucher ses émotions par écrit et quoi de mieux qu’une confidente virtuelle pour s’étendre sur sa petite vie monotone ? Monotone, surtout depuis que sa moitié n’était plus. Mais il préférait ne pas en penser. Il n’avait même pas encore abordé le sujet avec son amie du net. Tristan déposa son portable sur le comptoir en bois, attendant une réponse de sa part. Il commanda un coca au barman qui passait près de lui et but une gorgée de sa boisson lorsqu’il la reçut. Parce que l'alcool, ce n'était pas pour lui. De toute évidence, ce serait une soirée bien tranquille, comme d’habitude, quoi.

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tristan & iseult
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(je t'aime, moi non plus.)

La réponse de son amie virtuelle ne tarda pas à arriver, faisant sonner son portable. Il sursauta tel le mioche de douze ans qui se fait chopper par sa mère en train de se branler compulsivement. Eh merde, pourquoi ce machin était-il aussi bruyant ? Il coupa le son en soupirant, puis appuya de son index sur l’application messages textes. Eh bien, pour répondre aussi vite, son amie n’avait-elle donc rien à faire de sa soirée, elle non plus ? Un sourire aux lèvres, le jeune homme lut son sms. Avait-elle réellement pensé qu’il pouvait l’oublier ? Comment l’aurait-il pu ? Il adorait discuter avec elle, il avait beau ne pas la connaître en chair et en os, cela ne l’empêchait pas d’apprécier ses mots et son amitié. Il prit une gorgée de son inoffensive boisson, puis tapa sa réponse : Ça dépend. À mon avis, la perfection peut exister dans l’art. Vive l’art, aha. Sinon, passé une journée ? Une conversation banale, mais non moins agréable s’annonçait.

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