L'avantage avec les boutiques de tatouages, c'est qu'il n'y avait généralement personne avant l'après-midi. Apollinaire, tout dépareillé qu'il était, marchait d'un pas décidé vers la boutique de son amie/amante déjà maquée. Il avait la haine, déjà, parce qu'il était dix heures du matin et qu'il était déjà dehors, ensuite, parce que la jeune fille lui avait menti. « LOLA ! » cria-t-il en poussant la porte du magasin. « Lola c'est quoi ce bordel ! » Il posa ses deux mains sur le bureau, face à la tatouée. « T'as un mec ?! » Il se retint d'hurler en se souvenant des évènements de la vieille, où la jeune femme avait sauté dans les bras d'un autre juste après qu'ils aient copulé. La classe quoi.

Après une matinée plus tôt agitée, quand l'après-midi se pointa, elle se sent soulagée, une pause après quelques insatisfaits, ou des râleurs parce que la douleur fait mal, elle soupire de sougement, Ezra risque pas débarquer, comme il a cours, elle est soulagée, dans tout les cas, elle sait ce qu'elle fera les jours qui suivent, plusieurs soirées s'annoncent comme celle d'hier, elle s'était amusée comme une petite folle, elle se souvient même du coup de sa soirée : Apollinaire. Un nom français à ce qu'il dit. Elle sourit, elle avait passé un vraiment bon moment, jusqu'à ce qu'elle voit Ezra, et qu'elle lui saute dans les bras. Elle sourit, elle raccroche à peine qu'elle voit la porte s'ouvre, et Apollinaire qui crie son nom, elle le regarde. De quoi ? De quel bordel il parle ? Aaah !   Tieeens ! Ca va ? Oui, c'était mon copain hier. T'as pas le coeur brisée, ça va ? Elle le regarde un moment, en répliquant séchement. Même pas un bonjour, rien.

 Apollinaire croyait rêver. « Tieeens ! Ca va ? Oui, c'était mon copain hier. T'as pas le coeur brisée, ça va ?» Il prit sa tête entre ses mains, la secouant comme pour ne pas entendre la jeune femme.  « Mais bordel ! » Il se mit à marcher dans la petite boutique, essayant de se calmer. Il n'était pas du genre à dire non à une fille, mais ça le rebutait toujours de savoir qu'elle avait un petit ami. Apollinaire était de la vieille école et gardait cela de son éducation serbe : quand le gibier est prit, il est prit, qu'importe si le preneur est le dernier des connards.  « Et la fidélité, ça te dit rien ? Parce que moi j'ai pas envie de me faire casser la gueule par le dernier pequenot. J'sais pas si t'as remarqué mais je suis pas dans le genre costaud ! »

Elle le regarde faire, il réagit comme si c'était elle lui disait qu'elle avait le sida, alors que non, ce qu'elle avait, c'était un copain, certes, assez imposant, mais qui s'en fiche de ses partenaires, et puis, leur couple a toujours été comme ça. Dans tout mes cas, elle ne comprend pas pourquoi il réagit comme ça, tout deux était consentant, ils ont pris leur pied, tout ça, alors pourquoi cette réaction ? Elle a vite sa réponse, qu'elle accepte qu'à moitié, elle serre les poings, en le fusillant du regard. Tu m'prends la tête pour des conneries, sérieux, Ezra viendra jamais te casser la gueule parce que tu as baisé sa copine. Elle le regarde, puis elle en a marre de le voir faire les cents pas, alors, elle le plaque contre le mur, ses deux mains sur les épaules. C'est quoi le problème, à la fin ?

Elle le regardait avec de la colère dans les yeux, comme si l'explication d’Apollinaire n'était pas suffisante pour elle. « Tu m'prends la tête pour des conneries, sérieux, Ezra viendra jamais te casser la gueule parce que tu as baisé sa copine. - Ouais pas on sait jamais si une mouche le... » Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il se retrouva plaqué contre le mur, la jeune femme l'accrochant aux épaules pour le maintenir. « C'est quoi le problème, à la fin ? » Apollinaire finit par se calmer. « Mon problème, c'est que j'aime pas bouffer dans l'assiette des autres. » Il commença la fixer du regard. « J'en ai rien à branler que ton copain en ai rien à foutre de toi ou que tu veuilles t'envoyer le premier client venu, mais de la où je viens ça marche pas comme ça, c'est tout. »  Il la repoussa, toujours énervé mais sans pourtant aucune violence. « T'aurai pu prévenir. »

Elle le regarde un moment, non mais qu'est-ce qu'il en a battre qu'elle est en couple ou non, après tout, c'était juste un coup comme ça, un truc comme ça, pas sans suite, enfin, pas pour elle, elle ne compte pas lui dire qu'elle l'aime alors que ce n'est pas vrai, alors qu'elle n'est pas amoureuse de lui, en tout cas, elle a du mal à comprendre sa réaction. Elle respire un grand coup avant de le fixer à son tour : Je ne te comprends, on a juste fait ça une fois, et tu en fais tout une catastrophe parce que j'ai un copain mais ... J'allais pas te le dire entre deux coups de rein, ça aurait fait glauque, et puis, tu sais aussi bien que moi que c'est venu comme ça. Elle le regarde un moment, sans rien dire, il sait qu'elle a pas tort, et que dans tout les cas, ça allait pas retomber sur lui. Ezra s'en prend pas à ses conquêtes à elle. Trop facile. C'est quoi le problème, à la fin ?

Lola ne semblait pas vraiment satisfaite de l'explication d'Apollinaire. « Je ne te comprends pas, on a juste fait ça une fois, et tu en fais tout une catastrophe parce que j'ai un copain mais ... J'allais pas te le dire entre deux coups de rein, ça aurait fait glauque, et puis, tu sais aussi bien que moi que c'est venu comme ça. - Bien sûr que c'est venu comme ça, et oui si tu me l'aurais dit entre deux coups de rein je serais parti direct. » Ça il ne le niait pas. Lola était jolie et il l'appréciait, et de voir sa tatoueuse en tenue d’Eve ne l'avait pas dérangé. C'était de savoir qu'elle avait un Adam qui le foutait hors de lui. « C'est quoi le problème, à la fin ? » dit-elle après l'avoir regarder pendant un petit moment en silence. Apollinaire se calma, la colère et son souffle au cœur lui laissant un respiration lourde. « Le problème, c'est qu'on a pas la même conception du couple je crois. Qu'on baise une fois, pour rien, d'accord, que t’aille voir quelqu'un d'autre après, je m'en fous, je veux rien avec toi. Surtout pas être dans tes affaires de couples. Chez moi, ça marche pas comme ça, et généralement l'amant finit à l’hôpital avec un nouveau visage si tu vois ce que je veux dire.» Voila, il était là le profit. Pour Apollinaire, le couple, c'était sacré, mais apparament Lola et Ezra ne partageait pas le même point de vue, mais ça, le serbe ne pouvait pas le comprendre.

Elle écoute sur sa théorie des couples, ou presque, le problème au fond, c'est qu'il ne savait même pas pourquoi tout ça à commencer, alors c'est bien beau de dire qu'on jure fidélité, mais quand on a que ça pour se venger, c'est des promesses inutiles, et Lola le savait très bien. Elle le regarde, et attend qu'il est fini, elle soupire, et enlève son t-shirt, des traces de coups récent au niveau de l'abdomen. Tu veux savoir pourquoi je fais ça ? Hein ? C'est parce que je peux me venger de lui, comme ça. Je peux me venger de chaque coup en allant voir ailleurs. Et ça doit lui casser les couilles, parce que s'il n'avait pas un tant soit peu de sentiments, il m'aurait déjà quitté. Elle plante son regard dans le sien, pour lui faire comprendre qu'elle ne changera pas de façon de vivre parce qu'il a peur d'atterrir dans un lit à l'hopital.

Lola écoute sans rien dire, presque comme si au fond, elle n'en avait rien à foutre, ce qui énervait Apollinaire. Il n'imaginait pas un instant ce qui allait se passer, il était prêt à se lancer dans une tirade sans fin sur l'importance de la fidélité, du couple, la pureté du mariage, sa mère, sa belle mère et tout ce qui dans son éducation l'amenait à penser ça. Comme ça l'avait détruit lui de savoir que Marie pourrait coucher avec un autre, même si c'était fini. Non, pas un instant il ne pouvait imaginer ce côté négatif du couple que Lola lui révéla en enlevant son tee-shirt. « Tu veux savoir pourquoi je fais ça ? Hein ? C'est parce que je peux me venger de lui, comme ça. Je peux me venger de chaque coup en allant voir ailleurs. Et ça doit lui casser les couilles, parce que s'il n'avait pas un tant soit peu de sentiments, il m'aurait déjà quitté. » Apollinaire resta interdit, les bras ballants. Bon. Malaise. Il restait interdit devant le corps tuméfié de Lola. De toute la violence à laquelle il avait insisté enfant, il n'avait jamais vu celle là, aussi bête que cela puisse paraitre : les hommes ne battent pas leurs femmes. Jamais, c'est déshonneur et tabou. « Tu veux que j'aille l'éclater ? » C'est tout ce qu'il avait trouvé à dire.

Ce n'est pas qu'elle n'en avait rien à faire, juste que leur vision à tout les deux étaient trop différentes pour qu'ils en parlent, c'est tout. Alors, elle se braque et garde ce qu'elle pense pour elle, et lui montre les dégâts d'Ezra. Les dégâts de leur amours, et de leurs couples. Les coups pour dire qui dominent, les coups pour des je t'aime, reste avec moi étouffés, des je suis jaloux mal digérés. Leur couple à eux n'était pas comme tout les couples, c'est comme ça, et malgré tout le mal qu'il peut y avoir, elle reste, elle reste avec l'homme qu'elle aime, parce que quelque chose la pousse à rester près de lui. C'est comme ça. Elle ne demande pas non plus une raclée, et des deux, celui qui risque de finir à l'hopital, c'est apollinaire, c'est un fait avéré. Ca ne servira rien, juste, en parle pas à tout le monde, j'ai pas envie qu'on me voit comme la pauvre femme battue.  

Le corps abimé de Lola le gênait, lui arrachait des grimaces. Il aurait voulu qu'elle baisse son tee-shirt et fasse disparaitre les traces de coups. Elles avaient l’air récentes mais il s'en voulait de ne rien avoir vu la vieille, alors qu'il l'avait vu nue. C'était sous ses yeux et il n'y avait même pas prêté attention. Ca ne servira rien, juste, en parle pas à tout le monde, j'ai pas envie qu'on me voit comme la pauvre femme battue. Il acquiesça de la tête, abasourdit.  « Mais... » sa voix s'était cassée. Il secoua légèrement la tête, se raclant la gorge avant d'enfin oser affronter le regard de Lola. « Tu peux pas rester comme ça Lola. C'est plus de l'amour à ce stade là... » Il était un peu perdu, il avait conscience de marcher sur des oeufs, mais, même s'il ne la connaissait pas plus que ça, il ne pouvait pas juste là laisser la en promettant de se la fermer bien gentiment. « Il faut que tu te barres, que tu fasses quelque chose ! Ça peut pas continuer comme ça, sinon il va finir par te tuer ! » il haussa légèrement la voix, emporter par ses propos. Il voulait faire quelque chose, parce que ça s'était passé sous son nez et qu'il n'avait rien vu. Il se sentait terriblement coupable.

Ce que l'alcool a permis de cacher, grâce à la nuit, se découvre la jour, tout deux sobres. Si Lola ne peut pas vivre sans Ezra, elle sait qu'il finira par la tuer, parfois, elle se demande si ce n'est pas ce qu'il veut, si ce n'est pas ce qu'il désire, ce qu'il a besoin. Son cadavre sur l'asphalte. Mais Apollinaire doit être le seul qui a l'esprit clair, l'esprit le plus sain qu'elle, elle écoute chaque mot, alors qu'elle vient de remettre son t-shirt, et baisse le regard, elle ne veut pas qu'on voit ses larmes, où du moins qu'il voit la naissance de celle-ci dans son regard. Oui, elle sait tout ça, elle aurait voulu réagir de façon excessive, violente, tout casser, et partir, mais elle était là, comme une enfant qu'on accuse d'une bêtise, elle finit par lever la tête, et lui offre un triste sourire. Tu as déjà aimé au point de ne pas être toi sans cette personne ? C'est complètement dingue, mais je l'aime. Il est tout ce qu'il me reste, il est tout ce que j'ai. 

Le tissu vient enfin caché le corps tuméfiés de la tatoueuse, mais Apollinaire ne sait pas s'il doit s'en réjouir. Il ne peut pas effacer cette vision horrible, qui lui donnait des frissons. Ce corps malmené lui ramenait des mauvais souvenirs qui revenait parfois le hanter sans raison. Elle baisse la tête, comme si ça suffirait à cacher la tristesse qu'elle éprouve, les quelques larmes qui naissent au bord de ses yeux. Tu as déjà aimé au point de ne pas être toi sans cette personne ? C'est complètement dingue, mais je l'aime. Il est tout ce qu'il me reste, il est tout ce que j'ai. Elle a l'air triste, cassée et ça brise le cœur du serbe en mille morceaux. Lui, tellement habitué à souffrir du cœur, et même si ce n'était pas une sensation nouvelle, il se sentait mal. Il s'approche d'elle furtivement et encadre le visage de Lola de ses mains, plongeant ses yeux bleus dans les siens. « Écoutes Lola, t'es pas toute seule. Bien sûr que j'ai été amoureux, moi aussi, et aujourd'hui encore ça fait mal. Mais t'es pas toute seule, d'accord ? » De ses pouces, il essuie les quelques larmes du visage de la tatoueuse. Il ne pouvait pas concevoir qu'Ezra aimait réellement Lola. « J'ai aimé moi, comme un fou, et quand on n'aime on ne fait pas ça. J'aurais préféré me tuer que de frapper Marie... » Il soupira alors que le nom de son ancienne copine lui fit mal. Ce n'était pas le moment de penser à elle. C'était le moment de tendre la main à Lola.

Elle cache ce qu'elle n'a pas hésité montrer hier, elle aurait aimé se bourrer la gueule, et explosée de rire quand il lui parle de ça, mais elle ne peut pas, elle se montre faible, elle montre ce qu'elle ne veut pas qu'on remarque, non. Elle déteste ça, elle déteste qu'on voit quand on voit ses larmes. Et puis, ce n'est pas Manael, ni Nem, alors pourquoi elle fond en larmes devant cet presqu'inconnu. Elle qui se pensait assez dure pour tenir, pour aller bien sans substitut. Mais elle est là devant Apollinaire, à pleurer quelques que larmes. Peut-être que juste le fait d'en parler. Je sais que je ne suis pas toute seule, Apollinaire, juste que ... Ma vie est assez compliquée, et ce n'est pas qu'Ezra. SI je pars, j'irais où, si je pars, j'ai plus rien. C'est vrai. Je n'ai que le salon. Mais j'aurais jamais assez pour vivre par moi-même. Elle sent ses pouces qui frottent ses larmes, et elle lui sourit doucement. Elle sait qu'Ezra l'aime, et elle n'en doute pas. Elle a envie de dire qu'elle le cherche qu'elle se défend, qu'elle n'est pas passive. Mais, à quoi tout ça servira ? Elle a un doute, elle doute que ça puisse lui permettre d'expliquer ce qu'elle ressent, L'amour est une conception différente, elle dépend de la personne, elle dépend de toi, elle dépend de moi, elle dépend d'Ezra. C'est idiot, et je ne le défends pas. C'est juste ... je sais qu'il aime, comme toi tu as du aimer Marie, sinon, on ne serait pas là. On ne serait pas ensemble, tu comprends ?  

La proximité avec Lola ne le dérangeait pas. Il savait qu'il faisait bien, même si, au fond, il ne la connaissait pas du tout. Elle lui avait ait quelque tatouages et ouvert les bras pour une nuit sans qu'il n'ai jamais tenté d'en savoir plus et, à ce moment précis, il savait qu'il n'avait pas besoin de plus pour rester. Il en avait peut-être besoin plus qu'elle. Je sais que je ne suis pas toute seule, Apollinaire, juste que ... Ma vie est assez compliquée, et ce n'est pas qu'Ezra. SI je pars, j'irais où, si je pars, j'ai plus rien. C'est vrai. Je n'ai que le salon. Mais j'aurais jamais assez pour vivre par moi-même. Apollinaire répond timidement au sourire de la jeune femme. Il est gêné et, à la fois, il se souvient de la nuit terrible où Marie l'avait quitté. Il était partit à peine quelque mois après, mais c'était différent. Il avait sa famille derrière lui pour le soutenir, mais, il y avait surtout l'absence de Marie. S'il n'avait eut ne serais-ce que l'espoir de la croiser à un coin de rue un beau matin, il n'aurait jamais pu quitter Paris,il y serait resté à attendre que le destin la mette sur son chemin. Quitter l'être aimé pouvait être la chose la plus dur à faire, et pourtant ça avait l'air tellement simple. L'amour est une conception différente, elle dépend de la personne, elle dépend de toi, elle dépend de moi, elle dépend d'Ezra. C'est idiot, et je ne le défends pas. C'est juste ... je sais qu'il aime, comme toi tu as du aimer Marie, sinon, on ne serait pas là. On ne serait pas ensemble, tu comprends ? Il n'osa pas rire, mais elle avait raison. C'était littéralement ça. Si il n'avait pas aimé Marie, il n'aurai pas fuit la France à des milliers de kilomètres, loin des mauvais souvenirs. Il s'était menti à lui-même pour justifier ce choix, mais c'était la vérité. Il fuyait son passé. « Quand l'amour te détruis Lola, il faut pas rester... Ça finira par te tuer. Crois moi. » Il ne dérogea pas son regard du sien, il était sérieux et il en était persuadé. C'était les histoires comme ça qui finissait dans les journaux, ils s'aimaient trop alors ils ont fini par se tuer. « Viens à la maison en attendant si tu veux ! Si tu as peur qu'il te retrouve et qu'il te fasse du mal, je peux payer l'hôtel Lola, c'est pas un problème ça. Mais ne reste pas comme ça jusqu'à ce que ça finisse mal. »