Hurricane's grill surfers paradise. Je retenais l'adresse. C'était fort bon. Très bon. Oui, oui, 18 heures, je finissais de manger. Mon repas de soir. Je reprenais le taff dans une demi-heure et dans un bar, à part des cacahuètes, y a pas grand chose à grailler. Donc voilà, voilà. Après un bon pavé de bœuf bien saignant, j'étais prête à attaquer une nuit de travail. Je sortis du restau la tête dans les nuage, ravis de mon délicieux dîner. Carnivore que j'étais. Bref.

Je croisais des gens en sortant et sortis brusquement:
- Vous savez, j'ai mangé des petits poix à midi. Et bah c'est bien meilleur, ici.
Je m'arrêtais et clignais des yeux. Oui, bon, d'accord, je devais dire ce que je pensais maintenant. Mais pas tout non plus. J'haussai les épaules et descendai les marches pour aller me poser un peu plus loin, pour fumer une clope.

J'acquiesçai. La remarque d'Oslo était amusante, c'est vrai que la femme aux petits pois était particulièrement étrange mais au moins son arrivée inattendue avait empêché un malaise, celui engendré par les compliments d'Oslo à mon égard. Je ne savais même pas comment réagir à ça, les seuls compliments que j'avais reçus ces quatre dernières années venaient d'hommes bourrés à trois heure du matin dans la rue. "Hé mademoiselle, vous êtes charmante. Vous avez un bon cul, mademoiselle." Rien de bien flatteur. Bon, il fallait que j'arrête de me concentrer sur la grosse au t-shirt licorne, j'étais accompagnée ce soir, je devais rester polie et répondre lorsqu'il m'adressait la parole. "-Bon, on rentre ? On risque de se faire violer si on reste ici." Je rigolais, il fallait que je détende l'atmosphère. On est donc entré dans le fameux grill, l'ambiance à l'intérieur semblait déjà un peu plus normale. Je regardai Oslo du coin de l'oeil, j'allais passer une bonne soirée, c'était certain, il fallait seulement que je m'arrange pour ne pas créer de nouveau malaise, maintenant.

Manger dehors, à un endroit avec vue sur la mer ? Ok, Lexie Savannah Joséphine Margueritte (oui, j'ai honte) Malrow, rends toi à l'évidence c'est un rencard ou alors je lis beaucoup trop de livres romantiques (j'ai hâte de lire le tome cinq de Twilight, de Stéphanie Meyer ). J'ai fais les gros yeux, j'espère qu'il ne s'en est pas rendu compte, sinon c'est carrément trop la honte. Je crois même que j'ai rougis, oh lala ça y est, je savais que ce moment arriverait. Il allait se douter que je n'ai pas l'habitude des rencards, dans sa tête j'allais être "La fille pucelle à une exception près qui lit Twilight et qui rougit quand un mec un peu mignon lui fait des compliments", je suis pire qu'une collégienne. "-Oh, et bien, allons y." Je l'ai suivi jusqu'à l'extérieur du bâtiment et je me suis installée à la table qu'il avait choisie. Bon, faut trouver un sujet de conversation maintenant. La météo ? Non, mauvaise idée. "- Sinon, ça fait longtemps que t'es coiffeur ? Enfin, je veux dire, ça se voit que t'es un bon coiffeur, j'adore ta coupe de cheveux." Mon dieu, quelle abrutie, il allait se foutre de ma gueule, c'est bon, appelez mes amis, ma famille, conviez les à mon enterrement, je pars me suicider immédiatement là.

Et vous voulez savoir la cerise, que dis-je, le pompon sur le gâteau ? Il n'est même pas coiffeur. Oh, de toute façon je me suis déjà suffisamment ridiculisée, je suis plus à ça près. J'ai lâché un soupire, il devait se demander si j'étais vraiment très mal à l'aise ou alors seulement débile. En vérité, c'était un peu des deux. Je l'ai fait rire, c'est déjà ça. "- Si t'es pas coiffeur, tu bosses dans quoi ?" Ah bah voilàààà une question pas trop idiote, on s'améliore. Quand j'y pense, je ne connais quasiment rien d'Oslo, il est le fils de la coiffeuse de ma mère et accessoirement un compagnon de jeu pour mon fils, mais je ne m'étais jamais intéressée plus que ça à sa vie. "- Je suis désolée, au fait, tu dois me trouver vraiment bizarre. C'est juste ... une habitude que j'ai perdue, ce genre de soirée." Voilà, au moins les choses étaient claires, il allait peut-être se dire que je ne suis pas aussi conne que ça finalement.

"- C'est cool ça, j'aurais adoré faire des études et aller à l'université. J'y penserai un de ces quatre." Je souris, je commençais enfin à me détendre et à me dire que cette soirée n'était finalement pas si différente de celles que je peux passer avec Aylana, par exemple. Aïe, est-ce que j'ai dit un truc qu'il fallait pas ? Je sais pas, mais en tout cas il devait pas s'attendre à des excuses de ma part vue la tête qu'il a tirée. Désolée de quoi ? De ma maladresse, de ma stupidité, de ce côté gamine abrutie qu'il y a chez moi et dont j'ai horreur. Il me trouvait intrigante, c'était bien la première fois qu'on me disait une chose pareille. D'habitude, on dit de moi que je ne sais pas mentir et que c'est plutôt facile de savoir si je suis triste, heureuse, embarrassée ou énervée. Il planta ses yeux dans les miens, j'ai soutenu son regard. "- Au moins je te fais rire, mais si c'est pas intentionnel." Son sourire s'est agrandi, le mien aussi. J'ai continué à le regarder comme ça encore quelques secondes avant de me redresser. "- Bon, on commande ?"

"- J'adore le cinéma, la comédie et tout ce qui s'en rapproche, alors je suppose que mes études auraient eu un rapport avec cette passion." Je ne vois même pas pourquoi on parle de ça, c'est trop tard maintenant, je n'allais pas reprendre mes études, je n'en avais pas les moyens et pas forcément l'envie non plus. Par contre, je sais que si un jour je veux m'y remettre, ce sera possible, j'ai vu une femme à la télé l'autre jour qui avait reprit ses études à quarante ans. Oslo fit un geste au serveur qui vint prendre nos commandes. "- Moi je vais prendre une bière s'il vous plait." Je ne suis pas une grande fan d'alcool, alors une bière fera l'affaire. J'ai sorti une bouteille d'eau de mon sac à main (j'en ai toujours une sur moi) et j'ai bu une gorgée avant de briser le silence qui s'était installé entre Oslo et moi depuis quelques secondes déjà. "- J'y pense, c'est la première fois qu'on se voit en dehors du salon de coiffure. Il faudra que tu viennes chez moi un de ces jours. Je te ferai du café, la rumeur dit que je fais le meilleur de toute la région."