John Laws Park. Un parc tout à fait normal. Avec des chemins normaux, des bancs normaux, des passants tout à fait normaux, avec un étang pour à fait normal, et des arbres tout à fait normaux. Rien de bien spécial, donc. C'est pour ça que tu avais choisis cet endroit pour aller courir, quand tu as commencé, quand tu avais quinze ans. Et te voilà, six ans plus tard, yoga pants, baskets roses et débardeur assorti, exactement au même endroit. Si elle est pas drôle, la vie... Il fait plutôt chaud, parce que la journée est bien avancée. Ton mp3 dans les oreilles, tu commences ta course, ta queue de cheval rebondissant dans ton dos à chacun de tes pas. Boing. Boing. Boing. Boing. (...) Tu as fait le tour du parc, pour te retrouver à ton point de départ. Allez Mira, encore un tour ! Tu continue dans ta lancée, avant de remarquer une famille de canard passer devant toi à toute vitesse pour rejoindre l'étang. Tu les suis des yeux attendrie - les canards sont probablement les seuls oiseaux dont tu n'as pas peur - et voies la maman, et presque tous ses bébés sauter à travers les roseaux pour atterrir dans l'eau. Presque tous. Le dernier, lui, est restée coincée. Désolée, tu t'arrête dans ta courses, et t'avances vers l'étang pour secourir le petit. Tu l'attrapes dans tes mains, te penches vers l'eau pour l'y déposer délicatement et... « AAAAAAA- » Ton corps atteint l'eau avant même que ton cris ait eu fini de sortir de ta bouche. Tu te redresses, à l'ouest, pataugeant dans la vase. Elégant. « BORDEL DE SALOPERIE DE SA MERE LA PUTE ! »  

« Merde, merde, merde ! » Le canard que tu viens d'essayer de secourir nage doucement vers toi, comme s'il avait pitié. D'un autre côté... Tu te relèves, tant bien que mal, et t'extirpes de ce qui semble plutôt être, une fois à l'intérieur, un marais miniature. Tu as des algues dans les cheveux et du sable dans les chaussures. C'est tout sauf glamour, ça, c'est clair. Si tes colocs te voyaient dans cet état, ils se foutraient de ta gueule jusqu'à la fin des temps ! Une voix douce te sors de ton dégoût et ton nettoyage approximatif. Une femme, pas bien vieille, plutôt mignonne, qui à l'air toute douce et toute gentille. Elle te regarde avec amusement, mais aussi ce qui semble être une pointe d'inquiétude. Et soudain tu regardes autour de toi, et explose de rire, devant tout ces regards tournés vers toi. Vraiment, y a que toi pour te casser la gueule dans un étang en aidant un bébé canard ! « Je... Je... » Des larmes coulent sur tes joues. Tu les essuies du mieux que tu peux, avant de te rendre compte que tu étales plus de vase sur ton visage qu'autre chose, ce qui n'aide pas ta crise de fou rire. Pliée en deux, tu essayes de reprendre ta respiration. « Je veux bien, oui, merci ! »

Des larmes de rire coulent encore sur tes joues, et tu ne prends même plus la peine de tenter de les essuyer, de peur de trop ressembler à Shrek ! La jeune femme, après un regard gentil, s'en va vers sa voiture chercher quelque chose de quoi te secourir un minimum. Elle revient rapidement, une serviette à la main. « merci ! tu sais, je pense que tu me vois comme personne ne m'a jamais vu là, ça te donne le droit de me tutoyer ! » tu souris un peu, avant de t'enlever la vase du visage. Pouah ! c'est que ça pue en plus ce truc ! Tu grimaces un peu, et ricane devant la question de la demoiselle, avant de prendre un air très sérieux. « y avait un petit canard coincé dans les roseaux. » Les bébés canards, c'est sérieux, faut pas rigoler avec eux. A quelques pas de vous, tu vois un couple en train de te prendre en photo, hilares. Joueuse, tu fais ton plus grand sourire, et lève un pouce. Quitte à te faire prendre en photo ridicule, autant en rire ! Tu t'essuies ensuite les mains et les bras avant de te présenter à ta nouvelle meilleure amie. « moi c'est mira-charles, mais tout le monde m'appelle mira, au fait ! Merci pour le sauvetage express hein, vraiment ! »