Sachez le, vous n’avez rien à craindre si vous n’avez rien à cacher.

je suis désolé. j'avais marmonné, un air triste et las sur le visage. c'était indéniable ; j'aimais basile, même si je sortais avec théo. c'est vrai, les deux garçons étaient très différents l'un de l'autre, et théo m'attirait -et pas qu'un peu-, mais pas autant que le fameux copain de ma soeur. j'embrassai sans doute une dernière fois théo, alors qu'il dormait encore. je m'habillai en vitesse et ne lui laissa aucun mot, aucun message. j'avais pris le soin de supprimer mon numéro de son portable, et vice-versa. il allait me manquer, c'était certain. tout me manquerait chez lui, car tout était simple. il m'avait donné quelques instants de bonheur que jamais je ne pourrai revivre, mais je devais partir de sydney, j'avais fait de trop grosses conneries pour rester. un dernier regard, une dernière caresse et je claquai la porte de son appartement, sans me retourner. c'était fin de lui, de moi, de nous..

prattern park, un des parcs les plus calmes de surfers paradise. ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas. mais j'avais un besoin de sortir - et non de boire - qui me brûlait de l'intérieur. l'air était pesant à l'intérieur, et je ne trouvais ni le sommeil, ni une quelconque envie d'aller en boîte. j'avais laissé un post-it à maya, au cas où elle s'inquiéterait à nouveau pour moi. elle s'inquiète toujours pour moi, parce que je ne fais que pleurer, boire et fumer, je lui fais la misère alors qu'elle n'a rien demandé. dès fois, je me demande ce que je fous ici, pourquoi je suis là, et je n'ai jamais de réponse. à dix-huit ans, on est censé être heureux, trouver un job et faire la fête avec ses amis. et bien pas moi. c'est dans ce genre de cas que je me demande si j'ai pas une pierre à la place du coeur, ou encore un truc qui fonctionne pas, une alarme pas à l'heure. assise sur un banc, clope au bec, j'écoutais le bruits des fêtes et des gens qui dansaient, criaient, chantaient. je n'avais pas l'habitude de m'isoler alors que j'aurai pu boire, mais aujourd'hui, je n'étais ni triste ni heureuse. et qui l'eut cru lorsque je vis quelqu'un s'approcher, une silhouette familière dont le nom ne me revenait plus, que j'avais quitté il y a deux ans de cela et qui débarquait encore et encore dans ma vie ?

Sachez le, vous n’avez rien à craindre si vous n’avez rien à cacher.

théo. j'aurai pu m'enfuir, comme je l'avais fait il y a deux ans de cela. ou bien l'ignorer, parce que c'était fini entre nous, que j'y avait mis fin brusquement. mais j'ai souri, parce qu'il m'avait atrocement manqué. j'avais beau ne pas l'avoir autant aimer que nous le souhaitions, grâce à lui, je m'étais sentie vivante pendant des minutes et des heures intenses. et ce soir, il était là, devant moi, devant ma petite personne, une main dans les cheveux, tic que je lui connaissait si bien. j'ai été vraiment conne, désolé. je ne trouve pas grand chose à dire, et mes gestes ont dépassé ma parole, j'écrase ma cigarette, m'avance vers lui et mes lèvres se posent sur les siennes. je suis toujours toujours aussi maigre et petite, mais il n'empêche que parfois, j'aimerais être forte pour pouvoir tout lui expliquer, mais tout est si complexe que les mots ne serviront pas assez.

Sachez le, vous n’avez rien à craindre si vous n’avez rien à cacher.

il n'était pas fâché, ni triste en fait. deux ans s'était écoulé, un énorme fossé rempli d'eau, d'alcool et de larmes de deux ans, mon dieu que c'était long. mais je l'avais abandonné, et ça, c'était sûrement impardonnable. et surtout égoïste, mais je voulais m'empêcher de faire souffrir qui que ce soit d'autres avec mes états d'âmes et mes amours de seize ans. j'avais pensé qu'en quelque sorte, je le protégerai, même si je devais l'abandonner pour ça. je dois aussi m'excuser d'être aussi imprévisible ? toujours ce même sourire aux lèvres, un peu mélancolique et amusé, la situation était assez étrange.

Sachez le, vous n’avez rien à craindre si vous n’avez rien à cacher.

difficile de savoir si on est triste ou en colère, qu'on regrette ou non lorsque l'orage est passé. mais le plus dur, c'est de devoir dire la vérité, de devoir faire mal alors qu'on a tout fait  pour l'éviter, ce mal. et là, je me sentais vraiment ridicule, sa question je la redoutais depuis tellement longtemps. j'ouvre la bouche, cherchant mes mots, mais rien ne sort, jusqu'à ce que j'arrive à prononcer difficilement je suis partie parce que je voulais faire de mal à personne. j'ai déconné, théo, un peu trop. et j'me suis enfuit, parce que j'avais pas le courage d'affronter tout ça. j'ai l'impression d'arriver enfin à la surface après qu'on m'ai noyé deux ans. le problème c'est pas toi, c'est moi. je le regarde dans le blanc des yeux, va falloir qu'un jour, j'apprenne à avoir des couilles, parce que je tremble comme une feuille. manquerait plus que je m'effondre.

Sachez le, vous n’avez rien à craindre si vous n’avez rien à cacher.

un hochement de tête, du silence et un assis-toi qui résonne dans le parc vide. j'obéis doucement, sa main chaude dans la mienne, on essaie d'oublier le passé pour former un nouveau présent. il a l'air soulagé de savoir enfin la vérité, même si elle reste un peu vague. théo eut un sourire, pas ses sourires inutiles, son vrai sourire et je me détendis tout de suite, malgré que je tremblais encore un peu. merci je baissai la tête tout en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille, puis je le pris dans mes bras tout en riant nerveusement. deux ans, c'était trop long. va falloir rattraper le temps perdu maintenant ! et lui courir après.