Il était 23h, il me restais donc 59 minutes avant que mon moment préféré n'arrive. Je pris ma serviette écossaise, la dépliai sur le sable dur (vu que la mer descendait, je ne risquais pas de finir sous l'eau) et m'assis dessus. Comme chaque dimanche soir, je venais ici pour continuer mon expérience "étoileuse". Je n'y connaissais pas grand chose en étoile, mais cela m'intriguait. Et puis, j'aimais bien être là, seul avec la mer et la nuit, c'était très reposant. Cette nuit, il faisait plutôt doux mais je gardais tout de même ma veste sur mes épaules. J'ouvris mon cahier de brouillon, remplis de schéma, de calculs et de théories, puis repris où j'en étais. Je sortis alors mon rapporteur, plissai les yeux en essayant de chercher les étoiles de dimanche dernier. Mais je me rendis soudainement compte que de petit pas s'approchaient d'ici, ou étaient déjà bien de trop près. Je fermai mon cahier en deux secondes chrono et glissai mon rapporteur dans ma poche. Pourvu que cette personne ne m'ai pas remarquée.

Alerte rouge, alerte rouge. La voix d'une jeune fille se répercuta dans mon cerveau à la manière d'un boom-rang qui me frappe en pleine figure. Mince alors ! Elle s'asseyait à côté de moi maintenant ! Ca me stressais toujours, les gens que je ne connaissais pas. Je me déplaçai un tout petit peu vers la gauche, près à plier bagage mais elle ne semblait pas prête à me laisser partir. Elle me demanda si elle pouvait. Je mis quelques secondes à comprendre qu'elle avait mon cahier entre les mains. MON CAHIER, bordel. Non... Non, tu... tu peux pas ! dis-je précipitamment en tendant ma main vers mon cahier, près à le récupérer.

Voilà que cette inconnue me prenait mon cahier ET ne voulait pas me le rendre ! J'étais près à négocier quelque chose pour qu'elle ne l'ouvre pas mais trop tard, c'était fait. C'était la première personne à le lire, ou du moins à le survoler. Ce cahier c'était mon chez-moi, je notais tout dedans. Les mots que j'aimais et qui sonnaient bien, des citations, des calculs, parfois, quelques poèmes que j'inventais et même des schémas. Voilà qu'elle avait accès à tout cela. Génial. « Tu fais des recherches c'est ça ? » Non, enfin oui, en quelque sorte... J'essaye d'attraper le sens de la vie. Oula ! Elle allait me prendre pour quelqu'un qui avait trop bu là. J'ajoutai donc rapidement Rends-moi mon cahier s'il te plait.. Je lui tendais ma main, espérant que, ce coup-ci, elle me le rende et ne me tappe pas la main comme si j'étais un enfant de deux ans.

Je ne savais pas vraiment si sa remarque était une simple remarque ou une simple moquerie. Qu'avais-je dit qu'il ne fallait pas sur la vie ? De tout de façon, les gens on beau rire, ils ne comprennent rien. En plus, elle avait tort, la vie ça avait un sens. Apparemment, elle n'en avait rien à faire de ma demande. Elle continuait de regarder mon cahier, et même de le lire. J'avais envie de lui l'arracher des mains mais je n'osai pas. En plus, elle le tenait plutôt fermement et je ne tenais pas à le déchirer. Ca m'énervait de plus en plus qu'elle ne veuille pas me le rendre. Et lorsqu'elle me dit qu'elle ne me le rendrait qu'à la condition que je lui explique ce que je faisais, j'aurai bien aimé ne pas être venu ici ce soir. Elle avait dû me voir avec mon rapporteur en train de regarder le ciel... mince alors ! Et pour bien m'achever, elle me regarda bien en face et pointa mon pauvre cahier du doigt. Ok, message reçu cinq sur cinq. N'empêche que j'esseyai une dernière chose : garde le, je m'en fous de tout de façon. Dis-je en haussant les épaules. FAUX, archi-faux. Mais je n'avais vraiment pas envie de parler avec une fille qui s'était incrustée sur ma couverture écossaise, m'avait volé mon livre, et venait de gâcher mon moment préféré de la journée. J'espérais qu'elle abandonnerait et partirait en laissant le livre ici. Sinon, adieu cahier adoré.

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entre deux étoiles

Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin.

 « Je ne me fous pas de toi tu sais, ce que tu fais m’intéresse vraiment » elle s'allongea sur la couverture écossaise, les genoux repliés le regard rivé vers le ciel. « les étoiles me fascinent... Mais je n'y connais absolument rien » ouais bon elle savait quand même reconnaître la grande, la petite ourse et l'étoile polaire, mais pas plus. Rien d'extraordinaire quoi. Donc oui, tout ce qu'elle disait n'étaient pas des paroles en l'air, elle était curieuse des connaissances du jeune garçon. Elle se redressa doucement et lui rendit son cahier. « Je suis désolée, je n'aurai pas dû te le prendre, je ne sais pas ce qui m'a pris... » la blonde s'allongea à nouveau, quelque peu honteuse de son comportement, les bras croisés sur son estomac.

made by LUMOS MAXIMA

Je ne sais pas si je dois la croire quand elle dit qu'elle se foue pas de moi, mais je décide tout de même de lui laisser une seconde chance. A présent elle s'allonge, apparemment pas vraiment décidée à ma laisser seul. Bon, tant pis. Je la vois regarder le ciel noir, parsemé de milliers d'étoiles scintillantes. Elle me dit qu'elle y connait rien. Tu vas être déçue, moi non plus. Et c'était vrai, à vrai dire, j'aimais juste regarder les étoiles, chercher celles qui scintillaient le plus ou bien celles qui étaient sur la même ligne. Ce que je faisais ne servait à rien, mais j'inventais des repères dans le ciel, comme de nouvelles constellations que je serais le seul à connaître. Soudainement, elle se releva et me rendit mon cahier en s'excusant. J'hochais la tête, n'ayant rien à ajouter. Je lui en voulais un peu tout de même, mais cela ne servait à rien de la cribler de reproches. Je me tus donc et m'allongeai à mon tour. Je jetais un coup d'oeil à ma montre : 23h58. Surtout, ne dis rien. Laisse le silence.

Quelques minutes plus tard, la jeune fille me demanda si je venais ici souvent. Heureusement qu'elle avait tenue une minute, pour ne pas briser le 23h59. Si je lui disais oui, viendrait-elle à chaque fois ? Je ne l'espérais pas, c'était mon moment, seul. Je me retournais légèrement vers elle, et décidais de rester assez d'être vague dans ma réponse, pour ne pas qu'elle revienne. Certes, elle était devenue plus "cool" que tout à l'heure, mais je restais méfiant. Oui, de temps en temps. Puis, je me demandai si elle aussi venait souvent. Je ne l'avais jamais vu auparavant, mais peut-être qu'elle se baladait un peu plus loin... Et toi ? Lui demandais-je.

Mince alors ! Elle avait dû remarquer que c'était mon moment solo... Mais je ne voulais tout de même pas qu'elle parte, là, comme ça ! Je m'en veux. J'ai l'impression d'avoir été méchant avec elle, alors que je ne la connaissais pas. Peut-être que je l'ai jugé trop vite. Je sais pas. J'ai vraiment l'impression de lui avoir gâché sa soirée. Je me lève d'un bond et l'attrape par le poignet, que je lâche dans la seconde qui suit. Pourquoi tu pars ? Question débile, Aaron. Elle part sûrement parce que tu la soules ! J'ajoute alors : Heu, tu peux rester si... si tu veux... . Et là, je regrette tout de suite, j'aurai dû la laisser partir, peut-être qu'elle voulait simplement partir, maintenant elle va vraiment croire que je me moque d'elle ou bien me prendre pour un débile. Au choix.

Heureusement, elle ne m'avait pris ni pour un débile ni pour quelqu'un qui se moque d'elle. J'hochai la tête lorsqu'elle me demanda si j'étais sûr qu'elle ne me dérengeai pas. Puis la voilà à nouveau installée sur ma couverture. Et elle me posa la même question qu'au début de notre rencontre, sauf que ce coup-ci, je me devais de lui répondre. Je regardai droit devant moi tandis que je sortais de ma poche mon rapporteur. Tiens. Lui dis-je en le lui tendant. Maintenant, tu peux le mettre face au ciel, et essayer de relier les étoiles entre elles. Je me tournai vers elle et lui souris : Tu vas créer tes propres constellations, tes propres repères. C'est cool non ?

Je la regardais, chercher ses propres étoiles. Elle paraissait vraiment intéressée, et cela me rendit plutôt content. Peut-être que je n'aurai pas dû la repousser dès le début ? Après tout, observer le ciel à deux était aussi une bonne expérience. Alors qu'elle s'émerveillait, une étoile filante passa dans le ciel. Je regardai alors le ciel, redevenu noir en quelques secondes. Tu regardes souvent les étoiles ? Lui demandais-je, à tout hasard.

Elle dessinait ? Je me demande ce qu'elle dessine. Les étoiles ? Les moutons ? Je n'ai jamais réussi à comprendre comment bien dessiner. Mes moutons ont toujours plus ressemblé à des nuages qu'à de véritables moutons... Je me retourne vers elle, prêt à lui en demander plus sur ses dessins mais elle m'annonce qu'elle part, avec mon compas. J'ouvre la bouche, prêt à répliquer mais je me ravise. Quelque chose me dit que je peux lui faire confiance, qu'elle reviendra demain, avec mon compas (dans le pire des cas, je m'en rachèterai un). Ok, à demain alors. Je la voyais qui commençait à s'éloigner. Eh ! Ramenne tes dessins si tu veux. lui proposais-je, un sourire curieux aux lèvres. Après tout, j'avais bien dû lui expliquer mes étoiles. A son tour de m'expliquer ses "expériences", ses dessins.