il hésite un peu, ça te viens même pas à l’idée qu’il ne pensait pas à ce genre d’embrassade. t’es un peu trop naïve, faut dire que t’as jamais connu ça toi, tu sais pas comment ça se passe et tout ça, tu sais même pas comment reconnaître ce genre de situation délicate, pour toi c’est de l’amitié quoi qu’il arrive. parce que oui, en plus, c’est sûr que les garçons préfèrent les filles qui ont de l’expérience, toi t’as l’expérience d’une gamine de dix ans dans ce domaine alors bon, tu te fais pas trop d’idée. tu ris quand il te met de la sauce tomate partout, en t’embrassant la joue à plusieurs reprises, tu te débats un peu « mais j’vais être toute saaaaale, nikki, fouh ! » tu le pousses un peu, gentiment, en riant, tu le repousses pas, tu veux juste, t’essuyer, puis lui essuyer la bouche, après il pourra te faire autant de bisous qu’il veut mais après seulement. Tu prends un sopalin et lui essuie la bouche après t’être essuyée la joue « voilà, là tu peux » dis-tu en riant.

je rends sa peau pleine de sauce tomate, façon pizza et elle me repousse un peu comme elle peut, nos voix qui laissent échapper des éclats de rire. toute sale, c'est pas important, elle n'aura qu'à prendre une douche après, c'est ça le secret, voilà tout. je la laisse quand même s'essuyer, puis j'attends sagement comme un enfant, les yeux fermés, qu'elle m'essuie. elle me lance le feu vert, et un sourire radieux étire mes lèvres. c'est parti! je fonds sur elle pour la couvrir de baisers à nouveau, la fais basculer gentiment sur le canapé pour mieux la surplomber, mieux l'embrasser sur toute sa joue, sur sa tempe, sur sa mâchoire, sur son menton, son nez aussi un peu. pris dans l'élan, je suis à deux doigts d'embrasser ses lèvres. je reste un moment immobile au-dessus d'elle, à hésiter, pour finalement me relever. un dernier baiser à sa joue, me voilà de retour à ma place.

a peine le temps de lui dire qu’il peut, qu’il se jette sur toi et tu ris aux éclats, ça te fais bizarre, tu mets ça sur le compte des chatouilles, mais ce sont de réels frissons que tu ressens dans tes entrailles, tu sais pas à quoi ça correspond ces frissons, du moins tu fais en sorte de ne pas savoir même si une petite idée traverse ton esprit, non tu ne dois pas, non, penses à autre chose. « ahhhhhhh nikki, tu me chatouilleeeees » soudain il s’arrête net, tu lèves un sourcil, tu le regardes, il reste quelques secondes comme ça, puis il se rassoit sans rien dire, tu te redresse, inquiète de le voir agir comme ça, d'un seul coup « qu’est-ce qu’il se passe, ça va ? »

je me relève. j'suis bête. j'aurais pas dû m'arrêter, comme ça. j'aurais même pas dû y penser. stupide. pourquoi ça m'est passé par la tête, au juste? c'est stupide. vraiment stupide. n'importe quoi. j'me sens incroyablement bête, maintenant. puis évidemment, elle doit pas comprendre, jolly. elle est tellement innocente. elle comprend pas, elle croit qu'ça va pas. moi je lui offre un petit sourire que j'essaye vainement de rendre convaincant.
- oui, oui, ça va.
j'attrape une autre part de pizza que je savoure. tiens, ça m'évitera de faire n'importe quoi avec mes lèvres.
- c'est vraiment une tuerie cette pizza.

il te dit que ça va mais tu sens bien qu’il y a un truc, il veut pas en parler, soit, tu vas pas insister, t’es un peu triste, mais tant pis, un jour il se confiera à toi, tu peux pas brusquer les gens, les obliger à te raconter leurs malheurs, ce à quoi il pense, ça marche pas comme ça. bien sûr toi t’aimerais aider tout le monde, que tout le monde te raconte ses tracas pour que tu puisse leur remonter le moral, mais non c’est pas ça la vie, y a des gens qui parlent pas facilement mais faut que tu l’acceptes, c’est comme ça, c’est pas pour autant qu’ils ne t’aiment ou t’apprécient pas, bien au contraire, c’est leur jardin secret, c’est vrai toi aussi t’en a un de jardin secret et des fois t’as pas forcément envie que quelqu’un force l’entrée, ben les autres c’est pareil, pour tout le monde c’est pareil. ton visage se ferme, mais non jolly, ne soit pas triste, regarde il reprend de ta pizza, il l’aime cette pizza. « tu connais les burgers pizza ? un jour je t’en ferais, tu verras c’est bon ! » sur qu’il aimera, de toute façon dès que c’est bien gras les hommes ils aiment ça.

faut que je me remette les idées en place, c'est pas parce qu'elle m'a accueilli sous son toit, qu'elle est constamment agréable et en train de sourire, que ça veut dire quoi que ce soit. c'est pas parce qu'elle est incroyablement jolie que j'ai le droit d'aller l'embrasser. ni même d'y penser. faut que j'pense à autre chose. alors je reprend de la pizza. puis jolly m'aide, à penser à autre chose. je tourne la tête vers elle et hausse un sourcil.
- un burger pizza? qu'est-ce que c'est que cette chose?
j'essaye d'imaginer la gueule que ça peut avoir. impossible, j'y arrive pas.

tu écarquilles les yeux, il connaît pas pourtant tu le sais, t’en es certaine il va aimer. tu te tournes d’un quart de tour et te mets en tailleur pour l’avoir bien en face de toi et tu te lances dans tes explication « alors un burger pizza c’est un hamburger lambda, sauf que à la place de la salade, des tomates et de la tranche de fromage t’as tout ce qu’il y a dans un pizza, sauce tomate, jambon, champignon, olive, fromage rapé et en plus y a un steack » expliques-tu en faisant tout plein de gestes qui accompagnent ta parole. « bon moi j’aime pas trop ça, c’est vraiment très très gras » c’était le genre de recette que tu faisais plus à ton père ou même à tes amis, t’es quand même une fille qui fait un minimum attention à ton image, puis quand c’est trop plein d’huile ça en devient presque écoeurant. c'est bien en parlant d'autre chose t'as presque oublié ce qu'il s'est passé il y a de ça quelques minutes.

je l'écoute attentivement, j'essaye de m'imaginer un peu la chose que ça peut être, son burger pizza. ça a l'air à la fois appétissant et dégoûtant. j'sais pas trop quoi en penser, en fait. et j'crois que la moue sur mon visage l'exprime bien. j'usis un peu perdu.
- si c'est gras alors ça m'va, faut entretenir mon bide.
sur ces mots, je pince mon ventre qui est genre fat-free et souris un peu. j'suis sûre que j'vais aimer, de toute façon. comme le reste de tout ce qu'elle cuisine. ma cuisto personnelle. j'suis chanceux de l'avoir, et pas qu'un peu. j'pose ma part de pizza un instant, m'essuie les mains. j'me tourne un peu vers elle et pose ma main sur sa jambe.
- jolly, ehm.. merci. j'veux dire, vraiment, merci pour tout c'que tu fais, t'es même pas obligée, et on s'connaît à peine j'veux dire.. vraiment, merci.