[PV Noah] I'm singing in the rain.

Une pluie torrentielle. Comme elle en avait rarement vu depuis l'hiver. Après les flocons, les arbres avaient doucement repris leurs couleurs. C'était magique. Poppy, comme on s'en doute fortement, avait toujours eu un coup de foudre pour cette saison où tout revenait à la vie. Alors, avec son parapluie rouge immense, aux bords noirs, à la matière caoutchouteuse et à l'effigie étrange d'une mascotte japonaise, défilait dans le Parc en direction de son appartement. Toute seule. Là, un étrange sentiment venait de l'envahir, de la gonfler à bloque, de se propager dans sa poitrine. Et c'est en fredonnant un air familier de I'm singing in the rain, qu'elle montait la pente après une rude journée de cours. La première. Certes. Mais pas des moindres. Des premiers prof' et des premières têtes. Beaucoup se demandaient comment une nana de vingt-six ans pouvait bien se retrouver là. Ou la jaugeait, avec sa tête toute verte. Mais elle s'en moquait complètement, Poppy se foutait toujours des regards. C'est sûrement pourquoi à cet instant, sans vérifier s'il y avait le moindre témoins, elle entamait d'une voix harmonieuse la mélodie toute bête et bien adaptée. Sa voix d'abord chevrotante, clair comme du cristal – pour une fois – entamait l'introduction. Puis vint le refrain, qu'elle lâchait à plein poumon. Globalement, le résultat était assez convainquant. Certains amis s'amusaient à dire qu'elle aurait pu auditionner pour la télé. Mais c'était pas vraiment son truc. Ici, elle était tout simplement bien. Seule maître de son destin.

la pluie n'avait cessé de tomber cet après-midi là, et les rues étaient désertes. les surfeurs, pourtant d'habitude aventuriers, avaient fuit la plage, tandis que les quelques rares passants s'abritaient sous leurs parapluies. et moi j'étais là, je marchais sereinement vers mon chez moi, je sentais les fines gouttes d'eau perler sur mon front, puis sur mes joues, pour enfin descendre le long de mon cou. il ne faisait pas froid, l'air était doux, et c'était un temps qui me rendait euphorique. la pluie et la chaleur. la colère et la joie mélangés, comme deux amants. puis je l'aperçut, vive flamme verte qui virevoltait tout en chantant d'une voix mélodieuse. je m'approchais, et la regardait en souriant. en espérant qu'elle ne me voie pas.

Elle déambulait. Laissant quelques regards sur les fleurs trempées. Heureuse. Un bonheur simple. La vision de Poppy avait tellement changée, en si peu de temps. Tout portait à rire, à parler, à débattre ou à s'extasier. Avec le temps, elle croyait que ça s'arrêterait. Mais non. Ca n'a jamais été le cas. Un fin insatiable de vivre l'animait comme personne. A croire que seul les survivants l'avaient. Du moins, ceux qui sortaient d'une maladie les ayant cloués au lit durant des années. Doucement, elle continuait sa litanie, allant même jusqu'à tournoyer autour d'elle même. Et dans sa course folle, une silhouette apparaissait. Un autre tour, et Poppy avisait un grand brun aux prunelles aussi myosotis que les siennes. Un visage d'ange, lui souriant à pleines dents. Pourtant, ses lippes continuaient leurs litanies. Pourquoi diable devrait-elle cesser de faire ce qui la rend si heureuse ? Trop longtemps, la jeune femme s'était contenue. Il y avait quelque chose, chez cet homme. Vous avez déjà su, au premier regard, que telle ou telle individu était fait pour être parfaitement compatible avec vous-même ? Elle appelait sa la collision de l'âme. Beth l'avait croisé, et elle avait immédiatement su qu'elle l'adorerait ! Bien là, avec ce personnage inconnu qui la fixait avec ce sourire pure et adorable aux lèvres, c'était la même chose. Rien à voir avec un truc de fille comme le coup de foudre. Détrompez-vous. - Just singin', Singin' in the rain … -

elle était belle. pas le genre de beauté qu'on trouve partout. une beauté simple, naturelle. son visage respirait le bonheur, son sourire était resplendissant. ses yeux brillaient, tels deux diamants, tandis qu'elle dansait et chantait en même temps, tournoyant sur elle-même comme une toupie. je ne savais pas par quoi elle était habitée, ni ce qui la rendait joyeuse en cet instant, mais j'avais envie de la rejoindre dans sa danse. cet air qu'elle fredonnait, je le connaissais. tout le monde le connait, d'ailleurs. alors je courus à sa rencontre en lui donnant la réplique, comme dans un film. ... What a glorious feeling, i'm happy again !

Alors ça, c'était le genre d'histoire tellement chouette que personne ne la croirait jamais ! Qu'est-ce qui pouvait pousser les gens à se rapprocher ? Poppy n'en avait aucune espèce d'idée, mais ce soir-là, sous la pluie, protégée par son immense parapluie, elle entendait l'homme la rejoindre. D'un pas il s'avançait. Poppy eut envie d'éclater de rire, elle qui détestait et se moquait des séries pour ado qui chantaient et dansaient entre deux peines de cœur. Cette scène avait des airs de comédies musicales. C'était un peu too much, mais sur l'instant, Poppy n'y pensait même pas. Il ne se moquait pas, au contraire, il conversait avec elle par rythme mélodieux. Et merde, il avait une voix absolument sublime ! - I'm happy again. I walk down the laaane. With a happy refrain. And singing, Singing in the rain, ... in the rain, ... in the rain. ... - Et voilà le bout de la musique. Cette fois, Poppy ne retenait pas le fou rire qui fit trembler ses épaules, levant le bras et couvrant leurs deux silhouettes par l'immense parapluie. - Salut ! - Qu'elle se contentait alors de dire, encore hallucinée par cette rencontre inhabituelle. Alors ça, c'était original. Et la mine souriante, elle tendit une main aux longs doigts effilés. - Moi, c'est Poppy !-

puis sa voix fit écho à la mienne, elle me répondit tout en chantant, et elles se mêlèrent toutes deux l'une à l'autre dans un seul son. son corps gracieux s'arrêta de tournoyer quand la chanson se termina, je lui souris puis elle leva son parapluie, afin que je puisse me protéger de la pluie incessante. nous étions à quelques centimètres l'un de l'autre désormais, je pouvais voir ses yeux pétiller. elle me salua tout en me tendant une main toute tatouée, que je m'empressais de serrer contre la mienne. "Enchanté Poppy, je suis Noah."

Noah. C'était joli, ça, comme prénom. Songeait-elle, un sourire éclatant qu'elle lui adressait à nouveau. Parce que, par delà les paroles, un sourire pouvait tout guérir et rapprocher les gens. Ca semblait peut-être utopiste, mais elle en avait eu la preuve des millions de fois. Alors leurs deux mains se serrent. Poppy avait toujours trouvé que ce geste ressemblait à un pacte qu'on selle. Il disait ' A partir d'aujourd'hui, je te reconnais.' - Alors, Noah, vous êtes fétichiste des cheveux verts ? Ou vous aimez suivre les femmes dans les parcs ? - S'amusait-elle en prenant un air faussement horrifié. - Non, je sais ! - Clamait la tatouée en récupérant sa minette, penchant la tête sans pour autant baisser le bras qui tenait le parapluie. - Vous êtes producteur et ma voix vous a époustouflé !- Supposait-elle avec tellement d'humour, qu'on voyait clairement qu'elle blaguait. Poppy n'avait jamais été du genre égocentrique. - Je plaisante, mais vous allez attraper une pneumonie comme ça. - Le pointant du doigt, lui et sa silhouette complètement trempée. Oui, elle était du genre moulin à paroles.

à mes mots, la jeune femme continua de sourire. c'est agréable, les gens qui sourient. un sourire, c'est pas grand chose mais ça peut illuminer une journée, refaire naître un espoir perdu enfoui au fond de vous-même. puis elle commença à me parler tout en plaisantant comme si l'on se connaissait depuis toujours. "c'est ça, j'ai entendu votre voix du bout de la rue, et je me suis dit que vous seriez bien à votre place dans mon grand opéra Parisien", et je prononçais ces derniers mots en Français, au risque de paraître ridicule. je rigolais de ma propre blague en lui lançant un clin d'oeil, puis elle me fit remarquer que j'étais trempé. avec l'émotion, j'avais oublié, et en effet, mon t-shirt dégoulinait, laissant apparaître en dessous quelques bouts de peau. "oops, c'est génant.. par contre, vous, vous êtes bien trop sèche à mon goût, c'est pas du jeu." et avec un air de défi, je mis mon pied dans la flaque d'eau la plus proche, et l'aspergeait en rigolant. j'étais persuadé qu'elle n'allait pas le prendre mal.

Elle avait répliqué ça tout naturellement, la plaisanterie fine et facile. Du genre à plonger dans l'autodérision avec ferveur, Poppy aimait prendre tout à la légère. Et pauvre d'elle, elle ignorait que cet état d'âme lui causerait bientôt pas mal de soucis avec un certain professeur. Mais qu'à cela ne tienne, ici, elle était en présence d'un individu qui semblait totalement s'y complaire et, à sa grande joie, partager son esprit vif et joyeux. C'est avec l'innocence de deux enfants qu'ils s'abordaient. Car elle l'a remarqué bien des fois : Les gamins qui ne se connaissent pas virent meilleurs amis en moins de deux minutes. Par une simple lexie magique : Tu veux jouer avec moi ? Ici, le dialogue était différent, moins naïf et les deux protagonistes bien loin de l'enfance. Pourtant, à en juger par leur comportement, ils avaient l'allure de deux gamins tout heureux de s'être trouvés. Poppy entendait déjà sa mère – la mère porteuse, pas l'autre – la vanner à propos de sa nouvelle rencontre avec un joli garçon. Les gens ne pensaient vraiment qu'au fion. Lorsqu'elle fit judicieusement remarquer au brun qu'il était complètement trempé – Jusqu'à avoir un bout de tissus qui ne laissait plus aucune place à l'imagination – ce dernier sembla soudain gêné. C'est vrai que c'est con. A sa place, elle aurait l'impression d'être complètement à poil. Même si elle avait pas de seins. Sauf deux espèces de clémentines en guise de poitrine. Mais pour faire bonne figure, le rustre osa l'improbable. Diviser la flaque entre eux d'un coup de pied agile pour l'asperger. - HEY ! - Qu'elle beugla pour la forme, ses lèvres ouvertes en un cercle purement comique. D'accord, s'il voulait jouer à ça. La jeune femme prit alors l'initiative de retourner son parapluie, se moquant éperdument de se faire tremper par l'averse, pour remplir son ombrelle et renvoyer l'ascenseur à son nouveau camarade. - AH AH ! - Triompha-t-elle puérilement, admirant le pauvre homme complètement aspergé.

je ne m'étais pas trompé : Poppy avait pris la blague à la légère et rigolait même encore plus que moi. je n'aurais pas imaginé l'inverse, quelle aurait été ma réaction si elle avait réagi autrement? je me serais senti très bête, pour sûr. il était rare pour moi de rencontrer des personnalités comme celle-ci, des grands gamins insouciants qui jouent avec la vie. puis, avec un air de vengeance, elle me rendit mon geste, j'étais désormais plus que trempé, et avec la pluie qui continuait de tomber, cela ne faisait qu'empirer. "ah, ah! je crois que là, ça ne peut pas être pire!" j'épongeais mon t-shirt, mais cela ne servait à rien. nous nous regardons en rigolant, essayant en vain de nous débarrasser de la masse d'eau qui coulait sur nos vêtements. "je crois qu'il va falloir aller se sécher, ou c'est la pneumonie assurée!"

Allez. Avouez. Pop' avait un frère jumeau et on avait oublié de le lui dire ? Non, sérieusement. Comment pouvaient-ils autant se comprendre alors qu'ils venaient à peine de se croiser ? C'était carrément surréaliste, mais inutile de réfléchir d'avantage. Alors, plus qu'amusée, Poppy observait le brun éponger son T-Shirt, pile au moment ou la pluie cessait enfin de battre. Nonobstant, le ciel restait couvert, menaçant. Tandis que la jeune femme levait le menton pour aviser les branches humides, Noah proposa l'option la plus raisonnable. Se sécher. Sauf que … Son propre appartement était complètement mis à sac, tandis qu'elle attendait de trouver des colocataires, ou un autre appartement. Et elle n'était pas non plus complètement folle. IL restait un inconnu qu'elle venait tout juste d'aborder. - Ok, vous … On peut se tutoyer ? - Tiqua-t-elle, gênée de vouvoyer un type qui semblait avoir son âge, ou même peut-être moins.

se tutoyer? c'est vrai que vu la différence d'âge qu'il y avait entre nous, nous vouvoyer faisait un peu... vieux jeu. j'acceptais donc, j'hochais la tête en souriant. puis je levais les yeux vers le ciel, l'averse avait cessé, mais un gros nuage noir flottait au-dessus de nous. à coup sûr, dans quelques minutes, c'était reparti ! je pris quelques secondes de réflexion pour lui demander ceci, après tout, je ne la connais pas, "si ça te dit, on peut aller boire un café, c'est pour m'excuser de t'avoir trempée!" j'étais pas trop du genre à faire ce genre d'invitation d'habitude, mais j'étais persuadé que cette fille était intéressante.

Après leur petite expérience foireuse, les deux idiots de service étaient trempés jusqu'aux os. Mais le sourire aux lèvres, et le cœur léger. Même pas une once de gêne. Et à sa proposition, Poppy éclata de rire. - On peut dire qu'on fait tout à l'envers ! - Et c'est une réplique spontanée, sans même réfléchir aux conséquences de ses mots. Et de se poster à côté du grand brun, qui devait bien faire la même taille qu'elle. C'est qu'elle était une vraie perche, dans son genre ! - Va pour un café, je commence à mourir de froid. Mais … - Et tout en se mordant la lèvre, elle ajouta, gênée. - Je connais vraiment pas la ville, alors je te suis ! -

la demoiselle rigola à ma proposition, et je fis de même, un peu gêné par la situation. "oh... je suis ici depuis quelques mois seulement, mais les bars, je connais !" puis je fronçais les sourcils, prenant conscience de ce que je venais de dire, ce qui la faisait sourire, ouf! comment passer pour un alcoolique, bien joué Noah! je l'emmenais en direction d'un petit endroit calme, à l'abri du mauvais temps extérieur. nous prenons place l'un en face de l'autre, en attendant qu'un serveur arrive. "donc... tu n'es pas d'ici?"

La réplique du brun arracha un rire discret aux lèvres de la blonde à la crinière émeraude. Sa maladresse ne lui avait pas échappée. Pourtant, loin d'elle l'idée de supposer qu'il était du genre ivrogne. - T'en fait pas, les bars, c'est chouette pour faire des rencontres quand tu connais personne ! - Et elle le pensait sincèrement. Sans ajouter que dans le club des lieux 'sociabilisant', il y avait les hôpitaux. Mais ça, c'était trop glauque. Alors elle se contenta de le suivre, admirant chaque décors ou élément qu'elle a pu louper. Il faut dire que depuis qu'elle est là, Poppy avait surtout prit le temps d'investir et fouiner dans tous le campus. Et la moitié de ses profs restaient des visages troubles pour elle. Il lui manquait encore pas mal de matières à expérimenter. Du moins, dans cette ville. Lorsqu'ils furent au bar, confortablement installés et prêts à déguster leurs verres, Noah posa une discrète question sur ses origines. - Non, je suis Anglaise.- L'informa-t-elle. - Je viens de Londres, j'ai parcouru l'Amérique pendant un bon moment, et je viens de m'installer. Et toi ? -

j'esquissais un petit sourire à sa réponse, en repensant aux rencontres que j'avais pu faire certains soirs, accoudé sur un comptoir, l'esprit pas tout à pas vif, embaumé par l'alcool. des rencontres éphémères, mais de belles rencontres. elle m'informa alors qu'elle était anglaise, et me retourna la question. "moi, je suis américain, new-yorkais plus précisément." et comme à chaque fois que je précisais d'où je venais, une vague de nostalgie venait s'emparer de moi. j'étais fier de la ville d'où je venais, et parfois, mes racines me manquaient. "tu as parcouru l'amérique, alors? quels coins?"

C'est comme s'ils étaient camarades depuis des mois. Tranquillement, ils prenaient place, posant des questions et échangeant des sourires sincères. Elle l'aimait bien, ce garçon. Une rencontre en plus à ajouter à son carnet. Bien qu'on ne compte les amis que sur les doigts d'une main, Noah lui plaisait bien et lui inspirait confiance. Ce jeune homme possédait quelque chose de rassurant, dans ses prunelles myosotis. Alors, elle verra bien où cette drôle de rencontre mènera. - Oh ... J'ai été un peu partout, oui. - Elle répondait, légèrement évasive. S'il y avait un point qu'elle n'abordait jamais, c'était sa maladie et sa greffe.-Mes parents voyagent pas mal pour le travail, mais j'ai décidé de rester ici pour terminer mes études. - Ajoutait-elle avant d'aviser le serveur non loin d'eux. - Et toi, tu fais quoi ? -

comme si l'on se connaissait depuis une éternité, alors que notre rencontre était tout sauf banale. cette fille avait l'air d'avoir vu un tas de choses, un tas de choses à raconter. un tas de choses que j'aimerais entendre, quand elle m'apprend qu'elle a beaucoup voyagé. et mon esprit se perd dans les océans, les grandes plaines de l'ouest et les terres inconnues. moi, j'bosse dans une boutique de musique. tu sais, c'est pas fou, mais c'est ma passion, et puis les études, j'en avais marre. je regarde le serveur nous apporter nos boissons, tout en repensant à cette époque bel et bien révolue. et c'est quoi, tes études alors?

» (libre) out on your corner in the pouring rain.
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[PV Noah] I'm singing in the rain.

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