j'aime pas les foules, j'aime pas les gens, mais j'aime la musique et j'aime les boutiques de cd's et j'aime les ambiances et la bande sonore en fond, alors je fais exception et je sors de temps en temps pour me procurer des nouveaux disques. justement, récemment, une connaissance m'a conseillé un magasin et un certain album qu'on ne trouve que là, parce qu'il est français et que les albums français sont très peu disponibles généralement. alors voilà. je prends mon courage à deux mains pour sortir de mon lit, et il me faut encore plus de volonté pour m'habiller adéquatement (si c'était que moi, je me promènerais à poil), et je finis par sortir de chez moi et me rendre au centre-commercial. centre qui me traumatise à chaque fois que j'y mets les pieds, parce que je supporte pas. les gens me regardent tous. je dois avoir l'air de rien. il y a une femme derrière moi. elle est âgée. je suis sûr qu'elle me veut du mal. tout le monde me veut du mal. calme. il faut sérieusement que je songe à apprendre à me contrôler. je soupire et j'arrive devant ledit magasin dont j'ai noté le nom en mémo sur mon portable. je souris et j'essaye d'avoir l'air rassurant en entrant. un mec est derrière le comptoir. il est assez beau. très beau, même. les hommes sont toujours trop beaux. je m'approche de lui, et je fais genre je suis sûr de moi, alors que pas du tout. mais mentir est simple. alors je souris donc et je le regarde et je lui demande : « hm, bonjour ? en fait je cherche un album d'un certain... » je vérifie le nom. « damien saez ? c'est un chanteur français, j'ignore si vous connaissez... »

ce petit job me plaisait plutôt bien. je n'avais pas à me plaindre, moi qui suis passionné de musique, je baigne dedans à longueur de journée. quoique, la vente, c'est pas vraiment fait pour moi. il faut être patient, patient face à des clients impolis, impatients, indiscrets, indisciplinés. garder son calme, ne pas les envoyer balader. et quand on est un peu impulsif comme moi, c'est pas toujours facile... mais je prends sur moi, car je n'ai pas vraiment le choix.
ma journée venait de commencer, il était 10h30, pour l'instant, il n'y avait pas foule, comme tous les matins. seulement quelques musiciens qui venaient réparer leur instrument, et quelques adolescents à la recherche d'un disque bon marché. puis, un client, à peine arrivé, attira mon regard plus que les autres. il paraissait crispé et perdu, comme s'il faisait semblant de se sentir bien, alors que non. je n'ai jamais été attiré par les hommes, mais je devais avouer qu'il était d'une beauté froide, de celles qui vous fait perdre tout contrôle. j'étais derrière le comptoir, à ranger quelques trucs, il s'approcha de moi, hésitant. souriant, il me demanda si j'avais l'album de Saez, ce qui m'étonnait, car c'est un artiste purement français. une once d'espoir s'éveilla en moi, je ne puis m'empêcher de lui demander: "Vous vous y connaissez en musique Française?"

putain. faut que j'arrête de trouver les hommes beaux. les hommes me déstabilisent encore plus que les femmes. leurs regards. leurs manières. leurs voix. je souris bêtement en écoutant la voix du caissier. et putain, putain, putain. elle est tellement belle. tellement.. envoutante. je ferme les yeux un instant. un seul instant, rien que pour profiter de ce son. merde, on dirait de la musique. un pure jouissance. oh. tais-toi ez, tais-toi. faut pas que je pense à ça. faut que je m'en tienne à mon but : venir, acheter, repartir. voilà, un point, c'est tout. il faut pas que je m'attarde. je ne dois pas rester ici trop longtemps. il est tôt, là, et déjà je trouve qu'il y a trop de gens. d'ici une heure, le centre sera rempli. et les gens, ben, c'est pas ce que je préfère le plus. bref, pour en revenir au cassier. ou au beau-gosse. je sais pas trop comment l'appeler. qu'importe. qu'est-ce qu'il m'a demandé, déjà ? ah oui. si je connaissais la musique française. oui, un peu. « oui, un peu. je connais quelques groupes par ici par là. saez est un conseil d'un parent d'un de mes élèves. ledit parent m'a annoncé que son enfant voulait jouer du saez au violon, mais il ne savait pas si c'était faisable ou pas. donc j'ai décidé d'acheter quelques albums, écouter un peu. je sais que je pourrais tout trouver sur le net, mais c'est français. et les artistes français méritent un peu de respect. » wow. qu'est-ce que tu fous, ez ? qu'est-ce qui te prend à être honnête ? le mec t'a pas demandé ta vie, il t'a demandé si tu connaissais la musique française. non mais ta gueule oh mon dieu.

il avait un regard troublant, celui qui vous déshabille en un clin d’œil, et c'était bête, mais je me sentais déstabilisé tandis qu'il me parlait de sa voix suave. en un instant, c'était comme si j'avais changé de bord. il me répondit donc qu'il connaissait Saez, tout comme il connaissait quelques artistes français. depuis mes voyages en France, je m'étais moi aussi intéressé à la chanson française, j'avais donc quelques connaissances dans le domaine. "Oui, il y a de très bons artistes. Je peux vous en faire découvrir d'autres dans le même genre, si vous voulez." En à peine six mois, c'était la première fois que je me montrais aussi vendeur. Vendeur, ou charmé ? L'homme m'apprit qu'il était professeur de musique, de violon plus particulièrement,  ce qui attira encore plus mon attention, qui était déjà toute occupée à contempler sa beauté. bordel, fallait que je me reprenne, c'est la première fois qu'il m'arrivait un truc de ce genre. jamais je n'aurais imaginé qu'un mâle puisse me faire autant d'effet. Puis, sans forcément réfléchir, en me jetant dans la gueule du loup comme à mon habitude, je lui demandai, tout naturellement: "Vous seriez disponible pour un cours supplémentaire? J'ai toujours été fasciné par le son du violon."

s'il y a une chose que je hais le plus sur cette terre, c'est bien de déballer ma vie à des inconnus. le seul inconnu à qui j'ai réussi à "parler" de "ma vie", c'est mon psy. et je le considère toujours comme inconnu malgré le fait que je le connaisse depuis dix ans, voire plus. je n'ai jamais réussi à voir les gens comme des amis. simplement des connaissances. des inconnus. et voilà que je laisse tomber tous mes principes et mes convictions pour parler à ce vendeur. vendeur trop beau, et ça m'agace. je suis trop déstabilisé lorsque des gens qui me plaisent m'entourent. je ne peux m'empêcher de les regarder, les admirer. et je perds mes moyens, comme un vrai homme perd ses moyens devant une femme qui pleure. je souris un peu lorsqu'il me propose de me faire découvrir d'autres chanteurs français et j'hoche la tête, tel un enfant trop heureux. « avec plaisir. j'adore découvrir de nouvelles personnes. » je devrais préciser que je parlais de musiciens, mais qu'importe. qu'il le voit comme il le souhaite. ce n'est pas comme s'il ne s'était pas déjà ajouté à ma liste de conquête. et bientôt son nom sera rayé. du moins, je l'espère quelque peu. « un cours supplémentaire ? oh mais, je ne travaille pas aujourd'hui. mais demain, si vous voulez, je pourrais toujours voir si j'ai pas un moment pour vous... à moins que je fasse exception aujourd'hui. » et ça-y-est, je perds de l'assurance. je ne suis plus ezéckiel head le sans tête, maintenant c'est michael qui parle. le bon et vieux mike, un peu trop charmant.

déstabilisés. nous l'étions tous les deux, mais cela ne devait pas m'empêcher de faire mon travail. après tout, c'était un peu mon domaine, la communication. allez, remue-toi ! le bel homme hocha la tête quant à ma proposition sur la musique française. je sortis de mon comptoir, et l'emmena donc dans le rayon étranger. pendant mon séjour en France, on m'a fait découvrir des petits bijoux musicaux, je lui proposais ainsi les albums de Noir Désir, Indochine, Téléphone et Louise Attaque, entre autres, car de ce que je comprenais du français, ces groupes là étaient à mon sens d'excellents paroliers. il semblait intéressé par ce que je lui racontais, cela changeait de quelques clients habituels. je pouvais voir dans ses yeux une réelle passion, pas juste un hobbie parmi tant d'autres. puis, quand je lui demandais s'il pouvait me donner des cours, le malaise s'apaisa peu à peu, il prit une sorte d'assurance quand il me dit qu'il pouvait faire une exception pour moi ce soir. je souriais bêtement. "Malheureusement, je finis tard ce soir. Mais demain, sans problème."

il m'entraine dans la section étrangère et je ne peux m'empêcher de baisser les yeux pour admirer son derrière, sa démarche, ses mains qui bougent au rythme de ses pas. je ne peux ne pas remarquer sa silhouette si tentante, envoutante. je souris un peu et mon sourire disparaît quand on s'arrête. il me montre des albums et j'en connais un parmi eux, celui d'Indochine, parce que mon psy en met parfois. je les prends sans me soucier du prix, peu importe. je sais que je les écouterais uniquement parce que c'est ce beau-gosse qui m'a demandé de les écouter. la beauté fait bien des ravages. elle réduit mon cerveau en compote, encore plus qu'il ne l'est déjà. « merci... » que je réussis à bafouiller. merde, je perds la tête. faut pas que je perds mon assurance, faut pas que je devienne celui que je ne suis pas. je le regarde quand il me sort qu'il finit tard ce soir et sans réfléchir, je réponds : « si vous n'êtes pas fatigué, je peux toujours vous arranger un rendez-vous. pour parler affaires, tout ça. qu'on se fasse pas chier demain avec les formalités. » quoique au fond, j'ai même pas envie de parler. foutu corps qui veut prendre le dessus sur la conscience. foutue attirance physique. foutue beauté. je penche ma tête un peu, parce que je penche toujours ma tête, et je repère un album de saez que je prends sans réfléchir. après tout, je suis venu pour cela, non ?

il semblait tout gêné lorsque je lui tendais les disques dont je lui parlais. il me sortit un merci bredouillant, j'avais l'impression de l'intimider, ce qui ne me mettait pas non plus à l'aise. ce n'était vraiment pas un client habituel. et j'appréciais, car d'ordinaire, mes clients étaient plutôt normaux, venaient à peine s'adresser à moi pour demander un conseil, un avis, quelque chose. il me proposa un petit arrangement pour ce soir, simplement pour parler affaires et éviter ainsi de perdre du temps lors de notre premier cours. j'hésitai, et puis accepta, de toute façon, je ne comptais pas bouger ce soir, alors quitte à choisir entre lui et ma télé, mon choix est tout fait. "Oui, pourquoi pas, cela nous fera gagner du temps". Je lui souris, et nous retournions au comptoir afin qu'il puisse payer ses nouvelles acquisitions. "Où est-ce que nous nous retrouvons, du coup?"

il accepte ma proposition, tant mieux. je n'aime pas qu'on me refuse. je ne sais pas dire oui, ou alors je dis oui très rarement, et je suis du genre flemmard et il faut réellement qu'une personne me plaise pour que j'accepte quoique ce soit de sa part. la plupart du temps, j'essaye de "prendre" l'initiative. enfin, qu'importe. il accepte puis on revient au comptoir et je paye sans me soucier de rien. dès que tout est emballé, il me demande comment on fait pour se rejoindre. je souris. « vous finissez à quel heure ? je peux passer vous chercher après votre service. » je sors mon porte-feuille avec ma carte d'affaires et la lui tends. « au fait, je me prénomme ezéckiel. ezéckiel head. » mon sourire n'est pas aussi rassurant qu'auparavant. je n'ai pas l'habitude de me présenter sous mon vrai prénom après quelques minutes de connaissance. mais ce beau gosse me donne trop envie pour que je pense à mentir.

avant de partir, et pour répondre à ma question, il proposa de venir me chercher à la fin du boulot. "Oh, c'est très gentil. Je finis à 21h, ce soir, nous faisons un inventaire, et quelques rangements."c'était la première fois que cela m'arrivait, qu'un inconnu vienne me chercher à mon lieu de travail pour aller je ne sais où, d'ailleurs, chez lui? dans un lieu public, un bar? mais je trouvais ça excitant, et à cette pensée, des frissons parcoururent mon corps. je me sentais comme un gamin découvrant la beauté du monde. il me tend sa carte, et se présenta. Ezéckiel. un prénom complexe, qui lui va à ravir. je ne pourrais pas oublier ce prénom. je me présentais à mon tour. "Enchanté, je suis Noah Cooper." Sur ce, je le laissais partir, avec une envie pressante d'avancer le temps, et de me retrouver à ce soir. Courage, ce n'est qu'une question d'heures.

21h. c'est tard. c'est 11 heures à tuer. onze. ou environ. je vais mourir. qu'est-ce que je peux faire pendant ONZE heures ? écouter de la musique. écouter la musique que je viens d'acheter. il se présente. noah. c'est pas pire comme nom pour un beau gosse. je lui souris. c'est la première fois que je prends l'initiative d'inviter quelqu'un chez moi. c'est presque troublant. « d'accord. à 21h je serais là. devant le centre-commercial. entrée a. » un mouvement de la main rapide et me voilà déjà ressorti. j'ai cru que j'allais étouffer. quoique c'est un peu ce qui est arrivé : sa beauté m'a asphyxié. putain de merde j'ai invité un inconnu chez moi. qu'est-ce qui m'est arrivé bordel ? ma tête va pas bien.

onze heures plus tard, après avoir passé la journée à écouter de la musique en corrigeant les examens théoriques de mes élèves et regardant hannibal de temps à autre, me revoilà devant le centre commercial. vide, à présent. deux-trois voitures restent encore, mais sinon c'est la noirceur qui domine. et bizarrement, j'ai tout, sauf peur. pour la première fois de ma vie, je me sens rassuré. parce que je suis seul.

il accepta, et promis de m'attendre devant le centre commercial. puis, il repartit, de sa démarche sensuelle. « très bien, à ce soir. » je le suivais du regard jusqu'à ce qu'il sorte du centre. je ne savais absolument pas ce qu'il me prenait, et pourquoi je réagissais comme ça. il n'empêche que ce soir, je serais chez lui. dans l'antre d'un parfait inconnu si charmant. en attendant, j'avais presque onze longues heures de travail devant moi. et ces heures me parurent longues, très longues, j'étais comme un gamin qui attendait ses cadeaux le soir de Noël.

puis, l'heure arriva. je sortis de la boutique, puis du centre. il était là, étrange lumière dans cette obscurité si effrayante, il m'attendait. j'avançais vers lui. « C'est gentil de prendre de votre temps pour moi, vraiment. Je suis prêt. » et en disant cela, je le regardais avec un petit air de défi. On sait jamais.

le vent. l'absence de bruit. l'absence de gens. je souris. je me sens en sécurité. comme lorsque je suis en forêt. je me sens tout simplement bien. je regarde l'heure. il est 21h02. puis, j'entends des pas. ma tête se relève lentement et je vois la silhouette du beau-gosse apparaître. je ne peux empêcher un petit rire. il arrive à ma hauteur et me remercie, puis me dit qu'il est prêt. prêt pour ? je ris de nouveau. « absolument de rien. vous avez une voiture ? parce que je suis venu en voiture aussi. » ça poserait un peu problème, ça.

le silence qui nous entourait était inquiétant, et pourtant, je me sentais en sécurité. peut-être parce qu'il est là. peut-être parce que je sens en lui cet espèce d'aura protectrice. son petit rire résonna dans mes oreilles tel un écho. je souris à mon tour, en montrant du doigt ma voiture. « oui, je suis garé ici. je vous suis. »

il pointe quelque chose et ma tête tourne en suivant le mouvement de son doigt. putain ce qu'il est beau. c'est pas possible les gens beaux. tu les regardes et tu te dis à quel point tu es moche, toi. à quel point tu ne vaux rien. le pire avec les gens beaux, c'est qu'ils sont beaux jusqu'au bout des doigts. pas seulement le visage ou le sourire ou les yeux ou le corps, non. les ongles, les orteils, TOUT. et ça rend tellement dingue, parce qu'on n'a pas assez d'yeux pour tout regarder. pas assez le temps pour goûter à un tel plaisir, un tel paradis humain. je souris donc, en suivant son doigt. il me dit qu'il me suivra et j'hoche la tête. « parfait. c'est pas loin, de toutes façons. je vous amène à mon bureau. il est dans le coin. ma maison est en bordel en ce moment. » et c'est pas faux. quand je sais pas comment m'occuper, je corrige. et quand je corrige, les feuilles se retrouvent partout sur mon bureau. et je ne peux supporter cette vue. et je n'ai pas non plus envie de le faire attendre pendant que je ramasse. donc autant l'amener au bureau, dans le coin. l'ambiance y est la même. enfin, presque. il manque un lit au bureau. mais le canapé n'est pas mal non plus. hein ? ta gueule ez. bref. je lui fait un sourire et je me dirige vers ma voiture, puis je démarre et on se rend au bureau.

avant de monter dans nos voitures respectives, il me lance un petit sourire. ce sourire, celui qui m'fait tant craquer, et je fonds devant sa beauté, son charme dangereux. je démarre, le laisse passer devant moi, puis nous sommes partis, je le suis. je suis un homme dans son bureau alors que je le connais depuis seulement 11h. si je n'avais pas en moi cet instinct de curiosité et de goût du risque, je dirais que je suis insouciant. à peine cinq minutes plus tard, le voilà qui ralentit, nous y sommes déjà.

je barre ma voiture devant l'immeuble et je sors. putain ce que je suis heureux de ne pas avoir de voisine chiante par ici. c'est cool d'avoir de l'argent. on se permet tout. un jour faudra que je sache d'où me vient tout mon argent.. que soit. je sors donc et je m'approche de la voiture de noah et j'attends qu'il se gare puis je me recule un peu pour le laisser sortir. « c'est au troisième. l'appartement 304. je dois passer par le garage chercher quelque chose. » sans lui laisser le temps de répondre, je contourne l'immeuble pour rentrer au garage. en fait, le propriétaire a décidé d'installer des casiers dans le garage et je dois aller chercher quelques papiers que je ne garde pas dans mon bureau. dont les fiches d'inscription. enfin. je remonte en haut, les documents sous la main, et j'arrive devant mon "appartement" puis j'ouvre la porte et rentre. et j'attends. et putain, je stresse. et j'ai jamais autant stressé de ma vie.

je sors de ma voiture, il m'attend. il n'y a pas l'air d'y avoir beaucoup de monde, par ici. il doit passer par son garage pour aller chercher je ne sais quoi, alors il me fait comprendre que je dois monter à son appartement au troisième, pour éviter de l'attendre dehors. je lui réponds « 304, très bien. », mais il est déjà parti. je hausse les épaules, puis monte et arrive devant son chez-lui. à peine ai-je eu le temps de me demander ce que je faisais là et dans quoi je m'aventurais, le revoilà, il arrive vers moi de sa démarche charnelle. il ouvre sa porte, et me fait rentrer, nous y voilà.

et je reste planté là, à le regarder sans rien dire. putain. un inconnu. chez moi. avec moi. un bel inconnu, de plus qui est. je souris un peu et je dépose les dossiers sur le bureau vers lequel je me dirige. « oh je.. fais comme chez toi. l'appartement n'est pas bien grand. hm. » je m'assois sur ma chaise. putain combien de temps ne suis-je pas venu ici ? j'ai les mêmes élèves depuis des années, ouais. et ça me fait tellement bizarre de devoir repasser par la case inscription et formalités... surtout que je ne sais pas réellement si je réussirais à rester calme devant lui. parce qu'il faut l'avouer, noah est vachement sexy. et quand les gens sont bandants... et ben. « fais comme chez toi. enfin. tu veux quelque chose à boire ou à manger ? ou bien tu veux tout de suite commencer par le formulaire ? hmmm. » mes idées ne sont pas claires. j'arrive pas à réfléchir correctement. merde, je perds les pédales. putain, pas maintenant. putain, ez, pas maintenant.

me voici dans son antre. me voici chez un parfait inconnu rencontré le jour-même, c'est bien la première fois que ça m'arrive, j'essaye cependant de ne pas montrer ma gêne. respire, calme. après tout, ça sera rapide, non? quelques formalités, des papiers à remplir, des explications, bref, la procédure habituelle. je regarde autour de moi, comme si je cherchais quelque chose à dire. puis je le regarde qui s'assoit en me demandant si je voulais boire quelque chose, ou commencer directement par le formulaire. hmm, c'est si gentiment proposé. je le regardais et sortis mon plus beau sourire « oh, je veux bien boire quelque chose, n'importe quoi, ce que vous avez, si cela ne vous dérange pas. » toute cette émotion et cette chaleur, ça donne soif.

je ne sais pas comment réagir. non que cette situation me mette mal à l'aise (pas du tout), mais CE beaugosse me met effectivement mal à l'aise. son sourire. son comportement. son physique. putain j'ai qu'envie de lui sauter dessus. merde, foutues pulsions. je souris un peu et il me demande à boire. immédiatement, je me lève et je pars en direction de la mini-cuisine. mon frigo est presque vide, mais je trouve une bouteille de whisky et une autre, d'eau. je reviens avec les deux. « choisis ! » l'alcool + moi, ce n'est pas un bon mélange. hm. je me penche pour sortir deux verres et je me verse un peu d'eau. putain ce que je suis nerveux. « alors... » je sors une copie du formulaire. « nom, prénom, date de naissance, sexe, adresse ? » petit sourire en coin. et putain j'ai l'air pédophile.

suite à ma réponse, le bel homme se dirige vers sa cuisine, et revient avec une bouteille d'eau dans une main, whisky dans l'autre. sans une once d'hésitation, je lui dit, un peu timidement, « je veux bien un verre de whisky, s'il vous plaît. » il me sert, et se prend un verre d'eau. je lui lance un petit sourire en guise de remerciement. il sort une feuille de son bureau, un formulaire, sans doute, et me pose quelques questions afin de le remplir. je réponds machinalement. « Noah Cooper. 30 août 1991, j'ai 22 ans. Sexe... masculin, il me semble, hm. 2, Markwell Avenue. C'est tout? »

il prend le whisky. pourquoi il prend le whisky ? ma compagnie lui déplait ? il veut oublier ? mais qu'est-ce qui me prend à réagir comme ça ? pourquoi est-ce que je me mets à trembler pour rien ? je dépose le stylo en fermant les yeux. faut que je retrouve mes esprits ou ça va pas le faire du tout. je respire un bon coup et les rouvre. putain je dois pas m'énerver. je dois pas stresser ou ça va mal finir. je souris un peu en notant les informations qu'il me donne. « merci... non non, c'est pas tout. » je rigole nerveusement. puis je lui explique les détails du cours, le temps, l'horaire. « tu préfères que ça soit en après-midi la fin de semaine ou le soir pendant la semaine ? » puis je mords ma lèvre inférieure parce que merde, merde, merde, les beaux hommes me font complètement perdre la tête.

alors, il se met à écrire. il note toutes les informations qu'il m'a au préalable demandées, puis il rigole, nerveusement, quand je lui demande si c'est tout ce qu'il fallait. alors il m'explique le déroulement des cours, mais mon esprit est ailleurs. je ne l'écoute pas, je regarde le mouvement de ses lèvres lorsqu'il prononce ces mots. mais bordel, qu'est-ce qui t'arrive mon pote? tu débloques complètement. puis il me pose une question, alors je me reprends. tout en souriant. "Hm.. le soir, plutôt. ça me fera un petit moment de détente après une grosse journée de boulot."