lunch break

Et je me retrouve, assise ici, dans cette petite salle d’attente, autour de toutes ces personnes qui semblent plus ou moins mal en point. J’ai un peu d’avance mais, ça ne me dérange pas. Je prends un magazine et feuillette les pages de ce dernier. Quelques scoops me font sourire alors que je zappe la plupart d’entre eux. Ils n’ont vraiment rien d’autres à faire de leur journée ces stupides paparazzis. A mesure que le temps passe, mon entourage disparait, après avoir passé plusieurs minutes voire plusieurs heures dans la salle d’exercices. Ma patience à des limites et je me mets à soupirer. Mon ventre réclame que je le nourrisse et cela me vaut un nouveau soupir. Mes doigts pianotent contre ma cuisse et je me surprends à admirer les murs blancs qui me retiennent prisonnière. « Madame Robinson. » Il se doit de le répéter à deux reprises. L’espace d’un instant, j’avais complètement oublié le fait que j’ai changé de nom de famille pour plus de surprise et, surtout, pour éviter les questions. Non, je n’ai pas de problèmes de santé. Oui, je vais parfaitement bien. J’ai seulement besoin de passer un moment avec Naël et au cas où il me dirait avoir trop de boulot, j’avais préféré prendre rendez-vous dans le but qu’il me réserve son temps de midi. Je me lève d’un bond, manquant de faire basculer ma chaise par la même occasion. Je croise les doigts pour qu’elle ne tombe pas, ferme légèrement les yeux mais par chance, celle-ci atterrit sur ses quatre pattes accompagnée d’un petit bruit sourd qui fait siffler mes oreilles. Coup de chance, pour une fois que ça m’arrive ! Quelques secondes se sont écoulées lorsque je passe la porte du cabinet de Naël. « Surpriiiiiiiiiiise ! » M’écris-je plein d’enthousiasme à peine à l’intérieur. Je suis sûre qu’il ne s’en doutait pas une seule seconde. Le sourire aux lèvres, mes yeux scrutant le moindre de ses mouvements, j’attendais sa réaction avec impatience.

Prit au piège.
Aucun répit, les patients s'enchaînent depuis le début de la journée. Ils défilent inlassablement dans cette petite pièce qui fait actuellement office de salle de consultation. J'ai parfois , à mon plus grand regret, l'impression de travailler dans un salon de thé. Les habitués déballent leur vie, raconte à mon plus grand désespoir leur petits tracas. Guettant d'un petit coup d'oeil le cadran de ma montre, je ne peux alors retenir un léger soupire de soulagement à la vue de cette heure. Ma délivrance est proche, l'heure du repas de midi s'annonce enfin ce qui signifie par la même occasion que Madame Robinson sera la dernière patiente de ma journée. Ne prêtant guère d'attention à la jeune-femme, ce n'est qu'une fois les paroles émises par la demoiselle que je vins relever mon visage. Surprise. « Norah... » Ton prénom s'échappe instinctivement entre mes lèvres tandis qu'au même moment un vague sourire vient se hisser sur mon visage. A cet instant, je ne peux m'empêcher de rire intérieurement en prenant ainsi en compte ta supercherie. Et si toute personne de mon entourage aurait prédit une réaction excessive de ma part suite à cette initiative, il n'en fut rien. J'étais heureux, réellement heureux de découvrir ce petit-rayon de soleil frapper à ma porte pour m'évader le temps de quelques heures.« Madame Robinson, n'est-ce-pas ? J'imagine que je suis le premier à savoir que tu t'es mariée ? » Je n'avais guère pus empêcher cette petite remarque de filer entre mes lèvres, aprés-tout, il était bien plus simple d'émettre celle-ci que ma joie de te découvrir ici à cet instant

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Libérée de tous cours pour la journée, j’en avais profité pour faire une petite surprise à Naël en passant à son cabinet, me faisant, par la même occasion, passer pour une patiente. Ça faisait un petit moment qu’on ne s’était pas vu tous les deux. Il faut dire qu’il était pris par son travail alors, avec cette supercherie, il ne pourrait me refuser un moment. J’étais bel et bien notée sur son emploi du temps certes, sous un autre nom mais, j’y étais quand même. La surprise fut réussie du moins, c’est ce que je constatais lorsqu’il se retournait en prononçant mon prénom. D’ailleurs, dit de cette façon, mon sourire s’élargit un peu plus et des frissons parcoururent le bas de mon dos. Il avait cette manière de le dire, ce petit quelque chose dans la voix qui m’avait toujours fait craquer. Stop Norah, reprend tes esprits ! Il n’avait pas l’air super ravi de me voir mais bon, il ne fallait pas que j’oublie qu’il s’agissait de Naël. Il n’avait jamais été très démonstratif alors, à mes yeux, c’était un bon début. Je pris place sur un siège et fit tourner la chaise jusqu’à me stopper une fois face à lui. J’avoue que je ne pus m’empêcher de rire suite à sa remarque et, j’haussais les épaules d’un air innocent. « Le seul et l’unique. Je compte sur toi pour garder le secret ! » J’agitais un doigt en sa direction comme pour le mettre en garde. Si j’avais réussi à garder mon sérieux jusqu’ici, je me mis rapidement à rire. Moi, mariée ? Bah ça alors, ça serait la meilleure ! Je n’étais même pas foutue de me trouver quelqu’un et d’avoir une relation stable et saine d’esprit. Bref, il ne fallait pas que j’en oublie la raison de ma présence sur son lieu de travail, surtout à une heure pareille. « Aujourd’hui je t’emmène déjeuner. Au début je voulais ramener des trucs mais, je me suis dit que ça serait pas top de manger ici. » J’esquivais une légère grimace avant de me lever, repositionnant le fauteuil à sa place initiale.

Prit au piège.
Quand le soleil s'immisce au prés de la tempête. Inconsciemment déjà mes prunelles scrutaient soigneusement les moindres petits gestes qu'émettaient la demoiselle. Aucune insistance dans mon regard, je veillais simplement à accorder à chacun de ses gestes une once d'importance. J'avais beau me répèter inlassablement que toutes les femmes sont les mêmes, Norah avait ce petit quelque chose en plus. Mon visage s'inclinant machinalement sur le côté, je laissais mon habituel petit sourire en coin trôner sur le coin de mes lèvres sous l'entente de ses petites remarques. Bien évidement, il ne fallut qu'une fraction de secondes pour qu'une petite taquinerie fuse entre mes lèvres. Rien d'exécrable, cependant. « J'imagine que je n'ai pas vraiment le choix ? » Malgré mes mots, mes doigts viennent frôler habilement le tissus de ma veste afin de l'extirper du porte-manteau. Preuve que cette petite virée était bien loin d'être déplaisante à mes yeux. Certes, j'avais soigneusement réussis à décliner chacune de tes offres depuis plus d'un mois, mais là, face à toi j'en étais incapable. Un véritable lâche dans toute sa splendeur, et si Nickolas était présent à cet instant précis, il me rirait probablement au nez en me répétant un "Je te l'avais dis". Oui, j'avais beau repousser la cadette Wellington, je ne pouvais jamais ô grand jamais l'extirper de sa personne. Appuyant ses pensées, le doux parfum de la jeune-femme vint délicatement m'enivrer. Suffisamment assez pour que j'ose me rapprocher de toi tout en laissant ma main libre se positionner un instant dans le creux de ton dos. Mon sourire trône au bout de mes lèvres puis, disparait pour s'abandonner contre l'une de tes joues. Comme souvent, la proximité de nos corps m'attire, me lie une fraction de seconde à ton être puis, me rebute. Mes lèvres frôlent ta peau avant d'oser s'y poser. Nickolas à raison, l'amour rend un homme fou. « Tu as bien fait Norah, merci » Mes lèvres mouvent le temps de mes mots contre ta joue avant que je ne me recule enfin de ta charmante personne pour t'ouvrir la porte. La bulle éclate au même moment. Tout est éphèmére, et pourtant quelque chose semble me retenir encore au prés de toi.

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J'aime cet endroit. Je ne sais pas vraiment pourquoi parce qu'en réalité, il n'a rien d'exceptionnel. C'est petit, c'est blanc, c'est frustrant et oppressant à la fois mais, je l'aime bien. C'est peut-être parce que Naël est là. C'est vrai qu'il a tendance à tout transformé en quelque chose d'exceptionnel. Un lieu banal devient un espace magique. C'est comme ça ce que le vois. Je dois bien le reconnaître, si je suis venue ici, c'est parce qu'il me manquait. J'avais besoin de le voir, d'entendre sa voix, de savoir comment il allait. J'étais en train de m'attacher à lui. Rectification, j'étais attachée à lui. J'aurais voulu que les choses se passent autrement, rien que pour mon frère, c'était quand même son coloc' mais, j'y peux rien, ces choses là ne se contrôlent pas. Je l'apprécie un peu trop et je ne l'avouerai sans doute jamais. Je ne suis pas son ex, je suis Norah et Norah, elle veut que les choses se passent doucement, se passent bien et elle veut être sûre. Je ne veux pas qu'il passe sa vie entière à le repousser du coup, je prend les choses en main. Il me demanda s'il avait vraiment le choix et j'esquivais un petit sourire tout en hochant la tête. Il devait s'en douter, quand j'avais quelque chose en tête, rien ni personne ne m'échappait. Et puis de toute façon, il fallait qu'il bouge, qu'il sorte de ce cabinet, il travaillait beaucoup trop et un bon dîner lui fera le plus grand bien. Il finit par comprendre que cette fois, il ne pourrait pas se défiler et prit sa veste sur le porte manteau alors que je me levais, impatiente d'aller manger. Il se rapprocha de moi, je pouvais sentir son souffle contre ma peau. Ce contact me fit frisonner, et je me mordais la lèvre inférieure, à la fois heureuse et désespérée. Son sourire, il était sincère. Rare mais sincère et c'est volontiers que je lui rendis alors que le sien vint se perdre contre ma joue. Ce moment avait paru long à mes yeux et pourtant, seules quelques malheureuses secondes s'étaient écoulées entre le moment où il avait posé sa main au creux de mon dos et le moment où il m'ouvrit la porte. Oh mais de rien, c'était le seul moyen pour que t'acceptes mon invitation. Même si techniquement, c'est plus une obligation qu'une invitation mais bon, je suis contente que ça te fasse plaisir. Il m'embroullait l'esprit et j'en perdais la capacité à m'exprimer. Aller, reprends-toi Norah, c'est que Naël, tu commences à bien le connaître. Je lui accorde l'un de mes plus beaux sourires avant de passer devant lui et de sortir de la salle de consultation. Bon dis-moi, qu'est-ce qui te ferait envie ?