chauffe-moi, si tu peux.

j'trimballe mon chariot de beignets depuis deux heures maintenant, j'crie à tout bout de champ « beeeeeignets, qui veut mes beigneeeeets ? », et j'me sens un peu comme un mélange de marchand de tapis, et de maître nageur d'alerte à malibu version allumette. pourquoi ça ? parce que la patronne a décidé que « un short de bain rouge et torse nu, c'est la tenue réglementaire, ça vend mieux » ouais, enfin, pas quand on est rachitique comme moi, hein. enfin, j'ai pas non plus l'boulot le plus pourri du monde, j'ai quand même les pieds dans l'eau toute la journée. allez, c'est reparti. « BEEEEEIGNETS, QUI VEUT MES BEIGNEEEETS ? NUTELLA, FRAISE, ABRICOT, SUCRE, FOURRÉS SUR PLACE » non, on n'a pas remarqué la connotation de ma phrase, non.

Une journée à la plage, de quoi rêver de mieux pour un jour de congé ? Eh oui, Priam en a pas mal, ces temps-ci. Rien ne sert de traîner à la caserne quand on se tourne les pouces tous ensemble autour d'un bon café. Alors, il est en "semi-congé", c'est-à-dire qu'on peut l'appeler à tout moment s'il y a un incendie. Et pour l'instant, il est bien décidé à aller brûler un peu au soleil. Tiens, en se promenant, pieds nus, serviette sur l'épaule, t-shirt retiré dans une main... il entend une voix hurler comme une poissonnière. Mais il a reconnu la voix. Ah, Stacy. Ce gosse a trois ans de moins que lui, et Priam ne peut pas mentir : il l'emmènerait bien dans son lit, quand bien même n'est-il pas ce genre de type habituellement. Il se dirige directement vers lui, avec un sourire de vainqueur sur les lèvres. « Mais dis euh... Je vais pas être d'accord là, t'as vu ce que tu proposes aux gens ? C'est à combien l'offre en plus, deux euros ? » fait-il d'un air malicieux en s'approchant de lui, s'appuyant sur le double-sens de ses derniers mots.

ehhh mais qui voilà, priam. évidemment, priam qui fait bronzette, moi qui vend mes beignets, fallait qu'il vienne, il peut pas s'en empêcher. j'vais encore bien rire, moi. « mais dis euh... je vais pas être d'accord là, t'as vu ce que tu proposes aux gens ? c'est à combien l'offre en plus, deux euros ? » euuuuuh, je suis pas sûr de tout comprendre, là.. j'vends des beignets, j'comprends pas où est le mal.. ahhh mais oui, esprit de priam, son regard coquin, je capte, okaaaaay. « c'est ça, mais j'choisis mes clients quand même, y en a à qui j'dis non » un grand sourire colgate, et c'est dans la poche.

eh ouais, priam. il est certain que stacy doit le voir comme un type affreusement insupportable, et parfois il espère tout de même qu'il l'aime bien. le jeune se défend bien, priam ne peut que reconnaître qu'il a de la répartie. il croise les bras sur son torse nu, avant de laisser son regard le parcourir de la tête aux pieds avant de planter de nouveau son regard dans le sien. « Je serai vexé, si tu me dis non. » avoue-t-il doucement, en lui servant une mine toute mimi sur un plateau. le brun passe une main dans ses cheveux, tout en observant la plage du regard. « Dis... t'as pas une pause, bientôt ? »

j'connais son petit jeu, à priam, et là, on est sur la plage, direct en plein lieu public, alors j'avoue, oui, j'avoue, que j'suis plutôt curieux de voir ce qu'il pourrait bien faire pour essayer de parvenir à ses fins, comme d'habitude. parce que, quand on est chez lui ou chez moi, c'est une chose, mais à la plage, devant les trois-quarts de la ville, c'est carrément autre chose, quand même. « je serai vexé, si tu me dis non. » j'souris, et quand j'vois sa tête, j'explose de rire. c'est quoi ça, le chat potté version priam ? « c'est censé me faire craquer, ça ? » non, vraiment, c'est plus fort que moi, il m'fait trop rire. il m'demande si j'vais avoir une pause, et j'secoue la tête en rigolant. il en perd pas une. « en fait, j'prends ma pause quand j'veux. » quand j'veux, tant que j'vens mon quota d'beignets. « mais ptetre que j'ai déjà des plans ? » ptetre. ou pas. grand sourire.

Priam a soudain la désagréable impression que Stacy se fout de sa gueule royalement. Et il n'aime pas.. du tout ça. Un peu blessé, au fond, il cesse sa mimique pour soupirer discrètement, détournant le regard quelques secondes calmement. Il ne répond pas à sa question, ça sert à rien de s'enfoncer encore plus. Alors qu'il lui insinue qu'il a peut-être des plans, Priam pose un regard sur lui, haussant les sourcils. « Ah bon ? Oui, vu le public des plages, ça doit être une nana refaite des oreilles aux orteils, quoi. » fait-il, légèrement railleur, bien que toujours un peu blessé par le fait qu'au final, Stacy ne semble même pas l'apprécier un chouillat. « Enfin, tes journées doivent être bien monotones, quand même. » murmure-t-il en cherchant son regard.

« ah bon ? oui, vu le public des plages, ça doit être une nana refaite des oreilles aux orteils, quoi. » eh, c'est qu'il a raison, y a que des siliconées presque sur cette plage. « ouais, les poupées gonflables c'est mon truc, vu qu'j'ai rien d'autre t'sais » j'ris et j'continue de trainer mon chariot dans le sable, j'prends même plus la peine de crier, c'est trop crevant. « enfin, tes journées doivent être bien monotones, quand même. » c'est vrai, ouais. j'aurais plutôt dit chiantes, mes monotones ça m'va. j'm'arrête, j'le regarde. il est triste ou quoi ? « ouais, mais des fois, y a des gens qui viennent me voir et égayent ma journée. genre, toi. » allez, et j'lui tape le big smile pour l'occas. ben quoi, c'est pas parce que ses avances me font rien que j'peux pas l'apprécier en tant que pote, hein.

« Mais si, j'suis sûr que t'as quelque chose d'autre... » fait-il d'un air un peu innocent. Eh oui, petit moment sensible pour notre Priam. Il ne le montre pas souvent, mais il est très très émotif en réalité, et la simple idée qu'il ne compte pas pour Stacy lui a laissé un trou dans l'estomac. Peut-être que Stacy le remarque et est pris de pitié, ou peut-être qu'il est sincère quand il lui dit ça. En tout cas pour le coup, un peu naïvement, Priam préfère espérer le premier cas et sourit, autant qu'il voit Stacy lui sourire. « Bon alors ça va. J'pourrai venir l'égayer plus souvent, alors ? » demande-t-il d'un air taquin en bougeant un peu ses pieds dans le sable brûlant.

que j'ai quelque chose d'autre, ahahah, non mais vraiment, ce type me tue, c'est pas possible, il lâche vraiment jamais le morceau, j'ai jamais vu quelqu'un d'aussi déterminé, c'est juste énorme. j'lui réponds pas, à quoi bon ? j'sais très bien où il veut en venir. n'empêche, qu'il s'est calmé d'un coup, il a l'air tout tristoune, c'est.. triste. ouais, bah ouais, être triste, c'est triste. perspicacitéééé. « ouais, bien sûr, tu viens quand tu veux, c'pas comme si la plage m'appartenait en même temps » j'ris. en fait, si, j'suis un peu le roi d'la plage, le roi du beignet, mais c'est tellement pas classe que j'préfère le taire. j'continue d'avancer, parce que bon, l'soleil tape, quand même. et j'bifurque d'un coup entre les gens pour remonter jusqu'en haut. « allez, pause, j'te paye un beignet, quel goût ? » ouf, ça fait du bien d's'arrêter un peu.

Priam se met à sourire. C'est bien vrai, après-tout, ce n'est que la force du hasard s'il se retrouve sur le même chemin que le sien, non ? On va croire ça, c'est mieux. « Très bien, alors attends-toi à me voir plus souvent. » suivi d'un clin d'oeil. Oui, Priam ne perd pas le nord, à croire qu'il a une boussole intégrée dans le cerveau. Le pompier sourit en entendant sa proposition et suit tranquillement Stacy. « Mmh... banane, s'il te plait, si tu as. » fait-il d'une voix légèrement malicieuse, tout en cherchant le regard de Stacy.

« tant que tu m'empêches pas de vendre mes beignets, tu viens autant qu'tu veux, tu m'dérange pas » j'lui souris genre sincèrement. fin non, pas genre, juste sincèrement quoi. couille, un sourire normal quoi. j'explose de rire quand il m'dit qu'il veut à la banane. c'type me tue, il est géniaaaal ahaha. j'fourre le beignet avec la banane (putain heureusement que je dis pas ça à haute voix, ça serait un incitation au viol pour priam j'suis sûr) et j'lui tends. « et voooooilà pour monsieur » j'm'en fais un au nutella et j'm'assois. j'pousse un gros soupire de soulagement, j'souffre trop de la chaleur c'est ouf. « mais.. chu boches pas qutoi ? » j'me bats avec le nutella collé à mon palet pour dire ça, et ça veut rien dire..

« C'pas tes beignets que je veux, nulles raisons de t'embêter avec ça. » lance-t-il d'un air un peu plus malicieux encore. C'est toujours comme ça entre eux, Stacy doit en avoir l'habitude, non ? Il explose de rire lorsqu'il entend à quel parfum il veut son beignet, mais il faut savoir que Pacôme ne perd jamais le nord dans ce genre d'objectif. « Merci, Stacy. » le remercie-t-il sans oublier un clin d'oeil. Il le prend et croque dedans, riant un peu en entendant comment lui parle son ami, avec son beignet plein la bouche. Il attend d'avaler, avant de lui répondre : « Bah en ce moment, c'est assez calme. J'suis appelé que si y a une urgence, mais les gens semblent savoir ne pas gâcher leur vacances en brûlant leur baraque ! »

ah ouais, c'pas mes beignets, c'est mon biscuit qu'il veut. bon, la prochaine fois, faut qu'j'y pense : avaler avant d'parler, parce que ça colle ce truc-là, quand même. et du coup, il s'fout d'ma gueule, normal, j'ai l'air bien con, moi. j'acquiesce c'que priam me dit. « c'est tant mieux, en un sens, ça fait moins de morts » j'hausse les épaules, c'est vrai quoi, vaut mieux un pompier au chômage que dix morts par jour. enfin, j'pense. « t'as pas peur de crever chaque fois ? » ouais, j'flipperais moi.

Priam lâche un léger rire. C'est sûr que oui, au moins, ça évite le nombre de morts. En ce moment, le gros de son boulot consiste en accidents ou autres situations délicates. Peur de mourir ? Le pompier pose un regard intrigué sur Stacy. « Non, pas vraiment. Et puis, lorsqu'il y a un incendie, j'en ai tellement la rage que je ne crains rien. » lâche-t-il avec un sourire. Il déteste le feu. Ce feu qui a emporté son père. « J'suis bien là tu sais... » murmure-t-il alors en tournant la tête vers lui, cherchant son regard avec malice.

ah ouais, la rage, carrément ? eh moi, si j'me retrouve face à un incendie, j'ai pas la rage, j'ai les chocottes. genre, vraiment. j'me barre en courant. j'suis pas fait pour être pompier, c'est sûr. « eh bah, t'es courageux, j't'admire presque » ouais, et presque j'le regarde avec des étoiles dans les yeux. bon, pas trop, faut pas abuser non plus. j'suis pas un gosse. enfin, pas tout le temps, on va dire. j'le regarde quand il m'sort ça, avec son regard là, j'peux pas m'empêcher d'rire. mais pas pour me moquer, non, c'est mignon vraiment, sa façon d'me draguer, encore, et encore. « ouais, moi aussi j'suis bien, c'cool la plage » ouais, il fait beau, chaud, et plein de nanas bien gaulées s'trimballent en maillot de bain sous nos yeux. le rêve.

» Quelqu’un m’a une fois dit : « tu peux tout faire aussi longtemps que tu peux en rêver. » (Clarissa)
» (privé) Je peux avoir un autre médecin ?
» Hailey Jefferson ▲ Si tu n'peux pas sortir quelqu'un de ta tête c'est peut être parce qu'il est supposé y rester.

chauffe-moi, si tu peux.

chauffe-moi, si tu peux.

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