Hey Adlaire ! Qu’est-ce que t’as ? T’as l’air pressé ! Entendis-je derrière mon dos. Je me retournai rapidement avant de soupirer, ce n’était qu’une fille de ma classe à qui je parlai de temps en temps. Hum ouais, l’appel de la nicotine, on se voit plus tard ? Lui demandai-je avant de partir sans même attendre la réponse. J’étais réellement pressé. Je zigzaguai entre les étudiants pendant quelques minutes jusqu’à ce que me pieds me mènent dans le parc de l’université. Il ne faisait pas très chaud, mais cela importait peu. Sortant une clope rapidement, je la coinçai entre mes lèvres avant de l’allumer à l’aide du Zippo qu'on m'avait offert lors de mes vingt-deux ans. Ces conneries de cigarettes allaient surement avoir ma peau un de ces jours, mais putain que ça faisait du bien d’en fumer…  Alors que mon corps entier était affalé contre l'un des bâtiments du parc, je fermai doucement les yeux pour savourer la première taffe.

le problème quand t'es en filière arts à l'université, c'est que tes heures sont dispatchées comme des connasses. tu peux avoir trois heures d'atelier le matin, puis plus rien avant la fin d'aprem. l'université : comment te plomber ta journée à cause d'une petite heure d'italien de merde à seize heures. alors en attendant tu te poses dans le parc pour faire tes planches en retard, c'est pas mal ça comme plan. gaia laissa tomber son pinceau dans son verre d'eau, clope au coin du bec et les sourcils froncés parce que vraiment, il est temps qu'elle abandonne l'aquarelle et la prochaine planche elle sera aux copic. elle lève la tête, et le premier truc qu'elle voit c'est ce gars, cheveux trop longs trop bruns, le type de la filière arts dont on lui a trop parlé. sans hésiter, elle se lève et s'approche. c'est toi qu'on appelle adlaire, pas vrai ? elle fonce dans le tas, lancaster. j'veux voir tes toiles.

Le vent soufflait doucement, emportant avec lui la fumée blanchâtre de ma cigarette, tandis que mes yeux fixaient le ciel. J’aimais mes études, mais souvent je préférais mes clopes à elles. C’était pas bien, ma coloc me l’avait assez répété, mais je n’y pouvais rien. C’était tellement bon après des heures de pratique parce que bon, fallait l’avouer, lorsque je peignais, j’avais l’habitude de fumer en même temps, du coup cela me foutait les boules de devoir faire les deux séparément. Pourtant, j’essayais de m’y faire, quand bien même j’en étais à ma quatrième année d’étude. Plongé dans mes pensées, j’entendis malgré tout des bruits de pas se rapprocher. Délaissant la vue du ciel, j’aperçus une fille qui, me semblait-il, était dans la même filière que moi. Je l’écoutais parler en la fixant. Oh ! Bien le bonjour à toi ! Oui je passe une bonne journée, merci de t’en soucier et toi ? Lui dis-je avec un sourire en coin avant de lui tendre la main. C’est bien moi qu’on surnomme Adlaire.

c'est con à dire, mais elle se retrouve à rougir comme une gamine de six ans prise la main dans le pot de cookies. désolée. hum. elle a jamais été très douée pour les mondanités ou la politesse. faut dire qu'entre un père alcoolique et violent et une mère qui préférait fermer sa gueule et passer son temps avec les copines plutôt qu'avec ses gosses, il a bien fallu qu'elle fasse son éducation toute seule. mauvaise idée, apparemment. elle lui serre la main quand même. j'm'appelle gaia. bon, le truc c'est que j'ai pas mal entendu parler de toi sur le campus. euphémisme, euphémisme. la plupart de ses potes passent leur temps à baver sur le fameux adlaire. elle s'en retrouve un peu intimidée, aussi stupide que ça en a l'air. du coup, j'me demandais si j'pouvais voir tes toiles. un truc comme ça. j'sais même pas pourquoi. et vingt sur vingt pour l'éloquence et l'argumentation, lancaster.

Je voyais qu’elle était assez gênée, je ne lui tenais pas vraiment rigueur de son comportement parce que même si elle avait été quelque peu abrupt dans sa manière d’engager la conversation, cela devait être son caractère. On pouvait difficilement changer celui-ci. A vrai dire, tout cela n’avait que peu d’importance tout compte fait. Pas grave ! Enchanté alors Gaia. Moi ? Connu sur le campus ? C’était assez rare qu’on me dise cela, je pense même qu’on ne me l’avait jamais dit clairement. Ouais je comprends, j’entends souvent parler de moi-même ! Je réajustai rapidement ma veste en cuir tout en remarquant l’état de mes mains passablement colorées. Je me souvins alors que je n’avais pas pris le temps de me les laver juste avant la fin du cours étant alors trop pressé de fumer. Idiot… Oh hum... j’ai pas vraiment mes toiles sur moi là mais y’a bien celle que je viens de finir dans mon cours précédent, si tu veux. Lui dis-je avec un sourire quelque peu gêné.

a sa proposition, elle se contente de hocher la tête. c'est parfait. j'dois juste, euh... elle montre sa cigarette toujours allumée, puis désigne un truc par-dessus son épaule avec son pouce. premier prix d'éloquence attribué à gaia lancaster. finir ma clope et récupérer mes affaires là-bas. j'reviens tout de suite. heureusement, l'aquarelle est sèche. elle referme vite fait son pot d'eau souillée, balance ses affaires en vrac dans son sac presque aussi grand qu'elle, et cinq minutes plus tard, elle est de retour. j'te suis. mais elle continue de le fixer, sourcils légèrement froncés au dessus de ses grands yeux trop verts. t'es français, non ?

Elle accepta rapidement ma proposition, bien qu’elle ait quelques trucs à faire avant. Oh, t’en fais pas, j’dois finir la mienne aussi. Lui dis-je en haussant les épaules. Je pris quelques taffes en la regardant s’éloigner vers un mont d’objet où elle devait travailler quelques minutes auparavant. Personnellement, je n’arrivais pas vraiment à faire ça, je préférai de loin l’espace confiné de ma chambre pour bosser, ainsi que les salles de cours – celles-ci par pure obligation – du coup je travaillais rarement en plein air, sans savoir pourquoi d’ailleurs. Je jetai mon mégot à la poubelle lorsqu’elle revint. Hum, c’est l’une des salles au rez-de-chaussée, je sais pas si tu vois ! Je me mis alors en marche tandis qu’elle me posait une question. Comment t’as deviné ? Je pris alors un air faussement horrifié. C’est parce que j’ai une patte de grenouille coincée entre les dents, c’est ça ?