le vert était partout dans tes pensées, partout tu la voyais, elle et son extravagance verte. tu riais au nez de l'herbe, qui n'arrivait jamais à égaler la beauté de sa couleur. elle pouvait tenter autant qu'elle voulait oui. jamais. jamais. jamais. elle ne pouvait pas atteindre ta belle erys. il fallait juste la regarder, elle s'affaissait sous tes pas la pauvre herbe, elle avait rapidement le dos courbé. et puis, elle avait l'air bien triste comme ça, comme une fille abandonnée. une fille abandonnée c'est triste, ça a un sourire qui va vers le bas. tu voulais pas qu'erys, elle, elle soit comme ça. tu la voulais parfaite, pour toi, puis pour l'exposer aux yeux du monde, qu'il passe devant elle et l'observe, envieux, comme une statue grecque. en fait, erys, c'était ta venus de milo. mais il fallait pas qu'elle tombe en ruine comme l'actuelle, alors t'essayais de la rendre heureuse. tu voulais que le sourire des animaux se transfère sur son visage, qu'il vole jusqu'à sa peau, toute douce. tu attendais, tu attendais la venus, calmement, tu tapotais sur ton appareil, en ajustais les paramètres. quand erys allait arriver, tu voulais saisir l'instant, la première seconde où tu la voyais approcher du zoo.

tant de joie en toi, à tel point que tu as enlevé tes chaussures à talons pour marcher plus vite, pour te retrouver le plus vite possible contre lui. tes sandales à la main tu fais les plus grandes enjambées qui te sont possible même si tes jambes elles sont plutôt minuscule, mais bon. le goudron te brûlerait presque la peau mais tu n'y prête aucune attention. tu ne peux rester loin de lui plus longtemps. tu t'apprêtes à courir quand tu vois l'entrée du zoo, t'hésites à mettre tes chaussures, tu ne veux pas lui faire honte non plus, mais non, tu les mettra quand tu seras arrivée devant, tu cours sur les derniers mètres qui te séparent de lui. vite, ses bras, vite, son coeur contre le tien. tu ne peux plus supporter cette distance qu'il y a entre vous. tu cours, tu cours, tu le vois, il est là, son appareil entre les mains, tu t'assois sur un banc à l'entrée du zoo, tu remets tes sandales à talons si haut, si vertigineux, tu te recoiffes rapidement, t'as envie d'être la plus belle que pour lui. une fois prête à le faire fondre une nouvelle fois tu t'élances vers lui, un sourire sur tes lèvres qui monte jusqu'aux oreilles « mon amour, mon amour, c'était si horrible sans toi. » dis-tu en te logeant directement dans ses bras.

qu'elle était belle erys, la tienne d'erys, elle chatouillait ton iris. tu t'essayais souvent à des petits jeux de mots comme ça, souvent elle en riait. puis dans ces moments, tu savais pas trop comment le prendre. mais tant pis, elle était heureuse, et encore plus jolie quand elle était heureuse. erys tu la voyais approcher, elle courait, sans ses chaussures. elle faisait de grands pas, on aurait dit qu'elle marchait sur l'eau, qu'elle volait. alors sans réfléchir, tu lançais les photos, en rafale, mais assez espacées, qu'elles deviennent intéressantes. tu en prenais deux autres, quand elle s'asseyait sur le banc pour se préparer, s'apprêter. témoignage de la recherche de la perfection. tout tes clichés sur elle, ils pourraient se regrouper dans un gros livre qui aurait ce nom, un livre aux allures fines, avec une pointe d'extravagance. un livre qui vous décroche un sourire, un vrai. et puis erys tu la vois s'approcher de toi, se nicher dans tes bras. « mon amour, mon amour, c'était si horrible sans toi. » tu souris, tes doigts caressent un peu son dos. tu veux la rassurer, lui montrer que tout ça, c'était fini. « c'est rien, belle erys, je suis là maintenant. chaque fois que tu pars, j'ai l'impression qu'on arrache un bout de mon coeur. et puis, mes photos deviennent laides. » tu fais un pas vers l'arrière, remets une mèche de son vert en place. et tu prends une photo. erys, ça doit peut être la gêner toutes ces photos, pour l'instant, elle se plaint pas. tu sais pas, si elle ose juste pas se plaindre. « tu viens, on retourne voir les tigres, ceux qui espèrent nous faire peur avec leurs rayures et leurs belles couleurs » alors tu lui prends la main, souris et fait un petit pas, pour déposer un court baiser plein de douceur sur sa joue.

il fait beau, chaud et le soleil nous caresse de ses doux rayons. Le soleil brille en Australie pendant qu'à l'autre bout du monde, les gens ont froid. qu'on est bien ici. de toute façon, tu t'en préoccupe peu, toi tu es bien, n'importe où que tu sois tant que c'est au près de son cœur. le cœur d'aurel, ton tendre amour, lui qui ne cesse de capturer sur sa pellicule le sourire ancré pour une éternité sur ton visage. qui est-il ? et pourquoi ton amour pour lui est-il si fort ? il est un ange ou un démon, tout ce que tu sais c'est qu'il n'est pas une créature humaine et c'est peut-être pour cela que tu l'aimes si fort, si intensément, si tendrement. prête à lui donner ton âme. tu t'éloignes de lui « aurel, j'ai peur de toi. tu m'emportes avec toi dans tes nuées radieuses et quand tu n'es pas là, je me perds, oh oui, je me perds tu sais. j'ai la terrible impression de perdre mon âme. » puis te jetant dans ses bras « oh je t'aime tellement tu sais. ». il te prend la main que tu serres fort, si fort dans ta paume. ta faible raison succombe face à sa prestance, tu ne penses plus, tu le suis, tout simplement, où qu'il aille tu y iras avec lui, peu t'importe la direction de ses pas tant que les tiens l'accompagne. face à la cage aux tigres tu t'approches des longs barreaux de fer tenant toujours sa main dans la tienne, pour rien au monde tu la lâcheras. non ça, jamais. plutôt mourir. certains disent que tu n'es qu'une poupée de chiffon, ont-ils déjà vécu l'amour ? celui qui te transporte, qui t'emmène si loin que pour revenir au monde réel tu risquerais de te perdre. tu perdrais presque tes repères tellement la distance entre la terre et ton nuage et d'une immensité vertigineuse. et quand tu lui montre le spectacle enchanté qui se dresse sous vos yeux, tu dis, en pointant du doigt la bête aux rayures noires et dorées « regarde, mon amour, regarde, crois-tu qu'un jour nous pourrions être des tigres ? ».

il fallait qu'elle soit là, avec toi, pour que tu te sentes bien. puis il fallait toujours que tu controles ses désirs, tout ce qui allait avec. parfaite erys. elle parlait joliment aussi, même sa peur pouvait paraître douce. et puis elle avait peur de toi, ça pouvait paraître drôle ça. toi, l'aurel tout fin, moquerie de tous, une peur pour elle. n'ait pas peur ma jolie, regardes, jamais je ne pourrais te faire de mal. tu souriais, d'un air enfantin, elle ne pouvait pas avoir peur de cet air. ses bras dans les tiens, un peu d'amour. i love you to the moon and back. jolie phrase, mignonne. tu aurais pu lui citer du paul eluard mais ce n'était pas le moment, pas tout de suite. et puis tu avançais vers les jolis tigres, c'était d'eux qu'elle pouvait avoir peur, pas de toi. sauf qu'elle, elle voudrait être un tigre des fois, et tu la comprends. c'est beau, grand, ça effraie, sûrement dans le bon sens. peut être que oui, peut être qu'un jour on sera à leur place, à faire peur aux visiteurs juste en baillant. et puis tu bailles, pour t'entraîner. j'ai des chances, tu crois ? un petit sourire, encore.