(c) Hollow Bastion et Ecstatic Ruby Wade et ValentinaTon regard vide parcourt le salon. C'est étrange. Tu ne peux t'empêcher de penser à lui. Tu le revois, là, sur le fauteuil, en train de terminer son verre, d'en commencer un autre. Tu le revois se décomposer petit à petit au fur et à mesure de la tournure que prend votre discussion. Tu te revois toi aussi, assise contre le mur, perdue, désespérée... C'était une fin de soirée que tu ne parviendrais jamais à oublier. Elle t'avait laissé un goût amer. Tu avais découvert un Wade que tu ne connaissais pas, et que tu aurais préféré ne jamais découvrir. C'était il y a une semaine. Et pourtant... Ca te semblait être arrivé hier. Sur ton fauteuil, tu te recroquevilles sur toi-même, enlaçant tes jambes avec tes bras. Tu fais limite peine à voir. Tes colocataires ne sont pas là, tu es seule dans cet appartement. Seule avec tes pensées. Tu allumes la télé, tu restes fixée sur l'image pendant quelques secondes avant de l'éteindre. Finalement, tu te lèves, tu prends ton courage à deux mains, bien décidée à ne pas avoir l'air pitoyable une minute de plus. Tu te douches et tu t'habilles. Trop sexy. Pas assez sexy. Tu n'arrives pas à te décider. Tu optes pour une tenue basique, entre les deux. Tu prends le temps de te coiffer, de te faire belle. Ca te remonte un peu le moral de voir que tu peux encore obtenir quelque chose de pas trop mal avec ta tête. Tu te dévisages dans le miroir puis, après un long soupir, tu prépares ton sac. Il faut que tu sortes, que tu voies du monde. Alors, oui, tu vas faire comme toutes les âmes désespérées et passer la nuit dans un bar. Peut-être même que tu saoulerais. Qu'importe. Ca ne pourra jamais être pire que maintenant. Tu te diriges vers la porte et quand tu l'ouvres, ton regard se fige, ton coeur s'accélère. Tu ne t'attendais pas à le voir. Pas ici, pas maintenant. Surement pas ici. Tu as envie de le voir. Ou pas. Tu ne sais plus. Ton regard se pose sur le sien, insistant. Tu attends.

Spoiler:

don't bury me ft. valentina

tu ne sais pas. tu ne sais pas si ça vaut le coup de sonner. tu en as envie. juste pour savoir si elle va bien. si elle va mieux, après ce qu'il s'était passé entre vous la semaine passée. toutes ses disputes qui n'ont engendré que des blessures. du mal, voilà ce que vous vous étiez mutuellement fait. pas que toi, même si dans le fond, tout était de ta faute. c'est toi qu'avais commencé à lui gueuler dessus. juste parce que madame voulait en apprendre plus sur toi. parce que toi tu ne voulais. mais aussi surtout, parce que tu ne voulais pas parler de yann. tu te tiens devant cette porte. la porte de son appartement. comment t'étais arrivé là ? sur un coup de tête. tu sortais d'un pub, t'avais bu un verre, juste pour - t'en sais rien - te calmer, ou bien oublier. rien qu'un verre. nan, t'étais pas saoûl. loin de là même. et puis t'avais marché. tu connaissais son adresse par coeur. tu étais déjà venu. la semaine dernière notamment. tu te tenais donc devant cette porte. y avait pas un bruit dans le bâtiment. tu serres les poings. t'es nerveux. nerveux de te retrouver devant cette porte. puis t'hésites, t'hésites tellement à sonner. tu ne sais pas si c'est judicieux de venir la déranger à cette heure-là. ni même si elle accepterait ta présence, ou simplement ta venue. tu ne sais pas si elle t'ouvrirait. elle pourrait te flanquer le cul dehors, tu la comprendrais parfaitement. elle pourrait te claquer la porte au nez une bonne centaine de fois que tu resterais toujours devant sa porte. trop nerveux, et immobile. ça t'arrive jamais ce genre de situation. t'es du genre à foncer toi, t'es un grand gaillard. t'as peur de rien. en temps normal, t'as pas peur d'une femme. mais elle, juste elle, elle te fait peur. parce que de un, c'est la veuve de ton frère, de deux, tu ressens quelque chose. tu sais pas ce que c'est. sûrement un mélange de compassion, de honte, de regret. et que sais-je encore. puis de trois, elle a le pouvoir de t'atteindre. comme peu le peuvent. alors oui, t'as peur. tu trembles devant cette porte. tu baisses les yeux. tu songes à sonner. tu lèves le doigt, tu l'observes un temps. puis tu le dirige vers cette petite sonnette. sauf, que, à ta grande surprise, tu te prends un truc dans la gueule. comme un courant d'air, ou je sais pas. ah oui, la porte. elle est ouverte. et t'as pas encore sonné. puis elle est devant toi. tu lèves les yeux et tu l'observes, minutieusement, jusqu'à venir planter ton regard dans le sien. tu essayes de dire un truc, plutôt incompréhensible au début. puis tu recommences. euh .. salut. tu cherches un truc de plus concret à dire. votre duel de regard est plutôt intense. t'as besoin d'un truc, pour détendre le truc. l'atmosphère, où n'importe quoi. euh, j'vends des aspirateurs, ça t'intéresse ? lances-tu comme ça. c'est le premier truc qui te passe à l'idée. pas sûre que ça ait l'effet escompté mais bon. tu décroches un petit sourire. minuscule. puis tu te sens t'enfoncer dans le sol. comme si tu cherchais à te faire tout petit. euh. trop de euh ! je voulais.. m'excuser. encore. et prendre de tes nouvelles aussi. dis-tu finalement en reprenant ton sérieux.

Qu'est-ce qu'il fout là ? Honnêtement, c'est la seule chose qui te vient à l'esprit en ce moment. Tu ne sais absolument pas pourquoi il est là. Ca te perturbe un peu de le voir ici. La dernière fois, votre discussion c'était terminée lorsque tu lui avais demandé de partir. Tu ne pensais vraiment pas le revoir de si tôt. euh .. salut. Il a l'air aussi perdu que toi. Là tout de suite, il n'a pas l'air sûr de lui. Ça t'étonne. Ce n'est pas son style d'habitude. Tu ne lui réponds même pas. Un simple salut te semblerait tellement insignifiant... euh, j'vends des aspirateurs, ça t'intéresse ? A quoi il joue ? Tu as presque envie de froncer les sourcils mais tu te retiens de le faire. Tu te demandes si il vient vraiment d'essayer de faire une blague. Il veut peut-être détendre l'atmosphère. Tu ne peux pas lui en vouloir pour ça. Au contraire, c'était une tentative intéressante. Sauf que, tu n'es pas forcément d'humeur à rigoler. Puis, tu ne sais pas pourquoi, mais les blagues et le Wade que tu connais, ça ne va pas très bien ensemble. Tu esquisses un sourire malgré tout, plus par politesse. Tu cherches dans ta tête quelque chose à dire lorsqu'il reprend la parole à nouveau. je voulais.. m'excuser. encore. et prendre de tes nouvelles aussi. Ton regard qui s'était perdu sur le sol revient vers lui. Tu le scrutes même, attendant de voir, essayant de voir si c'est à nouveau une plaisanterie. Mais non. Tu reconnais directement son air sérieux, celui que tu connais si bien. Des excuses de sa part, c'est assez ... inattendu. Tu n'osais même pas espérer qu'il puisse s'excuser un jour en fait. Alors, là, tu es légèrement sous le choc. Tu te répètes ses mots, tu les décortiques dans ta tête. Est-ce qu'il s'excuse de t'avoir traitée de fille facile ? Est-ce qu'il s'excuse de te considérer comme une pute ? D'avoir dit que tu n'étais rien de plus aux yeux de Yann ? C'est bien les excuses, ça part d'une bonne intention. Mais tu n'es pas prête à lui pardonner là. Tu lui en veux trop pour l'instant. Pourtant tu sais qu'il n'était pas le seul à avoir mal agi, mal parlé. Toi aussi tu avais touché un point sensible. Toi aussi tu l'avais blessé. Tu devrais t'excuser également. Mais tu persistes à croire que c'était de sa faute si tout avait dérapé. Parce que c'est lui qui avait eu la première parole blessante. Et puis, on peut dire ce qu'on veut, c'est tellement plus facile de rejeter la faute sur l'autre.

Tu es là, avec lui, devant la porte. Vous n'allez pas rester ainsi éternellement. SI il est venu jusqu'ici, c'est qu'il espérait peut-être pouvoir rentrer. Et puis, après ses excuses, tu ne pouvais décidément pas lui claquer la porte au nez. Pourtant tu hésites. Le faire rentrer chez toi, tu as l'impression que ça mènerait à revivre la même situation que la dernière fois. Pour la première fois de la soirée, tu te décides à lui parler. Sans le regarder. Je ne vais sûrement pas avoir la réaction que tu attendais, je suis désolée. Mais ... c'est dur. Ca me touche que tu t'excuses mais c'est dur pour moi d'accepter, d'oublier. Tout comme ça sera dur pour toi ...Tu agis vraiment comme une bitch à ce moment-là. Tu ne pourrais pas simplement lui dire que tu oublies tout, que vous recommencer à zéro, que vous tirez un trait sur le passé ? Non, il faut que tu compliques tout. Tu relèves la tête vers lui. Il te paraît calme, paisible presque, même si au fond, il doit enrager autant que toi. Tu sais quoi ? J'ai peur. Tu lâches un profond soupir avant de te lancer dans une explication plus que sincère. 'J'ai envie de te proposer de rentrer, j'ai envie qu'on puisse à nouveau se parler. Mais j'ai peur. Parce que j'ai l'impression qu'on ne peut que se faire du mal. Tu vas chercher à me blesser, je vais faire pareil et ça n'en finira jamais. Tu ne le connais pas très bien le frère de Yann. Mais tu es persuadée qu'il a une fierté encore plus grande que la tienne. Vous avez tous les deux des caractères forts, une personnalité. Alors oui, ça peut faire des étincelles. Parfois c'est bien. Mais la dernière fois, c'était juste trop. Si tu penses que c'est possible pour nous d'être dans la même pièce sans chercher à faire souffrir l'autre, ma porte est ouverte. Tu espères au fond de toi qu'il va rentrer. Parce que malgré tout, ça te fait plaisir qu'il soit là. Et puis, ça voudrait dire qu'il serait prêt à prendre sur lui. Dans ce cas, toi aussi tu prendrais sur toi, tu éviterais certains sujets qui blessent. Parce que le blesser, c'est la dernière chose que tu veux.

Spoiler:

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bien sûre, tout ce que tu lui avait raconté à propos de yann, à propos de son passé, n'était que purs mensonges. t'étais jaloux. impardonnable aussi. t'aurais aimé être à la place de yann. heureux, être heureux, c'est tout ce que tu demandais dans le fond. juste un petit sourire et tu serais heureux. un petit signe, quelque chose qui puisse te prouver qu'elle accepte tes excuses. ou au moins qu'elle les prends en considération. qu'elle va y réfléchir. elle sourie. un maigre sourire quand on sait toutes la vacheries que vous vous étiez envoyés. mais ce petit geste t'apporta une grande satisfaction. tu souffles doucement. je ne vais sûrement pas avoir la réaction que tu attendais, je suis désolée. mais ... c'est dur. ça me touche que tu t'excuses mais c'est dur pour moi d'accepter, d'oublier. tout comme ça sera dur pour toi ... tu comprends ce qu'elle dit. elle a raison, tu l'admet. vous étiez tous les deux blessés. blessés l'un par l'autre et inversement. tu envisageais de te faire pardonner. d'essayer de changer, même si elle était convaincue que tu ne pouvais pas. tu ne changera pas pour toi, mais pour elle. parce qu'elle a besoin de toi. et toi, t'as besoin d'elle. vous êtes complémentaires sans vraiment l'être. vous partagiez les même peines, les mêmes rancœurs, les mêmes regrets. tu sais quoi ? j'ai peur. tu restes droit devant elle, le regard planté dans le sien. tu bois ses paroles. tu l'écoutes attentivement. tu ne prêtes attention à rien d'autres. j'ai envie de te proposer de rentrer, j'ai envie qu'on puisse à nouveau se parler. mais j'ai peur. parce que j'ai l'impression qu'on ne peut que se faire du mal. tu vas chercher à me blesser, je vais faire pareil et ça n'en finira jamais. ça te fait mal. comme un petit pincement au cœur, tu ressens. tu ne veux pas qu'elle te dise de partir. tu ne sais pas, tu ne sais plus. tu ne cherches pas non plus à comprendre tout ce qu'il se passe dans ta tête à l'heure actuelle. tu restes juste là. tu encaisses, aussi difficilement soit-il. je comprends, tu sais. je sais que ce sera pas facile, mais j'en ai envie val'. tu parles sincèrement. pour une fois. tu veux qu'elle te pardonne, tu veux oublier aussi. j'ai envie de tourner la page. envie, connerie, ou simple illusion ? ton lunatisme peut te faire défaut, et tu peux changer d'avis dans cinq minutes. mais t'y avais réfléchi pendant toute cette semaine. si t'étais venu jusqu'à chez elle, c'était pour une raison. tu avais pris ta décision. et tu t'y tiendrais. si tu penses que c'est possible pour nous d'être dans la même pièce sans chercher à faire souffrir l'autre, ma porte est ouverte. elle te fout pas dehors, et juste pour ça, tu lui adresses un sourire. un beau, un franc. elle te laisse entrer, mais c'est à toi de le décider. si t'es prêt à te la fermer avec ton égo surdimensionné et être gentil, serviable et puis surtout compréhensif. essayons. dis-tu doucement, en faisant un pas en avant. tu t'apprêtes à franchir la porte et passer à côté d'elle. tu promettais rien, juste d'essayer. tout comme elle le devrait aussi. sauf si tu veux sortir. t'avais l'intention de sortir, non ? demandes-tu, en t'immobilisant, face à elle. t'étais tout proche d'elle, tu pouvais sentir son parfum de là. un parfum qui sentait plutôt bon, sois dit en passant. tu l'observes, attentivement. comme un loup observant sa proie. sauf que t'étais pas prêt à la bouffer, heureusement. juste, tu te permettais de détailler ses petites manières, ses petits trucs qui faisaient qu'elle était elle et pas une autre. ses sourires, aussi légers soient-ils. sa façon de s'habiller. classique. la façon dont ses cheveux se mouvaient autour de son visage. des petits détails en soit, mais auxquels une fille portait une attention toute particulière. et ça, ça t'amusait la plupart du temps. tu avances finalement et passes à côté d'elle, pénétrant ainsi dans l'appartement. tu connaissais déjà, pas besoin de t'épanouir devant sa décoration d'intérieure. tu la laisses fermer la porte derrière toi. et va comprendre pourquoi, tu tends une main vers elle. t'attrapes sa main. aussi maladroitement que possible d'ailleurs, mais tu t'en fous. ce contact irraisonnable, et aussi farfelu, te procurait une multitude de frissons. t'aurais jamais osé poser la main sur elle, non non. pas que tu sois décidé à lui briser le cœur aussi, comme avec les autres femmes, mais tu veux te donner une chance de lui prouver que tu peux être un autre homme. donnes moi une autre chance. je sais que je suis le dernier des abrutis, pas besoin de me le dire. tu t'arrêtes un instant, et tu souris à nouveau. mais je ferais des efforts. c'est ce qu'il aurait voulu. tu soupires un coup. tu lui ouvres enfin ton cœur, là, au beau milieu de son couloir. tu sais.. j'ai réfléchi à tout ce qu'il s'est passé. je sais pas, j'étais con. on se fait du mal inutilement. c'est vrai, regarde, on devrait s'épauler à la place. on devrait.. se souvenir de yann, et rigoler de ses vieilles blagues. séquences émotions, attention à tes petites mirettes ma belle. mais, nan, à la place, on se comporte comme des gamins. on est adulte maintenant, on a pas besoin de se foutre tout sur la gueule comme ça. yann m'en aurait collé une pour ça. il doit me haïr de là où il est. elle pourrait très bien se défaire de ton emprise, te baffer pour l'avoir touché. tu ne sais pas. mais à la place, tu continues à parler. tu déballes tout ce que tu avais enfouis depuis des années. tu n'as jamais eu l'occasion de me connaitre quand yann et toi vous êtes mariés. je ne voulais pas. parce que yann te protégeait, mes parents aussi. et puis, j'avais trop peur de te faire du mal. et comme un con, j'ai cédé et voilà où on en est. je regrette pas de te dire tout ce que je te dis là maintenant. je le regretterais pas, non. mais peut-être que ça aurait été mieux, si j'avais gardé ma part de mystère, tu vois. peut-être qu'à l'époque, tout ce serait passé différemment, peut-être qu'on aurait pu être amis. ou je sais pas, un truc du genre. on se serait peut-être entendu, peut-être que j'aurais pu faire les efforts nécessaires. tu souffles un coup. repenser au passé t'émouvais. tes yeux brillaient presque. j'aurais fait n'importe quoi pour yann à l'époque. je t'avais accepté. j'étais juste jaloux. ça peut paraître ironique dit comme ça, mais oui, j'étais jaloux de votre bonheur. tu souffles un gros coup. pour essayer de contrôler ce trop plein d'émotions en toi. bas les pattes les vulgarités et bonjour les tirades émotionnelles. maintenant, tu attendais de voir sa réaction. t'espérais juste ne pas la faire pleurer, ne pas l'énerver non plus. c'était qu'une question de sincérité après tout.