Hell. Livre qu'elle lit depuis qu'elle est dans cette prison. D'or et de médicaments. Malade, on lui dit. Elle survécut à peu, à cause des coups de couteaux. Il n'a pas d'Ezra. Il y a eu Manael. Il n'était pas là. Nem était là. Elle enfile le t-shirt qu'elle a emprunté, à long terme, de ce dernier. Elle est bien avec. Peut-être moins ces derniers temps. Elle regarde le bandage sur ventre. Souvenir mauvais d'un homme qu'elle aime. Il a fallu expliqué les coups. Un ex-copain trop violent. Idiotie. Elle n'est plus avec. Ezra n'est pas venue la voir. Ezra n'est plus. Les mots ne lui font plus rien. Elle a déprimé assez. Elle représente ces femmes brisé.es par amour. Il est là, Nem, dans l'encadrement de la porte. Ezra n'est pas venu. Elle se lève, elle lui prend la main d'instinct. Parce qu'elle a peur de tomber. Elle doit être pathétique, elle est pathétique. Elle murmure une phrase, comme une sentence, un mauvais sort : je veux plus le voir. Ni même prononcer son nom.

lola. lola s'est faite agressée. elle sort de l'hosto aujourd'hui. j'apparais dans l'encadrement de la porte alors qu'elle se prépare et lui sourit tendrement. elle s'approche de moi, me prends la main. je la soutient comme je peux. je l'aide à s'asseoir sur le lit et prends ses quelques affaires. t'as plus besoin de le voir. je suis là. je veux plus qu'elle le voit. je l'embrasse doucement, de peur de lui faire mal. tu vas vivre chez moi quelques temps. je me sens pas à l'aise de la laisser seule. pas avec ce qui vient de lui arriver.

Ne plus voir Ezra ? Elle touche doucement son ventre. Ailleurs. Elle le revoit. Lui dire ces mots. Elle se déteste. Déteste ce qu'elle est. Elle sert un peu plus sa main. Elle le regarde, en souriant, un peu triste. Merci. Elle murmure. Parce qu'elle a peur. Elle lui a pas tout dit. Ou presque rien. Elle lui a dit la version qu'Ezra a dit à tout le monde. Il faudra lui dire. Il sourit, quand elle l'aide à prendre le peu de chose qu'on lui a apporté. Elle répond à son baiser, elle ne sait plus trop mal. Juste quand elle est trop brusque. Non, quand elle bouge de trop. T'es sûre ? Je veux pas que tu te forces, hein ... Elle sourit et reprend sa main. On passe à l'appartement prendre quelque trucs ? Au moins des sous-vêtements, j'ai rien entre mes jambes moi. Elle tente de le faire rire. Pour retarder le moment des questions.

derien. je lui souris et serre sa main dans la mienne, pour la rassurer. elle m'a rien dit. je sais juste que c'est ezra qui a fait ça. mais à vrai dire, ça me suffit. si elle ne veut pas me dire, je respecte. ça doit pas être facile pour elle tout ça, alors je décide de la laisser tranquille un moment. t'inquiète pas. et ouais, on peut passer chercher des affaires chez toi. pause. par contre, j'ai une... fille qui squatte sur mon canap. je passe nerveusement une main dans mes cheveux. enfin, je vais m'occuper de toi.

Léger sourire qui se dessine sur ses lèvres. La pression de sa main rassure la pauvre fille qu'elle est. Pauvre fille car elle a juste dit que c'était Ezra. Pour les couteaux. Pauvre fille car elle lui a pardonné les coups de couteaux, mais elle ne pardonne pas son absence. Une pauvre fille. Nem. -pause. - Les coups. C'est lui aussi ... Elle se devait de lui dire. Elle ne le verra plus. Elle baisse la tête, sans rien dire de plus. Elle la lève seulement quand elle a la confirmation. Elle ira chercher vite fait de quoi tenir deux semaines chez un étranger. Pas plus. Quand elle lui parle de la fille, elle est un peu jalouse, mais elle ne le montre pas. Elle se contente de sourire. Elle est comment ? Jalouse. Non. Juste par le principe : ce qui est à moi, est à moi. Mais elle est partie voir Ezra. Avec un cadeau de taille. Il peut faire ce qu'il veut. Une fois. Echange équivalent. Pas trop non plus, j'ne suis plus un bébé. Sourire rieur, ou du moins, ça en a les traits.

LIl sait. Dans un sens, si un homme est capable de vous poignarder, il est capable de vous battre. C'est un fait, voire même l'évidence. C'était son anniversaire... Je voulais juste voir 'il allait bien. -sourire triste- On s'est même pas engueulés, rien. On a juste passé du temps. Et je crois qu'il a bu un verre de trop. Il voulait pas que ça change, il voulait pas rentrer à la maison. Il voulait pas me perdre. Mais c'est elle qui l'a perdu. L'amour qu'elle a pour Ezra doit être aussi fort que celui de Nem pour Ina. Elle remarque son soupir quand il demande de lui parler de cette étrangère. Et vu comment il en parle, elle se dit qu'elle ferait mieux de ne pas explorer plus loin le sujet. Oui, je verrais. Elle lui fait comprendre qu'elle a compris. Elle finit son sac avec un ou deux boites de médicaments, et des papiers, dont un qu'elle tient en main. Réalité silencieuse, d'une maladie tout autant silencieuse. Il lui fait un paquet de clopes. Poumons malade, ou non. Ouaip.

T'en fais pas. Juste. Appelle pas la police, s'il te plait. Elle a déjà assez de problèmes à régler, et puis Ezra à une maman avocate. Elle ne veut pas avoir encore plus madame Harris sur le dos. Elle est pénible. Elle l'embrasse doucement, en lui souriant, tendrement. Premier vrai sourire. Je sais. Comme toi, tu as moi. Si lui est jaloux de ce qu'il entre Ezra et elle, elle, elle a peur de se retrouver seule. Ou juste de le perdre. A cause de la fille sur le canapé. Elle a le pressentiment que tout ça ne durera pas, comme sur la plage. Elle ferme son sac, et attrape sa main. Elle veut sortir de l'hôpital. Elle répondra après. La, elle étouffe. Et elle n'aime pas ça. Une fois dehors, elle passe sa main dans ses cheveux, et regarde vite fait Nem. Cancer du poumon. Pas besoin d'en dire plus. Stade trois, peut-être. Mais elle ne va pas mourir. Juste chimio. Radiothérapie. Et peut-être opération. Mais elle ne va pas mourir. Elle veut un enfant. Evidence qui lui est tombée dessus pendant son séjour dans la chambre blanche de l'hôpital.

je vais appeler la police. ça peut pas durer lola. ça me rend malade de la voir dans cet état. j'arrive pas à lui sourire, j'arrive pas à la prendre dans mes bras sans penser à ezra. sans penser à ce qu'il lui a fait. je suis fou de rage, mais j'essaie de me contenir, de ne pas le montrer. on sort de l'hosto et je commence à foutre ses affaires dans la voiture. puis je me fige. pardon ? je la regarde, visiblement paumé. je comprends pas ce qu'elle me dit. ça refuse de monter au cerveau. je me contente de la dévisager, essayant d'assimiler l'information. je comprends pas lola. nan. je comprends très bien. je veux pas comprendre. je veux pas.

Je le verrais plus de tout façon, ça change quoi ? Il va aller baiser d'autres petites putes. Laisse-le. Il vivra lui avec les regrets. Je veux pas qu'il se repentisse en prison. Je veux qu'il souffre. Tu comprends ? Qu'il crève de mal seul dans son coin. Les mots sortent avec la haine qu'elle a accumulé. Par son absence. A Ezra. Et tout ce qu'il a fini par brisée en elle. Elle n'était pas  comme ça avant. Elle qui pensait lui pardonner. Au fond, non. Parce qu'il est partie. Elle sort, et une fois à la voiture, elle lui dit. Trois mots. Elle ne veut pas s'étaler. C'est assez dure de se dire qu'elle prend temps, et qu'Ezra, lui n'a rien.  Cancer du poumons. Stade trois selon le médecin. Mais j'vais pas crever. Ca va guérir. Puis, je veux un gosse. Après, je peux crever. Mais là, c'est chimio, radiothérapie. Elle se met  dans la voiture, et essaie de sourire. .

je ne réponds pas. parce que je vais appeler les flics. elle veut pas le voir en prison parce qu'elle l'aime, qu'elle pense qu'il reviendra. je ferme les yeux et soupire longuement. c'est pas possible. protéger un con pareil. je vais le tuer. je vais le détruire ce connard. puis vient la nouvelle. j'ai l'impression que quelque chose se brise en moi. stade trois. et elle semble si confiante. elle a l'air certaine de s'en remettre. tu veux un gosse ? depuis quand ? je commence à paniquer. j'ai déjà perdu un môme. je peux pas recommencer. puis elle veut un môme de qui ? de moi ? je me rends compte qu'on s'est jamais protégés. bordel. tu penses être enceinte ? je préfère ignorer le cancer pour l'instant. je ne veux pas savoir. c'est pas entrain de se produire.

Certaines choses paraissent insurmontables. Elle le sait. Et savoir Ezra encore loin d'elle, c'est au dessus de ses forces. C'est de sa faute tout ça. Elle doit se concentrer sur la personne la plus présente dans sa vie, c'est Nem. Elle est comme ça. Conne. Il peut lui dire, elle s'en fiche, il a raison. T'en fais pas. J'en veux pas un maintenant. Et je suis pas enceinte. -sourire rassurant- C'est juste une envie passagère, t'en fais pas. La vie est comme elle, et Lola se connait. C'est peut-être un caprice. Quelqu'un pour combler l'absence. Le manque aussi. Un enfant d'Ezra, aussi. Elle dépose sa tête contre la fenêtre la main au niveau des coups de couteaux. Et puis, je peux pas être enceinte, avec l'agression, le bébé serait mort. .

Elle sert sa main doucement, en souriant. Le bébé, de toute façon. C'pas à vingt-et-un qu'on fait des bébés. Et puis, elle sera pas une bonne maman, elle le sait. Elle l'a déjà dit à Ezra. Quand elle a parlé du test qu'elle a fait. Quand elle a cru être enceinte de Manael. Il est venu le voir. Lui. Parfois, on tient à des personnes, comme ça, sans savoir pourquoi. On leur montre, on leur dit. On les casse. Elle jette un coup d'oeil à Nem. Elle veut pas lui faire de mal. C'est tout. Elle a envie qu'il aille bien. Il se gare, il l'aide à sortir. Si je me soigne, je peux vivre jusqu'à 80 ans. Voire plus. Sinon, c'est 8 fois moins. Mais j'ai déjà une chimio la semaine prochaine. Elle lui caressa le dos de la main, de façon rassurante, et monte les étages jusqu'à arrivé chez elle. Elle ouvre la porte, et voit que tout est ranger. Elle aurait aimé avoir une trace d'Ezra. Une infime.

Il n’a plus beaucoup de sous, son père a coupé les vivres. Sa mère n’a pas su garder sa langue pour les drogues. Alors, il n’a pas d’autre choix que de passer à l’appartement pour chercher des fringues. Il en aurait acheté des autres sinon mais non. Il est obligé de revenir, l’esprit déjà consumé par l’alcool et les joints. Un joyeux mélange d’odeur qui parfume ses vêtements actuels. Il est déjà dans la chambre en train de remplir un sac de sport, qu’il referme en entendant la porte s’ouvrir. Il fait passer le sac sur son épaule avant de reculer pour fermer l’armoire mais c’est la lampe de chevet qui vient se fracasser au sol. « Putain ! Fais chier ! » La plainte est loin d'être sourde et ressemble plutôt à un cri. Il ne cherche pas à être discret, il a autant perdu cette notion que celle du temps.