j'suis assise sur le sofa et j'attends patiemment que ma soeur quitte l'appartement.  alors qu'elle passe la porte, j'lui glisse un « aurevoir, à ce soir. » et je baisse les yeux lorsqu'elle embrasse brièvement jamie avant de quitter.  lorsqu'elle referme la porte derrière elle, j'garde le silence en observant attentivement la télé .. la télé qui est éteinte, oui.  « jamie .. ? »  plus fort que moi, comme on dit.  même quand j'veux pas lui parler, y'a mon cerveau qui m'oblige. j'ai quand même un peu de contrôle, parce qu'actuellement, j'serais bien dans ses bras. mais j'suis assise sur ce sofa, comme la pire forever alone de tous les temps.

J'attrape la douce Effie par les hanches et l'attire vers moi. Nos lèvres s'entremêlent et j'ouvre la porte pour la laisser sortir. « bonne journée amour » je lui souris et referme la porte derrière moi. Silence, gênant. Je voudrais pouvoir retourner me coucher sans même jeter un coup d'œil à la jeune blonde avachie sur le canapé mais j'en suis incapable, tout comme elle, qui brise le silence. « jamie .. ? » je tourne la tête en sa direction et me décolle de la porte pour m'avancer. « oui, nollie ? » mon cerveau tout entier m'oblige à tourner les talons alors que mon corps, lui, trouve un plaisir malsain à me clouer sur place. Presque contre mon grès, je vais m'asseoir de l'autre côté du canapé et allume la télé, de quoi meubler le silence.

c'est comme si .. j'panique, à l'intérieur. « oui, nollie ? »  j'sais pas quoi dire, j'voulais juste .. qu'il me parle, ou du moins, qu'il m'accorde un peu d'attention.  il approche, et mon coeur bat .. très fort.  il prend place sur le canapé, mais de l'autre côté.  pourquoi?  j'aurais voulu qu'il soit .. plus près.  j'suis limite blessée, mais avec lui, j'suis blessée à rien.  il a trop d'importance, et un rien me met dans tous mes états.  faut que j'trouve un truc.  « j'vais partir.. j'pense.  t'auras la paix, avec effie. »  au fond, j'sais que j'partirai pas.  adrénaline.  j'veux qu'il réagisse.  « avec le bébé .. de toute .. »  j'me fais mal toute seule.  

Comme si cette distance de sécurité allait faire quelque chose à mon envie malsaine de la prendre dans mes bras. La télévision braille à plein volume et je préfère baisser le son, au cas où Nollie me dirait quelque chose. J'en ai besoin, sûrement. « j'vais partir.. j'pense. t'auras la paix, avec effie. » je tourne la tête, brusquement, sans dire un mot. Elle rajoute. « avec le bébé .. de toute .. », je déglutis. je ne peux pas me prononcer, lui demander de rester pour empêcher mon cœur de s'alourdir un peu plus de son absence, ce serait égoïste et pourtant, je passe une main derrière son épaule et l'attire contre moi. « tu n'est pas obligée nollie, le bébé, il n'arrivera sûrement jamais  » je soupire, souffle un coup et pose ma tête sur son épaule. « je .. j'veux pas que tu partes, j'préfére te savoir ici, en sécurité. » excuse bidon, bonjour.

j'suis rassurée lorsqu'il m'attire vers lui.  c'est un peu ce que j'attendais, j'me sens revivre de nouveau, c'est con à ce point.  « tu n'est pas obligée nollie, le bébé, il n'arrivera sûrement jamais  »  c'est c'que j'espère, même si .. j'suis partagée entre le soulagement et la tristesse, car j'sais que ma soeur le veut vraiment, ce bébé.  j'me sens mal d'être aussi .. mal.  « je .. j'veux pas que tu partes, j'préfére te savoir ici, en sécurité. »  je souris légèrement contre mon gré, mais j'reprends mon sérieux aussitôt.  « jamie, tu ne m'aimes pas .. n'est-ce pas? » j'veux juste qu'il me dise que c'est faux.  « .. alors pourquoi ça te dérange que j'envisage de partir? »

Je l'écoute en silence et me redresse pour prendre ma tête entre mes mains. J'ai l'atroce impression d'être du gibier coincé devant les phares d'une voiture, incapable de faire quoi que ce soit. Je commence à me sentir mal, comme atteint d'une fièvre douteuse. Je plonge mes doigts dans ma tignasse et me redresse pour prendre le visage de Nollie entre mes mains. Mes yeux se plongent dans les siens et j'articule « je tiens à toi nollie, sûrement plus que je ne le devrais et c'est pour cette raison que je ne veux pas que tu partes de cet appartement. » presque soulagé, je me lève,  victime d'un mal de tête foudroyant. D'une main, je sors une cigarette et m'approche de la fenêtre la plus proche. La fumée m'apaise et le mal de tête semble avoir disparu.

ses mains contre mon visage.  « je tiens à toi nollie, sûrement plus que je ne le devrais et c'est pour cette raison que je ne veux pas que tu partes de cet appartement. »  je déglutis alors qu'il se lève pour en fumer une au bord de la fenêtre.  j'me lève également, car j'peux pas rester assise. j'suis encore paniquée. je tourne en rond deux ou trois fois dans le salon avant .. d'aller m'coller direct sur jamie.  je pose ma tête contre son torse, alors que j'le sers tellement fort .. comme s'il m'appartenait.  mais ce n'est pas le cas, et ce ne sera jamais le cas.  « comment j'vais faire, quand tu ne voudras plus de moi .. ? »

Je sens ses mains froides venir encercler mon torse et un frisson parcourt mon corps. Je tire encore un peu sur ma cigarette comme si celle-ci pouvait atténuer le mal qui me parcourait à mesure que j'écoutais les paroles de Nollie. « comment j'vais faire, quand tu ne voudras plus de moi .. ? » je souffle et me retourne pour être face à elle. Mes doigts viennent repousser une mèche de cheveux qui retombe sur ses yeux et je la regarde. « et si on se concentrait sur le moment présent, t'en penses quoi ? » je viens déposer un baiser au creux de son cou et me retourne pour finir ma clope. Je suis perdu plus que je ne l'ai jamais été. It sucks.

« et si on se concentrait sur le moment présent, t'en penses quoi ? »  le moment présent .. n'est pas éternel, justement. (you don't say?)  je frissonne lorsque je sens ses lèvres contre mon cou.  j'aurais aimé qu'elles y restent plus longtemps, à vrai dire. « j'veux bien tu sais .. mais ça n'répond pas vraiment à ma question. »  je me détache péniblement pour m'effondrer une nouvelle fois sur le canapé. «  aah eh puis tant pis.  j'arrête de t'emmerder avec mes questions.  vie tranquillement, n'y penses pas et j'imagine qu'un jour je ferai quelque chose de ma peau, plutôt que d'espérer quelque chose qui n'aura jamais lieu. »  et c'est l'moment génial où j'ai les yeux trempés. « c'est pas comme si c'était possible, où s'il y avait un happy end à prévoir. »

j'ai envie de m'enfuir. Loin. Loin des paroles tueuses de la jeune Nollie qui me poignardent à chaque fin de phrase. Se rend-t-elle compte du mal qu'elle me fait ? Je l'écoute, péniblement et finis ma cigarette d'une traite. Je ne veux pas me retourner et voir les larmes que j'ai su déceler à travers les mots. Mais cela fait bien longtemps que j'ai cessé de lutter contre elle. Rapidement, je viens me poser contre le canapé et mes bras encerclent la petite blonde pour qu'elle vienne s'y blottir.  « pleurs pas Nollie, s'il te plait. tu sais que c'est dur pour moi et tes larmes ne vont pas m'aider à mettre les choses au clair avec moi-même, avec toi .. Vous. » Je baisse la tête et dépose un baiser sur le sommet de son crâne.  « je veux que tu aies ton happy end Nollie et je ferais tout pour qu'il arrive même si tu sais que chaque happy end peut causer des souffrances que ce soit la tienne ou celle des autres. » je soupire.

« j'pleurs pas. »  non, évidemment.  pas encore.  (presque, ceci-dit.)  j'accepte volontiers ses bras, et comme toujours, j'me dis que j'ferais n'importe quoi pendant des années encore pour y être.  « oui, sauf que là, c'est écrit dans l'ciel que j'serai la fille qui assumerai la souffrance pour le happy end de quelqu'un d'autre.  en tout cas, c'pas grave.  j'vais survivre, as usual. »  j'sens que j'deviens trop agaçante et que j'dois me racheter.  alors j'le regarde, en imitant un sourire sur mes lèvres.  puis j'mets ma main derrière sa nuque et je l'embrasse pour la première fois d'la journée.

Heureusement que Nollie est capable, mieux que personne, de cacher ses émotions. Si elle était jusqu'alors sur le point de laisser couler une larme, elle se ressaisit aussi vite que possible. Je la regarde et lui lance un regard presque désolé. « personne ne sait de quoi le futur est fait hein, c'est ce qu'on dit .. » Je laisse échapper un sourire tant la phrase me parait ridicule. Notre destin à tous les deux semble déjà tracé ce que je trouve plutôt effrayant. Lorsque ses lèvres rejoignent les miennes je la serre un peu plus contre moi. Elle me fait un bien fou tout comme elle me détruit. « putain Nollie, tout est tellement compliqué » Je recule la tête, plonge mes yeux dans les siens et m'approche une nouvelle fois pour l'embrasser.

« personne ne sait de quoi le futur est fait hein, c'est ce qu'on dit .. »  et c'est quand il dit des trucs du genre que j'me permets d'espérer, même s'il ne faudrait pas.  mais j'espère quand même.  « putain Nollie, tout est tellement compliqué »  il m'embrasse de nouveau, alors que j'perds encore une fois tous mes moyens.  j'vais finir à l'asile, j'vous jure.  « c'pas compliqué.  enfin, pas pour moi.  je t'aime.  c'est tout. » moment de réflexion. « parfois, j'me dis qu'effie doit être vachement nulle au lit pour que tu t'tapes sa petite soeur. » hey nollie, t'es con. très.

« c'pas compliqué.  enfin, pas pour moi.  je t'aime.  c'est tout. » je lui souris. Elle a beau me répéter qu'elle est amoureuse de moi, j'ai de la peine à faire le point sur mes propres sentiments alors comme un lâche, je souris et l'embrasse. C'est ça l'avantage des bisous.« parfois, j'me dis qu'effie doit être vachement nulle au lit pour que tu t'tapes sa petite sœur. » je me recule et écarquille les yeux.  « putain t'es sérieuse ?  » je la repousse légèrement, je n'aime pas l'entendre dire de telles choses sur sa sœur alors pour la taquiner, je rajoute.  « tu sais combien d'années d'expérience elle a devant elle par rapport à toi ? » je souris et une lueur malicieuse travers mon regard.