Aprem mattage de beaux surfeurs... Bah ouais, Karl avait décidé de se promener dans la ville et de marcher le long de ces rues prisées par les sportifs des vagues. On ne pouvait pas dire qu'ils étaient moches, pour la plupart. Les nanas aussi d'ailleurs se défendaient bien. Du beau monde. Et pourtant, la personne remarqua une personne qui fit disparaître toutes les autres qui, curieusement, ne faisait pas partie de ce groupe de gens-là. A vrai dire c'était lui aussi un enseignant. Pas n'importe quel enseignant : celui que Karl avait fuit après avoir eu le cœur brisé.
Karl fit celui qui ne remarquait rien tout en lançant des regards vers cet homme qu'il n'avait pas vu depuis des années...

Du surf, du surf, et encore du surf. Depuis plusieurs jours, je prenais des cours de ce sport. Étonnant hein ? Beaucoup moins lorsqu'on sait que si j'y vais avec autant d'assiduité, c'était parce que les profs étaient vraiment canon. J'ai décidé de prendre l'homme, me disant que du coup, il y aurait aussi de belles femmes à son cours. Bref, le cours est fini, et on part tous ensemble acheter nos propres planches, ainsi qu'un petit verre. J'étais assez content de la tournure de la journée, mais en voyant un homme en face de moi, j'ai perdu cette joie. Sur le coup, je me suis arrêté, m'immobilisant devant le passé. Ensuite, j'ai fis un signe de tête au groupe, style "j'arrive". Mais avant, il fallait que je dise quelque chose. Alors, l'anglais a quitté son cocon ?

Oh bah mince alors, il l'avait repéré ! Courage, fuyons ! Il était toujours temps de se faire passer pour un touriste. Utiliser son côté français ou faire semblant d'être allemand. Il devait bien savoir baragouiner quelques mots. Ich bin ein Berliner comme disait Kennedy. Mais bon des fois fallait savoir affronter sa vie, ses choix, tout ça. Être "un homme". Être mature, en somme. Sauf que voilà, voir Keylan faire son malin comme ça, ça irritait Karl. Il sentait son pouls s'agiter, mélange de colère et d'amour refoulé. Oui parce qu'il l'avait aimé, ce sale type incapable de ranger sa queue. Il n'avait probablement pas changé depuis le temps. Alors par mesure de protection, Karl enfonça ses mains dans ses poches et s'avança en direction de Keylan. Il le dépassa même, lui donnant un coup d'épaule au passage.
Suite à cela, il poursuivit son chemin, toujours mains dans les poches, ignorant superbement cet ex qui à lui seul venait de rembrunir sa journée.

Il ne répond pas. Avant, il aurait répondu. est-ce que je l'avais blessé à un point tel qu'il en aurait perdu toute sa répartie ? Non, impossible... personne ne peut être si attacher à quelqu'un, non ? Je l'avais été, remarque... La première vraie relation que j'ai eu, bien que je mette un point d'honneur à dire que comme toutes les autres relations, ça n'avait été rien. Il passa devant moi, et me donna un coup d'épaule. Serieusement ? Je trouvais ça ridicule, on ne pouvait pas s'éviter pour toujours, si ? Je me retourne, et l'attrape doucement par le bras, pour ne pas lui faire mal, ou le forcer. Désolé, trop tentant... En vrai, qu'est-ce que tu fais ici ? T'es là pour des vacances ? Parce que bon, ça m'intriguait, quand même...

Je ne savais pas moi même ce que j'en avais à faire.. je voulais juste... prendre des nouvelles ? Oui, voilà ! Je voulais savoir ce qu'il était devenu, depuis la dernière fois. Depuis notre séparation, en fait... Savoir s'il avait retrouvé quelqu'un, s'il m'aimait toujours et surtout : s'il m'avait pardonné. Apparemment non. Je suis poli, et je pensais que tu le serai aussi. Visiblement, je me suis trompé. Je m’apprête à faire demi tour, mais non. Je ne peux pas le laisser parler ainsi, et me recaler comme ça. J'ai toujours eu tout ce que je voulais, ça n'allait pas s’arrêter maintenant ! Franchement Karl, ça fait des années maintenant, comment tu peux m'en vouloir autant ?

Poli... C'est vrai qu'il ne l'était pas des masses malgré tout le temps qui s'était passé. En même temps l'autre homme n'avait rien fait pour arrondir les angles de leur relation, la "polir". Karl poursuivait son chemin jusqu'à ce qu'il entende de nouveau Kelyan. Il l'observa intensément. Si beau, si vivant. Combien s'en était-il fait depuis qu'ils s'étaient séparés ? Se souvenait-il seulement de leurs nuits communes ? Leurs après-midis ? Leurs matins ? La question du littéraire le fit soupirer.

Tu n'as pas une petite idée ? railla-t-il.

Les autres mots, ceux qui prononçaient la vérité, étaient restés coincés dans sa gorge. Il l'aimait, voilà tout. Et peut-être même qu'il nourrissait toujours des sentiments pour lui, bien que les ayant très profondément refoulé. Mieux valait cela que la blessure permanente allant crescendo d'une perpétuelle déception.

Karl avait cet effet là sur moi : stopper toute sorte de plaisanterie. si au début, j'avoue, j'avais voulu le mettre mal à l'aise, voilà que maintenant j'avais envie qu'il ne m'évite pas, et qu'il ne ressente pas cette haine envers moi. Une petite idée... j'en avais bien une, mais elle n'était pas possible. Après tout, ça faisait longtemps que nous n'étions plus ensemble, alors c'était extrêmement narcissique de penser qu'il ne m'avait pas oublié. J'ai grimacé, et l'ait lâché, afin qu'il puisse faire ce qu'il voulait. Partir, ou rester. J'en sais rien, mais... tu veux continuer à me hair pour le reste de notre vie ?

Karl sourcilla à cette accusation ; "Ce n'est pas de la haine, c'est que je t'aime... Je t'AAAAAAAAAAAIME (clic)", voulait-il hurler. Mais il ne le fit pas. Être si attaché à cet homme qui ne semblait pouvoir lui faire que du mal ne lui plaisait guère. Il ne voulait surtout pas lui montrer l'ascendant qu'il avait sur lui.

- Je ne te hais point...

A défaut d'une référence musicale il aura fait une référence littéraire. En espérant qu'elle passât au sens propre, au premier degré. S'il avait de la rancœur contre Key, il ne le haïssait plus pour autant. Karl s'en voulait surtout personnellement de s'être engagé dans une relation sans être capable d'ouvrir les yeux à temps.

- Tu as raison. Faisons comme s'il ne s'était rien passé..., poursuivit-il d'un ton mi-sardonique mi sérieux. Si tu veux tout savoir, je suis ici pour le travail. Et toi, que deviens-tu ?

Key avait dit 'notre vie'. Pas 'nos vies'. C'était perturbant et Karl ne savait pas trop que penser de ces mots-là, bien qu'il les analysât scrupuleusement à l'aide de ses petites cellules grises.