ça a commencé par de petits vols. à l'étalage. dans les magasins. rien de bien méchant. rien de bien important. ils sont discrets, ils sont trompeurs, ils sont invisibles. un groupe soudé, avec un fier esprit d'équipe. certains en font parti depuis des années, d'autres viennent d'arriver. tous, pourtant, pour y entrer, sont passés par quelques espèces de rites de passages, menés par arsène, qui a fondé cette bande il y a déjà sept ans. s'ils ont commencé à petit nombre (je ne les imagine pourtant pas non plus très nombreux, peut-être maximum 7/8 ) et à petite échelle, ils ont su s'imposer. de vols à l'étalage ils sont passés aux cambriolages. nuls soupçons. ils ont leurs maîtrises, leurs techniques, leurs stratégies. ne jamais trop dérober d'un coup. jouer de la manipulation, d'une certaine forme de magie, de la tromperie. nulle violence. ce ne sont pas des meurtriers. juste des chiens abandonnés qui ont su faire de la rue leur terrain de jeu préféré.
tous se vouent une confiance aveugle. ils sont jeunes, ils ont la vie devant eux – et ils ne la passeront pas derrière les barreaux. le jeu est devenu une douce addiction. revente d'objets, beaux butins, leur salaire se double avec cette activité clandestine et illégale. il y a peut-être celle qui voudrait les convaincre d'arrêter. peut-être le petit dernier qui vient d'entrer dans la bande. peut-être les meilleurs amis qui en font parti depuis leur adolescence. certains sont peut-être étudiants, d'autres sdf, d'autres encore mariés. ils viennent d'ici ou de là-bas. ils n'ont rien en commun, sauf ça. le vol.
arsène est considéré comme une sorte de meneur, mais pour lui, il n'y a aucune hiérarchie – sauf à l'entrée de nouveaux membres. il considère les bandits (il aime les appeler comme ça) comme sa famille. leur confiance est d'or, car si l'un d'entre eux échoue, leur vie peut se transformer soudainement en celles de fugitifs. ils ont tous cette passion du danger, de l'adrénaline, de l'entraide. ils agissent à plusieurs, rarement seuls, toujours avec des plans bien réfléchis. parfois de simples magasins, d'autres fois de belles villas.
arsène, lui, est malade. ça va plus loin qu'un jeu, le bonhomme est cleptomane. il le nie grandement, peut-être certains dans la bande l'ont remarqué. même dans la vie de tous les jours, quand aucun vol n'est organisé, il ne peut pas s'en empêcher, mais refuse de l'avouer, d'ouvrir les yeux, de se soigner.

un jeu dangereux qui ne les a, pour l'instant, jamais condamnés. ils savent qu'un jour, il faudra cesser. qu'un jour, il faudra laisser derrière-eux ces activités secrètes de voleurs amateurs. mais un jour, ce n'est pas encore pour eux aujourd'hui, ni même demain.