Je n'avais pas laissé le choix à Leah, et j'avais pris le canapé pour y passer la nuit. Franchement, je n'avais pas envie de courir la ville à la recherche d'un bus de nuit, et je n'avais pas d'argent pour le taxi. Elle avait cédé, et était parti se coucher. La nuit était tombée, et j'ai essayé de trouver le sommeil sur ce canapé qui, soyons honnête, était horrible. J'avais déjà mal au dos, et nous n'étions même pas au milieu de la nuit. J'ai regardé par la fenêtre, et me suit posé quelques instants devant la lune, attendant une réponse divine, ou je sais pas trop quoi. Mais rien ne vint. étonnant non ? Me retournant, j'ai regardé la porte de la chambre de Leah, hésitant. Nous n'étions plus ensemble, je ne pouvais pas faire ça. Et puis, je lui en voulais tellement encore... Mais j'ai craqué. Ouvrant doucement la porte, je suis allé me glisser dans son lit, me mettant à l'autre bout pour ne pas l’embêter ou lui faire peur. Cependant, lorsque je me suis endormi, j'ai repris mon ancienne place : Collé contre elle, mon torse contre son dos, la serrant contre moi. Et je dors encore, profondément.

Contrairement à Dionysos, Leah n’avait pas eu de mal à trouver le sommeil. Il faut dire que l’énorme poids qui pesait sur ses épaules depuis près de trois ans s’était allégé suite à l’agréable soirée qu’elle avait passé avec Dionysos, ainsi les bras de Morphée l’avait accueillie assez rapidement lorsqu’il l’avait littéralement jetée sur son lit en lui interdisant d’insister pour qu’elle prenne le canapé. Dormant profondément, elle n’eut pas conscience que Dionysos venait la rejoindre…

Ce sont les rayons du soleil qui éveillent Leah, doucement. En se remémorant la soirée d’hier, elle sourit, puis tend les bras pour s’étirer paresseusement. Sauf qu’elle réalise qu’on entrave ses mouvements… La première chose qu’elle réalise, c’est le bras rassurant de Dionysos autour d’elle. Puis, elle sent la chaleur qui émane de lui le long de son dos, et réalise soudainement que leurs jambes se sont entremêlées. Elle a l’impression d’être revenue dans le passé, de revivre l’un de ces nombreux matins où elle s’est éveillée dans cette exacte position alors qu’ils étaient en couple. Espace d’un instant, elle se remémore ses derniers souvenirs de la soirée, se demandant si elle n’a pas oublié certains développements… Mais, non, la dernière chose qu’elle se rappelle c’est de s’être endormie dans son lit, seule. Elle n’ose pas bouger, parce qu’elle a peur qu’il se réveille… Elle se contente de fermer les yeux de nouveau, d’entrelacer ses doigts à ceux de Dionysos et de profiter du moment.

c'est un sommeil réparateur, et je ne veux pas l'interrompre. Malheureusement, j'ai rarement le choix et lorsque les premiers rayons de soleil passent la fenêtre, ça fait office de réveil en moi. Je finis par bouger un peu, mais je sens que mon corps se retrouve contre quelqu'un. Ma main parcours les formes à mes côtés, et d'un coup, mon cerveau semble comprendre. C'est avec Leah que j'ai passé la soirée, donc la fille dans le lit, c'est... Leah ! J'ouvre les yeux d'un coup, et me rend compte que j'ai raison. Je vois aussi qu'elle joue un peu avec mes doigts, et je les retire doucement de sa prise, me redressant pour nous séparer. Désolé.. Je ne savais pas pourquoi je l'étais, mais je me sentais coupable étrangement... Je me redresse et, par pur réflexe, vérifie si je suis nu ou pas. Voir mon boxer me rassure un peu, au moins nous n'avions pas.... sans que je m'en rappelle. Par contre, je me sens un peu mal à l'aise de me trouver en cette tenue devant elle alors que... bah elle m'avait vu nu, donc bon... Je me suis assit sur le bord du lit.

Dionysos se redresse alors qu'elle était sur le point de se rendormir. Elle sursaute donc légèrement, se redressant à son tour, tentant de mettre un peu d'ordre dans ses cheveux. Elle aussi se sent soudainement prude vis à vis lui, même s'il l'a vue nue des centaines de fois elle tire le drap pour se couvrir jusqu'à la poitrine. Il faut dire qu'elle ne porte qu'un petit débardeur et un short plutôt court, ce qui laisse peu de place à l'imagination. « Désolé? Pourquoi? » La question est sincère, pas du tout sarcastique. Elle-même n'éprouve aucune désolation face à ce réveil un peu étrange, même si elle se sent toute intimidée. Réalisant qu'elle doit avoir les joues toutes rouges, elle pouffe d'un petit rire nerveux. « Tu es venu me rejoindre? »

Je ne savais même pas pourquoi j'étais désolé... peut-être parce que je m'étais imposé dans son lit, et qu'au fond, ça ne m'avait pas déplu plus que ça. Je passe une main dans mes cheveux, et finit par attraper à mon tour un morceau de drap pour au moins couvrir mes jambes, chose totalement bête, mais bon... Et puis maintenant, je suis de l'autre côté du lit, lui faisant face. J'en sais rien.. Désolé de t'avoir dérangé pendant ton sommeil... Je me sens bête, et baisse la tête pour ne pas qu'elle voit à quel point je suis gêné. Ouais... j'arrivais pas à dormir sur le canapé, et... J'en sais rien, je me suis égaré un instant. Mais je m'étais mis au bord pour ne pas te déranger.. Et apparemment, je n'y suis pas resté.

Honnêtement, Leah trouve la situation amusante. Même si elle est aussi gênée que Dionysos, elle trouve cela trop cocasse pour ne pas en rire. « De l'autre côté du lit, hein..? Ce n'est pas l'impression que j'ai eu en me réveillant en tout cas... » Elle ne dit cela que pour le taquiner, parce qu'elle sait bien que s'il dit cela, c'est la vérité. Mais elle est comme ça, du genre à taquiner les gens sur un sujet qui les rend timide. Une manière comme une autre de les tirer de leur état. « En tout cas, tu ne m'as pas dérangée, j'ai dormi comme un bébé! Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu une présence réconfortante... » Elle ajoute un clin d'oeil taquin à cette phrase.

Je rougis encore plus en l'entendant. Je sais que c'était bizarre que je me sois mis à l'opposé du lit alors que je m'étais réveillé tout contre elle, à la tenir dans mes bras. Mais je savais qu'elle me croyait, et c'était le principal. Par contre, elle était partie pour m'en parler pendant un petit moment ! Je me met en tailleur, regardant le réveil qui indiquait l'heure. Tant mieux... Mais c'était... étrange, vu notre... ancienne relation... Après tout, on ne se tient pas l'un contre l'autre sans être ensemble... C'est une chose que l'on réserve aux amants, non ? Bref, il fallait que je parle d'autre chose, histoire de... Tu comptes me virer du lit avec un pretexte bidon ou m'inviter pour le petit dej ? Parce que bon... j'avais faim !

Elle ne peut qu'hocher la tête, approuvant le fait que la situation est étrange. Mais bon, tout est étrange entre eux depuis son retour, alors un élément de plus ou de moins... C'est drôle, c'est comme si pendant leur sommeil, leurs corps avaient décidé d'oublier les souvenirs et de retrouver la tendresse et la proximité. Il en faudra beaucoup plus pour convaincre leur cerveau d'en faire autant! « Ce sont des choses qui arrivent. Je t'avais bien prévenu de me laisser le canapé! », dit-elle à la blague, sachant qu'elle aurait probablement fait comme lui après quelques heures. « J'aurais bien voulu te servir le petit déjeuner au lit, mais monsieur me bloquait le passage avec ses bras! » Elle rit, puis tend le bas vers le sol afin de récupérer son peignoir qui traînait par terre. Elle se lève, s'étire longuement, puis enfile son peignoir, cachant ainsi ses formes. « Vu mon échec d'hier soir, j'ai de la pression... » Elle se met à marcher paresseusement vers la cuisine, met la cafetière en marche. « Oeufs bacon, ou pancakes? Ou les deux? » Décidément, les abus gourmands de la veille ne l'ont pas achevée.

Pour ça au moins, c'était certain : si j'avais su, je lui aurrait laissé le canapé ! En fait, je ne l'aurai pas fait, afin de rester gentleman jusqu'au bout, mais j'aurai pu le lui faire croire en tout cas. J'ai hoché la tête et j'ai souris, eessayant de demeler mes cheveux avec mes doigts Ah parce que c'est de ma faute ? et tu aurais pu enlever mes bras aussi.. Elle mit un peignoir, me retirant une espèce de poids sur les épaules. Maintenant qu'elle est partie du lit, c'est à mon tour d'y prendre place, et je m'allonge sur la totalité du matelat, profitant. Hum... pancake s'il te plait ! J'aurai bien pris les deux, mais ma venue ici ne doit pas etre synonyme de prise de poids. Je me remet sous les draps, fermant les yeux, m'allongeant sur le ventre en essayant de me reposer encore un peu.

En entendant la réponse de Dionysos, Leah sourit. Tant mieux, elle meurt d'envie de sucré. Elle s'affaire donc à mélanger les oeufs, le lait, la farine, et concocte peu à peu leur petit déjeuner en chantonnant doucement une vieille chanson de Queen qu'elle apprécie particulièrement. Enfin, chantonner doucement... Disons qu'à quelques moments, sa voix monte plus haut que prévu, et il faut préciser qu'elle fausse atrocement. Mais elle ne peut pas s'empêcher de continuer : elle est d'une humeur excellente et quoi de mieux qu'entonner son air préféré pour maintenir cette humeur? En constatant que Dionysos ne s'est pas pointé le bout du nez en dehors de sa chambre, elle dispose tout sur un plateau : la pile de pancakes, les assiettes et ustensiles, le sirop d'érable. Elle verse également deux verres de jus d'orange et deux tasses de café bien fumant. Elle retourne lentement à sa chambre en tenant son précieux plateau, et sourit avec tendresse en voyant que Dionysos n'a pas bougé. Il est toujours allongé sur son lit, confortablement installé. « Alors, monsieur se fait servir au lit? », dit-elle d'un ton moqueur en déposant le plateau sur sa table de chevet. « Pousse toi un peu, tu prends toute la place! »

Je ferme les yeux, et laisse le froid du drap me glisser sur le dos, m'aidant à me détendre. ça m'efface presque la douleur du canapé qu'il me reste. Bon après, ce n'est pas un sommeil que je gagne, car j'entend bien que ça bouge dans la pièce d'à côté. Je peux meme entendre lorsqu'un oeuf est cassé, ou quand le café coule. ça me fait sourire, et j'ai encore plus envie de manger maintenant ! Elle me demande de me pousser, et après un petit grognement, je m'exécute, et me redresse pour m'assoir. Dis que je suis gros pendant que tu y es ! Je me pousse un peu pour lui laisser une place, et attrape directement un pancake que je découpe en morceau à la main avant de le mettre dans ma bouche. Pas de sirop d'érable, j'ai un peu peur d'en mettre partout, mais les pancakes... Miam !! Ils sont hyper bons ! Pourquoi tu m'en faisais pas des comme ça avant ? Bon, en même temps, on se faisait rarement des petits dej au lit.

Leah rit doucement. « Tu n'es pas gros, tu prends juste toute la place! » Une fois qu'il a bougé un peu, elle s'installe confortablement à son tour, buvant une gorgée de café, profitant du moment. « Je ne sais pas pourquoi je ne t'en ai jamais fait. Mais profites en! Tu vois, mon retour n'a pas que du mauvais. » Elle dit cela à la blague, engouffrant aussitôt une énorme bouchée de pancake bien arrosée de sirop d'érable. Elle se fiche bien d'en mettre partout, il s'agit de son lit, dans le pire des cas elle fera une lessive plus tard. « C"est vrai qu'ils sont bons. La prochaine fois, c'est toi qui cuisine? »

Encore heureux que je ne sois pas gros... Il ne manquerait plus que ça, vu tous les efforts que je fais pour garder la ligne et garder mon poste au boulot ! Et oui, il faut être parfait pour pouvoir être sur le devant, avec les animaux, question d'image du parc... Rien a voir, mais elle marque des points avec ses pancakes. Donc tu as attendu que nous soyons séparés pour faire tout ça ? Pas cool Je finis par craquer, et verse un peu de sirop sur mon pancake que j'essaye de rouler comme une crepe, histoire de tout avoir en même temps. Ah parce que c'est décidé il y aura une prochaine fois ? Je ne sais pas trop comment le prendre, et si j'en avais réellement envie. Tout se passe bien, mais j'ai toujours cette douleur au fond de mon coeur, et cette boule au ventre, toujours présente.

Leah hausse une épaule, prenant bien le temps de mastiquer sa bouchée avant de répondre. « Évidemment. Tu crois vraiment qu'après ces dernières douze heures, on pourrait ne plus se parler, ne plus se voir? » Pour elle, il est clair qu'une partie de leur complicité est revenue, et même si parfois l'ambiance a été chargée de malaise, ils ont passé un bon moment ensemble, tant durant la soirée d'hier qu'en cet instant précis. Et même pendant la nuit, si elle en croit la position dans laquelle ils se sont éveillés... « En tout cas, pour moi c'est clair que j'aimerais qu'il y ait une prochaine fois. Disons simplement que c'est ta décision. »

La décision m'appartenait. Mais moi, je ne savais pas quoi décider, ne sachant même pas ce que je voulais. J'ai cette boule au ventre, quand je suis avec elle, la même qui me dévore les entrailles en pensant à tout ce qu'elle m'a fait souffrir, et à l'enfant que je ne connais pas par sa faute et son égoïsme. Et pourtant, une part de moi me crie de dire que oui, nous nous reverrons, et que nous n'allions pas nous arrêter là. Cette meme part de moi m'oblige presque à la regarder, me rappelant ainsi comme elle est belle, même le matin. Mais bien sur, y penser me fait encore plus mal. En fait, je crois que de trop être prroche d'elle a du bon comme du mauvais. Je ne répond pas et à la place, met un autre pancake dans ma bouche avant d'oser reprendre la parole. Je pourrais utiliser ta salle de bain s'il te plait ?

Elle soupire doucement, comprenant que Dionysos ne lui répondra pas. Même si elle comprend, une partie d'elle-même est blessée, parce qu'elle a l'impression qu'il cherche à la punir. Il serait légitime de sa part de le faire, après tout elle a vraiment, vraiment merdé dans le passé, et elle sait bien qu'il n'a jamais rien fait pour mériter ce traitement. Mais, justement, le passé est le passé, et elle a l'impression qu'ils souffrent tous les deux de cet éloignement qui est encore plus évident depuis qu'elle est revenue. C'est tellement étrange d'être ensemble, de rigoler et de discuter, en se remémorant toujours le vide des dernières années, en s'interdisant toujours de profiter pleinement du moment par peur qu'il soit éphémère... « Oui. La porte juste avant la cuisine. » Une fois seule dans sa chambre, elle passe ses mains sur son visage, avant de se lever et de se diriger vers la salle de bain d'un pas décidé. Lorsque Dionysos en ressort, elle se trouve droit devant lui, bras croisés. « Voici ce que je te propose. Demain soir, on se retrouve au Sushi Train. Dix-neuf heures. Un rendez-vous, comme quand on venait de se rencontrer. Juste toi et moi. Si on y voit des gens qu'on connait, on change d'endroit. Et si après cette soirée tu trouves que c'est mieux qu'on ne se parle plus en dehors de ce qui concerne Jack, je ne t'embêterai plus. »

J'ai réussi à esquiver le sujet de conversation qu'elle venait de mettre sur le tapis... J'ai eu peur, mais c'était le genre de sujet encore sensible chez moi... elle m'indique où est la salle de bain, et je la remercie avant d'y aller, luttant pour ne pas me dépêcher. J'avais besoin d'un peu de temps pour moi, et j'étais certain qu'une douche allait m'aider à y voir plus clair et puis, de toute façon, c'était un passage obligatoire. Je ferme la porte, et enlève mon boxer pour filer sous la douche, le jetant dans le panier de linge par pur réflexe. L'eau ne m'aide pas à réflechir comme je l'avais pensé, mais elle me détend... Et lorsque j'en sors, je prend une serviette pour me secher, les cheveux, puis le corps. Cherchant mes vêtements, je me rappelle. Elles sont dans le salon ! Je noue la serviette autour de ma taille, et ouvre la porte pour aller les chercher, jusqu'à ce que je vois Leah, me faisant sursauter. Je l'écoute, un peu gêné, mais me concentrant rapidement sur ce qu'elle me dit. Je réflechis un peu, donnant rapidement mon verdict. J'accepte. C'était le seul moyen d'être réellement fixé de toute façon.

Ce n'est qu'une fois que Dionysos répond à sa proposition qu'elle le voit réellement. Nu, avec une simple serviette enroulée autour de sa taille, ses boucles humides encadrant son visage, quelques gouttes d'eau perlant sur son torse parce que ses cheveux laissent échapper le surplus d'eau... Vous ne pouvez pas imaginer quel effort cela lui demande de ne pas s'avancer vers lui pour le toucher, l'embrasser... Elle ne fait qu'hocher la tête lentement, arrachant difficilement son regard à la contemplation des muscles de Dionysos pour reporter son attention sur son visage. « Très bien. » Le rouge lui monte rapidement aux joues, et elle contourne Dionysos pour entrer à son tour dans la salle de bain. « Tu voudras bien fermer la porte en partant? Je... j'ai besoin d'une douche, moi aussi. » Une douche bien froide pour lui calmer les idées...

Je n'avais pas grand chose à perdre, à accepter le rendez vous.. je savais que c'était un risque à un seul niveau : ma souffrance. J'avais vraiment du mal à me faire à l'idée qu'elle avait eu des raisons de partir, et que ce n'était pas vraiment parce qu'elle ne m'aimait plus... Mais je savais aussi que je ne pouvais pas lui pardonner comme ça, et je comptais bien sur Hygie pour me le rappeler, dans des états comme celui là... Quand j'avais des doutes, face à ses actions, ou autre. Je vois qu'elle me regarde, et je me sens d'un coup beaucoup moins à l'aise. Elle me dépasse et se rend dans la salle de bain. Oui, euh... ok. a demain alors. Je lui souris un peu, et file dans le salon pour m'habiller. Bon, tant pis pour mon boxer dans la salle de bain, je le récupérerai un autre jour. Je pars, claquant la porte, avant de rejoindre mon appartement.