Zût, encore un crayon de cassé ! Ce projet ne lui porte décidément pas  chance... Enfin, il faut dire que les deux premiers crayons ne sont sont pas cassés tous seuls, c'est un peu elle qui les a cassés en deux (ou en quatre...). Et celui-là parce qu'elle a appuyé trop fort dessus et, son taille-crayon à beau être son meilleur ami au travail, il ne peut pas tout réparer... Donc plus de HB. Elle va être obligée de filer au Kmart, heureusement qu'il est à deux pas de son bureau.

Une fois dans son rayon préféré, elle avance lentement, observant les fournitures qui n'ont pourtant pas beaucoup changé depuis la dernière fois qu'elle est venue renouveler son stock de peinture. Ah, la peinture... Là au moins elle n'a pas besoin d'obéir à des clients stupides avec leurs projets stupides de... Splash ! Maia s'arrête net en sentant un craquement sous son pied. Elle repère vite le problème : elle vient de marcher sur un tube de peinture... rouge, évidemment !  qui vient d'exploser sur le sol du supermarché tout en envoyant un grand jet de peinture rouge vers les étagères d'en face. Maia tourne lentement la tête pour voir l'ampleur des dégâts.

Ma mère n'arrêtais pas de me dire que je devrais me mettre à la peinture. Et elle avait fini par me convaincre, encore une fois. Elle disait que me sentir en contacte avec la matière pourrait m'aider à me relaxer et je devais bien l'avouer, j'en avais plutôt besoin. Plus je vieillissais, plus je me disais que je devenais dépendante, que je ne pourrais jamais être seule. Et j'avais besoin de me calmer. Oui, je n'aurais aucunement l'occasion de voir ce que j'avais fait, mais avais-je vraiment besoin de voir pour ressentir quelque chose par rapport à cela. Et puis de toute manière, je n'aurais qu'à jeter la toile si ma mère me disait que c'était affreux. Ce qui serait très certainement le cas, après tout. Et c'est dans cet esprit que je laissai ma mère me reconduire jusqu'au magasin où elle aimait tant les fournitures. Je la priai pour qu'elle reste dans la voiture avant de sortir seule. Je faisais un pas devant l'autre en faisant un pas après l'autre jusqu'à des voix. Je trouvais alors quelqu'un qui m'accompagnait jusqu'à la rangée des couleurs de peintures. J'avançais alors, d'un pas très calme avant d'entre un son étrange. Je sentis alors quelque chose se déposai sur ma jambe. J'entendais une respiration à environ deux mètres de moi. « Qu'est-ce que c'est ? » Je ne reconnaissais pas cette texture, mais je doutais que cela soit dangereux. J'attendais donc une réponse de la part de la personne pour savoir si c'était une femme ou un homme.

Oh. mon. dieu. Une superbe jeune femme se tient juste devant elle, ses vêtements couverts de peinture rouge. Maia commence à paniquer.
- Oh là là, je suis vraiment vraiment désolée, je voulais pas, c'est juste que... je regardais pas et j'ai marché sur... et ça a...
Maia s'arrête, remarquant que la jeune femme n'a pas l'air énervée et qu'elle lui a posé une question. (Et que ce qu'elle dt n'a pas beaucoup de sens.) Maia se penche vers le tube de peinture explosé, qu'elle reconnaît immédiatement.
- De la peinture à l'huile, dit-elle, confuse.

Une femme, oui c'était une voix féminine, assez aiguë, mais très agréable à l'oreille. Je lui souriais alors, essayant de regarder du mieux que je pouvais dans sa direction. Elle s'excusait, d'avoir écrasé un objet qui m'était toujours inconnu avant qu'elle ne me précise que c'était de la peinture à l'huile. Donc voilà ce qu'était cette texture qui m'était inconnu et aussi ce que j'allais utilisé pour faire cette toile. « De quelle couleur ? » J'étais très curieuse à vrai dire, mais j'aimais savoir ce genre de détail. Même si cela ne changeait pas grand chose,sachant que je ne savais pas ce qu'était les couleurs,n'ayant jamais pu les voir. Et elle pourrait très certainement me mentir, je n'en savais rien. Mais j'aimais rêver, me faire des images dans ma tête, même si cela n'était pas nécessairement la réalité. « Vous venez souvent ici ? » Une intuition me disait que oui.

Maia trouve la question étrange : "de quelle couleur ?" Ça lui paraît évident... Puis elle remarque que la jeune femme ne la regarde pas vraiment dans les yeux, elle est tournée dans sa direction mais ses yeux ne semblent pas fixés sur elle. Elle est aveugle. La couleur paraît tout de suite moins évidente... A moins qu'elle ne soit pas aveugle de naissance, mais ça Maia n'en a aucune idée...

"Hum, rouge cerise, dit-elle, gênée. Elle était à deux doigts de lui donner le numéro de la peinture (elle a passé tellement de temps à chercher des couleurs précises pour ses tableaux, qu'elle les reconnait à l'oeil). "Je suis vraiment désolée. Je crois que votre jean est fichu..."

Elle ne sait pas comment s'excuser, doit-elle lui rembourser ? Elle attend de voir à quel point la jeune femme va s'énerver... Sa question suivante, plus que banale, la surprend totalement.

"Oui, très souvent. Je suis dessinatrice et je peins dans mon temps libre, donc j'ai besoin de mal de fournitures." Elle laisse une pause, ne sachant pas trop quoi dire d'autre. "C'est la première fois que vous venez ?"

Rouge cerise... C'était une couleur agréable à déguster à vrai dire. « Non vous en faites pas pour mon pantalon. J'en ai d'autres, ce n'est pas bien grave. » Oui puisque je me doutais un peu que la tâche de peinture ne partirait pas. Enfin pas totalement. Enfin, rien ne m'empêchait d'en parler à ma mère, peut-être y arriverait-elle pour sa part. Oui je lui demanderais. Mon intuition fut clarifier alors qu'elle m'expliquait qu'elle venait souvent, pour les besoin de son métier. Elle était une artiste elle aussi. Cela augmentait ma curiosité. Enfin, j'étais sûre qu'elle avait beaucoup de talent tout de même. « Oui en effet, c'est la première fois que je viens ici. Pour essayer la peinture. Hmm, vous pensez que vous pourriez m'aider ? Je ne sais pas trop qu'elles couleurs choisir à vrai dire. » Si celle était l'une de ses passions, il y avait de bonnes chances qu'elle puisse me conseiller.

Bon, apparemment ca ne la dérange pas... Une chance pour Maia, mais bon elle était quand même très gênée par sa bêtise...

"Je serais ravie de vous aider, je connais ce rayon un peu par coeur."

Elle aime toujours conseiller les autres dans ce domaine, et puis c'est un bon moyen de se racheter !

"Vous avez une idée de ce que vous voulez peindre ? Quelque chose de joyeux, ou plutôt mélancolique ?"

Elle réalise que ça devrait lui sembler bizarre, une aveugle qui essaie la peinture... Mais ce serait contre ses principes de penser que l'art ne convient pas à tout le monde. C'est une question de ressenti pas de visuel.

Je lui affichai alors un grand sourire alors qu'elle accepta de m'aider à me choisir quelques couleurs. Enfin j'espérais qu'elle ne se moque pas de moi, mais au pire je n'aurais qu'à demander au commis de me confirmer les couleurs. Au fond, je crois que j'aurais été bien pire seule, à en choisir par pur hasard, et à les éparpiller un peu partout dans la rangée aussi. J'avançais alors un peu, tandis qu'elle me demandait qu'elle genre de peinture je souhaitais faire. Je n'avais pas vraiment pris le temps du réfléchir, mais je lui répondis tout de même, assez spontanément : « J'aimerais faire quelque chose de calme, s'apaisant, qui n'agresse pas l'œil. » L'œil des autres oui, tu n'avais pas envi que ta mère se tue à essayer de comprendre ce que tu avais tenté de peindre avec des couleurs trop voyantes.

"D'accord," dit Maia en hochant la tête, même si son interlocutrice ne peut pas la voir.
"A mon avis, la peinture acrylique est ce qu'il y a de mieux pour débuter," poursuit-elle en faisant quelques pas vers la peinture qu'elle cherche. "Elle sèche vite, c'est plus simple à utiliser et... un peu moins salissant."

Elle baisse les yeux vers la tâche de peinture qui orne désormais le pantalon de la jeune femme. "Encore désolée pour ça, je suis vraiment maladroite des fois..."

Arrivée devant la section qu'elle cherchait, Maia examine les produits devant elle, même si elle a déjà une petite idée de ce qu'elle veut. Elle prend un assortiment de tubes puis les met côte à côte pour vérifier qu'ils aillent bien ensemble. Oui, c'est ce qu'elle utiliserait. Le problème c'est que ce n'est pas pour elle et qu'elle n'a pas vraiment de moyen de vérifier que la jeune femme partage ses goûts en matière de couleurs.

"Je pense que du bleu serait parfait pour votre tableau, mais..." Elle s'arrête, gênée. Comment savoir que signifie le bleu pour elle ? "Désolée, je ne devrais pas être aussi gênée. C'est juste que je n'ai jamais eu l'impression d'avoir une aussi grande responsabilité en conseillant quelqu'un." Elle rit légèrement, puis elle décide de juste poser la question. Après tout, ce n'est pas son genre de marcher sur des œufs. "Vous êtes aveugle de naissance ?"

La voix de mon interlocutrice était très douce, et très agréable. Elle semblait vraiment s'y connaître en matière de peinture et cela me sécurisait un peu, à vrai dire. Je lui faisais confiance, même s'il y avait des chances que je ne la revoie jamais après aujourd'hui. Enfin, elle avait très gentille dans la vie de tous les jours, je ne pouvais le nier. J'avançais alors tranquillement, en faisant attention pour ne rien percuter sur mon passage. C'était mon genre d'ailleurs,s j'étais extrêmement maladroite, il faut le dire. « Je vous juge, ce n'est rien, mon pantalon. C'était un accident, ce n'est pas plus grave que cela. Et je suis convaincue que ça lui donne un petit look particulier. » Je me met alors à lui sourire, pour qu'elle passe à autre chose. Ce n'était vraiment pas grave, je ne lui en voulais pas du tout. Je continue à avancer, jusqu'à ce qu'elle se remette à parler. Visiblement, elle doutait qu'elle soit la bonne personne. Mais était-ce si évident que je n'avais jamais eu la chance de voir quoi que ce soit ? « Je vous fais confiance. Je suis sûre que vous m'aiderez correctement. Vous n'avez qu'à me donner les couleurs que vous choisiriez pour mettre ensemble, si c'était votre toile. » Je prends une grande respiration, avant de poursuivre. « Oui. Je suis aveugle de naissance. » Et peut-être est-ce mieux que l'être devenu avec les années.