l'air frais glisse sur ma peau. j'arrive même à entendre au loin le bruit cristallin des vagues s'échouant inlassablement sur le sable fin. les frissons parcourent ma peau tandis que j'essaye avec peine d'ouvrir les yeux. tout est flou, la lumière m'ébloui. putain, où est-ce que j'suis encore? j'me suis encore endormie sur un banc au bord de la mer, fais chier. j'vais encore avoir la peau pleine d'échardes et j'vais encore devoir aller chez ce médecin qui va encore me tripoter pour essayer de me les enlever. pervers, j'l'ai toujours su de toute façon. un jour j'irai porter plainte. mais y'a un truc bizarre. le ciel est bleu normalement, or là tout ce que je vois c'est un ciel blanc. d'un blanc parfait, sans tâches ni différence de couleur, un truc qu'on aurait envie de détruire tellement c'est parfait. c'est peut-être des nuages, qui sait? je me redresse d'un bond. "mais c'est mon plafond !" je me retourne. aïe. trop vivement apparemment puisqu'une douleur affreuse me transperce les côtes. j'ai dormi toute la nuit vautrée sur le carrelage? ça n'm'étonne même pas. après avoir mis cinq bonnes minutes à essayer de me relever, j'examine la pièce autour de moi. portes vitrées ouvertes, rideaux dans le vent, tables et bouteilles renversées. je marche en direction du jardin en piétinant des objets méconnaissables. je me crois dans une scène d'apocalypse. "bordel is everywhere" même dans la piscine. y'a deux solutions : un ouragan est passé par là ou on a fait un remake de projet X. j'ai beau me retourner maintes et maintes fois, j'me rends compte que je suis seule. les connards. à part des souvenirs flous, j'me souviens même pas des personnes qui étaient présentes hier. ranger tout ça me prendrait plus d'une semaine. oh et puis j'ai la flemme, j’appellerai une société de nettoyage. j'me dirige vers la salle de bain pour voir les vestiges de la soirée sur ma face. j'entre, j'aperçois un truc dans la baignoire mais j'y fais pas vraiment gaffe. y'a tellement de choses bizarres dans cette maison désormais. j'ai les cheveux dans tous les sens et les yeux défoncés. je soupire. quelque chose attire mon attention: un mouvement. y'a un animal dans la baignoire?! il manquerait plus que ça, tiens! j'serai même pas étonnée si c'était un ours. j'm'approche prudemment puis j'me rend compte que c'est un gars. je sais pas qui c'est mais il est à moitié à poil. un peu comme moi d'ailleurs qui suis en soutif, pourquoi d'ailleurs? j'ai envie de m'amuser alors je prend le jet de la douche, ou je sais pas trop comment on appelle ce truc. je mets la température au plus froid et j'appuie sur le bouton. surpriiiiiise.

Réveil surprise. Même pas le temps de réagir sur la douleur au crane qu'il se paye, qu'il se fait asperger d'eau froide. « Putain, mais c'est quoi ce bordel ! Arrêtez ça. ». Oui, instinctivement il pense que c'est encore une blague de sa bande. Il tente de sortir de la baignoire, mais glisse une première fois avant de réussir à se sortir de cet endroit maudit. Il se retrouve en face-à-face avec une jeune fille, il se souvient vaguement avoir bu des shots avec elle et d'autres trucs. « T'as pété un câble ou quoi ? ». Ce n'est pas franchement le meilleur réveil qu'il ait eu de sa vie, surtout qu'il est en caleçon dans une salle de bain inconnu et qu'il ignore où sont ses affaires. Pour améliorer la situation, il est maintenant trempé. « On est où au juste ? ». De ce qu'il se rappel, ils étaient simplement dans un bar à boire quelques verres et ici ça ressemble pas aux toilettes dégueulasses des bars. Il secoue la tête, un peu dépité, il lui faut une cigarette. « T'as des clopes ou t'sais où je peux en trouver ? ». En regardant d'un peu plus près la jeune femme, il finit par sourire, parce qu'elle aussi a l'air d'avoir passé une rude nuit sans ses fringues.

j'aimerai pas être à sa place... le pauvre. se faire réveiller par un jet d'eau glacé, c'est pas ce qu'il y a de mieux pour commencer la journée. ou pour commencer l'aprem', j'sais pas vraiment quelle heure il est en fait. j'finis par arrêter l'eau, mettant fin au supplice de mon invité. remarque, il a l'air d'être habitué à ce qu'on lui fasse des crasses vu la réaction qu'il a eu. est-ce que j'ai pété un câble? possible... mais ça doit faire un moment alors. "c'était trop tentant... tu me pardonnes?" j'affiche un sourire conquis sur mes lèvres. ben quoi? c'était amusant. il se met à me parler de clope. mon dieu oui, j'avais oublié ce petit détail. maintenant qu'il en parle, j'en ai envie aussi. plus qu'envie même. "j'en ai. si tu les trouve j'fais tout ce que tu veux." puis je sors de la salle de bain. comment trouver un paquet de clope dans ce foutoir? ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. m'enfin, on peut toujours croire au miracle. de loin, il me semble apercevoir un briquet. coup de chance.