Tes pieds s’enfoncent dans le gravier. Tes pas font écho au silence percutant. Dans la nuit noire, sous une lune pleine, tu te fais ombre. Tu vas exercer ton art sur quelques wagons abandonnés. C’est Ariel qui t’as convaincu que c’était un truc d’artiste de poser ta marquer sur les murs. Toi, t’as jamais vu ça comme ça. C’est juste un truc qui te libère. Où tu penses à rien. Souvent, dans tes tags, y a un truc qui ressort. Une lettre. Un symbole. Un bout du passé, pas totalement abandonné. Souvent, y a du Tansy dans tes tags. Autrefois, t’aimais bien qu’elle te regarde, avant de l’envoyer au paradis à même le sol humide. Aujourd’hui, ça signifie plus rien. C’est que des dessins, rien d’autre. Sans histoire. Sans toi et elle. Tu te rends même plus compte qu'elle est toujours là, sous tes bombes colorées. Mais quand t’arrives, tes yeux sombres se posent sur une silhouette. Bombe en main, sac au pied, elle commence à profaner ton sanctuaire. Tu mugis et t’avances plus vite, pour la rejoindre. Elle. Elle qui prend ta place, qui tague sur tes œuvres. T’arrives à sa hauteur et l’odeur de la beu s’immisce dans tes narines. Une effluve à faire gerber. T’as toujours détesté ça. Tu balances ton sac au pied de l’inconnu, égal à toi-même, énervé pour un rien. Tu fous quoi ici ? T’as pas vu qu’la place était déjà prise ?