bang bang dans hell's kitchen, i swear on the holy bible that all i say is the truth and only the truth. le sang qui coule sur le trottoir froid, sur le béton de la jungle grise et polluée. les cris d'horreur qui font écho au klaxon des voitures, à la vie urbaine. un corps convulsant, accroché entre la vie et la mort, le chuchotement des anges à l'oreille du jeune homme. les restes de mets chinois jonchant le sol, le rouge vie se mêlant à la sauce soya du riz fris. un règlement de compte dans une ruelle trop étroite, trop sombre pour y voir clair. des âmes s'y étant aventurées à la suite d'un repas du soir savoureux dans un resto un peu crade, un peu vieillot, un peu mafieux. un territoire sûr pour eux, pourtant, ô, pourtant. des coups sur la gueule des jeunes adultes, des jeunes ados. bang bang, des balles tirées, he pulled the trigger. le temps qui passe en un clin d'oeil, les larmes qui maculent certains visages, des coupables qui s'enfuient, la victime au sol, les yeux grands ouverts, brillants dans la noirceur, criants à l'aide. help; please, just call the police, please. blessés: trois. morts: un seul. trois témoins, le corps en sang, les mains qui tremblent, l'esprit taché par la mort du garçon jusqu'à la fin de leurs propres jours. un ami perdu, un meurtrier inconnu. bienvenue dans hell's kitchen, new-york city.

tous au poste de police, tous en cours. pour témoigner contre les accusés; je jure de dire la vérité, toute la vérité. beatrix qui tremble, qui semble sortie de l'adolescence trop rapidement, qui laisse ses rêves de naïve étudiante de seize ans se faner, comme le souvenir brumeux de cette nuit où la senteur du fer et de la bouffe chinoise est imprégné dans son esprit. elle témoigne comme une professionnelle, elle témoigne avec une étrange confiance. ses mains, oui, elles tremblent, mais sa voix est tranchante, elle coupe le silence du juré, des accusés, de l'assemblée. elle se souvient du AB- coulant sur son visage boursouflé par les coups, de la mare d'O- du défunt dans la ruelle, elle foudroie du regard ceux qui ont donnés rendez-vous à la grande faucheuse. elle bouillonne de rage, elle serre ses poings contre ses pâles jambes, and she's vicious like a pitbull, mais elle ne laisse rien paraître, sa robe féminine cachant sa nature. volcan endormi. verdict: accusés coupable de meurtre au premier degré. fin d'un chapitre...

... début d'un autre. ses parents ont peurs, ses parents invitent la paranoïa dans cet appartement trop grand, trop tout. ses parents rangent leur vie dans des cartons pour partir. pour quitter the big apple, pour punir une beatrix aux mauvaises fréquentations. c'est la pire des sentences, c'est la priver du seul amour qui lui reste, celui pour cette ville qui ne dort jamais. new-york city dans son coeur, c'est peut-être pour cela qu'elle n'aime plus; parce que son coeur est en béton, comme cette métropole. ils partent pour l'australie, ils partent pour dérégler leur esprit, pour laisser le décalage horaire les happer de plein fouet pour changer leur vie, pour un renouveau, une réincarnation.



à défaut de sortir, white, dix-sept ans, s'enferme dans sa chambre et se cultive. à l'école, on ne lui parle pas et, en échange, elle ne parle à personne. de toute façon, they ain't worth it. elle est the american gal, la yankee aux mains salies par le sang. trop de rumeurs, aucunes démenties. elle n'écoute rien, elle rebattit les fondations de sa vie, elle se trouve de nouveaux rêves, de nouvelles ambitions. elle passe le temps à ignorer les gens, les salutations, les sourires. elle passe le temps à lire, à regarder des films, à dessiner, à coudre, à découvrir la musique sous un nouvel angle. tout est à réapprendre. elle ne veut plus s'observer dans un miroir et y voir la beatrix de nyc. elle veut voir son reflet et ne plus se reconnaître. et les mois passent, les années s'ajoutent au compteur, la haine s'adoucit peu à peu, bien que toujours présente. son cercle d'amis s'agrandit: il passe de zéro à trois, quatre, cinq, et plus, pour connaître tellement de gens qu'elle en oublie les prénoms. she don't care, elle fuit celle qu'elle était. elle ne parle plus à ses parents, ils sont repartis sans lui dire qu'ils retournaient dans la jungle de béton.

elle leur en veux, elle hurle quelques fois au sommet de son immeuble, la nuit, pour évacuer la rage. elle a le sourire amer, la métisse, peau de porcelaine et yeux bridés. elle se protège trop, elle en oublie les autres humains. elle suinte l'individualisme. souvent, le soir, elle sort pour oublier, pour enivrer ses sens avec l'alcool qui coule à flot. pour quelques heures, elle oublie tout, et son coeur semble léger, comme avant. elle a apprit à sourire à nouveau, mais le goût amer à la bouche la fait grimacer, c'est presque du faux. pour connaître ses vérités, il faut être patient, il faut être masochiste et se laisser souffrir, il faut se briser comme elle a été brisé. oeil pour oeil, dent pour dent; si on partage sa rage et sa douleur, on découvre une part de sa vie.

silly caucasian guys like to play with samouraï swords. car elle est tranchante comme l'arme, elle déverse sa colère sur ses amis, ses connaissances. elle ne s'étonne plus de finir ses soirées seule dans les bars miteux à chercher la merde, parce que tous ceux qui l'accompagnaient plus tôt en ont eu marre et l'ont laissé seule. au début, tout est bien, dès qu'elle prend sa première gorgée d'alcool, y'a ce sourire étrangement pétillant qui apparaît sur son visage, pourtant, ça dégénère, quand c'est plus tout rose, c'est tout noir, gris, laid. fuck it, elle finit toujours par s'arranger, par trouver une solution. il y a qu'avec ses collègues de travail qu'elle semble retrouver un semblant d'amabilité, parce qu'il faut vivre et que sans cet argent, elle crève. et crever, elle ne veut pas ça, oui, elle a encore des trucs à accomplir dans la vie, aussi étonnant soit-il. bea, bea, bea, elle s'est perdue dans une colère trop grande, alors elle crache son venin pour entraîner les autres dans sa descente aux enfers. à certains moments, il apparaît une lueur de joie dans les yeux noisette de la jeune femme et on essaie de faire persister ce bonheur. il finit toujours par s'éteindre, on ne sait jamais quand. rarement, elle tend la main pour que quelqu'un se dévoue à la sortir de ce puits profond et sans fin qu'est la colère, mais personne n'ose. et elle comprend, ô, elle comprend parfaitement.

voilà bientôt une semaine que ta présentation est commencée et elle n'est pas terminée ? si tu veux un délai, dis-le maintenant ou tais-toi à jamais... sans réponse de ta part avant le 26 février, ta fiche sera archivée et ton compte supprimé.
bonne journée