≈ madness

≈ madness (soen, libre)
being deeply loved by someone gives you strength, while loving someone deeply gives you courage.

Le monde a cessé de tourner autour de toi. Qu’est-ce que tu peux t’en foutre du temps qui passe, de la guerre et de la famine ! Tout ça n’existe plus, ton cœur n’existe plus, ton âme non plus. T’es là, t’es vivante, tu danses avec ces gens que tu ne connais pas comme si ils avaient fait partie de toi. C’est ça, d’exister. Même la musique te paraît lointaine tellement t’es dans ta bulle, comme si elle avait été issue d’un rêve que tu aurais fait en des temps immémoriaux. Rien ne peut gâcher ton bonheur, jusqu’à ce que tu lui rentres dedans. Ce garçon au cœur brisé qui t’aime à en crever. Qu’est-ce que tu peux le détester ! Qu’est-ce que tu peux lui en vouloir d’avoir foutu ta vision de l’amour en l’air, et de t’obliger à t’inquiéter pour lui en permanence. Tu l’esquives, fais quelques pas sur la plage d’un air incertain. T’as trop bu, tu tangues, le monde tourne de nouveau autour de toi. Et lui n’a pas disparu, il est toujours là, bien trop là. Comme d’habitude. Tout ce que tu veux, toi, c’est qu’il soit de nouveau ton ami. Et tout ce qu’il veut, lui, c’est que tu sois à lui. Tu t’efforces de ne pas le regarder, qu’il abandonne et dégage, te laisse seule et ivre, pieds nus dans le sable. « Dégage. » tu dis quand il s’approche encore de toi, et tu t’éloignes plus encore. Comme une enfant. Parce que tu n’es encore qu’une enfant, petite sirène. Qu’est-ce qu’il est beau Soen ! Pourquoi n’arrives-tu pas à l’aimer ? Pourquoi n’y arriveras-tu jamais ? « Je veux pas te voir Soen, laisse-moi tranquille ! » tu cries alors, avant de fondre en larmes. L’alcool te fait pleurer, la rancœur aussi.

Je savais que je la trouverais là-bas, c’était évident. J’avais juré de lâcher l’affaire, d’abandonner. Et pourtant j’avais beau y mettre tout mon cœur, j’en étais incapable. Tout revenait toujours à Ariel, absolument tout. Drogue dure, toxique, qui m’avait lentement mais irrémédiablement empoisonné et qui ne m’abandonnerait jamais totalement. Ça me rendait fou, malade, dangereux. Dangereux pour elle, dangereux pour moi. Quand je l’ai vue danser avec ces inconnus qui se frottaient à elle, ça m’a rendu dingue. Nerveusement, j’ai fendu la foule pour aller la chercher, sans me préoccuper des gens que je bousculais. Lumière de ma vie, feu de mes reins, mon péché, mon âme. Quand elle m’a vu, Ariel a fait ce qu’elle savait faire de mieux ; fuir. Je l’ai suivie, tant bien que mal, alors que moi aussi j’aurais dû prendre la fuite. Lorsqu’elle me dit de dégager, c’est une lame qui s’est enfoncée dans mon cœur. La demoiselle fond alors en larmes et je ne sais plus quoi faire. « Je ne peux pas. » j’ai répondu dans un souffle, tremblant. « Je ne peux pas te laisser partir, pas une nouvelle fois. » J’étouffe, j’ai mal, je me détruis et je la détruis. Pardonne-moi Ariel putain, je t’aime et tu le sais. Voilà ce que j’aurais aimé lui gueuler. Je pourrais me mettre à genoux, lui demander mille fois pardon pour ce que je lui ai fait, pour la supplier de m’aimer. « Je te dégoute à ce point ? Au point que tu t’éloignes dès que je t’approche ? » J'ai serré plus fort son poignet dans ma main. Elle me rendait fou. Je perdais pied. Je l’aimais cette fille, bordel.

La douleur que ressent Soen est si violente que t’as l’impression de la partager. Tu sais qu’il a mal, tu le vois dans ses yeux, dans sa voix. Sa main tremble, sa mâchoire aussi. Pourquoi il a fallu que vous en arriviez là ? Il serre ton poignet dans sa main et tu grimaces. Il ne veut pas te laisser partir, mais il te fait peur. « Lâche-moi, tu me fais mal ! » Tu secoues un peu ton bras mais ça te fait souffrir plus encore. « Mais lâche-moi ! » tu insistes en pleurant plus fort. Tu ne pleures jamais devant les autres, tu détestes ça. T’as l’impression d’être faible, d’être à la merci des autres, d’être ridicule. Mais Soen il a un truc, il est capable de t’en faire voir de toutes les couleurs en un rien de temps. Terrifiée, tu comprends pourquoi tu ne veux pas aimer quelqu’un d’un amour si passionné. Tu ne veux pas lui ressembler. T’accrocher à quelqu’un qui ne voudra pas de toi, le détruire et te détruire en même temps. Tu préfères crever qu’avoir à subir ça, et faire subir ça à qui que ce soit. Et si pourtant c’était déjà là, quelque part dans ton cœur ? Sa question te stupéfait et tu le regardes avec des grands yeux. « Mais … Mais non. Tu sais que tu ne me dégoutes pas, c’est pas … ça. » Sans trop savoir pourquoi, tu te jettes en avant et tu le pousses de toutes tes forces. Mais il tient encore ton bras et tu t’écroules avec lui dans le sable. Tu restes sur lui quelques instants, ta voix couvrant à peine le vacarme de la musique un peu plus loin. « Pourquoi tu te fais ça, Soen ? Et pourquoi tu me fais ça ? Si tu m’aimes vraiment, t’as pas le droit … »

Je ne pouvais pas la laisser partir, ni même la lâcher. Je ne répondis rien, me contentant de la regarder se débattre, paralysé. Je ne voyais même pas les regards curieux posés sur nous, ni même les regards plus menaçants de ceux qui étaient prêts à venir délivrer Ariel de ma folie. « C’est quoi alors, hein ? Si je ne te dégoute pas, pourquoi tu me fuis ? » je criai aussi, avant que ma voix ne se brise à cause de l’émotion. Elle ne prit pas la peine de me répondre et me poussa en arrière, aussi fort qu’elle put. Je tombai, l’entraînant dans ma chute. Le choc fut brutal et me coupa le souffle un instant. Je tentai de reprendre mes esprits et lâchai finalement son poignet pour me frotter la tête. « Tu sais pas ce que c’est d’aimer, Ariel ? » répondis-je tristement. « De ressentir ce petit truc en plus qui fait battre ton cœur, avant d’y prendre toute la place ? De chercher la personne des yeux même là où tu sais que tu ne l’y trouveras pas ? » Le cœur battant, la chaleur de son corps sur le mien, tout ça était bien meilleure ivresse que ce que pouvait provoquer l’alcool. Je la fis basculer sur le côté et pris le dessus, sachant pertinemment qu’elle n’aurait pas la force de se dégager, ni même l’envie. Parce qu’elle était ivre, fatiguée, et que les larmes collaient ses joues. « Qu’est-ce que je dois faire pour que tu me regardes ? Pour que tu me pardonnes ? » Je brûlais pour elle. Pour ses lèvres trop près des miennes, son souffle sur ma peau, pour son odeur entêtante et ses yeux trop bleus.

Ses mots te transpercent, tu ne comprends plus rien. L’alcool embrume ton esprit déjà trop fermé à l’amour. Et pourtant, c’est comme un coup de poignard dans ton cœur ; personne ne t’a jamais aimé comme ça, comme il le dit. Personne n’a jamais pensé que tu étais spéciale, ni ne t’a cherché des yeux au milieu de la foule en sachant que n’y étais pas. Personne, à part lui. Alors pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à l’aimer en retour ? « Non … Je n’ai jamais … » Tu mens. Tu mens parce qu’il y a ce garçon qui t’a fait ressentir un truc alors que ça n’aurait jamais dû arriver. Le propre frère de Soen. Tu es un monstre Ariel, un monstre caché derrière un visage d’ange. Mais tu es humaine, et ce que tu ressens tu ne le contrôles pas. Bien maigre consolation, n’est-ce pas ? Soen prend le dessus, tu détestes ça. Mais tu n’as plus la force de lutter et tu le laisses te regarder sans bouger. Sans respirer. Plongée dans son regard intelligent et blessé, tu espères qu’il n’avancera pas davantage. Qu’il ne fera rien qui te pousse à le haïr davantage. « La seule chose que tu puisses faire, c’est accepter que je ne veux pas ! Que je ne t’aimerai jamais ! » Tes mots sont brusques, violents. Ils te font mal aussi, et même si c’est la vérité tu les regrettes. Trop tard, tu ne peux pas revenir en arrière. « Soen, je … Je suis désolée … » Tu attrapes ses bras délicieusement musclés dans tes mains trop fragiles, que tu tentes de le pousser pour pouvoir te dégager. Mais bien entendu, tu n’y arriveras pas. Pas tant que Soen ne l’aura pas décidé. Tu jettes un coup d’œil à tes jambes trop nues dans cette position et tu pousses un gémissement d’épuisement, laissant retomber ta tête dans le sable. « T’es vraiment un connard. »

Je détestais cette façon qu’elle avait de me parler pour une seule et bonne raison : c’était mérité. Je la poussais à bout sans réussir à m’arrêter. Quand il s’agissait d’elle, je n’avais plus de limites. Je finis pourtant par la relâcher et me laissai tomber dans le sable à ses côtés, avant de passer mes mains sur mon visage. « Je contrôle même plus ce que je fais, j’deviens fou. Je ne voulais pas … Te faire peur. » Je tournai les yeux vers elle et les plantai dans les siens, si beaux, si intenses. « Au moins reste ici et écoute ce que j’ai à dire, d’accord ? Je ne te retiens pas, alors s’il te plaît, reste … » J’aurais donné n’importe quoi pour passer l’éternité ainsi, à la regarder. Le monde aurait pu être laid, gris, cruel, que ça ne m’aurait fait ni chaud ni froid. Il suffisait qu’Ariel soit là pour raviver toutes mes plaies mais également pour les panser. Son sourire était une drogue, sa voix mon oxygène, son accent la cerise sur le gâteau. Et même si ça me rendait heureux, quelque part, qu’Ariel n’ait personne dans sa vie, cela m’étonnait encore plus. Les hommes étaient-ils aveugles ? Comment pouvaient-ils ne pas craquer devant cette fille ? « Ca fait cinq ans que tu me hais, Ariel. Tu ne crois pas qu’il faudrait essayer de passer à autre chose ? » demandai-je tristement. C’était un peu gonflé venant de moi qui n’arrivais absolument pas à tourner la page avec elle. Je soupirai et plongeai cette fois mon regard dans l’immensité du ciel étoilé. Bercé par la musique plus loin et par le bruit des vagues à nos côtés, j’oubliai le temps qui défilait. Cela suffisait à mon bonheur, ou plutôt c’était ce que je croyais. A ce moment-là, je pensais encore avoir mes chances avec elle. Parce qu’elle ne faisait pas grand-chose pour me repousser, parce qu’elle n’avait pas dit à son frère de me casser la gueule alors que celui-ci était prêt à tout pour la défendre, parce qu’elle ne bougeait pas quand mes lèvres approchaient les siennes. N’avais-je pas droit d’y croire ? Non, parce que ce n’était pas moi qu’Ariel aimait. Et je l’ignorais encore, après tout ce temps. Ou plutôt, je refusais de le voir.

Tu soupires de soulagement quand il te relâche. Ton cœur bat à nouveau correctement, ou presque. « C’est bon, j’bouge pas. » tu réponds un peu froidement. T’as pas vraiment envie de l’écouter, plutôt de prendre la fuite le plus loin possible et ne jamais sortir de ta chambre. Y rester enfermée jusqu’à ce qu’on te dise que Soen est marié avec deux gosses et un chien. Là, tu seras rassurée. Mais tu restes à ses côtés, parce que tout ce que tu veux, au fond, c’est l’aider. L’aider à t’oublier. Mais ses paroles te font exploser et t le foudroies du regard. « Tu te fous de ma gueule ? Si y en a un de nous deux qui doit passer à autre chose, c’est pas moi. » Tu laisses le silence s’installer quelques secondes et tu enchaînes, la voix tremblante : « Est-ce que tu te rends compte à quel point t’as fait le gosse ou pas ? Tu m’as dit que tu m’aimais, et direct après tu couches avec une autre meuf pour te venger ! Comment tu veux que je crois en toi ? » Tu serres les dents et tourne ton visage vers le ciel comme lui l’a fait. « C’est impossible. Je peux pas t’aimer Soen, pas après ça. » Et puis y a quelqu’un d’autre. Dans un effort extrême tu t’agenouilles. T’as du sable collé à ta robe et dans les cheveux, tu détestes ça. Mais tu le regardes et tu tapes son ventre sans trop savoir pourquoi. « On était mieux amis, pourquoi t’as tout gâché ? »

J’aurais dû être heureux qu’elle reste à mes côtés sans que je ne la retienne. Au fond, c’était tout ce que je voulais. Mais elle avait dit cela sur un ton si cassant que j’aurais été prêt à lui dire de se casser si je n’avais pas voulu le contraire. Je la laissai me détruire, mots incendiaires et violents transperçant mon cœur de part en part. Elle avait raison et c’était bien pour cela que ça me faisait mal. Difficile d’accepter d’être le fautif, et pourtant c’était bien ce que j’étais. Je m’étais comporté comme un con et j’avais effectivement tout gâché. Son coup sur mon ventre me fit pousser une exclamation de surprise et je soupirai. « Je contrôle pas ce que je ressens, tu crois quoi ? J’ai jamais voulu tomber amoureux de toi. Ça c’est fait comme ça, et ça fait des années que ça me lâche plus ! » Je me rassis à ses côtés et frottai mes cheveux pour que le sable en tombe. Je posai alors mon front sur son épaule et soupirai encore, bruyamment cette fois. « Tu peux pas comprendre, c’est pas toi qui en souffre. Tu sais ce que ça fait d’avoir le sentiment qu’on a enfin trouvé la bonne personne et qu’elle nous rejette tout le temps ? J’ai l’impression de crever de douleur Ariel. » J’avais pas envie de dire tout ça, de passer pour un faible … Mais il le fallait, pour elle et pour moi. « Qu’est-ce qui t’empêches d’essayer, hein ? Tu sais que c’était une connerie, ce que j’ai fait y a cinq ans. Et que ça n’arrivera plus. Personne ne t’aimera jamais plus que moi. » Ca, ce n’était pas forcément la meilleure chose à dire.

Ivre d'une bouteille millésimée que tu t'es descendue seule devant la télé sans trop savoir pourquoi, tu lèves ta carcasse de ton canapé et te traînes jusqu'à ton frigo, l'ouvres d'une passivité effroyable et en fixes le contenu de ton oeil las. Victuailles à profusion, mais pourtant, rien ne t'attire. Comme souvent. Tes côtes saillantes sont là pour en témoigner: Maman sera fière de te voir plus mince que jamais, elle qui te voit défiler sur les runway. A l'extérieur, quelques lumières et basses assourdissantes attisent ta curiosité, malgré ton triple vitrage sécurisé. Tu te presses vers ta fenêtre, l'ouvres à la volée et observes. Sur la plage à tes pieds, une fête bat son plein. Tu vois des gamins se galocher, d'autres danser, et encore simplement se bourrer. Juste en bas de ton immeuble, planqué derrière une poubelle, ton dealer habituel. Et on a pas jugé bon de t'inviter? Solveig est toujours invitée. Alors, décidée, tu enfiles un perfecto, de vieilles converses usées et, glissant un billet de cinq-cent dollars dans ta culotte, claques la porte de ton loft sans prendre la peine de la verrouiller. Peu importe, car Sean, ton garde du corps, reste là pour monter la garde, après que tu l'aies gracié d'un autre billet pour qu'il te foute la paix. Tu descends les marches quatre à quatre, tombes puis te relèves, ivre de l'alcool et ivre des autres. Et à peine sortie, tu attires déjà tous les regards. On se presse vers toi, te demande une bonne dizaine d'autographes, on te photographie, et toi, tu acceptes leurs verres et leurs cachetons sans rechigner. Vingt minutes, et tu es déjà saoul comme jamais. Sans trop savoir pourquoi, tu embrasses les lèvres d'un joli mec, puis la gorge d'une fille. Puis ton regard se pose sur un visage familier. Un instant, et tu mets un nom sur ce si beau minois. Ton ombre de l'est. T'as beau censément la détester, tu ne peux empêcher ta bouche de sourire, et tes pieds d'irrémédiablement courir dans sa direction, puis de se planter devant elle. A ses côtés, ce psychopathe qui tente de l'attirer dans son lit depuis des années, et ton regard s'assombrit. Jalousie. Et sans demander ton reste, tu te laisses tomber dans le sable, et viens poser, sans la moindre douceur, ton crâne sur ses cuisses. Tu tournes la tête vers Soen, le gratifie de tes sourcils froncés. "Ta gueule, elle t'aime pas. Alors arrête d'insister maintenant, c'est chiant." Puis tes yeux s'en retournent vers Ariel, et tu plantes tes iris dans les siennes. Lui souris de toutes tes dents. "Pleure pas comme ça, ça te rend moche. 'Fin, non, t'es jamais moche, t'es toujours belle, mais moins que d'habitude. Comment on dit 'belle' en allemand? Du bist belle ce soir." T'as aucune idée de ce que tu débites, mais tu le débites quand même, car seul l'alcool te débride. A ses côtés, en tout cas.

(est-ce que ce rp est toujours d'actualité vu la suppression de soen? )