assise au bord de l'eau, ta planche de surf à tes côtés, tu attends la vague parfaite pour te jeter à l'eau. l'océan, aujourd'hui, en a décidé autrement et pas une vague n'est à ton goût. voilà une bonne quinzaine de minutes que tu attends, plantée là au bord de l'eau. ton regard se perd dans ce bleu immense qu'est l'océan. surfer, c'est ta passion, et ce depuis que tu es toute petite. c'est ta mère qui t'a appris alors que tu savais à peine marcher. elle t'a filé ce virus et aujourd'hui tu ne peux plus t'en passer. tu tournes la tête, à droite. pas grand monde en ce lundi. quoi que à huit heures du matin, c'est assez normal. puis tu tournes la tête à gauche et ton regard s'arrête sur lui, sa combinaison à moitié ouverte. comme à chaque fois, il te fixe, et comme à chaque fois il te fuit.

comme à tous les jours, j'étais sur ma planche qui elle, était sur la mer. habituellement, à cette heure, j'étais en compagnie de quelques uns de mes potes. ceci-dit, ce matin, j'étais seul. ça m'plaisait, aussi.  au bout de quelques minutes, je m'étais retourné pour ensuite remarquer cette fille qui était assise sur la plage. j'reconnaissais son visage. j'pouvais pas m'empêcher de la regarder, d'ailleurs, puis j'laissais filer mes yeux ailleurs aussitôt que ceux-ci croisaient les siens. incapable de lui parler, j'l'ignorais à tous les coups. j'me sentais un peu coincé sur la mer, alors qu'elle était sur la plage et que mes affaires n'étaient pas très loin d'elle.  j'avais donc attendu quelques dizaines de minutes, la fixant à l'occasion. puis, voyant qu'elle ne bougeait pas et que j'devais bientôt rentrer, j'avais finalement décidé de bouger, pour rejoindre le bord de l'eau, en l'ignorant encore et toujours.  

eh voilà. pris au piège, comme un animal. j'l'avais ignoré, par contre, elle n'avait pas décidé qu'elle allait faire de même. ainsi, je l'avais entendu m'interpeller et j'savais désormais aucunement comment réagir. j'avais déposé ma planche au sol en fouillant dans mon sac par le fait même. j'cherchais juste une chose, dans un sac. l'excuse de regarder ailleurs, tout simplement. en même temps, j'me voyais pas du tout l'ignorer encore une fois après qu'elle m'ait adressé la parole. alors, j'avais rassemblé tout mon courage pour me retourner vers elle. « ouais? » sèche, froid. ce n'était pas voulu, mais j'suis comme ça depuis toujours avec la majorité des demoiselles. incapable de faire autrement. j'retourne à mon sac, même pas foutu de la regarder en attente d'une réponse. timidité, that's why.