alors fermes les yeux, fermes-leurs ton cœur, dis-leurs de partir. ça en est fini de vouloir mourir, de vouloir s'enfuir. le bateau est tout défraîchis, il est prêt à se briser, alors pourquoi vouloir y monter ? le commandant est borgne et sans direction, lui-même ne sait pas où vous allez. je ne veux pas te perdre tu sais. lorsque tu reviendras, si un jour tu reviens, tu m'accuseras, de ta jolie voix, tu diras que tout est de ma faute et que je n'ai pas su te retenir, que je n'ai pas dis je t'aime assez de fois. alors ne t'en vas pas. restes moi. il n'y a rien pour toi là bas, rien d'autres que des mensonges et des promesses, de la poussière d'étoiles qui s'échappe entre tes doigts. ils te mentent tous, tous, sauf moi. ne les écoutent pas. du temps y'en a encore pleins, ils poussent dans le jardin. suffit de passer parfois et des les arroser, c'est aussi simple que ça. rien n'est fini. ton cœur, je l'entend battre encore, je le sais, je le sens, je ne deviens pas fou. je peux même le voir, sous ta peau, ta chaire, il agonise mais il est là. alors restes avec moi. restes avec moi, restes avec moi. j'ai encore besoin de toi.

t'es parti hier matin sans un regard pour nous. t'as pris le bateau et tu étais aussi belle que le jour d'avant. aujourd'hui est froid. j'ai peur de ce que demain sera. de ce qui se passera. j'ai peur de devoir compter ce qui reste de nous, de gratter le sol, les murs et les moindres recoin de la maison pour avaler le moindre toi. toi. t'es partout, t'es là, t'es dans mon cœur, t'es sur ses lèvres et ça m'horrifie. tu n'es plus là mais tu nous hantes plus fort qu'avant. sauf que ce n'est plus aussi doux, c'est juste douloureux, ça nous ronge et honteusement, on espère te voir disparaître complètement. comme si tu n'avais jamais existé.

tu me manques.

je te déteste, je te déteste tellement.  t'es plus là et  rien ne va. la vaisselle s'entasse, tes souvenirs s'entassent, rien ne bouge et tout est sale, même nous. pourquoi tu nous as pas appris à être plus fort sans toi ? moi,  je m'en fou de la constellation d'orion, de l'histoire de la révolution, de manger sans en renverser, de jouer avec lonni sans le blesser. comme s'il avait besoin de ça maintenant. je ne sais même plus comment mentir. ça passera ne t'en fais pas. j'sais pas quand mais un jour, ça ne te fera plus rien, tu verras.


tu n'as pas envie de revenir en arrière parfois ?

ta nouvelle toi s'appelle acacia. elle est jolie, italienne et dors à présent avec papa. dans ta chambre, dans ton lit, dans tes draps. j'ai envie de crier tu sais. de casser quelque chose, de fermer la chambre à clé. je ne lui veux pas de mal à miss acacia. c'est juste qu'elle n'a pas le droit. ça devrait être toi, ça aurait du être toi. elle ne te remplacera jamais, elle n'effacera jamais les ombres, ne pourra jamais laver les souvenirs entasser. tout est incrusté. tout restera. et un jour elle se fera elle aussi bouffer. à noël, à la nouvelle année, le jour de ton anniversaire. tout nous ramènera à toi.

moi aussi je sais fuir tu vois.