Putain, ton maillot rend l’âme et vive l’Australie, le pays où l’on voit des magasins de surf à perte de vue. T’entres dans le premier que tu vois, un peu par hasard, tu ne fais pas tellement attention à la vendeuse, tu lances un bonjour enjoué et te directement vers les maillots. Le choix est compliqué, faut dire que t’es pas dans un de ces magasins attrapes touristes où les maillots sont plus moches les uns que les autres. Tu regardes à droite, un te tape dans l’œil, tu regardes à droite où celui avec les pois à fait son effet sur ta petite personne, tu regardes au milieu et tu es persuadée que ce bandeau bleu électrique t’irais à ravir. Puis celui-là aussi est beau, et ce violet, et cet orange. Tu ne sais plus où donner de la tête, tu te décides à en prendre quatre, les plus beaux et te dirige vers la cabine d’essayage. Y a rien à faire, t’arrive pas à départager lequel tu préfères, alors tu choisis la facilité, tu prends les quatre, au moins t’auras du choix quand t’iras à la plage. Tu te diriges vers la caisse et là tu la vois. Cette vendeuse à qui tu as dit bonjour en entrant. Ouais c’est bien elle. La fille qui t’as baissé le bas de maillot à la soirée sur la plage. Putain de soirée tu t’en souviendras, entre le vomis, cette fille et stacy. Tu dis rien, t’es pas une cherche merde t’es plutôt même une gentille qui évite les problèmes. Tu poses simplement les maillots sur devant elle.

Tu te faisais réellement chier quand t'entends quelqu'un entrer. Cette personne te salue d'une manière joyeuse. Tu réponds sur le même ton, sans lever les yeux du courrier que tu es en train de regarder. D'habitude tu proposes toujours ton aide aux clients, mais là, t'as juste pas envie. Quelques minutes plus tard, la personne en question arrive devant la caisse. Et là, bam. Tu poses ton regard sur cette personne et tu comprends. C'est la fille à qui t'a baissé le maillot lors de la soirée à la plage. La fille qui avait vomit dans le verre de ta coloc. Tu la regardes, de haut en bas. Tu détestes quand les gens te regardent comme ça, mais toi, tu peux tout te permettre. Tu ne sais pas pourquoi mais cette fille ne t'inspire pas du tout. Alors tu décides de jouer la carte de la provocation. Alors qu'au final, elle ne t'a strictement rien fait. Je devrais peut-être me reculer par précaution... Non parce que, j'ai pas trop envie que tu me vomisses dessus si tu vois ce que je veux dire. T'avais pas envie de t'excuser. T'étais pas de bonne humeur et voilà.

T’aurais préféré qu’elle ne t’adresse pas la parole. T’aurais préféré qu’elle ne te reconnaisse même pas, t’aurais fait ton shopping tranquille. T’avais vraiment horreur des conflits et là, elle venait juste de te provoquer. Ceci étant dit tu avais donc la raison pour laquelle elle t’avait baissé le maillot, enfin, tu présumé que ça en soit la raison. C’était tout à fait con, à quoi bon humilier une fille qui venait de gerber ses tripes, tu t’étais déjà sentie assez mal pour qu’elle en rajoute une couche. T’étais pas le genre à embrouille pourtant t’étais pas non plus le genre à laisser les gens te marcher dessus « ça vous ferais pas de mal d’vous faire gerber dessus. » tu lâchais dans un sifflement. Pas besoin de la tutoyer, ça n’allait pas être ton amie. Elle t’avait foutu la honte devant un paquet de monde, et en plus, elle osait te parler de la sorte. Cette meuf n’était d’aucun intérêt et tu avais juste hâte de quitter son magasin. « je peux régler ou vous avez peur que mon argent sente la gerbe aussi. » après tout même si les maillots que t’avais choisi te plaisaient il y avait d’autres magasins à surfers paradise.

Ca vous ferais pas de mal d’vous faire gerber dessus. Et mince, c'est qu'elle avait du répondant en fait la petite. Pourtant, à la soirée, elle n'avait absolument pas réagit, si ce n'est pas la couleur rouge de ses joues. Tu ne sais pas pourquoi mais d'un coup, comme ça, tu es prise de remords. Tu te dis que c'est vraiment pas toi de faire ça, de parler comme ça. T'es pas la fille la plus sociable au monde, mais tu n'as jamais été du genre à humilier les autres sans raison. Tu la regardes du coin de l'oeil. Ca n'a pas l'air d'être une fille qui cherche les embrouilles. Après tout, c'est toi qui a tout commencé. Y a juste une minute, tu la provoquais, tu n'étais pas du tout décidée à t'excuser. Mais là maintenant, en y réfléchissant, tu te dis que tu as juste l'air conne. Parce qu'elle ne t'avait absolument rien fait de mal. Je suis désolée. Tu la regardes intensémment puis tu baisses les yeux. Tu encaisses son argent et tu lui rends son reste. De plus belle, tu reprends: Pour ce que j'ai fait à la soirée. Ca ne me ressemble pas. Je tenais à m'en excuser. Tu sais que ça ne changera rien, que le mal est fait. Tu t'en fiches un peu, au fond, qu'elle accepte tes excuses ou pas. Mais tu avais besoin de te prouver à toi-même que ce n'était qu'une bêtise et qu'en temps normal, tu n'es pas aussi conne.

T’aurais tellement préféré tomber sur une autre vendeuse que la miss-baisse culotte. Tu t’apprêtais à entendre des piques sortir de la bouche et arriver droit dans ton cœur. Tu t’apprêtais à laisser les maillots puis partir, quand, contre toute attente tu l’entendais s’excuser. Toi qui rêvais les yeux ouverts ou stricte réalité. Tu t’écrases l’orteil sous le comptoir, afin qu’elle ne puisse pas voir le geste étrange que tu viens de faire dans le but de savoir dans quelle dimension tu te trouves. « ah. ouais. y a pas de mal. » tu sais pas vraiment comment réagir à vrai dire, t’es un peu prise de cours là. D'habitude t'es beaucoup plus avenante, beaucoup plus moins froide, enfin, d'habitude il t'arrive pas ça, c'est vrai que c'est la première fois qu'une meuf s'excuse de t'avoir baissé la culotte après t'avoir envoyé quelques piques dans le ventre

Tu es super étonnée de sa réaction. Tu t'attendais à des insultes ou quoi. Genre, elle va pas te pardonner si facilement, si ? Toi, à sa place, tu ne le ferais pas. Enfin, tu ne vas pas t'en plaindre non plus. « Je sais que c'est pas une excuse, mais, tu avais vomi dans le verre de ma coloc'. » Si tu pouvais faire passer ce coup de folie par un geste de vengeance par rapport à ta coloc', pourquoi pas. Même si tu doutais que ça change quoique ce soit. « Non sérieusement, j'étais pas bien à cette soirée. » Trop mal plutôt ouais. Tu ne pensais qu'à lui, tu avais trop bu, tu as embrassé une fille. Heureusement que tu n'étais pas éternisée à cette fameuse soirée. Tu ne sais pas trop quoi lui dire. Tu ne la connais pas vraiment et tu doutes qu'elle ait envie de faire ta connaissance. Hésitante, tu finis par lui dire: « Sinon, la baisseuse de culotte s'appelle Valentina. » L'humour n'était peut-être pas requis dans cette situation. Au pire, ça ne passerait pas et elle quitterait la boutique sans plus jamais t'adresser la parole.

T’aurais préféré écourté le moment le plus vite possible, pourtant contre tout attente elle semblait vouloir se racheter. Du moins, se donner un excuse « j’suis navrée pour ta coloc, mais d’l’avoir vu cracher du sable, j’aurais voulu me retenir mais … » t’étais comme ça, quand un truc te dégoûtait tu gerbais, plus fort que toi. « ça arrive d’être pas bien. j’espère que là ça va, j’ai pas envie de me retrouver à poil une nouvelle fois… » tu esquisses un sourire, tu la taquines un peu mais c’est de bonne guerre, elle se présente, t’en fais de même. « et vomito s’appelle bambi. » tu lui adresses un clin d’œil.

Ca arrive d’être pas bien. j’espère que là ça va, j’ai pas envie de me retrouver à poil une nouvelle fois… Tu lui souris toi aussi. Elle ne semble pas t'en vouloir. Quelqu'un qui fait de l'humour d'une situation délicate, c'est qu'il ne t'en veut pas trop, si ? Elle te dit qu'elle s'appelle Bambi, toujours sur le ton de l'humour. C'est original comme prénom, tu n'avais jamais entendu ça. Tu regardes ta montres, tu dois fermer boutique dans 5 minutes. Hésistante, tu lui proposes: « Heu, je dois bientôt fermer... Ca te dirait que je te paie un verre ou un café pour me racheter ? » Tu ne sais pas du tout si elle accepter. Si oui, c'est vraiment un ange parce que toi à sa place, tu aurais envoyer bouler la personne qui te propose ça après t'avoir baissé ta culotte. Mais bon, au pire elle dit non, elle se casse et tu ne la vois plus jamais. Au mieux tu apprends à la connaître.

Bambi, la fille qui ne peut pas en vouloir bien longtemps. C’est plus fort que toi, t’as toujours pensé que ça ne menait à rien de rester froide avec les gens, juste une perte de temps, alors tu préfères sortir la carte de l’humour qui détend l’atmosphère. C’est toujours mieux que de se faire la tronche pour des futilités pareilles. Puis ça marche, puisque à ta grande surprise elle te propose d’aller boire un verre, tu souris, de toute façon t’as rien à perdre si ce n’est passé à côté d’une possible future amitié. Tu acceptes oui, parce que t’es le genre à offrir une seconde chance, pas le genre à se baser sur la première impression même si certains disent qu’elle est souvent la bonne, tu n’y crois pas tant que ça, une excuse pour les associable qui ne veulent pas se faire trop d’amis et qui préfèrent rester avec leur petit cercle fermé « pourquoi pas, enfin, tu n’as personne qui t’attends ? » tu sais bien que sinon elle te l’aurais pas proposé, mais c’est simplement histoire de ne pas avoir l’air d’une fille qui s’incruste dans son emploi du temps. T’as beau être douce, aimable et tout ce que tu veux, tu es aussi terriblement timide et faut dire que s’incruster dans la vie des gens, t’aimes pas ça du tout, ça te mets plus mal à l’aise qu’autre chose.

Pourquoi pas, enfin, tu n’as personne qui t’attends ? Non, tu n'avais rien de prévu. Puis les plans en ce moment, c'était pas vraiment ton truc. Tu étais déjà contente lorsque tu ne retrouvais pas perdue avec tes pensées alors tu te contentais d'occuper tes journées au feeling... « Non, non, t'inquiète, je suis libre. » Ca fait bizarre d'aller boire un verre avec la fille à qui t'a baissé la culotte mais tu espères vraiment pouvoir avoir une seconde chance et ne pas laisser cette première impression assez ... misérable. Bref, tu fermes la boutique et vous vous dirigez vers un café assez branché à deux pas de là. Vous vous installez à une table sur la terrasse. Tout en détaillant la carte, tu te permets de poser quelques questions à Bambi, histoire de faire un peu connaissance. « A propos, tu vis ici ? Tu as un travail ou tu es juste là pour les vacances ? » C'est peut-être une touriste, ça se pourrait. Gold Coast accueille énormément de touristes chaque année. Une serveuse arrive pour prendre votre commande. « Je vais prendre un thé glacé. Et pour toi, ce sera ? » Tu te tournes vers Bambi. Aujourd'hui, c'est toi qui offre.